CHAPITRE 27 - EVAN
24.11.17,
NewYork-Presbyterian Hospital | MANHATTAN – 6:46 PM.
Quand je suis arrivé à l'hôpital il y a une heure à présent, Abby dormait paisiblement dans son lit. J'ai passé le temps en lisant le roman de maman sur mon téléphone, assis sur la chaise à côté du lit. Elle n'a même pas senti la caresse de mes doigts sur sa main, tellement elle était profondément endormie.
- Eurk !
Je ricane, mes yeux rivés sur le plateau qu'un infirmier vient de déposer sur la table au dessus du lit. Abby fait la grimace, horrifiée et dégoûtée, et je la comprends : ce ragoût a l'air totalement répugnant. L'odeur qui s'en dégage est étrange.
- Je donnerais ma vie pour un hamburger , râle-t-elle.
- Moi aussi.
Dans un geste habitué, je prends les couverts sur la table et en goûte une bouchée. Je retiens une grimace pour ne pas la dégoûter d'autant plus, mais c'est vraiment immonde : pas salé, la viande est bizarre et la sauce a un goût amer. La seule chose qui semble bonne sur son plateau, c'est la compote pomme-fraise bio.
- Bof... c'est pas mauvais , je mens.
- Menteur, je le vois à ta tête.
Je pouffe de rire tandis qu'elle croise ses bras contre sa poitrine, bien décidée à faire la grève de la faim pour ce soir. Je suis partagé : je comprends qu'elle ne souhaite pas manger mais, en tant que grand frère responsable, je sais qu'elle le devrait. Elle n'est pas en pleine forme et a besoin d'énergie, de sucres lents et de protéines.
- Mange au moins le fromage et la compote, d'accord ? Et quelques fourchettes de purée.
- D'accord.
Une dizaine de minutes plus tard, après 5 fourchettes de purée, son fromage et sa compote avalés, je repousse la table dans un coin de la pièce afin de venir m'installer près d'elle sur le lit. Je passe un bras autour de ses épaules tandis qu'elle se blottit contre moi.
- Alors, comment ça s'est passé ? , je demande.
- Bien , elle hausse les épaules. J'ai discuté avec le docteur, alors c'était moins ennuyeux que je l'imaginais.
- Vous avez discuté de quoi ? , je m'intéresse.
- De Harry Potter.
Je roule des yeux, un petit sourire au coin des lèvres : le contraire m'aurait étonné. Je la regarde faire, curieux, tandis qu'elle relève son t-shirt blanc et propre.
- Regarde ! , dit-elle.
Je regarde sa peau, sur son ventre et son dos. Des petits points faits au feutre – il me semble – délimitent des zones sur sa peau. On dirait le genre de chose que l'on voit dans les émissions où les femmes se font refaire la poitrine : c'est bizarre. Je sais de quoi il s'agit : les zones délimitées sont celles où les rayons de la radiographie ont été orientés, les zones où les cellules cancéreuses de sa leucémie sont présentes.
- Wahou, on dirait un alien ! , dis-je en ricanant.
- Grave !
Elle a l'air amusée, et ces marques sur sa peau ont l'air de lui plaire : je suis ému par son innocence. Rien ne lui semble étrange, rien ne la perturbe, elle prend tout avec enthousiasme et je l'admire pour ça.
- Tu te sens bien ? , je demande.
- J'étais un peu fatiguée tout à l'heure, mais ça va.
- D'accord. Ils t'ont donné des conseils pour la suite ?
- Oui, là.
Elle me montre du doigt une feuille de papier posée sur sa table de chevet. Je m'en munis avant d'en lire les grandes lignes. Rien de très important mis à part quelques conseils afin d'entretenir sa peau, peut-être endommagée par les rayons : de l'eau tiède lors de la douche ou du bain, et porter des t-shirt amples par exemple. Je me sens un peu plus rassuré.
- D'accord , dis-je.
- Au fait, tu as des nouvelles de papa ?
- Oui, je l'ai appelé hier. Il va bien, mais on n'a pas beaucoup parlé car il était occupé. Il t'embrasse très très fort.
Elle boude un peu dans son coin, parce que papa lui manque. Il nous manque à tous les deux, et même à maman. J'ai hâte qu'il revienne à la maison : il sera là le week-end prochain si tout se passe bien pour lui à Butler.
Abby baille bruyamment, allongée dans son lit. Elle regarde la télévision avec ses petits yeux endormis et je vois aux traits de son visage qu'elle est fatiguée, même si elle me dit le contraire.
- Je vais te laisser te reposer, d'accord ? Comme ça je rentre à la maison pour dîner.
- Ok... oui, en plus il pleut. Rentre. On se voit dimanche ?
- Oui, comme toujours.
Je l'embrasse sur le front et quitte le lit. J'enfile rapidement ma veste dont je ferme la fermeture éclair jusqu'en haut, et passe la capuche de mon sweat sur ma tête. Je me penche et embrasse Abby sur le front.
- Je t'aime mon petit cœur, à dimanche.
- Je t'aime aussi, Evan. À dimanche.
Je quitte la chambre après l'avoir serrée contre moi, ses petits bras enroulés autour de mon cou. Je suis triste à l'idée de ne pas pouvoir la voir demain : l'hôpital organise une animation super-héros dans un service différent de celui d'oncologie. Abby m'a demandé de ne pas venir, car elle préférait rester simplement avec ses amis et les super-héros.
Je traverse finalement les couloirs et descends les étages. Dehors, il fait un froid de canard et je n'ai qu'une hâte : prendre une douche chaude et me glisser sous ma couette.
X X X
Appartement n°14, Immeuble 050, Quartier d'East Village | MANHATTAN – 7:16 PM.
Je pense à Abby, à son plateau repas dégoûtant tandis que je m'empiffre de pâtes à la bolognaise avec maman, installés confortablement à table. Le feu dans le poêle moderne du salon commence à réchauffer la pièce et je me sens bien. À travers la baie vitrée, je vois quelques flocons de neige tomber devant les lampadaires de la rue. J'entends aussi le vent fort qui frappe les vitres. Emmitouflé dans un vieux hoodie de sport et un jogging polaire, j'adore ce genre de soirée qui sent l'hiver à plein nez.
- Comment s'est passée ta journée ? , me demande maman.
- Bien. Un vendredi banal, quoi. Tu es allée voir Abby ?
- Oui, j'ai passé l'après-midi avec elle.
Je la regarde tout en mangeant, tandis qu'elle me raconte comment s'est passée la première séance de radiothérapie. J'apprends qu'Abby a passée plus de temps à y être préparée, plutôt qu'à réellement être traitée : cela me rassure un peu.
- Combien de séance il lui faut ?
- Tout dépendra, me répond maman. Ils vont faire des tests suite à cette première séance. On verra.
Je comprends pourquoi, même si maman ne me l'explique pas : ils vont observer ses cellules cancéreuses, voir si elles ont disparues et si, dans le cas contraire, une autre séance de rayons serait nécessaire. Je sais que c'est un traitement indolore en soit, qu'on ne sent rien, mais l'idée que des ondes puissent détruire des choses en nous me fait froid dans le dos. Abby ne mérite rien de tout ça.
- Et ton petit-copain, alors ?
Je me mets à rougir, mes yeux rivés sur mon assiette. Je pense à Diego, à notre repas tranquille dans le Queens : même si je n'ai pu être qu'avec lui pendant une petite heure, j'ai apprécié ce moment. C'est le genre de choses que font les couples mais aussi les amis, les petits instants simples de la vie. J'aime passer des moments comme ça avec lui, plutôt qu'être toujours dans ses bras, planqués dans ma voiture ou dans un endroit isolé.
- Oui... et ? , je demande timidement.
- J'en ai parlé avec Lily, à l'hôpital cet après-midi. J'ai été surprise de voir qu'elle n'est pas au courant.
Lily est ma cousine préférée, bien que nous n'ayons pas énormément de points communs. Elle est drôle, bonne vivante, et nous nous entendons bien car nous rions des mêmes choses depuis que nous sommes gosses. Depuis que nous nous sommes installés à Manhattan et que je fréquente beaucoup plus Lily, maman pense qu'elle est devenue ma cousine-meilleure-amie. Elle s'imagine que je me confie à elle sans arrêt, ce qui n'est pas du tout le cas.
- Je préfère le garder pour moi, pour l'instant. C'est un crime ? , je râle.
- Non, mon chéri. Mais ça m'inquiète un peu... tu ne parles pas beaucoup de lui.
Je ne peux pas nier que, parfois, j'ai envie de parler de Diego à elle et à papa. J'aimerais leur dire à quel point c'est un garçon génial, instruit et intelligent, et très doux aussi. J'aimerais pouvoir leur dire qu'il n'est pas ce gars cliché des gangs, racaille, qui passe ses journées à ne rien faire et est destiné à un avenir de merde. J'aimerais pouvoir le leur dire, le leur présenter comme un garçon normal, mais je sais que c'est impossible. Ils ne comprendraient pas, et je ne veux pas prendre le risque de tout faire foirer.
- Je sais. Tout va bien, tu sais. C'est juste que... j'ai pas envie que ça se sache et lui il... il est pas out, maman. On préfère garder ça pour nous, vraiment.
Je suis mal à l'aise quand je vois le regard qu'elle porte sur moi, comme si elle se doutait que quelque chose n'est pas aussi simple. Je ne veux pas qu'elle croit que ça ne va pas dans mon couple, parce que tout va bien.
- D'accord. Sache que si tu veux m'en parler, je serai là pour t'écouter chéri.
Je hoche la tête en souriant un peu, à peine, puis recommence à manger en silence. Je pense à nouveau à papa : il me ferait vraiment la peau s'il apprenait pour moi et Diego. Parfois je me dis que je déteste ce fichu karma : pourquoi j'ai renversé la moto de Diego Flores plutôt que la moto d'un gars totalement banal ?
On dirait que la vie est parfois faite pour me compliquer les choses.
X X X
25.11.17,
Frames Bowling Lounge | MANHATTAN – 9:22 PM.
Je dois admettre que je passe un bon moment, même si je suis clairement en train de tenir la chandelle. Pour résumer, Lily m'a invité à faire quelques partie de bowling avec elle afin qu'on passe un peu de temps ensemble en dehors du lycée. J'ai tout de suite accepté lorsque j'ai reçu son appel, en fin d'après-midi, après avoir passé la journée à regarder Arrow dans mon lit. Elle n'avait pas mentionné que Cody serait là.
- Je vais gagner !
Je lève les yeux vers Cody, ce très beau joueur de foot, qui nous nargue parce qu'il vient – encore – de faire un strike. Lily lui vole un baiser avant de se lever pour récupérer sa boule. Elle tire quelques secondes plus tard, l'envoyant directement dans la rigole, sous les rires moqueurs de son petit-ami. Je ricane aussi devant sa mine déconfite. Elle revient vers nous en boudant :
- Rappelez-moi pourquoi j'ai choisi le bowling plutôt que la patinoire ? , râle-t-elle.
- Parce que je ne tiens pas sur des patins, répond simplement Cody.
Je sirote tranquillement mon coca-cola tout en savourant les quelques tapas que nous avons commandés, apportés à notre table sur une planche en bois. J'apprécie les oinion-rings tandis que Cody, lui, se gave de charcuteries et de fromage.
- Je reviens, j'vais pisser.
Je le regarde s'éloigner, le pas rapide, l'air légèrement menaçant à cause de sa carrure de quarter-back. Lily se laisse tomber sur le siège près de moi, après avoir lancé sa boule pour son deuxième coup. Elle vient boire une gorgée de son jus d'ananas.
- Tu aurais pu me dire que tu emmenais Cody ! Je ne savais même pas que vous étiez ensemble !
J'entame la discussion, profitant du premier instant d'absence de Cody depuis le début de la soirée. Lily fronce les sourcils, l'air déçue :
- Tu ne serais pas venu. Et puis, on est quittes : moi non plus je ne savais pas que tu avais un copain.
J'ouvre la bouche pour parler, mais me ravise. Comment lui répondre ? Je n'en ai aucune idée. Je me contente de faire la moue, désolé, tout en sirotant honteusement la fin de ma bouteille de soda.
- Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? , demande-t-elle.
- Parce que... c'est compliqué.
Je sais qu'elle est du genre à ne pas poser de question lorsqu'elle voit que je suis gêné, mais je sais que, là, elle ne reculera devant rien : je lui ai caché des choses, et elle veut la vérité.
- Pourquoi ? , demande-t-elle à nouveau.
- Parce que... il n'est pas out. Et je préfère le garder pour moi de toute façon, jusqu'à ce que ce soit vraiment sérieux.
J'ai honte de mentir, et surtout de dire ça. Même si c'est allé assez vite, je sais que c'est du sérieux avec Diego. Notre relation est bien trop compliquée et engage beaucoup trop de choses pour que ce ne soit qu'une amourette, un amusement fait pour passer le temps.
- Il s'agit d'Hayden ?
Je réfléchis un moment, perdu, avant que la lumière ne s'allume dans mon cerveau : Hayden, c'est le nom de mon rencard imaginaire que j'ai été obligé d'inventer. Je me sens ridicule.
- Ouais.
- Tu te fiches de moi, Evan ? Vraiment, arrête.
- Bah... quoi ? , mon cœur s'emballe.
- Il n'est pas out ? Tu l'as rencontré sur Grindr !
Et merde. Je me mordille l'intérieur de la joue : elle a raison, ça ne tient pas la route. Je bégaie une excuse :
- Écoute, je... j'ai mes raisons de le garder pour moi, OK ? Vraiment. C'est pas contre toi.
Cody se laisse tomber sur le siège près de Lily, et notre conversation se termine ainsi. Elle me lance un regard plein de sous-entendus juste avant que je ne vienne jouer ma partie à mon tour. La boule touche quelques quilles, mais pas assez pour faire un strike. Je me contente d'un spare après avoir tiré une seconde fois.
Quand je reviens m'installer à ma place, sous le regard curieux et vexé de Lily, je me mets à penser à Diego. J'ai toujours imaginé quelle serait la réaction de papa s'il apprenait pour nous, mais je ne me suis jamais demandé quelle serait celle de Lily. Elle a peur de lui comme pas possible, surtout depuis ce qui s'est passé avec Liam. Elle fait en sorte de se trouver le plus loin de lui au lycée et n'arrête pas de le critiquer avec les footballers lors de la pause déjeuner. J'avoue que c'est parfois difficile à supporter, lorsque je me joins à eux pour manger : les entendre déblatérer tout un tas de conneries sur mon petit-ami secret me donne envie de leur péter le nez.
Parfois j'aimerais tout balancer : l'embrasser au beau milieu de la cantine parce que je serais heureux de le retrouver après une matinée loin de lui, comme le font la plupart des couples. J'aimerais pouvoir arriver avec lui au lycée le matin, et repartir avec lui le soir, sur sa moto ou dans ma voiture. J'aimerais pouvoir aller vers lui dans les couloirs, discuter tranquillement ou manger à sa table à midi. J'aimerais faire comme tous ces couples, mais je me souviens de nos vies à tous les deux : un gang qui déteste les tapettes et, moi, une année de première chaotique dans mon ancien lycée. J'en suis venu plusieurs fois à la conclusion qu'en fait, garder notre relation secrète, ce n'est pas plus mal. Même si c'est parfois déprimant.
- Comment va Liam, au fait ?
Je serre les dents. Je suis fatigué que le principal sujet de conversation soit celui-ci, où que nous soyons et quoi que nous fassions. Au lycée, le prénom de Liam est sur toutes les lèvres. J'aimerais voir leur tête, à tous, s'ils apprenaient que c'est le genre de salopard à mettre une arme et de la drogue dans le casier d'un innocent simplement pour le faire virer du lycée. Je sens la colère me gagner, mais je m'efforce de rester naturel.
- Il se remet tout doucement. Je l'ai vu ce matin, il est sacrément amoché.
- Le pauvre , le plaint Lily.
- Heureusement, les chirurgiens ont fait un super boulot.
- Il doit souffrir le martyre.
Je serre le poing autour de ma bouteille en verre de coca. Le pauvre ? Je sais que Diego est allé trop loin sur ce coup-là, mais je n'arrive même pas à plaindre Liam. Mon opinion c'est celle-ci : il a bien mérité ce qui lui est arrivé, quelque part.
- T'en penses quoi, Evan? , demande Lily avec curiosité.
- J'en pense que c'est un con, et j'espère que ça le calmera.
Ma réponse semble les choquer tous les deux : je n'ai pas envie de faire l'hypocrite. La plupart des élèves du lycée s'apitoient sur le sort de Liam alors que la majorité d'entre eux ont fait les frais de ses méchancetés et humiliations. Je ne comprendrai jamais ce retournement de veste. C'est à croire que tout le monde a pour but de se liguer contre Diego, peu importe ce que cela implique. Je crois que je suis le seul à le soutenir, et je suis certain d'être le seul à avoir su voir le bon côté en lui. C'est triste.
- T'es sérieux, mec ? , demande Cody outré.
- Oui. Je sais des choses que personne ne sait. Il l'a bien cherché.
Je fais claquer ma bouteille sur la table en bois devant nous, tandis que la partie de bowling est en stand-by.
- Ah bon, et tu sais quoi exactement ? , demande Lily d'une façon trop hautaine à mon goût.
- Tu te souviens quand Flores s'est fait arrêter ? La drogue et l'arme dans son casier, c'était un coup de Liam.
La nouvelle semble les mettre sur le cul, mais je vois aussi qu'ils n'y croient pas trop. Cody ouvre la bouche pour parler sans qu'un seul son n'en sorte, tandis que Lily fronce les sourcils. Je reprends :
- C'est mon père qui me l'a dit. Tu me connais, je suis curieux et j'ai voulu en savoir plus , je mens. Voilà pourquoi je dis qu'il l'a bien cherché, et j'assume mes paroles.
- Mais... mais il l'a presque tué ! Même si ce que tu dis est vrai, ça ne justifie pas une telle violence, enfin Evan, admets-qu'il est dangereux !
Je soupire. La conversation est vraiment en train de m'énerver. De plus, Diego me manque et je n'ai pas envie de me souvenir de ça, de Liam et de son petit séjour en taule. Je n'ai pas non plus envie de me mettre à penser à son procès dans moins de deux semaines, parce que je sais très bien qu'il pourrait être envoyé en taule. Je n'ai pas envie de parler de ça, mais je connais Lily et Cody : ils parlent, toujours, sans s'arrêter et cela peut durer des heures. J'enfile ma veste à la hâte, préférant m'enfuir plutôt que risquer d'exploser de colère.
- Mais... pourquoi tu pars ? , s'inquiète Lily.
- Parce que, ça me saoule. Tout le monde s'acharne sur lui mais personne ne voit qui est le vrai pourri dans l'histoire : j'ai jamais vu Diego emmerder son monde, alors que Liam passe ses journées à humilier les plus faibles ! Si t'es pas capable de comprendre mon opinion, c'est pas de ma faute. Bonne soirée, les amoureux.
Je m'enfuis en quatrième vitesse, les clés de ma voiture déjà dans ma main. Dehors, la neige a cessé de tomber depuis quelques heures mais j'ai l'impression que, plus les jours passent, plus il fait froid. Je trottine jusqu'au parking et me jette presque à l'intérieur de mon Audi, avant de me précipiter pour allumer le moteur. Je programme rapidement le chauffage, puis démarre.
Je n'ai aucune envie de rentrer à la maison, même si l'ambiance y est agréable. J'aimerais téléphoner à Diego, pour discuter simplement, mais je sais qu'il a été pris par ses histoires de gang toute la journée : je ne préfère donc pas le déranger. Alors, seul, je me contente de rouler. Je fais un détour par Times Square, rien que pour les lumières et les immenses bilboards que j'aime tant dans la nuit, puis je trace jusqu'à Central Park, au nord. Je contourne ensuite ce dernier pour rejoindre la Franklin D. Roosevelt Drive, qui longe l'East River, afin de redescendre finalement au sud vers East Village pendant près de 10 kilomètres.
J'arrive finalement à la maison une bonne quarantaine de minutes plus tard. Je réalise que je me suis calmé et que, là, je me sens bien. Les trajets nocturnes en voiture me procurent une sensation de bien-être assez étrange, que je n'explique pas et que je ne ressens que très peu d'une autre façon. Je me sens apaisé, comme si j'étais plongé dans une bulle de coton. L'habitacle de ma voiture sous la lueur des lampadaires et des étoiles me donne l'impression d'être protégé dans un cocon. Alors quand je finis par sortir de ma voiture, garé à une centaine de mètres de l'appartement, je me sens vide.
Le froid me fouette aussitôt le visage et un frisson me chatouille la nuque. Je rabats mon rétroviseur, celui du côté de la route, et verrouille les portes avant de traverser la rue. Je regarde de chaque côté de cette dernière avant de rejoindre le trottoir d'en face. Dans l'obscurité je ne vois personne. Malgré tout, tandis que je marche en direction de l'immeuble, j'ai l'horrible sensation d'être observé.
. . . #eastriverFIC
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