13. Partir loin
Stéphane poussa la porte de la maison et alla dans la chambre de sa belle. Un post-it avait été collé sur la porte, dessus des phrases d'une écriture fine et majestueuse bien familière au jeune garçon :" Si il venait ici quelqu'un nommé Stéphane Muracci, ( bien que je pense qu'il ne viendra pas ) je voudrais m'excuser auprès de lui pour tout; je l'aimerais toujours, même à des années lumières de chez lui. Je suis partie plus tôt que prévu - encore à cause de cette peste de Lisa, qui en a parlé sur le blog du collège - du coup je n'ai pas pu lui faire des adieux convenables. Sincèrement désolée, tout est de ma faute. Quant à sa mère ( même si je suis mal placée pour dire quelque chose ), il devrait lui laisser une micro chance. Je l'embrasse pour la dernière fois, signé : sa belle. P.S : N'essaye pas de me retrouver, ça vaut mieux pour toi; tu es digne de mieux que moi. "S'en fut trop pour le cœur fragile de l'adolescent : il éclata en sanglots. Ceux-ci étaient chargés d'amour et de douleur; d'impuissance plus forte que jamais, il dû rentrer chez lui. Mais il devait savoir quelque chose, alors en poussant la porte de son appartement, il alla précipitamment voir sa mère :" Maman, pourquoi ne voulais tu pas que j'ai de copine ?
- Je ne souhaitais que ton bonheur. Si tu l'aimes vraiment, alors tu dois tout faire pour elle, même des sacrifices, répondit-elle en baissant les yeux.
- Donc, tu m'autorises à tout faire pour la sauver ?
- Oui, tant que ce n'est pas trop dangereux.
- Merci maman ! "Il entra vite dans sa chambre, ensuite il attrapa un sac de voyage et y fourra un couteau suisse, une gourde d'eau fraîche, des sandwichs, de l'argent, des habits, etc, etc... Une fois finit, il descendit pour aller manger - peut-être son dernier repas avec ses parents avant des lustres. Poulet-pâtes illustrent son départ, et il aurait souhaité un repas plus solennel, enfin, bon... Avant de partir, il rédigea une vive lettre pour ses parents. En voyant son écriture, à côté de Gladys, elle n'était rien qu'un gribouillis très noir :" Maman, tu m'as donné la permission de tout faire pour sauver ma belle ? Eh bien je m'en vais, car à cause d'un accident injuste, elle a dû partir loin. Je refuse de perdre une nouvelle personne chère à mon cœur, surtout si j'ai la possibilité de tout arranger. Aussi, tu peux la remercier, car sans elle je ne t'aurais jamais pardonné d'avoir tué papa, ( même si je t'en voudrais toujours ). Ma belle est au courant de tout sur notre famille à part ce léger détail. Adieu. P.S : son prénom est Gladys, elle habitait à côté et ses parents sont morts. " Regardant sa lettre sous tous ses angles, il fut satisfait de son travail et la scotcha sur sa porte. Il alla s'allonger sur son lit, attendant minuit pour partir : lorsque ses parents dormiraient forcément. Enfin, le clocher sonna douze coups; Stéphane se leva, et sortit de l'appartement sur la pointe des pieds. La fraîcheur lui prit le visage, tandis qu'il se dirigeait vers l'ancienne maison de SA Gladys. Une fois à l'intérieur, il chercha des indices qui pourraient l'aider à trouver où elle était partie.
La jeune fille était très fatiguée, mais ses pensées l'empêchaient de fermer l'œil, il devait être minuit et des bananes. Est ce que Stéphane était venu chez elle ? Elle savait bien que non; pourquoi y serait-il allé après tout ce qui s'était passé ? Direction une maison perdue au milieu de la mer Méditerranée. C'était pas trop le luxe mais bon... Le pire, c'est qu'elle ne continuerait pas son institution, tous les collèges étaient prévenus. Elle se sentait comme un voleur en prison, ou un danger public : elle ne pourrait plus aller nulle part sans qu'on la reconnaisse...en même temps, seuls les collèges connaissaient l'histoire, et elle soupçonnait que le directeur ait exagéré la chose pour se mettre en avant. Les deux institutrices qui lui manqueront le plus étaient de loin Mme Liry, sa prof de musique et Mlle Authier, sa prof de français ( et de loin la meilleure de tous les temps pour la meilleure matière de tous les temps ). Mais la personne à laquelle elle pensait le plus était Stéphane; si il ne venait pas chez elle, il ne saurait jamais qu'elle était partie et il ne la reverrait plus. Son cœur se mit à battre à tout rompre lorsque qu'elle comprit qu'elle avait oublié un énorme détail : dans son portable elle avait enregistré le numéro de Stéphane, et justement il y avait trois messages de celui-ci :" Bientôt nous serons réunis, je suis vraiment désolé. " " Peux-tu me dire où est-ce que tu vas ? " " Je t'aime, ma belle :) ". Une minuscule larme hésita au coin de sa paupière mais elle la chassa d'un revers de manche en coton. Gladys s'empressa de répondre :"Non, je ne te dirais rien et puis, tu es venu chez moi ? En tous cas ne me suis pas ! "" Pourquoi ? Tu es ma princesse, donc je ferais tout pour toi...et étant de ma famille, j'ai trop perdu pour te laisser partir comme ça ! "" Je sais que ça a été très dur pour toi de ne plus avoir d'amour mais tu dois m'oublier, ça vaut mieux "" Jamais je ne t'oublierais que tu le veuille ou non. Tu sais à qui tu me fais penser ? A Eva, ma sœur. Elle pensait qu'elle était un boulet pour moi et que je devais la laisser tomber. Mais je ne l'ai pas écoutée, et c'est pour ça que je l'ai nourrie en cachette; finalement ça n'a pas servi à grand-chose...Mais pour toi comme pour elle, je tenterais l'impossible ""Adieu "Et sur ces derniers mots, elle ouvrit la fenêtre du train et jeta son smartphone sur les rails. La dernière chose qu'elle entendit avant de fermer la fenêtre, ce fut la sonnerie de celui-ci qui annonçait qu'il venait de répondre à son message.
Stéphane réprima un soupir mi-agacé mi-amusé : la seule personne capable de susciter cette réaction chez lui était bien sa belle et il aimait vraiment ça. Une bouffée d'espoir le remplit d'un seul coup et tout entier; il allait la retrouver, et ils vivraient ensemble pour toujours. Mais quelque chose lui faisait sentir que ce ne serait pas aussi simple... Il continua d'arpenter la maison comme une âme en peine cherchant un second souffle ( ici un indice ). Puis il remarqua une enveloppe déposée sur la la table de la cuisine : ouverte et portant l'enseigne du collège ( une colline et au sommet une hirondelle en train de planer )il prit la feuille verte claire qui se trouvait à l'intérieur et la lut :" Bonjour, Mlle Lyam, nous vous informons que vous partirez plus tôt que prévu ( cet après-midi à dix-sept heures ) en taxi qui vous conduira dans une gare à St Pierre des Corps. Là vous prendrez le train pour Marseille. Mon chauffeur professionnel vous attendra sur la place de la rue des paillassons pour vous emmener vers une petite maison au milieu de la mer Méditerranée, une barque vous attendra sur la côte. Vous n'irez plus à aucun collège. Bonne chance. Le service du collège de la pente ardue. " C'était son billet pour retrouver sa belle, il savait où elle allait maintenant ! Brusquement, il se souvint de tous les moments qu'il avait passé aux côtés de sa princesse : le jour où ils s'étaient rencontrés, la fois où il avait vu Luna pour la première fois et qu'elle et Gladys étaient allées à l'hôpital...Particulièrement leurs moments privés, quand ils n'étaient que tous les deux contre le reste de la Terre, lui revenaient en mémoire... Tous les détails de son visage lui apparaissaient très clairement en premier ses cheveux et ses lèvres, si jolis tous deux. Il secoua la tête; il ne fallait pas qu'il rêve trop longtemps si il voulait que ces moments recommencent. Stéphane plia la lettre en deux et la fourra dans son sac à dos. Pour de bon, il s'engageait dans le voyage lorsqu'il referma la porte.
La bouche de son petit copain manquait à Gladys, ce goût de citron frais qu'elle rencontrait lors de ses baisers la rendait nostalgique. C'était comme priver un enfant de bonbon : invivable. Elle se leva pour voir ses bagages et caressa le poil blanc de Truffe; celui-ci jappa pour avoir plus de caresses. La jeune fille sourit : ce chien était un ami fidèle et un compagnon rigolo pour une personne comme elle, mais il ne lui ferait jamais oublier son Stéphane. Cela faisait quatre heures qu'elle était dans le train et sept heures au total depuis qu'elle avait quitté sa maison. En clair, il y lui restait un peu plus d'une heure avant d'arriver à Marseille. Le visage contre la vitre, elle somnola puis finit par s'endormir tout à fait.
Stéphane appela un taxi et demanda illico la gare de St-Pierre-des-Corps, il fallait faire vite, très vite. Sur la route, il se sentait impuissant et aurait voulu aller cent mille fois plus vite; Gladys devenait peu à peu un vrai trésor, et lui, un pirate qui voulait le récupérer. Le chauffeur lui expliqua qu'il y avait deux routes possibles, une de trois heures et seize minutes avec des péages et une de trois heures et trente-huit minutes avec péages. Sans réfléchir il désigna la plus rapide et au diable les dépenses, c'était sa princesse après tout ! Le véhicule roula comme cela pendant trois heures environ, le temps pour Stéphane d'atteindre la gare de St Pierre Des Corps.
Pendant ce temps Gladys arrivait à Marseille, elle fut déposée sur la place de la rue des paillassons. Là, une jeune fille qui devait avoir deux ans de moins qu'elle vint la voir, elle avait de jolis cheveux noir relevés en queue de cheval, tenue par un mignon petit nœud. Elles firent connaissance et...Mais, attendez ! Non vous ne devez pas vous rencontrer ! Lou, tu viens d'une autre histoire de l'auteure, tu n'est pas censée connaître Gladys ! Elles grognèrent mais se séparèrent. Enfin, la voiture du proviseur remonta la rue et s'arrêta devant la jeune fille. Elle monta à l'arrière en soupirant, tous ces voyages commençaient sérieusement à lui taper sur le système ! Elle s'ennuyait vraiment, mais là, elle n'en avait que pour une demie-heure. Pour de bon, le véhicule s'arrêta, une demie-heure plus tard et elle descendit, les pieds endoloris par le trajet. Elle prit place dans la barque qui se trouvait à quai, attrapa les rames et fit avancer le bateau. La mer était violente, si bien qu'elle mit de longues minutes à s'orienter correctement. Au loin, une petite maison commençait à se dessiner, le rythme cardiaque de l'adolescente augmenta encore, et elle commençait à être à bout de souffle. Soudain, le dessous du navire toucha la terre, elle fut vite soulagée et put mettre le pied sur le sol. La nouvelle maison était plutôt mignonne, toute blanche, avec de petites fenêtres rondes. La vue était splendide : les mouettes et les goélands voletaient au dessus d'une eau trouble qui reflétait les rayons dardants du soleil. Cette vue spectaculaire était peut-être de bonne augure... Elle entra dans son nouveau chez-elle. L'intérieur était plus grand que ce que l'on imaginait vu de l'extérieur et elle avait l'impression que la maisonnette sortait tout droit d'un conte de fées. Elle commença donc à débarrasser ses affaires et à visiter les différentes pièces. Un couloir s'étendait sur sa gauche. Si on le suivait, on se retrouvait avec deux portes sur la droite et deux portes sur la gauche. Du côté droit, il y avait la salle de bain et la chambre. De l'autre, se trouvaient un petit - vraiment très petit - garage ( qui n'aurait jamais put contenir une voiture ) et une pièce vide, qui lui servirait de nouvel observatoire, puisque de la fenêtre, on avait la meilleure vue de la maison. La cuisine et la salle à manger, se trouvaient quant à elles juste à côté de la pièce principale - qui faisait office de salon. Là, au beau milieu de l'habitation, la jeune fille se sentit désespérément seule. Oh, elle avait eut l'habitude au bout d'un moment, mais au moins, elle voyait des gens au collège. Alors que maintenant il faudrait aller en ville pour pouvoir parler avec quelqu'un...et encore, avec qui ? Parce qu'elle ne connaissait personne ici et que seul Stéphane était capable de combler le vide en elle. Oui il lui manquait une part de son âme. Assise à même le sol, elle se mit à sangloter très fort; Truffe vint se blottir contre elle pour essayer de la réconforter. Cela ne fit que redoubler sa tristesse immense qui grandissait encore et encore. Heureusement, l'ancien mobilier se trouvait encore là, et elle s'allongea sur le canapé couvert de poussières. La tête lui tournait et elle se sentait comme dans une machine à laver. Ça tournait, tournait...Puis ce fut le trou noir.
Stéphane remercia le chauffeur du taxi et le paya. Ensuite, il entra dans la gare au pas de course. Il s'assit pour attendre le train mais il ne faisait que gesticuler sur sa chaise en souhaitant avoir des ailes pour se rendre lui-même à Marseille. Soudain, quelqu'un lui tapota l'épaule. Il se retourna et un homme cagoulé se trouvait devant lui :" Pssst, tu voudrais pas te rendre en Auvergne par hasard ?
- Heu...Non, c'est gentil mais je vais à Marseille.
- Ah, ça tombe bien, je peux aussi t'emmener là-bas, si tu veux.
- Je ne sais pas si...
- Allez ! En plus tu as l'air pressé, moi je te dépose à ta destination deux fois plus vite que ce tas de ferraille. Par contre, je fais payer au début du trajet." Stéphane hésita, mais une annonce vocale retentit :" Le train en direction de Marseille aura une heure de retard pour cause d'obstacle sur la voie ". Cela mit fin à ses doutes et il serra la main de l'inconnu. Le jeune homme fut emmené dans un immense camion noir et rouge. Il s'installa et l'homme démarra. Le véhicule crachotait et s'arrêtait toutes les cinq minutes, Stéphane lui s'impatientait :" Vous aviez dis que l'on irait vite ! Je dois absolument rattraper quelqu'un !
- On ira plus vite...si tu payes le double, et tout de suite !
- Quoi ? Pas question !
- Tant pis.
- Oh, heu,...bon, d'accord ! Il lui tendit une liasse de billets.
- Parfait. Et maintenant, à fond la caisse !" Des réacteurs se déployèrent derrière le poids lourd et il partit à la vitesse de la lumière. L'adolescent n'avait plus d'estomac; dehors tout allait si vite qu'il ne distinguait absolument rien. Il aurait put confondre un arbre avec la tour Eiffel si il n'y avait pas ce blanc...L'inconnu coupa le contact et tout le paysage se matérialisa sous ses yeux. Stéphane n'eut pas le temps de comprendre ce qui se passait que l'homme l'attrapa par le col et le jeta hors du véhicule :" Vous êtes arrivé à destination. Et salut, hein !" Il s'éloignèrent en quatrième vitesse et il n'arriva même pas à les voir partir. Il regarda autour de lui : il se trouvait en plein cœur d'une immense forêt de sapins. Rien à voir avec Marseille ! Il avait été mené en bateau ! Il s'assit contre un arbre, désespéré. Il devait se trouver très loin de son objectif maintenant. Épuisé, il finit par se laisser gagner par la fatigue mais il pensa à une dernière chose avant de fermer les yeux, c'est que s'il était voué à ne jamais retrouver sa princesse, il ne pourrait plus supporter de vivre.
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