CHAPITRE 41 - EVAN
04.01.18
Appartement n°14, Immeuble 050, Quartier d'East Village | MANHATTAN – 9:50 AM.
Je prends mon petit-déjeuner en silence. L'ambiance à table est tendue. Je sens le regard de maman sur moi, celui de papa aussi, mais personnellement je n'ai même pas envie de les regarder. Je suis toujours en colère, et ce depuis deux jours.
Lorsque je suis rentré de chez Diego, le lendemain de la nuit non prévue que nous avons passée ensemble, il faut dire que j'ai eu droit à la plus grande engueulade de toute ma vie. Mon père n'a pas été ravi de découvrir que je m'étais sauvé dans la nuit pour aller voir mon copain – si seulement il savait!- et ma mère, elle, était morte d'inquiétude. Il est vrai que j'aurai au moins pu leur envoyer un SMS, mais j'étais tellement perturbé par l'état de Diego que je n'y ai pas pensé.
Résultat, aujourd'hui, je suis puni. Je suis condamné à rester avec eux ce matin et à aller voir Abby cet après-midi avec maman. Papa, lui, prend son train pour Butler en début d'après-midi. Je suis en colère : ils me punissent encore comme si j'étais un enfant. L'idée de ne pas pouvoir passer la soirée de mes 18 ans avec mon copain me donne envie de pleurer de colère et de leur hurler à quel point ils sont égoïstes.
- Bon anniversaire, mon chéri.
Maman fait glisser sous mes yeux un petit paquet cadeau. Je lève un regard vers elle, puis vers papa ensuite, avant de reporter mon attention sur mon bol de céréales. Je pousse vers elle le paquet cadeau d'un geste nonchalant de la main.
- J'm'en fous.
Je sais que c'est méchant, voire hyper blessant pour eux. Du coin de l'oeil, je vois qu'ils sont déçus de ma réaction et ça me fait un petit pincement au cœur malgré tout. Mais je suis en colère contre eux, je leur en veux, et je n'ai aucune envie de sauter de joie parce que je reçois un cadeau alors qu'ils m'ont puni comme un bébé. Tout ce que je veux, c'est pouvoir sortir avec Diego.
- Evan, c'est pas bientôt fini ces enfantillages ? , râle papa.
- J'suis en colère contre vous, j'veux pas de votre cadeau.
- Qu'est-ce-que tu veux, alors ? , soupire maman.
- Sortir ? Ce soir ? Avec mon copain ?
Je soutiens son regard en fronçant les sourcils, pour leur montrer que je suis agacé. Papa me lâche un « hors de question, tu es puni » avant de croquer sa tartine. La discussion est close et, pour tenter le coup, je leur répète à nouveau :
- Il allait pas bien, putain. Sa sœur m'a appelée, elle était flippée. Je devais faire quoi ? Rester ici et attendre ? Vous auriez fait la même chose tous les deux à mon âge, c'est pas juste putain !
La chaise racle le sol dans un bruit assourdissant quand je me recule, en furie, afin de m'enfermer dans ma chambre. Papa n'essaie pas de me rattraper – maman non plus, d'ailleurs – et c'est tant mieux comme ça. Derrière moi, je ferme la porte à double tours avant de me laisser tomber sur le lit, le visage enfoui dans mon oreiller qui sent encore l'odeur agréable de ses cheveux. Je crie.
J'ai la rage, en fait. Je me sens comme en prison ici, interdit de sortie parce que j'ai eu le malheur de retrouver mon copain au beau milieu de la nuit. En réalité, je me fiche d'être puni. Ce qui me fait chier, clairement, c'est d'être puni le jour de mon anniversaire : c'est pire que tout. Je me voyais déjà passer un bon moment avec Diego pour fêter ça mais, au final, je vais devoir rester toute l'après-midi à l'hôpital et ma soirée avec maman.
Mon portable vibre sur ma table de chevet. Je m'en saisis rapidement et mon cœur se serre quand je vois qu'il s'agit d'un SMS de Diego.
✉ DE : DIEGO ✉
09:56 AM – Central Park, 4:00 PM ?
Je ne peux pas m'empêcher de sourire malgré ma colère. J'aime la façon dont il est direct : il va droit au but, sans passer par des dizaines de chemins pour me donner une info. Je sais aussi à quel point il déteste téléphoner : il a horreur de parler à quelqu'un qu'il ne peut pas voir. Un peu comme moi, en fait. Nous sommes tous les deux de grands adeptes des SMS.
✉ À : DIEGO ✉
09:56 AM – Non. Je suis encore puni. Je suis vraiment désolé, j'ai essayé de les faire changer d'avis. Excuse-moi.
En fait, je suis déjà en train de réfléchir à une solution. Bien que je sois privé de sortie, je ne compte pas passer ma soirée enfermé ici alors que je pourrais être avec lui. Je m'imagine déjà prétexter aller prendre un café, à l'hôpital, et laisser maman plantée seule avec Abby. Sauf que je me dis que c'est mal, ensuite, parce qu'Abby me manque et je sais que je lui manque aussi.
✉ DE : DIEGO ✉
09:57 AM – Ils sont sérieux ? Putain, tu me manques. Je me voyais déjà te baiser toute la nuit.
Je manque de m'étouffer avec ma propre salive. Je tousse, un peu, avant de me jeter sur ma bouteille d'eau pour en boire une gorgée. Les yeux écarquillés, je relis encore et encore la dernière phrase de son message : j'adore. J'aime quand il est comme ça, carrément sauvage et sexy. Je devrais avoir honte d'avouer que j'aime ce genre de paroles vulgaires quand elles viennent de lui, mais ce n'est carrément pas le cas. Je me mords la lèvre.
✉ À : DIEGO ✉
09:59 AM – Tu me frustres.
Je décide de ne pas entrer dans son jeu, car je sais à quel point il peut partir très loin : je n'ai en aucun cas envie de me retrouver avec une érection dans le boxer à dix heures du matin. Mais, malgré moi, l'image de son corps nu et musclé contre le mien me passe par la tête : je frissonne.
✉ DE : DIEGO ✉
10:01 AM – Moi aussi je suis frustré. Putain.
10:01 AM – J'avais tout prévu, en plus.
10:02 AM – Fais chier.
Je ricane, amusé par ses SMS qui se succèdent. Il avait tout prévu ? Cela me fait d'autant plus rager. Qu'avait-il prévu ? Enfin, mis à part me baiser toute la nuit. Où serions-nous allés ? Qu'aurions-nous fait d'autre ? Toutes ces questions dans ma tête me donnent envie de fuguer là, maintenant, immédiatement. Sauf que maman est dans le salon et que, surtout, papa est encore là.
✉ À : DIEGO ✉
10:03 AM – J'essaierai de m'échapper en début de soirée, mais je ne te promets rien. Je suis désolé.
✉ DE : DIEGO ✉
10:06 AM – D'accord. Comme tu veux, je ne veux pas que tu risques de te brouiller avec eux encore une fois à cause de moi. Je ne t'en voudrai pas si tu ne peux pas.
10:07 AM – Je dois te laisser. Te amo.
Je souris, un peu. Il est génial. Il s'inquiète pour moi, pour ma relation avec mes parents. Il pourrait être égoïste et m'inciter à fuguer pour le retrouver, mais c'est tout le contraire. Et j'aime ça : il ne m'oblige pas et il est très réfléchi. De plus, son petit « te amo » me fait sourire. En revanche, son « je dois te laisser » me fait froncer les sourcils : je suppose qu'il s'agit encore d'histoires de gang.
Quand je verrouille mon téléphone, après lui avoir répondu un petit « te amo » suivi d'un cœur rouge, je viens me rouler en boule sous ma couette.
Cette journée d'anniversaire va être la pire de toute ma vie.
X X X
NewYork-Presbyterian Hospital | MANHATTAN – 3:32 PM.
Maman est assise sur le fauteuil près de la fenêtre de la chambre d'hôpital et sirote un cappuccino brûlant. Je ne lui prête pas vraiment attention, toujours d'humeur massacrante – du moins, envers elle – et me contente de jouer avec Abby et son amoureux secret Eddy.
Tous les trois assis en tailleur sur le lit de ma petite sœur, nous jouons à Mario Kart. Chacun muni d'une Nintendo DS, je suis en tête de la course, suivi de près par Eddy. Abby, elle, est dernière. Nous rions comme des imbéciles car les deux petits n'arrêtent pas de se chamailler, râlant à cause des coquilles rouges et des bananes qu'ils récoltent maladroitement sur la route. Ils se suivent de près, Eddy quatrième et Lily cinquième, tandis que je suis loin devant en première place.
- Eddy, purée !
- Bah je joue Abby, désolé !
Je lève les bras en m'exclamant, victorieux, avant de laisser tomber ma console entre mes cuisses. Eddy et Abby se battent pour la troisième place désormais et je les trouve adorables. Je sais qu'Abby est amoureuse d'Eddy : elle le trouve drôle et mignon. Personnellement, je pense que c'est réciproque : il est toujours collé à elle et ne la quitte jamais des yeux. Je ne serais pas surpris qu'il me dise un jour en cachette en pincer pour elle. On s'entend bien lui et moi.
- Maman, tu joues avec nous ? , demande Abby.
- Allez !
Maman se laisse tomber sur le lit près de moi. Sans la regarder, je lui tend ma vieille console avant de venir prendre sa place dans le fauteuil près de la fenêtre. Je regarde l'extérieur, le vide en contrebas : il neige à petits flocons et ces derniers tourbillonnent dans les airs jusqu'à s'écraser sur le bitume de la rue.
Tandis qu'ils entament une nouvelle partie, je me perds dans mes pensées. Je pense à Lily : je n'ai pas de nouvelles d'elle depuis ce matin là où elle m'a surpris dans les bras de Diego. Je me demande ce qu'elle pense de moi, désormais, maintenant que le choc est passé. Elle me manque. Elle a toujours été la première à me souhaiter mon anniversaire mais, là, il est trois heures passées et je n'ai même pas reçu un simple SMS de sa part. Mon cœur se serre douloureusement quand je me dis que je l'ai peut-être perdue pour une chose aussi stupide qu'un désaccord comme celui-ci. Mon petit-ami n'est pas le sien, et elle n'a aucun droit de me juger là dessus. Je suis clairement partagé entre la tristesse et l'amertume.
Je pense aussi à Diego. Que fait-il ? Est-il déçu que je sois puni et, donc, absent ? Je ne peux m'empêcher de l'imaginer en train de traîner dans des affaires louches, à dealer de la drogue ou à péter le nez de quelqu'un au coin d'une ruelle. Mon cœur se serre.
Je ne comprends pas comment j'en suis arrivé là. Mon père est policier et j'ai toujours été élevé dans un environnement où j'entendais parler de violence, de crimes et de délinquance en permanence. J'ai toujours pensé que les délinquants, en tous genre, devraient finir leurs jours en prison : personne ne mérite de se faire casser la gueule à un coin de rue, ou tirer dessus, et je ne supporte pas l'idée que des gens puissent revendre de la drogue à des personnes parfois innocentes et influençables. J'ai toujours détesté ça, dans le fond, à rêver d'un monde meilleur où tout serait blanc et sans violence. Mais me voilà totalement amouraché d'un garçon des gangs, qui a tué un homme, et je n'arrive même pas à en avoir peur. Au contraire, je rêve de passer mes journées dans ses bras à l'embrasser et à l'entendre me dire qu'il m'aime tout en posant ses mains sur moi. L'idée qu'il puisse un jour finir en taule pour le crime qu'il a commis me retourne l'estomac. Qu'est-ce-qui ne tourne pas rond chez moi ? Papa me tuerait s'il savait.
- Evan, Evan !
Je tourne la tête pour regarder Abby, qui me sourit. Je comprends de suite qu'elle va me demander quelque chose : elle me fait ses yeux doux.
- Quoi ?
- Tu veux bien aller acheter des donuts au coin de la rue ?
J'ai clairement la flemme de descendre sur le boulevard pour remonter ici ensuite, mais je ne peux rien lui refuser. Eddy aussi me fait les yeux doux et je me sens d'autant plus obligé d'accepter. Vaincu, je me lève du fauteuil en soupirant et j'enfile ma veste rapidement. Les deux petits monstres turbulents face à moi s'exclament de bonheur.
- Merci merci !
- De rien les monstres. Je reviens tout de suite.
L'esprit encore perturbé par Diego et les AlasNegras, je quitte la chambre d'hôpital en silence et marche tête baissée jusqu'à la boutique Dunkin.
X X X
Appartement n°14, Immeuble 050, Quartier d'East Village | MANHATTAN – 7:12 PM.
Je suis assis sur le rebord de ma fenêtre, blotti sous une couverture polaire. Mon ordinateur est posé sur mes genoux et je surfe sur internet sans réel but. La journée a vraiment été terrible et emmerdante à mourir, excepté ce moment à l'hôpital en compagnie d'Abby.
La neige a cessé de tomber dehors depuis quelques heures mais le vent, lui, s'est renforcé. Il fait un froid de canard et je le sais sans même avoir besoin d'ouvrir la fenêtre. Un frisson me remonte le dos lorsque j'imagine la température glaciale dehors.
Lassé, je referme mon ordinateur juste au moment où j'entends une porte claquer. Je me lève du bord de fenêtre afin d'ouvrir la porte de ma chambre : dans le couloir, je constate que la lumière de la salle d'eau est allumée. Maman me passe devant, les bras chargés de vêtements chauds.
- Je vais prendre une douche. Tu peux mettre la table, s'il-te-plaît ?
- Mhmh.
Je ne prête pas vraiment attention à ce qu'elle me dit. Quand elle referme la porte de la salle d'eau à clé derrière elle et que j'entends l'eau couler dans la douche, je sais que c'est le moment. À la hâte, je me déshabille afin d'enfiler un jean skinny noir et mon hoodie préféré, de couleur vert bouteille surplombé du logo Adidas. Je passe mes pompes ensuite, ma vieille paire de Vans noires. Je rassemble mon portable et son chargeur dans les poches de ma veste, que j'enfile tout en me précipitant discrètement dans le couloir. C'est vraiment aussi simple ? De toute évidence, oui.
Dans la cuisine, je prends rapidement une assiette et des couverts que j'installe malgré tout à table pour maman. Puis, le cœur battant à 100 à l'heure dans ma poitrine, je récupère mes clés dans l'entrée avant de courir vers l'ascenseur.
Quand je me laisse tomber derrière le volant et que je démarre le moteur, j'utilise le kit main-libres afin d'appeler Diego, tout en commençant à rouler vers je ne sais où. Un sourire débile étire mes lèvres : maman va me tuer – papa aussi, car elle ne manquera pas de le lui dire – mais je m'en fiche.
- Ouais ? , répond Diego.
- Ça tient toujours ton fameux plan d'anniversaire ?
Je pourrais presque entendre son sourire. Il y a un instant de silence au bout du fil, et je souris d'autant plus. Arrêté au feu rouge, un frisson d'impatience me chatouille la nuque.
- Passe me chercher à l'entrée de Brownsville, devant la boulangerie.
- OK. J'arrive dans trente minutes.
- J'ai hâte.
Sans rien ajouter de plus, il raccroche. Tout en roulant, je tapote le volant de ma voiture avec mes doigts. Je meurs d'impatience. Je me fiche de découvrir ce qu'il a prévu, ni même s'il m'a acheté un cadeau. J'ai simplement hâte de le voir, de pouvoir le serrer contre moi et l'embrasser tout en sentant son odeur dans mes narines. Cela me suffit largement. Malgré moi, tout en descendant vers Brooklyn, je me mets à fantasmer sur la future nuit torride que nous allons certainement passer.
Je ne sors de mes pensées que lorsque je gare la voiture le long du trottoir, devant cette vieille boulangerie qui semble approvisionner tout le quartier de Brownsville. Je sursaute quand Diego tape doucement à la vitre côté conducteur et je comprends : il veut conduire. Je me glisse maladroitement sur le siège passager tandis qu'il ouvre la porte côté conducteur pour s'installer. Une fois celle-ci refermée, il s'empresse :
- Viens là toi.
Je ricane quand il se jette sur moi, ses mains sur ma taille et mes cuisses, afin de m'embrasser à pleine bouche. Je sens un goût amer de bière sur ses lèvres et sa langue, mais je sais pertinemment qu'il n'est pas bourré. Il a certainement bu un coup avec ses potes du gang avant de me rejoindre.
- Comment tu t'es barré ? , me demande-t-il en s'éloignant.
- Ma mère est partie prendre une douche. Mon père est à Butler.
- J'suis content que tu sois là.
- Moi aussi.
Je le regarde, amoureux transi. Il pose sa grande main calleuse sur ma joue et effleure mes lèvres avec son pouce. Lui aussi me bouffe des yeux.
- Feliz cumpleaños , me dit-il tout bas.
- Gracias.
Je louche sur sa bouche. Il se penche pour m'embrasser à nouveau, bien plus tendrement cette fois. Sa main libre se glisse sur mes reins tandis que l'autre reste en place sur mon visage. Ses lèvres sont tendres, chaudes et douces. Son odeur virile et masculine, mêlée à l'odeur du tabac, me rend dingue. Je m'agrippe à ses cheveux avec désir tandis que mon ventre commence déjà à se faire douloureux.
- Tu es prêt ? , demande-t-il.
- Oui. Prêt.
Il glisse sa main dans la mienne en conduisant. Pendant tout le temps du trajet jusqu'à Manhattan, je n'arrête pas de me répéter intérieurement à quel point je l'aime. Bon sang, j'en suis raide dingue.
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Baccarat Hôtel | MANHATTAN – 8:06 PM.
Je serre très fort sa main dans la mienne, parce que j'ai l'impression que ma tête me tourne. Je regarde autour de moi les yeux écarquillés, bien conscient que ma bouche est grande ouverte sous l'effet de surprise. Je n'arrête pas de revoir Diego balancer les clés de ma voiture à un voiturier, quelques minutes plus tôt.
- Carte d'identité ?
Je le vois du coin de l'oeil, tendre sa carte d'identité à une jolie réceptionniste qui nous regarde l'air amusé et attendri. Moi, je suis clairement sur le cul. Le hall de cet hôtel est à tomber par terre : il pue le luxe à des kilomètres et je me demande ce qu'on fiche ici.
- Passez une bonne soirée.
Diego m'emporte vers les ascenseurs, au bout d'un immense couloir en marbre noir et brillant. Les petits écriteaux sur les murs m'indiquent qu'il y a un spa ainsi qu'une piscine au sous-sol. Suis-je en train de rêver ? Certainement.
- Viens-ici.
Bordel, je tremble. Tandis que l'ascenseur grimpe jusqu'au neuvième étage, il m'attire contre lui et m'embrasse. Nous sommes seuls dans la cabine et je le laisse alors me porter, ses mains à l'arrière de mes cuisses, alors que j'enroule mes jambes autour de sa taille. Il tremble de désir contre moi, et je perds mes moyens.
- Dios, Evan.
Il dépose quelques baisers fiévreux dans mon cou et je balance la tête en arrière, yeux fermés, avide de le sentir me toucher et m'embrasser. Son odeur me met en transe, ainsi que la chaleur de son corps. Le tintement de l'ascenseur nous oblige à nous séparer, quelques secondes avant que les portes ne s'ouvrent.
Tandis qu'il m'attire vers le fond d'un couloir boisé, sombre et chaleureux, je n'arrête pas de me poser tout un tas de questions : pourquoi m'emmène-t-il ici ? Pourquoi un hôtel aussi luxueux ? Comment a-t-il pu payer ? Comment allons-nous payer ? Je suis mort de peur en réalité, mais c'est bien trop agréable d'être ici avec lui. Ma main encore et toujours dans la sienne, je le regarde faire en silence tandis qu'il glisse la carte magnétique dans la fente sur la porte. Cette dernière s'ouvre et, automatiquement, les lumières de la chambre s'allument. Ma mâchoire en tomberait presque.
- Oh mon dieu.
Diego se tait, lui. La porte se referme discrètement derrière nous et il reste planté là, derrière moi, tandis que j'avance prudemment dans cette magnifique chambre d'hôtel. Elle est tellement belle, propre et brillante que j'ose à peine marcher sur le marbre blanc au sol. Je retire mes chaussures et j'entends Diego le faire, tandis que je m'approche du lit.
Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau. Le style est très épuré et moderne. Malgré tout ce luxe, ce marbre, l'écran plat immense et le lit king-size, ce n'est pas du tout too-much. C'est juste ce qu'il faut, et je trouve ça magnifique. Après un arrêt près du lit dont j'ai frôlé les doux draps du bout des doigts, je me dirige vers la salle d'eau : là aussi, c'est incroyable. Du marbre blanc partout, au sol et aux murs. Une vasque immense sous un miroir brillant de propreté et une baignoire blanche largement assez grande pour nous deux.
Je suis conscient de tout regarder en détails, en silence, tandis que Diego attend une réaction de ma part. Je suis perturbé, en fait, et je n'ai même pas les mots. Face au lit, l'immense mur de vitres nous donne une vue imprenable sur Manhattan et j'en ai un moment le souffle coupé. Je ne me sens pas digne d'être ici, même si je n'ai en aucun cas envie de partir.
- Alors... ?
J'entends à sa voix qu'il est inquiet. Je ferme les yeux lorsqu'il vient coller son torse contre mon dos, et qu'il pose délicatement ses mains sur mes hanches. J'aime sentir la puissance de son corps contre le mien, ainsi que sa chaleur et son odeur. Doucement, je me laisse aller contre lui et il resserre son étreinte autour de moi. Je ferme les yeux, enivré par lui et ses bras musclés autour de moi.
- C'est... c'est magnifique. Mais... c'est beaucoup trop.
- Rien n'est trop pour toi, Evan.
J'ai le souffle coupé lorsqu'il murmure ça au creux de mon oreille, tendrement et sincèrement. Il le pense réellement. J'en suis tout retourné. Mon ventre commence à faire des tours, encore et encore, comme un tambour de lave-linge et j'ai le cerveau qui commence à faire des siennes. Diego reprend la parole, tout bas, mais sérieux :
- Tu veux du champagne ?
Quand je me retourne dans ses bras, je repère un seau à glaçons sur une petite table basse, posée sur un tapis doux et noir. Dans ce seau, je distingue une énorme bouteille de champagne. Les flûtes, elles, reposent proprement dans un petit plateau en argent posé sur la table. Je déglutis et, encore sous le choc, hoche simplement la tête. Je suis incapable de parler.
C'est quand Diego s'éloigne de moi pour me servir que je le regarde vraiment depuis que je suis passé le prendre à Brooklyn. Il est beau, encore plus que d'habitude. Sous son éternelle veste en cuir, je constate qu'il ne porte plus l'un de ses pulls habituels ni l'un de ses t-shirts simples. Au contraire, il porte une magnifique chemise noire dont le tissus brille un peu à la lumière du lustre en cristal au dessus de nos têtes. Il porte un jean skinny noir, semblable au mien, qui moule ses cuisses et ses fesses à la perfection. Ses pieds sont fourrés dans de jolies bottines noires de moto. Il est à tomber par terre : sexy, classe et élégant, mais cela n'enlève rien à son allure de badboy et c'est ce que je préfère.
- Tiens.
Il me tend une flûte remplie de champagne que je saisis d'une main tremblante. Il vient cogner délicatement la sienne contre la mienne, tout en me regardant dans les yeux, avant de trinquer :
- Je t'aime.
- Heu... oui. Moi aussi.
Il sourit, visiblement amusé par ma bêtise. Je suis encore sous le choc, impressionné par cette chambre d'hôtel magnifique et par la vue époustouflante que nous avons sur Manhattan. Je crève d'envie de lui demander comment il a pu payer tout ça, mais je n'ose pas : je n'ai pas envie de l'entendre me dire qu'il a financé tout ça avec de l'argent sale. Je ne le supporterais pas.
- Tu m'as tellement manqué , me dit-il tout bas.
- On s'est vus avant-hier , je ricane.
- J'peux plus me passer de toi, Evan.
Je déglutis et mon bas ventre s'embrase. Je lui sauterais bien dessus, là, si seulement il ne s'approchait pas de moi lentement pour poser sa main sur ma joue avec une tendresse qui m'était jusque là inconnue. J'en ai le souffle coupé, et je me sens tellement bien ici, et à ma place, que je ferme les yeux. Je me laisse aller contre lui, avide, alors qu'il répète tout bas :
- Je peux pas me passer de toi... j'peux pas...
J'entends le désespoir dans sa voix et ça me retourne le cœur. Il m'aime, et je l'aime aussi. On s'aime. Si seulement on m'avait dit ce jour où j'ai renversé sa moto qu'on se retrouverait là, quelques mois plus tard, dans une chambre d'hôtel et totalement raides dingues l'un de l'autre, je ne l'aurai pas cru et j'aurai certainement rit. Or, désormais, je sais que ma place est ici aujourd'hui. Avec lui.
- Diego, je...
- Je t'aime tellement Evan, je... j'peux plus me passer de toi.
Je le fais taire en l'embrassant, parce que je sais pertinemment qu'il pourrait continuer ainsi pendant des heures. J'ai le cœur en miettes, le cerveau et le cœur en flammes, et le bas-ventre en train d'exploser. Je n'en peux plus. Du bout des doigts, j'attrape les revers de sa veste afin de la faire glisser le long de ses bras. Il lâche mon visage pour la retirer entièrement, et elle finit par tomber sur le tapis à nos pieds. Je passe mes mains sur son torse, ensuite, par dessus sa chemise douce et soyeuse. Je sens la chaleur brûlante de sa peau sous mes paumes à travers le tissus.
- Je t'aime... , dis-je. Je t'aime tellement.
J'ai envie de pleurer, et je ne sais même pas pourquoi. Le voir comme ça, l'entendre me dire qu'il m'aime et qu'il ne peut plus se passer de moi d'une façon aussi désespérée me met dans tous mes états. Moi aussi je l'aime, et j'aimerais tellement pouvoir le crier sur tous les toits. J'aimerais pouvoir le dire à maman, à papa, à Lily. J'aimerais passer mes journées avec lui, parce que j'en suis accro, et que lui aussi est mon paradis dans ce monde.
Quand je glisse mes doigts sur les premiers boutons de sa chemise, il prend mes poignets entre ses doigts avec délicatesse et me repousse doucement. Je le regarde, perdu, tandis qu'il me sourit avec amour.
- Allons dîner, d'abord.
- Non... je te veux maintenant.
- Plus tard, Evan.
Il m'embrasse sur le bout du nez et je ne me sens pas le courage de résister encore une fois. Je capitule, frustré, alors que ma virilité dans mon pantalon commençait dangereusement à se réveiller. Par chance, nous avons stoppé au bon moment. Je bois une grande gorgée de mon champagne pour me revigorer, et je tourne la tête pour le regarder. Il m'attend sur le pas de la porte. Je suis encore bouche bée.
- Monsieur Wright.
Je ricane, amusé. Je me sens comme Anna Steele au bras de Christian Grey lorsque nous nous engouffrons dans l'ascenseur, main dans la main : je n'ai aucune idée de ce que nous fichons ici, dans un hôtel aussi luxueux, mais c'est beaucoup trop plaisant pour refuser. Les questions viendront plus tard.
- Tu es très beau, comme ça , dis-je simplement.
- Ah... tu trouves ? , me demande-t-il gêné.
- Oui. Vraiment.
J'arrange le col de sa chemise près de son cou, mes doigts frôlant ses tatouages, avant que l'ascenseur ne s'ouvre sur le rez-de-chaussée. Sa main encore et toujours glissée dans la mienne – ça change de d'habitude – nous prenons le chemin du restaurant. Quand nous y arrivons, je constate que celui-ci est magnifique. Une hôtesse nous installe à une table pour deux, isolée sous un escalier dont les marches sont faites de cristaux.
- Désirez-vous un peu de vin ? , nous demande un serveur très bien habillé.
- Hem... non. Enfin, pas moi , dis-je gêné.
- Du blanc, s'il vous plaît, répond Diego. Le menu ?
- Tout de suite, monsieur.
Je le bouffe des yeux. Bordel, il est tellement beau. Qui est-il et qu'a-t-il fait à mon Diego habituel ? J'ai l'impression qu'il n'est plus du tout le même homme. C'est plaisant, bien sûr, mais totalement déstabilisant. Je fonds comme de la glace au soleil lorsqu'il me sourit un peu, en coin, et que ses joues s'empourprent délicieusement.
- Tenez, messieurs.
Messieurs. Je manque de m'étouffer de rire, même si ce n'est pas tellement drôle en soit. Diego me lance un regard amusé et je laisse échapper un petit rire, discret, tandis que nous commençons à lire la carte des plats et des menus. Là à nouveau je manque de m'étouffer avec ma salive : les prix donnent le tournis.
- Heu... c'est pas... un peu trop cher ? , je demande.
- Non. Prends ce que tu veux.
Il pose ses doigts sur le dos de ma main libre, sur la table, pour me montrer que cela ne lui pose aucun problème. Son regard m'encourage à me lâcher, à ne pas penser à l'argent, mais je n'y arrive pas. Mon choix s'arrête sur une salade composée.
- Prend autre chose, me dit-il.
- Pourquoi ?
Je le regarde, perdu. Il a l'air sûr de lui et c'est carrément sexy. Le regard mesquin qu'il me lance me fait frissonner.
- Prends des forces pour cette nuit. Une salade, c'est pas suffisant.
Il me regarde dans les yeux, très sérieux. Il compte me faire l'amour toute la nuit, alors ? Bon sang, j'ai hâte. Il m'annonce finalement qu'il opte pour la pièce de canard et, perdu face à ce menu immense, je choisis comme lui. Le serveur prend notre commande tout en déposant une bouteille de vin blanc sur notre table. Je déglutis.
- Merci, répond Diego.
- Oui, merci.
Nous le regardons s'éloigner et, à nouveau, c'est le silence entre nous. Ce n'est pas un silence gênant, loin de là, mais je me sens ridicule à le bouffer des yeux sans savoir quoi lui dire. Finalement, il prend la parole :
- Comment tu vas ?
- Bien. Pourquoi ? , je fronce les sourcils.
- J'sais pas. J'avais pas de nouvelles depuis que... enfin, tu sais.
Oui, je sais. Depuis qu'il m'a dit avoir tué un homme et que je l'ai laissé planté chez lui après lui avoir cuisiné des pancakes. Je remarque l'inquiétude dans sa voix et dans ses yeux. Il caresse nerveusement le dos de ma main droite du bout de ses doigts tatoués. Je viens entrelacer ces derniers avec les miens.
- Arrête. Je suis là, avec toi. Tu sais très bien ce que j'en pense, Diego.
-J e sais mais... j'arrive pas à comprendre.
- À comprendre quoi ? , je soupire.
- Pourquoi tu est là, justement.
Je souris. Il m'agace. Comment je pourrais être ailleurs ? Personne ne m'a jamais regardé comme il le fait. Personne ne m'a jamais caressé comme il le fait. Personne ne m'a aimé comme il m'aime. Je n'ai aucune envie d'être ailleurs, malgré ce qu'il a fait. Je sais que je devrais y accorder beaucoup plus d'importance, mais je n'y parviens pas : ce n'est qu'un détail pour moi.
- Te amo, por siempre. Tu te souviens ? , dis-je tout bas.
Il m'a dit ça au creux de l'oreille lorsqu'on a fait l'amour la dernière fois, et qu'il était totalement stone. Moi aussi je l'aime et, d'une certaine façon, je l'aimerai pour toujours. C'est mon premier amour et je sais que, quoi qu'il puisse se passer dans le futur, il fera toujours partie de moi.
- Evan je...
- Ne dis rien.
Je lui souris tendrement, avant de caresser le dos de sa main avec mes doigts à mon tour. Il me sourit en retour et je vois à ses yeux brillants qu'il est ému. Nos plats déposés sur la table par le serveur nous permettent de souffler un peu : tout est toujours trop intense entre nous.
- Bon appétit, messieurs.
- Merci, répondons-nous d'une même voix.
Nous mangeons en silence et je constate que ce canard cuisiné à la française est délicieux. De temps en temps, nos regards se croisent mais je crois que nous n'avons jamais rien dégusté d'aussi bon, alors nous mangeons comme des ogres. Je sais parfaitement que nous sommes en décalage avec les autres : lorsque je regarde autour de nous, les femmes portent des robes qui puent la haute couture et la plupart des hommes, de notre âge ou plus âgés, portent des smokings. Ils se tiennent droits, fiers. Je ne me sens pas à ma place avec mon pull Adidas trop large pour moi et ma vieille paire de chaussures de skate.
- Qu'est-ce-qu'il y a ? , demande Diego en fronçant les sourcils.
- J'ai l'air d'un clown, dis-je tout bas. Regarde-les, tous.
Il caresse la salle de restaurant avec ses beaux yeux gris-noisette, avant de les poser sur moi. Il sourit. Puis, il me dit tout bas :
- Tu es le plus bel homme dans cette pièce, Evan Wright. Crois-moi. Tu n'as rien à leur envier.
Mes yeux se voilent de désir, et j'en suis conscient. Je m'attendais à un sourire satisfait de sa part, mais ce n'est pas le cas. Il me fixe d'un regard intense, très sérieux, et je sais qu'il me désire aussi, là. C'est incroyable comme il peut être charismatique, sexy, et tendre à la fois.
Je ne suis pas sûr d'arriver à survivre à cette soirée.
X X X
Dans l'ascenseur qui nous a remontés au neuvième étage, j'ai envoyé un SMS à maman. Je me suis excusé de m'être enfui, et l'aie informée que je ne rentrerais que demain en fin de matinée. Elle ne m'a pas répondu, et je sais que c'est mauvais signe : je vais avoir droit à un procès dès lors que j'aurais passé la porte de l'appartement, demain.
Quand nous entrons dans la chambre, la lumière s'allume à nouveau et je suis ébloui par la brillance du marbre. Tout est en dégradé de blanc et de noir dans cette pièce, et c'est très beau. L'horloge ancienne au dessus de l'immense baie vitrée m'indique 10:10 PM. Mes yeux se posent finalement sur le lit. Putain, j'ai envie qu'il me prenne là-dessus et immédiatement.
- Tiens, bébé.
Je rougis comme un idiot, touché par ce petit surnom adorable. Je me saisis d'une flûte remplie de champagne, ce dernier encore frais depuis que nous l'avons entamé. Je trempe mes lèvres dans le liquide sucré et pétillant, en silence, tandis que Diego se sert un verre à son tour. Il s'approche de moi, ensuite, et me prend par la taille. Nos bassins se rencontrent, et je frissonne.
- Tu passes une bonne soirée ? , demande-t-il.
- Oui. Et toi ?
- Oui.
Il louche sur ma bouche avant de venir y déposer un petit baiser tendre. Il se recule ensuite et boit une gorgée de champagne. Sa main libre vient remonter sur ma joue. Je capitule :
- Je peux te poser une question... ? , j'hésite.
- Mh ?
- Comment tu... comment on va payer tout ça ?
Je ne peux pas résister à poser la question. Je suis bien trop perturbé par tout ce luxe, parce que je suis conscient que ni lui ni moi n'avons les moyens de payer une chambre pareille. Rien que le prix du menu au restaurant était exorbitant. Il me sourit, tendrement, avant de me dire :
- T'inquiètes pas, j'ai déjà payé.
- Combien ?
- Je ne vais pas te le dire, Evan. C'est ton anniversaire, râle-t-il. Et puis...
- Combien ?
J'insiste, mes yeux plantés dans les siens, sévère. Je veux savoir. Je sais à quel point il galère niveau argent, et je n'ai aucune envie de le dépouiller. Au fond de moi, je ne suis même pas sûr d'avoir envie de savoir, mais j'en ai besoin.
- 870 dollars.
J'ai le cœur qui explose lors qu'il me lâche ça, l'air abattu, en me regardant dans les yeux. Je tremble de partout. Il a vraiment payé 870$ une nuit à l'hôtel, pour moi ? Je n'arrive pas à le croire. Il me faut un petit moment avant de reprendre mes esprits. Mort de honte, je demande :
- Avec quel argent, Diego ? Sois honnête.
- Evan, je... n'y pense pas, OK ? Profite.
Je vois qu'il essaie de changer de sujet et j'ai comme un mauvais pressentiment. Agacé, je demande :
- C'est de l'argent sale, c'est ça ? T'as fait un truc illégal pour pouvoir payer tout ça ?
- Non, pas du tout ! , s'indigne-t-il. J'oserai jamais te payer quoi que ce soit avec cet argent là !
- Alors explique-moi.
Je le supplie, tendrement, ma main posée sur sa taille tandis que je serre ma flûte de champagne dans l'autre. Il me regarde, et je vois ses yeux devenir larmoyants. Au moment où je m'apprête à abandonner, il avoue tout bas en baissant les yeux :
- J'ai vendu ma moto.
- Tu as quoi ?
Je suis sous le choc, tellement que ma poitrine se compresse douloureusement. Je n'arrive pas à le croire. J'ai certainement mal entendu.
- J'ai vendu ma moto, répète-t-il.
- Pourquoi ? , je fronce les sourcils.
- Bah... pour ça.
Il montre le « ça » avec ses mains : le lit, le marbre, la vue sur Manhattan, le champagne, la baignoire. Je me sens comme une merde. Il a vendu sa moto pour me payer ça, pour moi, pour une seule soirée, et j'ai le cœur qui explose. Il a l'air abattu.
- Pourquoi ? , dis-je.
- T'es en colère ? , demande-t-il tout bas.
- Non. Enfin... oui. Putain Diego, pas ta moto. Pourquoi ?
- Pour tout ça.
Je roule des yeux, et me recule un peu de lui. Il n'a plus du tout cette assurance qui le rendait si sexy quelques minutes plus tôt. En fait, il a carrément l'air malheureux. J'ai l'impression qu'il a honte. Quand je lève les yeux vers lui, je vois une larme rouler sur sa joue.
- Je voulais... je voulais t'offrir une soirée inoubliable. Je suis minable, Evan. J'ai rien à t'offrir de plus alors je... je voulais juste, au moins une fois, faire quelque chose de génial pour toi.
Je l'aime. Je suis fou amoureux de lui. En fait, j'en suis même malade. Je le regarde sans savoir quoi dire, chamboulé par ses paroles et ses yeux larmoyants. Il a vendu sa moto pour moi alors qu'il y tenait plus qu'à la prunelle de ses yeux. Je ne sais pas quoi dire.
- J'ai pas besoin de tout ça, putain , dis-je agacé. J'ai pas besoin du lit king-size, de l'hôtel de luxe et de la baignoire en marbre.
- Ah ? , demande-t-il perdu.
- Non, abruti. Tout ce dont j'ai besoin, c'est de toi. On aurait pu passer la soirée dans ma voiture sur la plage, ça m'aurait largement suffit. T'es tellement... idiot, putain, c'est pas possible.
Je le pense réellement. L'hôtel de luxe, ce n'est qu'un plus. J'aurais même pu passer la soirée allongé dans Central Park, dans le froid, s'il avait voulu. Cela m'aurait suffit parce que j'aurais été avec lui. Pour moi, c'est tout ce qui compte. Je me fiche du luxe, d'être au chaud dans une suite incroyable en plein cœur de Manhattan.
- Evan, je... je voulais juste...
- Combien t'as vendu ta moto ? , je demande tendrement.
- Hem... 1500$. Pourquoi ?
- Pour rien.
Je n'ai pas le courage de réfléchir maintenant. Pas après ce qu'il vient de m'avouer. Je déteste le voir comme ça, se rabaisser ainsi. Il a tout à m'offrir : seul son amour me suffit. Et ça, j'ai beau le lui répéter, il ne le comprend pas.
En silence, je prends nos flûtes afin de les déposer sur la table basse. Mes doigts partent ensuite se poser sur les boutons de sa chemise. Cette fois-ci, il se laisse faire. Je les détache les uns après les autres, lentement. Quand ils sont tous ouverts, je viens passer mes paumes sur ses abdominaux et ses pectoraux. Je palpe un peu ces derniers tout en le regardant dans les yeux. En silence, planté devant moi, il se laisse faire. Je dépose un baiser sur son sternum couleur caramel, tout en faisant glisser sa chemise le long de ses bras musclés et tatoués. Elle flotte dans les airs avant de se poser à nos pieds. Mes mains, désormais, caressent son dos avec envie et tendresse tandis que j'embrasse sa gorge, ses clavicules, ses épaules et ses tétons. Mes lèvres claquent sur sa peau, subtilement et tendrement, et je ferme les yeux. Quand il lève les bras pour poser ses mains sur mes épaules, je sens les muscles dans son dos rouler sous mes mains.
- Je te mérite pas, Evan.
- Bordel, ferme-là.
Je le fais taire en écrasant mes lèvres sur les siennes, avec hardeur. Il m'énerve quand il me dit ça, là. Il a vendu sa moto pour moi, pour me payer une nuit d'amour dans un hôtel de luxe. Il croit vraiment qu'il ne me mérite pas ? Bon sang, il me rend dingue.
- Baise-moi. S'il-te-plaît.
Je murmure au creux de son oreille, tandis que ses mains tremblantes de désir s'aventurent sur mes fesses. Tout en nous embrassant, le souffle court, il me tire jusqu'à la salle de bain. Du moins, c'est ce que je pensais. Je suis surpris de voir qu'il s'arrête en fait devant la baie vitrée. Dans un mouvement habile que je ne perçois pas, perdu dans notre baiser, il passe derrière moi. Il dépose une pluie de baisers sur mon cou et ma nuque tandis que je sens son torse contre mon dos. Ses doigts saisissent les revers de mon hoodie, qui tombe au sol quelques instants plus tard.
Je gémis, enivré par le doux contact de la peau brûlante de son torse contre mon dos. Je sens ses muscles, ses abdominaux, contre ma peau et c'est incroyable. Ses doigts s'affairent désormais sur le bouton de mon jean skinny. Je m'apprête à parler, mais je me ravise finalement lorsqu'il s'accroupit derrière moi pour le tirer, ainsi que mon boxer, jusqu'à mes chevilles. Tout se fait naturellement, sans que nous ayons besoin de parler : je lève les pieds pour le retirer et il donne un coup de pied dans le tas de fringues afin de les éloigner de nous.
Toujours accroupis derrière moi, je sens ses mains remonter sensuellement de mes chevilles à mes hanches. Il les balade lourdement mais tendrement sur ma peau, et j'en crève. C'est comme s'il envoyait de l'électricité directement au creux de mon bas-ventre. Lorsque sa bouche se pose sur ma fesse droite et qu'il la mord en grognant un peu, je laisse échapper un gémissement :
- Diego.
Je suis nu contre lui, et son jean contre mes fesses lorsqu'il se relève et m'attire contre lui me frustre énormément : je veux sentir sa verge, là, maintenant. Ses mains sur mes hanches nues remontent sur mes côtes. Puis, il vient les poser sur mes épaules. J'attends, impatient, les yeux rivés sur Manhattan qui brille dans la nuit. Ses mains calleuses et chaudes descendent sur mes bras puis ses doigts, tatoués, crochètent mes poignets. Il lève mes mains et je le laisse me guider : il les pose à plat sur la vitre froide face à nous.
- Écarte les jambes.
Mon bas-ventre s'électrifie. Je m'exécute, guidé par le genoux qu'il glisse entre mes cuisses. Les bras tendus et les mains posées sur la vitre, doigts écartés, je suis à sa merci. Il caresse mes biceps du bout des doigts, avant de retirer ses mains de moi. Je gémis de frustration quand je ne sens plus ses caresses. En revanche, je frissonne lorsque j'entends le bruit familier d'un zip de fermeture éclair : dans le léger reflet de la vitre, je vois qu'il retire son pantalon avec un calme et une aisance non feints.
- J'ai toujours rêvé de faire ça , dit-il la voix rauque de désir.
- Quoi donc ?
Je fixe les hauts buildings de Manhattan face à nous, éclairés dans la nuit. Les mains de Diego caressent tendrement mon dos et mes fesses avant qu'il ne les retire à nouveau. Quand je tourne un peu la tête, je vois qu'il déchire avec ses dents parfaitement blanches l'emballage en aluminium d'un préservatif. Mon ventre se tord douloureusement. Je suis surpris de constater que nous bandons déjà comme pas possible sans même nous être adonnés aux préliminaires : il préfère entrer directement dans le vif du sujet, et ce n'est pas pour me déplaire.
- Ça... , dit-il. Te baiser à la vue de tout le monde.
J'ai honte de réaliser que ses mots, grognés avec désir, s'insinuent directement dans mon bas-ventre. Ma virilité durcit encore plus, et je penche la tête en arrière, sur son épaule, alors que je sens sa verge contre mes fesses. Je frissonne quand il crache dans sa main, afin d'enduire son pénis de sa propre salive. De sa main droite, je le sens, il se place contre mon entrée.
- Tes mains sur la vitre. Tu les laisses là, entiendes ?
- Sì.
Il grogne dans mon dos et j'explose en gémissements lorsqu'il me pénètre. Ses mains sont fermement agrippées à mes hanches et, quand il commence à me pilonner, je jure n'avoir jamais rien vécu d'aussi bon. Au creux de mon oreille, ses doigts refermés autour de mon cou, il grogne :
- Tu aimes ça, hein ? Ma queue en toi... dis-moi que tu aimes ça bébé.
- O-oui... j'aime ça.
C'est dément. Je perds la tête sous les assauts puissants de ses reins. L'une de ses mains tient ma hanche, ses ongles plantés dans ma peau, tandis que l'autre m'étrangle légèrement. Le poids de son torse m'écrase, collé contre mon dos, tandis que je suis légèrement penché en avant. Les jambes écartées pour lui, je le laisse me baiser avec vigueur tandis que mes mains moites glissent peu à peu sur la vitre.
- Diego... seigneur...
- Tu imagines les gens, en bas dans la rue ? S'ils lèvent les yeux, ils verront à quel point tu aimes te faire baiser.
Je me mords violemment la lèvre, jusqu'au sang. Bordel de dieu. Je tremble de la tête aux pieds. Il me baise et j'adore ça. Les gémissements et les petits cris de plaisirs passent la barrière de mes lèvres malgré mes efforts pour les retenir.
- Il ne sauront pas que c'est nous... , dit-il le souffle court. Mais il verront à quel point tu prends ton pied tout là-haut.
- Putain, Diego... je t'en supplie.
- Quoi ? Dis-moi ce que tu veux bébé... , murmure-t-il avec malice.
- Baise-moi plus fort... s'il-te-plaît.
Et il le fait. Il me pilonne, fort, m'étrangle et me branle au creux de ses mains, et c'est dément.
Je hurle mon plaisir à qui pourra l'entendre au moment de la jouissance, tandis que je me libère sur la vitre brillante de la chambre d'hôtel. Je le sens sourire contre ma nuque quand il donne un dernier coup de rein pour m'achever.
Je l'aime.
. . . #eastriverFIC
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