CHAPITRE 45 - EVAN
09.01.18,
Appartement n°14, Immeuble 050, Quartier d'East Village | MANHATTAN – 01:18 AM.
Je n'arrive pas à dormir, bien évidemment. Mon cerveau tourne à plein régime en imaginant la journée qui m'attend au lycée. J'appréhende, et j'en ai même mal au ventre. J'en arrive même à m'en rendre malade tout seul, inconsciemment, tant l'angoisse et l'inconnu me perturbent.
Je ne sais pas comment cela va se passer, honnêtement. J'imagine que Diego et moi n'allons plus nous cacher, désormais, car à quoi bon ? En revanche, je suis inquiet par rapport aux autres élèves : je n'ai aucune envie d'être observé comme un animal dans un zoo, et d'entendre des moqueries dans mon dos. J'ai déjà vécu l'enfer à Butler, tellement que j'en ai presque été dégoûté du lycée alors que j'adore étudier, et je n'ai vraiment pas besoin que la même chose se reproduise ici.
À Butler c'était différent : je n'avais pas de petit-ami, j'ai pu aisément expliquer à mes parents que j'avais dérapé en soirée et que là était ma seule erreur. En revanche, si la même chose se reproduit à East Side, je ne vois pas comment je pourrais continuer à mentir plus longtemps. Et je ne me vois pas expliquer à papa que si c'est encore une fois la merde pour moi au lycée, c'est parce que je suis en couple avec un gangster.
Je soupire, mon portable entre mes mains. J'erre sur facebook à la recherche d'une quelconque info nous concernant, Diego et moi, mais je suis surpris de ne rien trouver. Un idiot – ou une idiote, ça personne ne le sait – a créé l'année passée une page facebook où les gens envoient leurs coups de cœur et leurs secrets, concernant le bahut. La plupart sont des messages d'amour anonymes, mais on y trouve parfois quelques potins. Heureusement pour moi, il n'y a rien. Du moins, pour le moment. Je suppose que cela ne saurait tarder.
Quand je me suis connecté sur le net en fin d'après-midi, après avoir rassemblé tout mon courage, j'ai été surpris de ne rien trouver de désobligeant. Pas de messages d'insultes envoyés sur mon messenger, pas d'identifications sur la photo du baiser. Rien. Je suis d'ailleurs étonné de ne pas voir ces fichues photos circuler sur facebook : je suis ami avec bon nombre de footballers, les amis de Lily, et de cheerleaders. En général, ce sont eux les porteurs de ragots. Or, là, rien du tout.
D'un côté, tant mieux. Mes parents n'ont pas facebook, car ils trouvent cela inutile. Mais je sais à quel point papa peut être parfois fourbe et fouineur, à chercher un peu partout lorsqu'il s'agit d'en savoir plus sur mes états d'âme et de cœur. Il m'a déjà fait le coup, à Butler, à fouiller dans mon téléphone pour voir si je recevais encore des images à caractère pornographiques – gay, bien évidemment – des autres élèves qui se fichaient de moi. Un papa policier et protecteur, c'est pas toujours facile à gérer.
Quand je ferme l'application, prêt à verrouiller mon téléphone, je regarde un instant le fond d'écran. Mon cœur loupe un battement et un petit sourire stupide étire mes lèvres. Il s'agit encore de cette photo, prise devant le Fenway Park de Boston, mais je ne saurais expliquer à quel point je l'adore. Diego est adorable, il sourit et me tient contre lui, et j'adore son sourire. C'était l'un des meilleurs moments que nous avons passé ensemble, et je ne l'oublierai jamais.
Amoureux transi, je capitule et clique sur l'icône des photos. Je fonds. J'ai énormément de photos de lui, prises à son insu alors qu'il dormait ou qu'il ne me remarquait pas. Ma préférée, depuis peu, date de notre nuit au Baccarat hôtel. Après l'amour, il m'avait emporté dans la salle d'eau et nous avions pris un bain chaud et mousseux. Il est très beau sur la photo : sa peau caramel recouverte de gouttes d'eau, son torse musclé à moitié enfoui sous une épaisse couche de mousse et ses cheveux humides et fins tombant sur son front. Mais le plus beau dans tout ça, ce sont les étoiles dans ses yeux et son grand sourire heureux.
Je soupire et verrouille mon téléphone, avant de le poser près de mon oreiller. Mon cœur bat la chamade et j'ai le ventre tiraillé par le désir : j'aimerais qu'il soit là, avec moi. Malgré l'erreur qu'il a faite et malgré ma réaction abusive, je l'aime encore comme pas possible et j'éprouve le besoin constant d'être avec lui. Il me manque, là. J'aimerais pouvoir passer mes nuits avec lui, à dormir dans ses bras, dans sa chaleur, à humer son odeur.
Je suis totalement amouraché, accro, et ça m'effraie tout comme cela me rassure.
X X X
- Evan, tu vas être en retard !
Maman tambourine derrière la porte des toilettes, et sachez qu'elle est chanceuse que je ne puisse pas lui répondre. Autrement j'aurais hurlé, et j'aurais certainement été désobligeant. Elle me tape sur les nerfs en ce moment.
- Evan ? Chéri, tout va bien ?
Non, ça ne va pas. J'ai mal aux abdominaux à force de rejeter dans la cuvette tout mon petit-déjeuner ainsi même que les restes du dîner d'hier. La bile me brûle la gorge et le goût du vomi me donne encore plus envie de vomir. Mes mains tremblent, mes oreilles sifflent, et j'ai tellement chaud que je ressens des fourmis partout dans les bras et sur la nuque.
Quand je me recule, conscient que je ne régurgiterai rien de plus, je me laisse tomber contre le mur. Je tend la main pour déverrouiller la porte quand maman prononce à nouveau mon prénom, inquiète, depuis le couloir.
- Mon chéri, ça va ?
Elle ne semble plus en colère, comme elle l'a été tout hier, et ça me fait un peu de bien de la voir se radoucir. Elle s'accroupit près de moi et pose sa main sur mon front. Je sais que je n'ai pas de fièvre, que c'est juste l'angoisse et les mauvais souvenirs de cette nuit qui m'ont retourné l'estomac, mais je ne me sens pas le courage de bouger avant au moins quelques heures.
- Tu n'as pas de fièvre, confirme maman. Tu veux un verre d'eau ?
Je hoche la tête. Elle part dans la cuisine et en revient quelques secondes plus tard avec un immense verre à la main. Avant de boire réellement, je me rince la bouche et recrache l'eau dans la cuvette. C'est maman qui finit par tirer la chasse.
- Tu as une mine affreuse, chéri. Tu veux rester au lit ?
- Oui, j'aimerais bien. J'irai cet après-midi, si ça va mieux.
Je sais que cela ira forcément mieux cet après-midi, d'ici même quelques minutes, mais égoïstement je préfère rester ici. Je ne me sens pas prêt à faire face aux autres et à affronter cette journée. J'ai trop peur que l'histoire de Butler se répète.
- Je dois aller à Boston aujourd'hui, m'annonce maman. Une convention du livre. Je rentrerai très tard. Ça va aller ?
Est-ce-que ça va aller ? Genre, j'ai la maison pour moi, je serai tranquille, et elle ose me poser la question ? Je retiens un sourire.
- Oui, t'en fais pas. Je vais me reposer un peu, là, et ça ira mieux.
- Très bien.
Comme un idiot, je ne remarque qu'à cet instant là qu'elle est déjà super bien habillée, coiffée et maquillée. Elle était prête à partir pour Boston, visiblement enthousiaste. Je lui souris :
- Vas-y, tu vas être en retard.
- Je te téléphonerai à la pause, pour prendre des nouvelles. Décroche, d'accord ?
- Oui.
Elle est gentille. Même si en ce moment c'est un peu – beaucoup – la guerre à la maison, elle est toujours là pour prendre soin de moi lorsque ça ne va pas. Mon cœur se réchauffe un peu et je finis par me lever, les jambes faibles et tremblantes. Dans le salon, tandis qu'elle vérifie que toutes ses affaires sont bien dans son sac à main, je viens la serrer contre moi. Je baisse ma garde, un peu, et ça fait du bien.
- Mon bébé.
- Je suis désolé. J'ai été méchant ces derniers jours, c'était pas cool.
En fait je suis faible. Je n'aime pas bouder mes parents même si, parfois, ils me les brisent tellement que je ne trouve pas d'autre solution. Sauf que, là, cela dure depuis trop longtemps et la situation commençait à me peser. Ça fait du bien de crever l'abcès.
- Je sais que nous avons été un peu durs avec ton père, mais tu comprends pourquoi, n'est-ce pas ?
Je hoche la tête, ma joue posée sur son épaule. Je les comprends, bien sûr. Je sais que j'ai un peu abusé avec les sorties tardives mais, malheureusement pour moi, c'étaient les seuls moments où je pouvais passer du temps tranquillement avec Diego, sans être pressé par le temps ou sans avoir peur que quelqu'un nous surprenne. J'ai adoré toutes ces soirées dans Central Park, ou dans ma voiture à simplement parler ou nous embrasser.
- Je dois y aller, Evan. Je t'appelle, promis.
Elle m'embrasse sur le front et je lui fais un petit signe de la main avant qu'elle ne quitte l'appartement. Planté là au beau milieu du salon, je constate que j'ai encore une fois mal au ventre. Tout semble serré et compressé à l'intérieur et je laisse échapper un grognement, assez discret, avant de me précipiter dans les toilettes. Le visage au dessus de la cuvette, j'attends mais rien ne sort. Râlant intérieurement, je finis par me recoucher.
Les draps sentent encore son odeur, depuis une semaine, et c'est toujours agréable de m'endormir en la sentant, comme s'il était là. Au chaud sous la couette, allongé en position fœtale, j'attire un énorme oreiller contre mon ventre pour le réchauffer. Puis, après la nuit presque blanche que j'ai passée, je m'endors.
X X X
Je me réveille en sursaut. Je comprends qu'il fait jour dehors quand je vois la lumière qui essaie de percer à travers les brèches du volet roulant. Quand je m'étire dans le lit, endormi, j'entends le vibreur de mon portable qui semble faire trembler tout mon oreiller. Je glisse ma main sous ma tête pour le récupérer.
Cinq appels manqués, ainsi que sept SMS. On pourrait croire qu'il s'agit de maman, ou de papa, mais ce n'est pas le cas. Il s'agit simplement de Diego. Son dernier SMS, datant d'il y a une heure, dit simplement « Réponds-moi putain !!!! ». Ensuite, les appels se sont enchaînés. Quand je regarde l'heure rapidement avant de le rappeler, mon téléphone m'indique 11:26 AM.
- Evan bordel je... tout va bien ?!
Je roule des yeux, lassé, mais en même temps je trouve ça adorable. Il est clairement inquiet, je l'entends, et ça me plaît. Le fait qu'il s'inquiète pour moi me fait plaisir. Mon cœur s'emballe un peu.
- Oui, ça va.
- Je peux monter ? , demande-t-il.
- Heu... quoi ?
- J'suis en bas de chez toi. T'y es ? Il y a ta voiture. T'es seul ?
Cette fois-ci, mon cœur loupe un battement. Il est réellement là, en bas, dans la rue, pour moi ? Je me mords violemment l'intérieur de la joue, ainsi que la lèvre.
- Oui, monte.
Il raccroche sans même me répondre, et je lève un sourcil. Encore tout endormi, j'abandonne ma couette et me précipite dans la salle d'eau. Je me brosse les dents en quatrième vitesse, et regarde mon reflet dans le miroir : les cheveux en bataille et l'air fatigué. Je soupire. Quand deux coups sont frappés à la porte, je me précipite pour aller ouvrir.
- Hey.
Il pose immédiatement sa grande main sur ma joue et caresse mon nez avec son pouce. Ses doigts sont froids, mais ça me plaît. Il colle son corps contre le mien tout en me faisant reculer un peu plus dans l'appartement. Je souris quand il vient refermer la porte avec son pied, et qu'il tourne le verrou avec sa main libre.
- Ça va ? , demande-t-il.
- Heu... ouais.
Je le bouffe des yeux. Mon dieu, il est si beau. Son odeur forte et virile titille mes narines et il est vraiment magnifique. Ses lèvres légèrement pulpeuses sont un peu gercées à cause du froid et ses cheveux, bruns et épais, sont recouverts de petits flocons de neige. Son nez est adorablement rouge, tout comme ses joues, sous sa peau couleur caramel.
- Je..., je reprends. J'me sentais pas bien, j'ai vomi ce matin et...
- Yeurk, plaisante-t-il.
- Ouais, je sais, c'est dégueu'.
Je ris un peu, attendri par la façon dont il me regarde et me tient contre lui. Il est doux et protecteur, et j'adore ça. Malgré tout, je distingue encore une lueur d'inquiétude – de peur – dans ses yeux et je me demande quelles choses il a bien pu imaginer.
- Tout va bien, je suis là et je vais bien.
- Je sais. Mais je t'ai pas vu au lycée, tu me répondais pas et j'ai cru que... enfin... heu...
- Tu as cru que quoi ? , je demande.
Il m'inquiète, désormais. Il est mal à l'aise, et je le connais assez pour comprendre de suite que cela a quelque chose à voir avec ce foutu gang. Il baisse honteusement les yeux sur nos pieds et, contre moi, je sens ses muscles se crisper. Malgré tout, c'est sexy.
- Que... laisse tomber.
- Que Skull s'en était pris à moi ? Pourquoi il ferait ça ?
- Pour rien, t'inquiète pas.
Il se penche pour m'embrasser et, si je ne le connaissais pas aussi bien, je dirais que c'est normal. Sauf que je le connais et que, là, je sais qu'il essaie de faire diversion. Je tourne la tête au moment où ses lèvres effleurent les miennes et je l'entends grogner.
- Dans quelle merde tu t'es foutu, encore ? , je crache.
- Aucune, Evan, tout va bien. Je te le jure.
- Ne me prends pas pour un con !
Il écarquille les yeux, choqué par la façon dont je lui parle. Je fais de grands gestes, je le fixe avec de grands yeux, et je suppose qu'il n'est simplement pas habitué à ce que quelqu'un se mette en colère contre lui. Encore moins son adorable petit-ami. Je perds patience :
- S'il t'a encore menacé de me faire du mal pour que tu fasses quoi que ce soit, dis-le moi ! Je veux savoir !
- Mais non, c'est pas ça.
- Alors quoi ? Je vois très bien que t'as la trouille, là, et qu'il s'agit bien de ça ! Je... je te fais confiance, Diego, mais il faut que tu me parles !
C'est vrai. J'ai confiance en lui et je sais qu'au fond de lui, il n'est pas méchant. Mais je sais aussi qu'il a tué un homme, sous l'emprise de ce Skull, et qu'il serait capable de recommencer ce genre de conneries si son boss le menace encore de me faire quoi que ce soit. Je ne veux pas qu'il devienne comme tous ces monstres parce qu'il tient à moi.
- Je... c'est rien, OK ? C'est juste... Skull nous a parlé d'un truc et on doit rien dire. Il m'a menacé de s'en prendre à toi si je cafte, c'est tout.
- Et alors, t'as cafté ? , je lève un sourcil.
- Non. Mais il est assez taré... je préfère me méfier.
Je le fixe un moment, le détaille des pieds à la tête : boots de moto – même s'il n'a plus de moto, jean skinny noir, pull gris foncé, veste en cuir. Bordel, qu'est-ce-qu'il est bandant ! Mais il est sincère, aussi, et ça c'est important.
- OK, dis-je simplement.
- C'est tout ? , s'étonne-t-il en levant un sourcil.
- Oui. Embrasse-moi.
Il pouffe de rire avant de se jeter sur moi, et c'est vraiment le meilleur moment de ma journée jusque là. Il agrippe mes cuisses pour me hisser dans ses bras et j'enroule mes jambes autour de sa taille. Je soupire d'aise quand il me dépose sur l'îlot central. Mes mains fourragent dans ses cheveux épais et bruns, tandis que sa bouche dévore la mienne. Je sens un goût de tabac et de soda sur ma langue quand je la glisse dans sa bouche, et c'est dément. Son odeur de parfum et de déodorant pour homme me fait perdre la tête. Je déteste cet effet qu'il a sur moi : il m'enflamme en un claquement de doigts, et je m'en veux d'être si faible.
- On va dans la chambre ... ? , je demande vaguement.
- Quoi, t'es sur ?
Yeux dans les yeux, je hoche la tête tout en me mordant violemment la lèvre inférieure. Oui, je suis sûr. Quatre jours sans l'avoir touché, sans avoir couché, et j'ai déjà l'impression que cela fait une éternité. Un sourire carnassier étire ses lèvres, révélant sa dentition parfaitement blanche et ses fossettes, avant qu'il ne m'emporte vers la chambre. Nous tombons sur le lit, et un gémissement nous échappe quand nos virilités désormais réveillées se heurtent.
Je me sens mis à nu, quand il commence à balader ses mains sur moi. Il est encore tout habillé, alors que je ne porte qu'un boxer ainsi qu'un t-shirt de pyjama trop large pour moi. Je soupire d'aise quand il embrasse ma cuisse, mon aine, et que ses mains caressent mes côtes.
- Tu m'as manqué, bébé.
Je couine comme un lâche, quand il me dit ça tout bas d'une voix hyper sensuelle. Il chantonne presque, yeux dans les yeux avec moi, tout en embrassant mon bas-ventre juste au dessus de l'élastique de mon boxer. Je me cambre, mes doigts agrippés aux draps.
Quand il tend le bras pour plonger sa main sous mon oreiller, je me sens défaillir. Il agite fièrement sous mes yeux le bandana rouge – lavé depuis la dernière fois, bien évidemment – et j'ai le cœur qui commence à battre tellement vite que c'est douloureux. Je le regarde, tandis qu'il analyse avec attention la structure de mon lit. Je perds mes moyens quand il retire la ceinture noire de son jean : j'entends la bouche tinter contre le barreau horizontal en fer de la tête de lit.
- Qu'est-ce-que...
- Chut.
Il m'embrasse tendrement pour me faire taire. Puis, il vient habilement nouer mes poignets avec son bandana. Je ferme les yeux, impatient mais à la fois terrorisé, lorsqu'il emporte mes poignets vers la tête de lit : je sens le cuir de sa ceinture qui presse autour du tissus. Me voilà attaché, sans défenses. Je lui lance un regard noir.
- C'est quoi ce regard ? , demande-t-il amusé.
- Je te hais.
- Rrrrr, se moque-t-il.
Je pouffe de rire et roule des yeux. J'adore le voir ainsi, insouciant, totalement adorable et sexy à la fois. Ma virilité dans mon boxer se fait douloureuse et je me mets à onduler des hanches malgré moi.
- Diego... , je supplie.
- Patience. J'ai pas encore terminé de te préparer.
- Quoi ?
Je regarde sa veste tomber lourdement au sol. Puis, toujours vêtu de son jean et de son pull, il grimpe à califourchon sur mes cuisses. Il est lourd sur moi, là, mais j'aime bien. Le voir comme ça, me surplombant, ça m'excite à mort. Je me mords l'intérieur de la joue alors que mes pommettes rougissent et se réchauffent.
- Lève un peu ton dos.
Je m'exécute sans rechigner. Tandis que je me cambre un peu, comme je le peux, il prend entre ses doigts les revers de mon t-shirt. Il le tire vers le haut mais, au moment où je crois qu'il va me l'enlever, il ne le fait pas. Je fronce les sourcils, lorsque je le vois s'affairer à rouler le tissus avec précision.
- Mais qu'est-ce-que tu... oh.
Je gesticule, ingérable, quand il vient poser le tissus sur mes yeux. En réalité c'est gênant, car j'ai la moitié du t-shirt en travers du visage. Les bras tendus en arrière et relevés vers le haut, poignets attachés au lit, je sens les manches du t-shirt scier la peau fine sous mes biceps. Je sursaute quand, désormais aveugle de tout, je sens sa bouche me voler un baiser.
- Voilà. On peut y aller, maintenant.
- Tu es le diable en personne, putain ,je grogne.
- Oh, mais tu vas aimer.
Je capitule et je ferme les yeux : à quoi bon ? Ma respiration est saccadée, à cause de l'excitation, de l'impatience et de l'appréhension. Je frissonne quand ses doigts glissent légèrement de mes clavicules à mon bas-ventre. Puis je me fige quand ils sont remplacés par sa langue, qui trace un petit sillon au centre de mon torse en descendant toujours plus bas. Il la glisse dans mon nombril un instant, et je me cambre, avant qu'il ne dépose un baiser sur mon pubis. Je soupire.
- Tu sens bon bébé , dit-il la voix éraillée.
- Ah oui ?
- Oui.
Ma jambe droite tressaute lorsqu'il mord tendrement dans la chair à l'intérieur de ma cuisse. Ma peau se recouvre instantanément de chair de poule et je cesse de respirer quand il tire l'élastique de mon boxer afin de libérer ma virilité. Il souffle dessus, tout doucement, et je couine :
- Diego...
- Oui bébé ?
- S'il-te-plait. Suce-moi.
Il veut jouer, alors je vais jouer. En général, il me fait mariner en me forçant à dire tout haut ce que je pense tout bas. J'ai simplement décidé, là, de prendre une longueur d'avance. Au silence que j'obtiens en retour, je crois comprendre que ça lui plaît.
- T'es tellement chaud bébé.
Je donnerais n'importe quoi pour pouvoir le toucher, là : ses cheveux, ses épaules ou ses mains, peu importe. Le fait d'être attaché est frustrant, encore plus que d'avoir les yeux bandés.
Je tire sur les liens qui m'entravent les poignets quand il me prend dans sa bouche : c'est chaud et humide, et j'adore ça. Je ne peux pas le toucher, ni le voir, mais je le sens et je l'entends. Sa bouche va-et-vient sur moi rapidement et vulgairement, et le bruit de succion que font ses lèvres sur ma peau soyeuse me rend fou.
Au bout de quelques rapides minutes, je me retrouve au fond de sa gorge et c'est dément. Je me cambre contre lui, en redemandant toujours plus, tandis qu'il presse mes bourses entre ses doigts et au creux de ses paumes. Je perds la tête :
- Diego, putain... s'il-te-plaît.
Je fronce les sourcils quand je sens quelque chose sur ma bouche, de chaud et de délicat. Il me faut un petit moment pour comprendre qu'il s'agit de ses doigts. Impatient comme jamais, je m'empresse de les envelopper de mes lèvres afin de les humidifier. Je les suçote doucement, tandis qu'il s'occupe désormais de mon entrée avec sa langue.
- Putain, bébé, tu pourrais me faire jouir rien qu'en faisant ça.
Mon ventre se tord délicieusement. Ah oui, c'est vrai ? J'adorerais pouvoir voir son visage, là, tandis que je suce ses doigts comme s'il s'agissait de sa virilité. J'enveloppe son index avec ma langue, la fait tournoyer autour de son ongle, avant d'en mordiller le bout. Je fais de même avec son majeur, faisant clairement exprès de laisser échapper des bruits de succion salaces et vulgaires. Un sourire satisfait étire mes lèvres quand il grogne, avant de retirer ses doigts.
Je frissonne quand il lève mes jambes afin de les poser sur ses épaules. J'inspire profondément pour calmer ma respiration saccadée ainsi que mes battements de cœur endiablés. Et, enfin, je me détends lorsqu'un premier doigt me pénètre. Ce n'est pas douloureux, c'est même au contraire agréable. Je le sens bouger en moi, avec habilité. Puis, tout doucement encore, il en met un deuxième. Ce n'est toujours pas douloureux, mais c'est gênant. Je sens ses mouvements de ciseaux, nécessaires pour me préparer à accueillir son érection, et je me mords la lèvre.
Quand il se penche vers moi, qu'il m'embrasse, je me retrouve les fesses en l'air à cause de mes jambes sur ses épaules. Ses doigts bougent toujours en moi, et j'aime cette intrusion là.
- Ça va ? , murmure-t-il tendrement contre mes lèvres.
- Oui, je soupire d'aise. Mets-en un troisième. S'il-te-plaît bébé.
Je le fais exprès. J'essaie de le prendre à son propre piège mais, sans le voir, je ne sais pas vraiment si ça fonctionne. Quand il entre un troisième doigt en moi, je me crispe et mes chairs se referment sur lui malgré moi. Bon sang, c'est dément.
- Dios, Evan.
- Je te veux, bébé.
Je me retrouve sur le ventre, les poignets attachés droit devant moi, après une douce torture anale de quelques minutes seulement. Impatient, je l'attends malgré tout calmement. Nous n'avons jamais fait ça comme ça, moi allongé sur le ventre et lui dans mon dos. En général, c'est toujours de face, sauf cette fois-là contre la vitre de l'hôtel.
- Supplie-moi.
J'ai le cœur sur le point d'exploser, tout comme mon bas-ventre. Je sens sa virilité entre mes fesses, qui glisse contre ma peau sans jamais me pénétrer, et c'est frustrant. En fait, je n'ai jamais rien vécu d'aussi bon mais d'aussi douloureux : je le veux, maintenant. J'en ai besoin.
- Diego... s'il-te-plaît.
- Qu'est-ce-que tu veux ? , grogne-t-il contre mon oreille.
- Toi... maintenant.
- Mais encore ?
Il chantonne, amusé, tout en continuant de donner des coups de reins dans le vide. Son torse est contre mon dos, ses fesses contre les miennes, et nos jambes sont emmêlées les unes avec les autres. Sa bouche à mon oreille mordille mon lobe et il prend un malin plaisir à pincer mes tétons. Je le déteste. Je le déteste mais je l'aime tellement aussi.
- Je veux que tu me baises avec ta queue, bébé.
Je le sens sourire contre ma joue, et je souris aussi. Mon ventre se tord délicieusement quand je réalise ce que je viens de dire. Il mord la peau de mon épaule avant de dire tout bas :
- Tu fais l'innocent... mais le seul diable ici c'est toi.
Si je pouvais bouger, je hausserais simplement les épaules. Peut-être bien. En même temps, comment pourrais-je ne pas avoir envie de me faire baiser par un mec pareil ? D'autant plus que j'en suis amoureux ! C'est pas possible autrement, en fait. C'est lui qui me rend comme ça, audacieux et accro au sexe. Il a toujours eu un effet extraordinaire sur moi, sur mon désir et ma libido. Depuis le début.
Je soupire et me cambre quand il finit par me pénétrer. Sa virilité est large, imposante, et longue. Quand il s'enfonce en moi jusqu'à la garde, j'ai l'impression de défaillir. Mon corps commence à trembler et mes muscles s'engourdissent : c'est délicieux.
- Bébé, tu es si étroit.
- Tu aimes mon cul comme ça ? , j'ose demander à bout de souffle.
Aucune réponse. Je le maudis quand il éloigne son torse de mon dos. À la place, il pose sa main sur mes reins et appuie fort pour me cambrer. C'est douloureux, un peu, mais aussi terriblement sexy. Quand il donne un coup de rein puissant, jusqu'au fond, j'enroule mes doigts autour du cuir de sa ceinture. Je tire sur le lien avec force, faisant même grincer la tête de lit.
- Et toi, tu aimes ça ?
Je gémis. Jusque là, j'essayais de me retenir mais c'est peine perdue. Il me pilonne, fort et vite, et j'ai l'impression de perdre la tête. Il est bon à ça, sans l'ombre d'un doute, et j'aimerais que cela ne s'arrête jamais. J'ai le cerveau en ébullition et le cœur en miettes. J'ai le sentiment d'imploser, de mourir à petit feu même si, en fait, je ne me suis jamais senti aussi vivant que là.
- Tu aimes quand je te baise comme une salope, hein ?
Je couine, parce que ma gorge est obstruée par les sanglots. Ce ne sont pas des sanglots de tristesse, mais des sanglots de plaisir. Je gémis, mais je ne cris pas. À la place, je pleure : le plaisir est trop intense. Je pleure tellement c'est bon, tellement il me fait du bien, et tellement j'en veux plus. Quand il cesse de bouger, certainement pour m'observer et m'écouter, je viens m'empaler moi-même sur sa virilité. Quand il claque violemment ma fesse, je couine et sanglote.
- Regarde-toi... tu chiales tellement t'aimes ça.
Je n'arrive pas à lui répondre, et je trouve encore moins les mots lorsqu'il recommence à me pilonner. Ses bourses claquent contre mes fesses et j'en adore le bruit. Il appuie sur mes reins avec sa main gauche, tandis que la droite ne cesse de me fesser. Bordel, c'est la meilleure partie de jambes en l'air de toute ma vie.
- Diego, je vais...
- Vas-y bébé, fais-toi jouir.
Je le maudis quand il cesse de bouger. Ses mains sont sur mes hanches, délicates. Il me contraint à me faire du bien moi-même et, impatient, je le fais. Doucement, j'ondule des hanches contre lui. Il ne bouge plus, mais je sens sa virilité m'écarteler jusqu'au fond et c'est énorme. Je la sens aussi glisser contre ma prostate, juste là, et c'est merveilleux.
- Tu es tellement sexy, Evan.
- Claque-moi.
Quand ses deux mains s'abattent sur mes fesses, c'est la goutte de trop. Je cris, tandis qu'un sanglot se bloque dans ma gorge, et je tire sur sa ceinture en gémissant très fort parce que l'orgasme me ravage. Je le hais de recommencer à me pilonner alors que je suis en train de me libérer sur les draps et que mon corps crie au secours.
- Oh, bébé... je...
Je le sens se retirer précipitamment. Puis, ensuite, je sens son sperme se répandre contre mon entrée. Il jouit en un grognement guttural, sauvage, et ça m'arrache quelques frissons.
Je m'écroule sur le lit, à bout de forces, tandis qu'il se lève pour jeter le préservatif dans la poubelle de mon bureau. Quand il revient sur les draps, je suis agréablement surpris de le sentir embrasser tendrement chaque parcelle de ma peau, en passant de mes mollets par mes cuisses, remontant sur mes fesses, mon dos et mes épaules. Quand il libère mes poignets et qu'il me retire enfin mon t-shirt, je n'ai même plus la force de bouger.
- Viens-là.
Il m'emporte dans ses bras, sous la couette, et je blottis mon visage contre son cœur. Je respire son odeur, ma joue posée sur sa peau moite, et je ferme les yeux. Il referme ses bras puissants autour de moi et m'embrasse sur la tempe. Je ressens encore les palpitations dans mon bas-ventre quand il se décide enfin à éteindre la lumière.
- Te amo, murmure-t-il.
- Je t'aime aussi.
Nous restons un petit moment ainsi, dans le silence, à simplement nous papouiller. J'aime entendre les battements de son cœur sous mon oreille. Puis, tout bas, il murmure :
- Je suis vraiment désolé pour hier. Je m'en veux beaucoup.
- Je sais. Moi aussi je suis désolé. J'ai mal réagi mais... j'ai eu peur.
- Je comprends.
Le fait que rien n'ait fuité sur facebook me rassure un peu, je dois l'avouer. Peut-être qu'ici les gens sont moins cons qu'à Butler ? Peut-être que dans une grande ville, les gens sont un peu plus ouverts d'esprit qu'à la campagne ? Peut-être que toute cette histoire passera inaperçue ? Je l'espère.
- On oublie ? , demande-t-il d'une voix mielleuse.
- On oublie.
Je dépose un petit baiser sur son cœur avant de m'assoupir.
X X X
Quelque part dans les rues... | MANHATTAN – 2:02 PM.
J'ai déposé Diego au lycée, car il ne voulait absolument pas rater ses cours de physique et de maths. Il a déjeuné avec moi avant de repartir en cours, chez moi, et j'ai trouvé ça cool de le voir installé à table. Je me suis imaginé un moment partager un repas avec lui et mes parents, assis à cette même table. Puis, je me suis souvenu que mon père est flic et que mon petit-copain est un assassin.
- À qui le tour ?
Je sors de mes pensées quand la voix d'une jeune pharmacienne parvient à mes oreilles. Je m'approche du guichet avant de faire glisser devant elle une boite de préservatifs.
- Il me faudra des pastilles pour la nausée, aussi. S'il-vous-plaît. Et deux boites de paracétamol.
Elle me sourit avant de s'en aller chercher ce que je lui demande. Quand elle revient, je lui tends ma carte de crédit avec un petit sourire.
- Au revoir, bonne journée !
- Merci, vous aussi.
Quand je me retrouve sur le trottoir, ma voiture stationnée en double file, le froid me fige un instant. Il ne neige plus, mais il a beaucoup neigé dans la nuit et ce matin ce qui fait que la route semble impraticable. Malgré tout, les bus circulent ainsi que les taxis et quelques voitures, et je suis plutôt à l'aise avec la conduite hivernale.
Je m'installe derrière le volant, et la chaleur diffusée dans l'habitacle par le chauffage me fait immédiatement du bien. Je frotte mes mains l'une contre l'autre – je déteste porter des gants ! - avant de passer la vitesse et de m'en aller.
Pendant un moment, j'erre sur les boulevards et les avenues de Manhattan. Je devrais être intelligent et économiser mon essence, mais ça me fait du bien de rouler le long de Central Park ou sur Times Square en écoutant The Script. Le ciel est blanc, il fait sombre, et j'adore ce genre de météo même s'il fait très froid.
Arrêté à un feu tricolore sur la cinquième avenue, je pense à Diego. Je pense à cette nuit à l'hôtel, à tout le luxe de la chambre. Je pense à la première fois où je suis monté sur sa moto, et à la première fois où il a conduit ma voiture. Je pense aussi à cette nuit à Boston, ou encore à notre première visite du planétarium.
En revanche, quand je sors mon téléphone de ma poche, je ne pense à aucun moment à mon compte en banque :
- Holà Evan ! , chantonne la voix fluette d'Andrea. Un problème ? , demande-t-elle.
- J'ai besoin de ton aide. J'peux passer te voir ?
Je souris quand elle me donne rendez-vous au Starbucks de Crown Heights, non loin de Brownsville.
Et j'ai le cœur qui palpite lorsque je prends la route en direction de Brooklyn.
. . . #eastriverFIC
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