12. Le début des ennuis
Stéphane ne dormit pas de la nuit. Le lendemain, il ne descendit pas et ne mangea pas de la matinée. Son esprit était torturé, on était samedi, et Gladys devait partir mercredi qui arrivait. Il ne voulait pas la retenir; il voulait qu'elle parte tout simplement. Il ne voulait plus jamais la revoir ! Il se leva, et cria au mur bleu de sa chambre :" C'est ça, va-t-en Gladys, laisse moi tranquille !" Sa mère, qui arrivait pour lui donner son repas, surprit les paroles de son fils. Elle ouvrit la porte d'un coup :" Je le savais, c'est ton amie qui t'as fait cela ! Que s'est-il passé ?
- Casse-toi, répondit celui-ci sans tourner la tête.
- Sur un autre ton, jeune homme !
- Nan, je n'ai pas à être poli avec toi.
- Et pourquoi s'il te plaît ?
- Parce que tu n'es pas ma mère, tu n'es qu'une inconnue qui m'a élevé très mal et qui m'a rendu égoïste, colérique et rancunier ! Tu as seulement pourrit ma vie ! Il eu un hoquet : il parlait comme son ancienne petite copine;
- Oh si, je suis ta mère, et maintenant, tu me le fais regretter !
- Tant mieux, de toute façon, tu pourras me punir, m'enfermer dans ma chambre, je fuguerais, je me casserais de cette baraque.
- Tu deviens grossier mon fils ! s'exclama-t-elle en sortant de la chambre.
L'adolescent de nouveau seul, il ouvrit sa fenêtre ( heureusement qu'il était au deuxième étage) accrocha son drap au rebord et descendit lentement. Arrivé en bas, il se demanda où aller. Bien sûr, il songea tout de suite à la maison de son amie, avant de se souvenir qu'ils s'étaient disputés. Finalement, il opta pour le parc. Une fois là-bas, il s'assit sur un banc, tout en fixant le bac à sable. Soudain, un souvenir lui revint en mémoire : il devait avoir neuf ans, dix ans et il était venu y jouer. Là, il avait rencontré une fille de son âge, aux cheveux bruns qui lui arrivaient un peu en dessous de ses épaules. Elle était magnifique et très gentille; il était tombé amoureux. Ils avaient joué et rigolé pendant toute l'après-midi,( elle lui avait même parlé d'un spectacle de danse qu'elle ferait bientôt ) avant qu'il ne lui avoue son amour. Celle-ci avait refusé, non sans lui expliquer qu'elle aurait bien voulu, mais qu'elle ne pouvait pas à cause d'un certain Corentin. Le cœur brisé, il était rentré chez lui. De penser de nouveau à cette fille lui rappela qu'il l'aimait toujours. Stéphane espérait qu'elle avait réussi à battre Corentin, car, si elle était avec lui c'était parce qu'il l'avait menacée d'un truc...Mince, il ne se rappelait plus de quoi ! Il se remémoraient tous les détails de la scène. Oui, elle était aussi gracieuse qu'une déesse ! Si seulement il pouvait la revoir ! Ainsi, il oublierai peut-être Gladys... Non, impossible de l'oublier, elle occupait tout son esprit; cette fille qu'il avait rencontré grâce à une échelle !
Gladys préparait sa valise, en ne cessant de penser à Stéphane, l'amour de sa vie. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle partait, alors que c'était la faute totale à Lisa ! Elle sentait comme un bourdonnement dans son cœur, qui lui criait qu'elle faisait la plus grosse boulette de tous les temps; mais elle sentait également qu'elle n'avait pas le choix. La seule chose que l'adolescente voulait faire, c'était se recroqueviller pour ne plus exister, pleurer de tout son corps, de tout son cœur; ou bien, de courir voir son ami pour le serrer contre elle, mais c'était absolument stupide. Elle jeta la valise contre le mur avec violence, et fut étonnée que le papier peint ne se décroche pas. De rage et de douleur, elle sortit dehors et se rendit directement au parc, comme un instinct plus fort que tout le reste. En passant les barrières de l'espace vert, la jeune fille se stoppa net : son petit copain se trouvait sur le banc en face d'elle. Il semblait ne pas l'avoir vue, il regardait le bac à sable d'un air étrangement nostalgique, alors elle s'assit sur son banc, seule.
Les pensées du garçon tourbillonnaient comme un mixer, si bien qu'il ne remarqua pas une chose importante en face de lui. Quand il leva enfin les yeux, il eut un haut-le-cœur : est ce que ce n'était qu'une hallucination ou bien ELLE se trouvait devant lui, regardant ses pieds, assise sur un banc; il voulut se lever ( pour courir le plus loin possible ) lorsqu'elle vint lui demander :" Ça va ?
- Je ne vois clairement pas pourquoi j'irai mal, rétorqua-t-il.
- Je t'en pris, essaie de comprendre j...
- Comprendre quoi ? Que tu es égoïste ? J'avais compris, merci !
- Explique-moi, murmura-t-elle, le plus doucement possible.
- Pardon ? fit-il extrêmement surprit ( elle n'avait pas pensé qu'à elle, loin de là ! ).
- Raconte-moi ce que tu sais, et pourquoi est-tu si sûr que tes parents ne t'aiment pas ?
- Je...Ne...De...Je n'ai pas envie d'en parler, et surtout pas avec toi !
- Je le découvrirai moi-même alors. C'est ça que tu veux ?
- ... " Pour toute réponse, il écrivit sur une feuille " Stéphane Muracci ". "Je sais que tu comprends", ajouta-t-il avant de partir en courant.
Gladys se retint de vomir sur le trajet du retour. Muracci !? C'est à instant qu'elle comprit toute la douleur qu'il devait contenir au fond de lui, sans jamais en parler à personne. Il n'y avait rien de pire que de tout garder en soi. Laissez-moi vous expliquer l'histoire de cette famille, qui est horrible et très tragique : c'était il y a cinq ans, le 21 Juin ( été ) à la Une d'un journal est paru un article qui parlait de tout cela, les Muracci étaient une famille de quatre personnes ( père, mère, fille, fils ) qui vivaient paisiblement dans une grande demeure majestueuse, ils étaient très riches. Un jour, un mystérieux incendie a tout ravagé; heureusement il n'y a eut aucun morts, mais ils ont dû vivre à la rue pendant quelques mois. Puis, ils trouvèrent un petit appartement pas cher, où ils vécurent un an, jusqu'à ce que leur fille ( et donc la sœur de Stéphane ) meure de malnutrition, ils n'avaient pas assez d'argent pour manger convenablement. Réduit à trois membres, ils avaient du mal à tenir le coup, tout bascula considérablement lorsque le père se fit assassiner de façon toute aussi mystérieuse ( le journal précisait que le fils savait des choses, et que la mère était soupçonnée ). Il n'en restait alors que deux, quand le fils fut frappé d'une maladie extrêmement grave et qui peut être fatale : le cancer du cœur ( un des cancers les plus rarissimes ). Le fils ne succomba pas à la maladie, il resta en vie, mais blessé pour toujours au fond de lui. On dit qu'ils vivent aujourd'hui comme n'importe qui dans ce monde, et que la femme s'est remariée. On n'en sait pas plus que cela, mais ça suffisait largement à Gladys pour penser que la malchance s'était acharnée sur eux. Elle se demanda si Stéphane savait qui avait assassiné son père, et si sa mère était coupable. Son moral se trouvait à moins dix ( et non pas zéro, oui il y a plus bas ! ), lorsqu'elle se jeta sur son lit.
Mais qu'est ce qui lui avait prit ? Tout dire si facilement et pourtant en un seul mot ! Stéphane se sentait comme une coquille d'escargot que l'on aurait vidé. Après ça, il ne pouvait pas rentrer chez lui : c'était exclu. Le problème, c'est qu'il ne voyait pas d'autre chose que Gladys, et cela l'empêchait de réfléchir correctement : oui, il l'aimait, mais il lui en voulait beaucoup quand même. Il marcha donc d'un pas qu'il voulut décidé en direction de l'école primaire; il lâcha un long soupir de consternation : Thomas (encore lui ! ) était assis sur un banc en le fixant tranquillement, d'un air plutôt détaché, il demanda :" Réconciliés ?". Le jeune garçon se frappa le front avant de répondre, agacé :" Non, et d'abord, comment es-tu au courant pour la dispute ?
- Elle ne parle pas qu'à toi ! cracha-t-il, très contrarié.
- Mais quand...
- Hier. Elle n'avait pas l'air dans son assiette, la pauvre. Du coup, j'en ai profité pour lui demander un conseil; elle m'a beaucoup aidé et en plus, malgré tout ce que je lui ai fait subir. Je lui ai promis de ne plus l'embêter !
- Attends... ELLE elle t'a aidé ? C'est impossible, on ne parle pas de la même personne.
- Ben si, j'te jure ! Et puis tu devrais pas dire qu'elle ne pense qu'à elle, au contraire, au fond elle est généreuse, tu le sais mieux que moi !
- Ce que tu dis n'es qu'un tissu de mensonges, tu es un stupide Thomas Bryand ! asséna-t-il en disparaissant au coin de rue. Oui, cet idiot avait raison : Gladys pouvait être beaucoup de choses mais certainement pas égoïste. Dans un élan de bonheur il comprit qu'il fichait tout en l'air alors il courut chez elle. Seulement toute sa gaité le quitta lorsqu'il se rendit compte que la jeune fille n'était plus là et qu'un écriteau sur la porte annonçait :" à louer ".
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