CHAPITRE 19 - EVAN
18.11.17,
Fenway Park | BOSTON – 7:15 PM.
3 semaines se sont écoulées depuis notre visite du Hayden Planetarium. Trois semaines passées à le retrouver dans les toilettes du lycée pendant les cours, pour lui voler quelques baisers et lui arracher quelques sourires. Trois semaines où, quelques soirs par semaine, nous nous retrouvions dans Central Park pour discuter et nous câliner sous le ciel étoilé. Trois semaines que je suis sur un petit nuage, même si cela commence à me peser : je passe plus de temps à lui parler à travers un téléphone – appels et SMS – qu'en réalité.
- Souris !
Mon dos contre son torse, sa tête sur mon épaule, je souris alors qu'il appuie sur le bouton de son téléphone pour nous prendre en photo. Nous sommes plantés devant l'entrée mythique du Fenway Park, l'un des plus anciens stades de baseball des Etats-Unis, l'antre des Red Sox. Il fait froid ce soir : par dessus une épaisse couche de t-shirts, Diego porte un vieux jersey de l'équipe, rouge, sous son éternelle veste en cuir. Une énorme écharpe à l'odeur de tabac enroule son cou. Moi, je porte un hoodie bleu marine par dessus un pull polaire, sans oublier mon écharpe remontée jusqu'à mon nez.
- Envoie-là moi !
Diego me vole un baiser sur le bout du nez – mon écharpe ne lui laisse pas l'accès à ma bouche – et je le vois sourire. Je souris aussi : des petits flocons de neige tombent dans ses cheveux bruns : il est beau.
- C'est fait.
- Merci.
Mon téléphone vibre dans ma poche quelques instants plus tard. Son bras autour de ma taille, nous prenons la direction de la porte A. Nous nous installons à nos places dans les gradins, après avoir essuyé la neige sur les sièges avec nos mains. Je viens me blottir contre lui, son bras autour de ma taille.
- Rappelle-moi pourquoi on a eu l'idée de venir voir un match de baseball en plein hiver ? , je râle.
- Parce qu'au moins t'as une bonne raison de te coller à moi.
- M'ouais.
Je fais semblant d'être agacé, une petite moue forcée sur le visage. Je l'entends rire un peu, près de moi, avant qu'il ne vienne souffler sur mon nez pour m'agacer. Je fronce les sourcils et, doucement, sa main libre vient à mon visage. Il abaisse mon écharpe du bout des doigts avant de fondre sur ma bouche pour me voler un baiser. Je ferme les yeux, et le lui rends avec avidité. Mon cœur bat la chamade et, instantanément, mon corps se réchauffe.
L'avantage des sorties dans ce genre là, c'est que nous n'avons pas à nous cacher. Nous sommes à des kilomètres de New-York, perdus au milieu d'une foule de gens. C'est le seul moment où nous nous autorisons ce genre d'attentions, où il baisse un peu sa garde, et j'aime beaucoup ça. Pouvoir le tenir contre moi et l'embrasser quand j'en ai envie me donne l'impression de vivre pleinement ma vie.
- Tu as faim ? , demande-t-il.
- Non, pas pour l'instant. On mangera après, non ?
- Oui, tu as raison.
Je lui souris, tandis qu'un décompte sur l'écran géant nous indique qu'il reste 15 minutes à patienter avant le début du match. Épuisé par notre journée, je baille. L'ambiance commence à monter crescendo dans le stade et je trouve ça passionnant : je n'ai jamais assisté à un match de baseball, pour la simple et bonne raison que mon père préfère le hockey sur glace et que ma mère déteste le sport. Diego, lui, est un fervent supporter des Red Sox : j'adore le sourire sur son visage, là, le même que celui d'un gamin qui reçoit ses cadeaux le matin de Noël.
- Je me disais... , j'hésite. Tu veux pas qu'on dorme dans un motel, ce soir ?
Je me mords l'intérieur de la joue car j'appréhende sa réaction. Il tourne la tête pour me regarder, surpris, et me demande :
- Pourquoi ? , sa main caresse mes reins.
- Parce que... il commence à neiger, je suis crevé, et on a trois heures à rouler pour rentrer.
Même s'il n'est pas encore huit heures du soir, il fait déjà presque nuit noire. Le petit air de la soirée est glacial et des flocons de neige commencent à tomber du ciel. Mes pieds sont en compote à force d'avoir trop déambulé sans but dans les rues de Boston, et je n'arrête pas de bailler. Et, surtout, je n'ai pas envie que cette journée se termine ce soir lorsque je l'aurai ramené chez lui. J'aime beaucoup trop sa compagnie.
- Je... j'ai pas d'argent pour payer une chambre , avoue-t-il.
- Moi oui. Et ne me dis pas non. On dort au Motel, point.
Il ouvre la bouche, prêt à parler, mais se ravise finalement. Je sursaute à cet instant là car une voix enthousiaste se fait entendre dans les hauts parleurs du stade. Là foule se met à crier, à chanter et à encourager, tandis que les joueurs sortent des vestiaires sur le terrain pour s'échauffer. Diego les regarde d'un air émerveillé et, moi, je souris : je craque un peu plus pour lui à chaque fois que je vois son regard si passionné.
Le match commence une dizaine de minutes plus tard et, même si je n'y comprends rien, je passe malgré tout un bon moment : parce que je suis avec Diego, parce que l'ambiance est géniale et parce que je n'arrête pas de rire aux conneries d'un groupe d'amis assis devant nous. C'est un putain de bon moment, et je ne regrette pas d'être venu. Même si je n'arrive pas à distinguer la balle tant les passes sont rapides.
- Tiens bébé.
Je souris comme un imbécile quand je l'entends me dire ça, debout près de moi tandis qu'il revient de la buvette avec deux bières à la main. Je récupère la mienne et il enjambe une rangée de sièges pour revenir s'installer à sa place. Je ne le quitte pas des yeux et il ne tarde pas à le remarquer.
- Bah... quoi ?
- Bébé ? , je demande surpris.
- Il fallait bien que ça arrive un jour.
Il hausse les épaules et m'embrasse sur la joue. Moi, je souris : c'est la première fois qu'il me donne un petit surnom, aussi niais soit-il. Je trouve ça amusant. Je réalise alors qu'il est heureux d'être ici ce soir. Je suis heureux aussi.
X X X
Chambre n°3, Motel 6 | BOSTON – 11:22 PM.
- On a même pas de quoi dormir ! , s'exclame-t-il alors qu'il retire son t-shirt.
- Tu n'as qu'à dormir nu.
Il me lance un regard terrible, yeux plissés. Je souris, en coin, tout en haussant les épaules. D'un côté il n'a pas tort : nous n'avons pas de fringues de rechange, ni même de quoi nous laver les dents ou le visage. Je m'en fiche. Pour une fois dans ma vie, je peux remettre le même sous-vêtement pour le lendemain, et au diable le brossage de dents !
- Bien essayé, Wright. N'y compte même pas.
Je le regarde refermer sur lui la porte de la salle d'eau, un sourire mesquin sur les lèvres qu'il ne semble pas remarquer. Me retrouvant seul, assis en tailleur sur le lit, je termine mon BigMac et mes potatoes avant de jeter le sachet en papier dans la poubelle, près d'une petite table minuscule dans un coin de la pièce. Je me laisse tomber sur les draps ensuite, allongé sur le dos et les bras croisés sous ma nuque. Je regarde le plafond, baillant à m'en arracher la mâchoire, et mes yeux me piquent : je suis épuisé. J'envoie rapidement un message à maman pour la prévenir de mon absence ce soir.
Dans la pièce voisine, j'entends l'eau couler. Mon cœur s'emballe quand je me rends compte qu'une envie terrible de le rejoindre sous l'eau me tiraille le ventre. Malgré tout, je ne le fais pas : je sais qu'il veut attendre. D'ailleurs, je commence à perdre patience : je le désire. Nos embrassades dans les toilettes du lycée deviennent de plus en plus torrides à chaque fois et ne me suffisent plus. Mon impatience ne cesse de croître et je me demande si je vais arriver à survivre jusqu'à l'instant où, enfin, il se décidera. C'est frustrant.
Je manque de m'étouffer quand il sort de la salle de bain, cinq minutes plus tard, une serviette enroulée autour de la taille et la peau ruisselante de gouttes d'eau. Ses cheveux bruns mouillés tombent sur son visage et j'adore la couleur basanée de sa peau. Ses tatouages sur ses bras le rendent encore plus sexy qu'il ne l'est déjà. J'admire sa chute de reins vertigineuse et ses abdominaux magnifiquement dessinés.
Je me lève pour le rejoindre, tandis qu'il tapote sur l'écran de son portable, dos à moi. Je colle mon bassin contre ses fesses, mon torse contre son dos. J'embrasse sa marque de gang d'un petit baiser léger, et il baisse honteusement la tête. Une bouffée de chaleur m'envahit tout le corps lorsque la serviette glisse jusqu'à tomber au sol. Je n'arrive pas à rester calme. Mon cœur s'emballe.
- Oh... elle est tombée, dis-je innocemment.
- Evan... , m'avertit-il.
- Quoi ? Je n'ai rien fait.
Je n'ai pas tort : je ne le touche même pas. Mes mains patientent tranquillement le long de mon corps. Je suis juste là, derrière lui, tandis qu'il est nu comme un vert. Je le désire et je n'ai pas peur.
- Tu sais très bien que je ne...
- Allonge-toi sur le lit.
Je me surprends moi-même : je n'ai jamais été autoritaire de cette façon là. Ma voix ne tremble pas et j'ai totalement confiance en ce que je suis en train de faire. Je n'ai pas peur non plus. Au contraire, je meurs d'impatience.
- Evan, je...
- Je ne compte pas faire que ça arrive ce soir. Mais juste... laisse-moi m'occuper de toi.
Il ouvre la bouche pour parler, en vain, avant de se mordre la lèvre suffisamment fort pour y voir une petite goutte de sang, quelques secondes plus tard. Il me regarde dans les yeux puis, cessant de me défier, vient s'allonger sur le lit. Debout au pied du lit, je le regarde : étendu là, nu, il est à moi et pour moi. Qu'est-ce-que j'ai fait pour mériter ça ?
Je pensais ce que je disais : je ne compte pas faire l'amour ce soir. Je sais qu'il veut attendre alors j'attendrai. Mais les préliminaires n'ont jamais tué personne. J'en meurs d'envie : il me torture depuis des semaines avec ses caresses sur mes tétons et mes fesses lorsque nous nous embrassons à l'abri des regards. Cette fois, c'est à moi de jouer.
Je le détaille un instant avant de grimper sur le lit : ses yeux gris-noisette qui me fixent, ses lèvres pulpeuses, la ligne de sa mâchoire saillante, ses pectoraux musclés, ses tétons durs et ses abdominaux finement dessinés. Ce que j'aime chez lui, encore plus que ses bras tatoués, c'est son torse vierge : imberbe et sans tatouage, sa peau couleur caramel est brillante. Quand mes yeux descendent plus bas, je remarque un petit duvet de poils juste au dessus de sa virilité. Cette dernière n'est pas encore dure, et ça m'arrache un sourire. Puis, je viens détailler ses jambes : ses cuisses bombées, ses mollets musclés et ses pieds.
Dans un premier temps, je pose mes mains sur ses chevilles avant de les faire remonter sur sa peau jusqu'à ses cuisses. Je l'entends soupirer, mais il ne bouge pas. Je lui lance un rapide coup d'oeil pour constater qu'il ne me quitte pas des yeux et qu'un petit sourire en coin menace d'étirer ses lèvres : je suis satisfait. Doucement, je viens me mettre à genoux entre ses cuisses qu'il vient écarter de lui même, sans que je n'ai eu besoin de le toucher.
Je dépose un baiser sur ses lèvres. Encore habillé, je m'étonne du calme dont je fais preuve : je ne bande pas et je n'ai même pas envie de plus. Je veux simplement lui faire du bien. Le baiser est tendre, mais son souffle est lourd et chaud. Il gémit un peu contre mes lèvres quand ma cuisse, rappeuse à cause de mon jean, vient frôler sa virilité. Je fais descendre ma bouche sur son cou, où j'entame une douce torture de baisers et de morsures. Il soupire d'aise et se cambre un peu contre moi.
Je n'avais jamais encore eu l'occasion de le toucher de cette façon. D'habitude, je me contente de l'embrasser simplement tandis qu'il dévore mon cou et balade ses mains un peu partout sur moi. Là, c'est la première fois que j'ai le loisir de goûter la peau parfumée et douce de son cou et que j'y plante doucement mes dents. Et ça a l'air de lui plaire. Je mordille sa peau et la suçote un peu dans le but d'y laisser un suçon.
Satisfait de mon œuvre, je viens désormais embrasser son torse. Je dépose une pluie de baisers lourds et tendres sur sa peau, un peu partout, de ses pectoraux à ses épaules jusqu'à ses abdominaux et son bas ventre. Mes lèvres claquent subtilement sur sa peau – j'adore ça et lui aussi – et, finalement, je viens prendre son téton droit entre mes dents.
- Evan...
Je lève les yeux pour le regarder : il n'a pas cessé un instant de me fixer. Tout en mordillant et suçotant son petit morceau de chair, je le regarde dans les yeux. Provocation. Mes mains, elles, s'aventurent sur sa taille et ses hanches, avant de glisser sur ses cuisses et ses aines. Je sens les siennes se poser sur mon torse.
- Déshabille-toi.
Il soupire d'aise, impatient. Je suis surpris de l'entendre supplier, presque couiner, tant il est aussi impatient que moi. Je viens prendre ses poignets entre mes mains et viens les bloquer au dessus de sa tête.
- Non. Ne me touches pas.
Ses yeux se voilent de désir et mon ventre se tord. Je sens aussi cette douce chaleur qui naît au niveau de mon bas ventre, juste en dessous de la ceinture. Je me mordille la lèvre. Titillant les siennes avec le bout de ma langue, sans pour autant l'embrasser, je murmure d'une voix sensuelle :
- Si je lâche tes mains, tu me promets de ne pas me toucher ?
- Ouais.
Je m'efforce de ne pas rouler des yeux. Quel garçon ose sortir un « ouais », l'air je-m'en-foutiste, alors qu'il est sur le point de se faire tailler une pipe ? J'hallucine. Son manque de tact, parfois, m'étonnera toujours.
- Ouais quoi ? , je vérifie.
- Je te promets... je te toucherai pas.
- Bien.
Je lâche ses mains et, d'un mouvement maladroit, je viens m'allonger à plat ventre sur le lit. Mon visage entre ses cuisses, j'inspire profondément un instant. Je regarde sa virilité, désormais très dure, qui repose sur son duvet de poils bruns et son bas ventre. J'en ai l'eau à la bouche.
Yeux dans les yeux, le souffle court pour tous les deux, je le prends enfin entre mes lèvres. Il ne bouge pas, comme s'il ne ressentait rien, mais je sens son corps trembler et je vois sa peau se recouvrir de chair de poule. Il soupire d'aise et un gémissement se bloque dans sa gorge – je l'entends à peine – tandis que son regard reste verrouillé au mien. J'ai l'impression que mon cœur va exploser.
J'ai déjà fait ça à quelques garçons auparavant, mais jamais je n'ai ressenti ça. En général, je le faisais avec envie mais je ne ressentais pas grand chose. Là, j'ai l'impression d'être carrément dans un autre univers. J'ai chaud mais je frissonne comme si j'avais froid, et tous mes muscles sont engourdis. J'ai mal au ventre à cause du désir.
Tout doucement d'abord, je commence à le sucer. Je ne le lâche pas des yeux, et il ne le fait pas non plus. Ma bouche va-et-vient sur lui, dans un mouvement habile mais lent, et je creuse parfois les joues pour lui arracher des gémissement au lieu des soupirs d'aise. Puis, tenant sa virilité en sa base, je viens la loger au creux de ma paume. Goulûment, avec gourmandise, je viens lécher cette veine qui pulse sous sa peau. Je fais la grimace quand il vient s'agripper à mes cheveux en se tortillant de plaisir sur le lit.
- Ta main, bébé , je chantonne.
- Pardon.
Il soupire et pouffe de rire, puis vient replacer sa main au dessus de sa tête : il s'agrippe à la tête de lit, certainement pour occuper ses mains quelque part. Ma main gauche, la libre, vient caresser son torse tandis que j'enfouis mon nez dans les poils de son pubis. J'y dépose quelques baisers et hume son odeur avec passion. Sa virilité, dure et chaude, repose calmement au creux de ma paume droite tandis que je caresse son gland du bout du pouce.
- Evan... Evan...
Il se cambre contre moi quand je recule ma bouche, avide que je l'embrasse à nouveau. Yeux dans les yeux, je lui lance un sourire mesquin et me décide à le faire patienter : un mouvement terriblement lent de mon poignet sur sa verge le fait grogner. Je souris, satisfait, avant de venir lui voler un baiser.
- ... por favor.
- Qu'est-ce-que tu veux ? , je demande.
- J'ai besoin de... oh.
Sa verge dans ma bouche est délicieuse. Je suçote avidement son gland quelques secondes avant de l'envelopper toute entière. Le regard qu'il me lance à cet instant précis, alors que je recommence à le sucer avec beaucoup plus de conviction désormais, me coupe le souffle : il me bouffe des yeux. Je ferme enfin les miens et je m'abandonne. Sa main revient dans mes cheveux, mais je le laisse faire. Je l'entends gémir et soupirer d'aise, je le sens se cambrer et se tortiller sous moi, et je réalise que je prends autant de plaisir que lui. J'ai tellement besoin de plus.
- Evan...
Sa voix est étranglée et je devine qu'il a autre chose à dire, mais qu'il n'y arrive tout simplement pas. Dans mes cheveux, je sens sa main qui tapote nerveusement mon crâne, dans l'urgence. Je le libère de ma bouche juste avant qu'il ne jouisse sur son ventre. À bout de souffle, je le regarde tandis que son sperme se répand sur ses abdominaux et dans son nombril. Sa tête est balancée en arrière, yeux fermés, et sa bouche est entrouverte.
- Dios.
Il me sourit, magnifique, et je pouffe de rire. Je n'en ai pas fini avec lui. Je baisse les yeux sur son ventre et y approche mon visage : ma langue se fraie un chemin au creux de son nombril, où je viens récupérer quelques gouttes de son précieux liquide.
- Tu veux me tuer ou quoi ? , il ricane en soufflant.
- Non. Enfin... pas encore.
Je souris contre sa peau quand je dépose un baiser sur son bas ventre, juste au dessus de son pubis. Il me rend mon sourire et vient caresser tendrement ma joue tandis que je lèche ses abdominaux pour le nettoyer. Son goût légèrement âcre et salé me gêne un peu, mais je n'en fais pas cas : tout ce qui compte, ce sont ses yeux que je vois voilés de désir mais brillants de fierté. Je souris, une fois terminé, et viens lui voler un baiser.
L'embrassade s'éternise mais, contrairement aux habituelles, elle n'est pas pressée ni torride. La pression et la tension redescendent, tout comme notre température corporelle. C'est juste un baiser langoureux, tendre et doux, pour dire « merci » à ce qui vient de se passer. Au bout de quelques minutes, je me recule.
- Où tu vas ? , me demande-t-il.
- Prendre une douche froide. Histoire de calmer mon érection.
Je lui fais un clin d'oeil avant de m'enfermer à double tours dans la salle d'eau.
X X X
- Tu m'as jamais dit pourquoi t'as aménagé à New-York.
On est allongés sur le lit, l'un contre l'autre. Il est sur le dos tandis que ma tête est posée sur son épaule, ma main sur son ventre. Nous nous sommes blottis sous les couvertures en boxer et j'aime sentir sa peau chaude contre la mienne. De plus, son odeur trop agréable titille mes narines. C'est un moment parfait et doux, qui nous fait du bien à tous les deux. J'apprécie ses papouilles sur mon épaule.
- Pour mon père. Pour son travail. Il a eu une sorte de promo pour passer Inspecteur.
Je le sens se tendre sous moi : le travail de mon père est un sujet sensible. J'imagine que ce doit être compliqué pour Diego de sortir avec le fils d'un flic.
- Et ta mère ? Et toi ? Ça ne vous a pas posé de problème ? Et Abby ?
- Non. Ma mère vit un peu dans la solitude, avec ses livres tu sais , je marque une pause. Abby était déjà hospitalisée alors... non. Et moi... moi, ça m'arrangeait.
Je me souviens de ma seule année de lycée à Butler : un cauchemar. Je crois que mon corps se tend aussi, car Diego remarque mon malaise.
- Pourquoi tu dis ça ? , s'inquiète-t-il.
On n'a jamais abordé le sujet de mon ancienne vie, celle que je menais avant New-York. Je ne lui ai jamais dit que j'avais été victime d'humiliations et d'homophobie. En réalité, c'est un sujet sensible pour moi même s'il appartient désormais au passé. Cela me rappelle trop de mauvais souvenirs. Décidant de rester vague, je réponds :
- Quand je suis rentré au lycée, j'ai merdé et tout le monde a su que j'étais gay. J'ai été humilié et moqué toute l'année. Des obscénités sur mon casier, des coups bas dans les couloirs... c'était un enfer.
Il expire par le nez, fort, signe qu'il est en colère. Je lève un peu la tête pour le regarder et je souris tendrement en voyant son si beau regard. Mon cœur loupe un battement : je craque pour lui à mort. Je pose ma main sur sa joue et caresse ses lèvres et son nez avec mon pouce.
- Tu comprends maintenant pourquoi je t'ai dit que ça ne me posait pas de problème qu'on se cache ? , je demande à voix basse. J'en ai assez bavé. Je suis bien moi, juste toi et moi. J'ai pas envie de prendre le risque que ça recommence.
Il me sourit, et ses doigts sur mon épaule viennent caresser ma joue. Il l'effleure du bout des doigts comme s'il avait peur de me toucher trop fort, et ça me retourne le cœur. Un sourire tendre étire ses lèvres juste avant qu'il n'embrasse mon front.
- Je comprends.
Je me laisse faire alors qu'il me serre un peu plus contre lui. Un frisson me remonte l'échine quand sa main frôle maladroitement mes fesses. Je le désire tellement. À la place, je viens me blottir contre lui pour respirer l'odeur de son torse. Je ferme les yeux, apaisé. Mes muscles sont déjà en train de se détendre.
- Tu as aimé le match ?
- Oui , je réponds d'une petite voix. J'ai aimé cette journée. Ça m'a fait du bien de passer du temps avec toi, tu me manques.
Il remonte la couette jusqu'à mes épaules pour me couvrir. Je soupire d'aise et me contente d'apprécier ses caresses dans mon dos. Je m'endors.
- Tu me manques aussi, Evan.
Et c'est ça le plus terrible dans notre relation : on se manque alors qu'on est ensemble.
. . . #eastriverFIC
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