11. Le voyage définitif
Gladys était heureuse. Plus heureuse que tout. Cela allait durer elle le savait. L'amour, l'amitié... Mais quelles belles choses c'était ! Elle rentra dans sa chambre et s'allongea sur son lit. Truffe grimpa sur ses genoux et s'endormit blottit contre sa maîtresse. Elle aussi voulait s'endormir mais elle ne pouvait pas. Elle sentait qu'elle ne pouvait pas. Elle pensa à ses parents. Que diraient-ils, si ils étaient encore en vie ? L'encourageraient-ils où la mettraient-ils en garde contre Stéphane ? Elle se leva et alla se servir un verre d'eau. Elle avait bien peur que ses questions ne restent à jamais sans réponses.
- Stéphane ? Stéphane ! NOOOONNNN !!!! Ahhh. Gladys venait de faire le pire cauchemar de toute sa vie. Elle respirait bruyamment ; tout son corps était agité de soubresauts, ses yeux exorbités laissaient voir la peur et l'horreur de ce qu'elle venait de voir en rêve. Les rêves et les cauchemars forment un bel équilibre, c'est certain ! Gladys se leva, en ayant l'impression d'être encore dans son lit (ce qui était le cas !) Enfin, rassemblant toute la force de son subconscient, elle réussit à se mettre debout. Elle descendit lentement les escaliers. Une fois devant son bol, Gladys essaya de manger, mais elle n'y arrivait pas. Elle venait de prendre conscience d'une chose horrible : et si il arrivait quelque chose à Stéphane ? Elle avait bien perdu ses parents du jour au lendemain ! A cette pensée, la jeune fille eu peur. Extrêmement peur. Mais une partie de son cerveau refusait d'y croire. Autant de malchance ne saurait exister ! Finalement, elle se leva et alla se préparer. Heureusement que c'était vendredi, car l'adolescente n'aurait pas pu passer plus d'un jour au collège ! La semaine avait été si incroyable et en même temps si fatigante ! Une partie d'elle était heureuse, et l'autre partie était heureuse ET fatiguée. Elle voulait se rendre au collège, mais elle avait un mauvais pressentiment. Bien sûr elle était tourneboulée à cause du cauchemar mais cela n'avait aucun rapport. Gladys sentait jusqu'au plus profond d'elle-même qu'elle allait le regretter si elle se rendait, comme tous les jours, à son établissement scolaire. Elle finit par oublier cette idée stupide et se mit en chemin au pas de course, car elle avait déjà un léger retard. Soudain Stéphane apparut derrière elle, arrivé là comme par magie :
"HAAAAAAAAAAAAAA, hurla la jeune fille, plus surprise qu'elle ne l'avait jamais été.
- Eh bien, qui aurait cru qu'une si petite chose fasse un bruit aussi assourdissant ! s'exclama -t-il, ébahi.
- Tu m'as fait peur, grogna-t-elle, d'où tu sors comme ça, hmm ?
- Je me rendais juste au collège. Au fait, tu es courant de ce qui s'est passé entre le proviseur adjoint et Lisa ? demanda le jeune garçon.
- Non quoi ?
- M. Talon, a demandé à Lisa si elle voulait bien être la suppléante du délégué de classe. Elle a alors hurlé :" comment ça "suppléante" ??? Je me suis présentée pour être déléguée de classe !" L'adjoint lui a expliqué que c'était toi qui avait été élue. Lisa est entrée dans une rage folle et...
- Attend, c'est MOI qui est élue ??? Mais c'est impossible ! Tout le monde me déteste !
- Je crois que nos camarades voulaient quelqu'un qui sache se faire respecter. Ils ne voulaient pas d'une peste comme Lisa pour diriger la classe... Bref, elle est devenue folle de rage, puis elle a dit que si ce n'était pas elle qui serait déléguée ce ne serait surtout pas toi. Comme je passais juste à côté, je n'ai pas pu m'en empêcher, je suis rentré dans le bureau en criant que tu ferais une très bonne déléguée...
-Merci... Je suis touchée que tu ai fait cela pour moi...chuchota la jeune fille.
Stéphane sourit, puis continua son explication :" Ensuite, beaucoup de choses se sont enchaînées : le proviseur m' a expliqué qu'il fallait toquer à la porte avant d'entrer et que ce n'était pas à moi de me mêler de cela, et Lisa m'a hurlé d'arrêter de défendre ma petite amie, (il articula ces mots en rougissant), je lui ai répondu qu'il n'y a pas de honte à être amoureux, et qu'on est en droit de défendre ceux qu'on aime.
-Je suis entièrement d'accord, si j'avais été à ta place,j'aurais dit la même chose.
-Oui, mais je pense que j'aurais mieux fait de me taire, car M.Talon s'est exclamé : toi et ma nièce vous...êtes en couple ?!? Après, j'étais très gêné et j'ai répondu que oui, avant de me souvenir que nous n'en n'avions jamais parlé, et du coup, j'étais encore plus gêné. Puis, j'ai prétexté devoir aller à mon cours d'anglais, et je suis sorti sans rien ajouter.
- Mais, pourquoi ne pas m'avoir expliqué cela plus tôt, tu avais toute la journée d'hier...
- Je n'avais pas envie de...gâcher nos moments avec des histoires un peu énervantes. " Gladys réfléchissait, elle plaça sa tête contre le torse du jeune homme et celui-ci la serra comme un trésor très précieux. Elle n'avais plus envie de parler. Alors, la sonnerie parla pour elle et dû se rendre à son cours de musique. Elle adorait chanter, et Mme Liry était vraiment gentille. C'était la seule qui n'avait jamais donné de punition à qui que ce soit dans la classe. Alors, c'était avec plaisir ( mais aussi avec une pointe de déception de ne pas pouvoir rester avec Stéphane ) qu'elle se rendait en A108. La seule mauvaise note ( humour ) c'était qu'en musique, elle était à côté de Thomas, et ça, elle n'arrivait pas à s'y faire. Mme Liry les fit entrer en leur lançant l'éternel "bonjour" toutes les dix secondes. Gladys s'assit avec réticence au côtés de Thomas qui était occupé à graver dans la table : Attention, colérique girl a touché cette table, radioactivité imminente. La jeune fille soupira de lassitude. Elle le détestait vraiment. Il leva enfin les yeux vers elle :" Quoi ? Je te dérange ?
- Si tu savais à quel point ! s'exclama-t-elle.
- Ouais, ben t'as juste à aller demander à Mme Kiri de nous changer de place, moi aussi je sature !
- Tu as vraiment la mentalité d'un garçon de deux ans...Et puis c'est quoi ce surnom pourri ?" Plutôt que de répondre, il haussa les épaules et se replongea dans la gravure du mot '' radioactivité ''. La prof commença son cours, et Gladys se concentra sur sa feuille d'interrogation surprise particulièrement tordue sur Camille Saint- Saëns, le compositeur du "carnaval des animaux ". Puis, elle partit en Histoire-Géo. Ils s'amusèrent sur une carte des États-Unis. Ensuite ce fut l'heure de la pause. Tout le monde courrait pour aller dans la cour, mais l'adolescente s'attarda dans les couloirs, cherchant Stéphane et Luna des yeux. À la place, elle trouva Lisa appuyée contre un mur, la fusillant du regard. Gladys n'allait certainement pas s'en tirer sans égratignures...
...............
Stéphane retournait le collège depuis cinq minutes, mais il ne trouvait toujours pas sa jolie princesse; il commençait à s'inquiéter, lorsque finalement, il l'aperçut entrant dans le bureau du directeur ( pas de son oncle, donc ) un coquart à l'œil. Il l'attendit à côté de la porte, curieux de savoir dans quel pétrin elle s'était à nouveau fourrée. Elle ressortit et Stéphane fut extrêmement surpris de voir ses joues parsemées de petites larmes salées. Il s'approcha d'elle doucement :'' Qu'est ce qui ne va pas, Gladys ?
- Je vais devoir changer de collège...
- Quoi ????
- Eh bien, renifla-t-elle, le directeur en a assez des enn... Tu es sûr que ça va ?"
La tête lui tournait, son cœur battait la chamade. Il n'avait pas envie de demander à sa princesse ce qui s'était passé, il avait juste envie de vomir son petit-déjeuner. Puis, au lieu de répondre à son amie, il tomba dans les pommes.
Il entendait la voix de son amoureuse à ses côtés mais n'avait pas la force d'ouvrir les yeux. Il devait certainement être à l'infirmerie. Le jeune garçon préférait réfléchir; réfléchir à ce que serait sa vie sans elle. Elle, cette fille si...Il n'arrivait même pas à la décrire. Elle était si belle, si gentille, drôle, mignonne... tous les attraits des filles quoi ! Et c'est pour cela qu'il avait besoin d'elle, de sa présence. Il l'aimait, il n'y avait que cela qui comptait; au diable le directeur et les bêtises irréparables, il avait juste envie de vivre. Vivre avec sa princesse. Finalement, il ouvrit les yeux, difficilement. Au-dessus de lui, Gladys le regardait, les yeux embués de larmes.
Elle était essoufflée, et extrêmement stressée, elle avait eu peur pendant au moins deux bonnes heures qu'il ne se réveille pas. Elle le prit délicatement dans ses bras, faisant de son mieux pour faire les bons gestes. Ça faisait longtemps ! Lui, il ne disait rien comme si une seule parole aurait pu aggraver la situation. Ils restaient donc ainsi dans un silence pesant. L'infirmière attendait dehors qu'ils aient fini. Finalement Gladys ne put s'en empêcher :" Tu vas bien ?
- Tu ne pars pas !
- Mais... Je n'ai pas le choix...
- En fait, tu ne tiens pas à moi, cria-t-il.
- Bien sûr que si mais...
- Je m'en vais, je vois bien quand je dérange !
- Non, je suis obligée de partir car Lisa...Lisa...
- Quoi ? hurla-t-il.
- Lisa est l'hôpital à cause de moi, et ça peut t'arriver aussi ! Je suis un monstre !"Elle avait hurlé si fort, que le prof qui faisait cours à côté de l'infirmerie cria :" il y a une bombe qui a explosée?!!" Elle se tourna, pour lui montrer son dos, dissimulant son visage. Elle avait peur d'elle même. Stéphane, lui, se contentait de l'observer sans mot dire. On voyait dans son regard qu'il trouvait cela absurde. Il la prit par l'épaule afin de voir son visage : elle ne pleurait pas, elle avait cette fureur dans les yeux qui pouvait tout détruire, qui avait trop subi. De son côté, le jeune garçon ne supportait pas ce regard, qui voulait dire : je suis la plus à plaindre sur cette planète, personne ne souffre autant que moi et gna gna gna...La plus grande colère imaginable s'empara de lui sans qu'il ne put résister:
- Bien, cria-t-il en se retournant, je vais laisser la pauvre petite fille sans famille se lamenter sur son sort tranquille. Adieu.
- Eh, qu'est ce qui te prend ?!?
- Il me prend que j'en ai marre que tu penses être la plus malheureuse sur Terre ! Mais réveille-toi, bon sang, tout le monde souffre un jour au moins dans sa vie, Mme Cureil, l'infirmière, Lisa...peut-être même Thomas ! Mais tu te fiches des autres et de leurs malheurs, tu ne vois que toi et tes problèmes ! Tu es la personne la plus égoïste que je connaisse. Sur ce, je te laisse tranquille, j'espère que tu te trouveras un meilleur amoureux que moi dans ton nouveau collège !
- Très bien, vas-t-en ! " Il sortit de l'infirmerie et claqua la porte si fort qu'il fut surpris qu'elle ne sorte pas de ses gonds. Il marmonna quelques excuses incompréhensibles à l'intention de l'infirmière affolée. Puis, le collégien courut jusque dans la rue; l'établissement s'était vidé de tous ses élèves depuis au moins deux bonnes minutes. Il poussa la porte de son appartement totalement essoufflé, et se jeta dans son lit. Il respira pendant un instant l'odeur de son oreiller. Il ne voulait plus jamais la revoir. Sa mère passa sa tête dans l'entrebâillement de la porte. Lorsque qu'elle vit le regard de son fils, elle comprit qu'elle n'était pas la bienvenue, et battit en retraite.
Gladys ruminait ses pensées noires. Elle avait vraiment marre de devoir vivre sa vie. Pourquoi personne ne semblait comprendre qu'elle n'était pas assez forte pour se relever de la mort de ses parents ? En même temps, son ami plus tellement ami avait raison : jamais elle n'avait demandé à quelqu'un si il souffrait; jamais elle ne s'était dévouée pour changer l'avenir d'une personne...Finalement, plutôt que d'aller chez elle, elle se rendit à sa vieille école primaire et fut surprise de voir Thomas assis sur un banc, la tête dans les mains. L'adolescente hésita, puis prit place sur un deuxième banc, en face du garçon. Celui-ci leva la tête et posa ses yeux, rouges d'avoir pleuré, sur elle. Il s'approcha, et prit la parole :" Je suis désolé... pour Luna, toi, l'hôpital,et...", ses mots étaient confus. Gladys aussi ! Thomas ne s'excusait jamais, et surtout pas devant elle :" Ne t'en fais pas, c'est fini et elle va mieux, c'est le principal, le rassura-t-elle sans aucune sincérité dans la voix.
- Le truc c'est que... Je t'aime bien tu sais...heu je veux dire en ami, ajouta-t-il devant le regard surpris de son interlocutrice, et genre si je t'embête c'est juste pour garder ma réputation, tu comprends hein ? Tu ne le dira à personne ?
- Je ne le dirais à personne... Bon ça suffit, qu'est ce que tu veux ?
- Je veux que tu me pardonnes et que tu fasses quelque chose pour moi. S'il te plaîîîîtttt ! supplia-t-il en joignant les mains. Malgré elle, elle haussa le ton.
- Je ne vois pas pourquoi je devrais te faire plaisir alors que toi tu me pourris la vie !
- Gladys tu es mon dernier espoir ! Je... J'arrêterai de t'embêter... Je pourrais même t'aider un de ces quatre !
- Bon, quoi ? En quoi je peux t'être utile ?
- Eh bennn, c'est pour une fille...
- Nan, sérieux ? Elle était sur le point d'éclater de rire. Elle commençait à apprécier le Thomas qui était devant elle.
- Ouais, et je me disais que toi avec Stéphane, ben t'avais réussi...
- Stop, stop, stop ! Moi et lui... disons que c'est plutôt froid. Même très froid.
- Attends, vous vous êtes disputés ? C'est ça que t'es en train de me dire ? Elle lâcha le plus long soupir de tristesse de toute sa vie. Ce sentiment d'impuissance la dévorait par petits morceaux.
- Oui. A cause de mon exclusion du collège. D'après lui je pense trop à moi et pas assez aux autres. Bref, c'est qui cette fille ?
- C'est...Tu te moques pas, hein ?
- Non !
- Luna." Là elle ne pouvait plus parler du tout. Elle se contenta de sourire avant de répondre :"
- Reste toi-même, ne fais pas la brute et surtout, sois le plus doux possible : elle est très timide. Il hocha la tête, la remercia puis s'éloigna. La journée n'aurait pas pu être plus étrange, et la dernière chose à laquelle pensa Gladys avant de s'endormir, c'est qu'elle aurait dû écouter son pressentiment, et qu'elle n'aurait pas dû aller au collège, car en une journée elle avait tout perdu.
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