CHAPITRE 15 - EVAN

27.10.17,
Appartement n°14, Immeuble 050, Quartier d'East Village | MANHATTAN – 7:34 PM.

J'ai carrément l'impression de devenir fou. Mon portable entre mes mains, les yeux rivés sur l'écran, je réalise tout à coup que ce que je fais ne sert à rien : il ne me répondra pas. J'ai passé plus de quatre appels et envoyé plus de dix messages. Tout ça en l'espace de quelques heures. Agacé, sur un coup de tête, j'en renvoie un autre :

À : DIEGO ✉
7:35 PM – J'ai compris que tu ne veux pas me parler, OK. Mais dis-moi au moins si tout va bien, putain. Je m'inquiète.

Je me fais tout un tas de films. Est-il en garde-à-vue ? Est-il carrément en prison à cette heure-ci ? Qu'a-t-il fait ? Cela a-t-il rapport avec sa famille, et ce gang ? J'ai l'impression que mon cerveau va exploser tant ces questions tournent en boucle dans ma tête.

Quand j'ai vu la voiture de flics devant le lycée, j'ai d'abord pensé à une visite de contrôle normale. Peut-être un problème entre deux élèves, une bagarre, ou quelque chose dans ce genre. Je n'aurais jamais imaginé voir Diego se faire embarquer, les mains menottées dans le dos, comme un criminel. Mon ventre se tord à se souvenir : je n'arrive pas à me faire à l'idée qu'il ait pu faire quelque chose de mal. Pas lui. Je sais qu'il vaut beaucoup mieux que ça.

- À table !

Je laisse mon portable sur mon lit et je quitte ma chambre. Dans le couloir qui mène à la pièce à vivre, je sens une douce odeur d'oignons cuits. Je m'installe à table, à gauche de papa qui trône en bout de table. Ma mère dépose une grosse gamelle sur la table. Je me sers un verre d'eau et en bois une gorgée pour me détendre tandis qu'elle sert mon père.

- Alors, ta journée ? , me demande-t-elle.

- Chiante.

Je n'ai pas envie d'en dire plus. Le mot résume bien la situation. C'était ennuyeux à mourir : des cours peu intéressants, sauf peut-être celui de sciences humaines qui m'intéressera toujours. De plus, la météo était à déprimer : ciel voilé et de gros nuages noirs qui ont à un moment amené la pluie.

- Mais encore ? , demande mon père.

- Pas grand chose. Tu sais, c'est le lycée. Il ne se passe pas des trucs de dingue.

J'oublie volontairement de mentionner l'arrestation de Diego. Mon père est peut-être déjà au courant et, dans tous les cas, je n'ai pas envie qu'ils croient que je m'intéresse à cela de près ou de loin. Je préfère agir comme si cette histoire ne m'atteignait pas. En réalité, ça m'angoisse.

- Ça avance ton livre, maman ? , je m'intéresse.

- Oui, il ne me reste que quelques chapitres. Tu voudras le lire ?

- J'adorerais !

Je lui souris, enthousiaste. J'ai toujours l'occasion de lire ses romans bien avant qu'ils ne soient publiés et disponibles en librairie. Et, même si la lecture n'a jamais vraiment été une passion, je prends toujours du plaisir à lire ce que ma mère écrit. Je peux dire que je suis fier d'elle, d'autant plus qu'elle est une auteure reconnue dans ce genre de catégorie littéraire.

- Et toi le boulot, chéri ? , demande-t-elle.

- La routine. Je suis passé voir Abby avant de rentrer , dit-il. Vous connaissez ce petit Eddy ?

- Oui, il est adorable , dis-je.

- Non ? , s'étonne ma mère. Qui est-ce ?

Étant donné que papa n'en sait pas beaucoup à son sujet, je me lance dans une explication. Je leur raconte comment Abby l'a rencontré, ce qu'ils font de leurs journées et à quel point ils s'entendent bien tous les deux. J'omets volontairement le fait qu'Abby en pince secrètement pour lui, bien sûr, car elle m'a plusieurs fois fait promettre de ne pas en parler aux parents. Je souris.

- C'est bien qu'elle ait un ami comme lui , conclus-je.

Le reste du repas se déroule dans le silence, rompu quelques fois par des futilités que lance mon père. Je n'écoute même pas, un peu perdu dans ma bulle tandis que je fixe l'horloge numérique au dessus du frigo. Je pense à Diego, bien sûr, comme à peu près tous les jours depuis que j'ai renversé sa moto. Depuis ce soir là à notre retour du Monster, cela s'est d'autant plus aggravé : j'en rêve même la nuit. Et, depuis ce soir là à Central Park, j'ai l'impression de devenir dingue. En réalité il me hante, et ça m'effraie. Même s'il ne répond plus à mes messages depuis près d'un mois et que j'ai cessé d'insister, j'ai compris quelque chose.

Je suis en train de devenir totalement accroc à lui.

X   X   X

Brûlant, je me réveille en sursaut. Il me faut un bon moment pour réaliser que je suis bien là, dans mon lit, et non nu dans un cinéma à califourchon sur ses cuisses. Le souffle court, je fixe mon plafond. Un rire nerveux m'échappe, et je pose mes mains sur mon visage afin de tapoter mes joues : en vain, j'essaie de me remettre les idées en place. Une douleur à l'entrejambe m'informe de mon érection. Je me sens ridicule.

Ce rêve était beaucoup trop agréable, tellement que j'aurais aimé ne jamais me réveiller. Nous étions au cinéma, tous les deux. La salle était vide et, trop tentés l'un par l'autre, nous cédions à nos pulsions. Là, c'est terrible cette impression que j'ai : c'est comme s'il avait été réellement là, contre moi, quelques minutes plus tôt. Dans ce rêve bien trop érotique, je me souviens que ses caresses sur mes fesses étaient douces et que ses baisers étaient enflammés.

Je glisse ma main droite dans mon boxer : je suis dur. Allongé sur le dos, légèrement en travers du lit, je bascule la tête en arrière et me cambre malgré moi : c'est encore plus agréable lorsque j'imagine qu'il s'agit de sa main. Je me touche. En des gestes frénétiques, j'amorce un mouvement de pompe avec mon poignet. Mais c'est sa main. C'est dément. Quand je ferme les yeux, je le revois ce soir là à Central Park alors que ses doigts s'attaquaient à mes tétons et sa bouche à mon cou.

- Diego...

Je me cambre à nouveau, tellement que mes reins ne touchent plus les draps. Je me tortille, me mords la lèvre, parce que je sens l'orgasme arriver au bout de quelques minutes seulement. Je tremble, j'ai chaud, mes muscles s'engourdissent. Dans un gémissement, son prénom à nouveau sur les lèvres, je me répands au creux de ma main.

La sonnerie brève de mon portable me pousse à sortir de cet état de transe. De ma main libre, je viens m'en saisir. Mon cœur s'emballe.

DE : DIEGO ✉
1:17 AM – Tout va bien.

Bon. Au moins il n'est pas en prison, s'il m'a répondu. Malgré tout, cela ne calme en rien mon inquiétude. Que s'est-il passé ? Il va bien, oui, mais est-il sincère ? Je le connais – un peu – et je sais que c'est un garçon qui garde ses émotions pour lui. J'ai compris que ce n'est pas le genre de gars à se plaindre, même s'il aurait parfois des raisons de le faire. Il me dit qu'il va bien, mais est-ce-que c'est vrai ? Ne dit-il pas simplement ça pour me rassurer ? J'ai besoin de plus.

À : DIEGO ✉
1:19 PM – Appelle-moi au plus vite, s'il te plaît.

J'ai besoin d'entendre sa voix. Depuis un mois c'est l'ignorance totale entre nous. On se bouffe des yeux de loin dans la cour du lycée, mais rien de plus. Même si nous ne nous sommes pas réellement vus beaucoup de fois, sa présence me manque. J'aurais aimé retourner au cinéma avec lui, par exemple, ou me poser dans Central Park à ses côtés pour discuter des étoiles jusqu'au bout de la nuit. En une soirée, j'ai complètement craqué pour son odeur et sa douceur. Cette ignorance constante depuis un mois me donne l'impression de devenir fou. Là aussi j'ai besoin de plus.

Lassé, ma main droite toujours dans mon sous-vêtement, je quitte finalement mes draps pour rejoindre la salle d'eau, bien décidé à chasser les traces de cette jouissance malsaine de mon corps.

X   X   X

28.10.17,
NewYork-Presbyterian Hospital | MANHATTAN – 1:45 PM.

Bien évidemment, Diego ne m'a pas rappelé. Il n'a pas non plus répondu aux quelques SMS envoyés ce matin, parce que je suis encore et toujours inquiet même s'il m'a dit qu'il allait bien. J'ai besoin de savoir ce qui s'est passé avec ces flics, ça me retourne le cerveau depuis qu'ils l'ont embarqué.

Mon téléphone dans ma main, je regarde ce foutu message que m'a envoyé Lily. Je suis à deux doigts de faire une connerie. J'ai l'adresse de Diego Flores entre mes mains. Pas l'adresse mail, non, mais l'adresse postale. Je suis en plein combat intérieur depuis une trentaine de minutes déjà, à me demander si je dois oser ou pas. Me pointer chez lui à Brooklyn ? Il me ferait certainement la peau. Je renonce, rangeant mon téléphone portable dans ma poche.

Hier, quand je l'ai vu se faire embarquer, j'ai fait en sorte de trouver son adresse. J'avoue avoir été plutôt réactif sur ce coup là, sans quoi je n'aurais eu aucune chance de l'obtenir aujourd'hui, samedi. Lily est membre du conseil d'administration. Après lui avoir déblatéré un énorme mensonge auquel elle ne semble malgré tout pas avoir cru, sa gentillesse a fait qu'elle a accepté de partir en « Mission Flores », comme elle m'a dit. Quelques heures plus tard, alors que j'étais tranquillement installé sur mon lit, j'ai reçu cette fichue photo du dossier scolaire de Diego.

- Evan ?

- Mhmh ?

Abby est allongée sur l'herbe, sa tête sur mes cuisses. Mon dos est appuyé contre un arbre et mes jambes allongées devant moi. Je caresse ses cheveux avec ma main gauche. Depuis près de dix minutes, elle s'occupe à trouver des formes réalistes aux nuages.

- Tu as une amoureuse ?

Je souris et, maladroitement, mon cœur loupe un battement. Elle est trop jeune. Je ne peux pas lui parler de mon homosexualité. Elle est intelligente et comprendrait, là n'est pas le problème. Je ne veux juste pas la contrarier avec ça : elle se poserait beaucoup trop de questions. Je me contente de répondre :

- Non. Pourquoi tu me demandes ça ?

- Comme ça, elle hausse les épaules. La stagiaire me l'a demandé.

Je lève un sourcil, perplexe. Je baisse la tête pour la regarder ensuite, mes yeux braqués sur les siens. Son petit sourire sournois me fait sourire.

- Comment ça ? , je demande.

- Il y a une infirmière qui fait un stage. Elle a ton age je crois. Elle m'a demandé si tu étais en couple.

- Oh.

- Tu lui plais bien, je suppose.

Je cherche dans ma mémoire de quelle jeune infirmière il pourrait s'agir : aucun souvenir. Il faut croire qu'aucune n'a suffisamment attiré mon attention pour que je me souvienne de son visage. Peut-être m'a-t-elle repéré de loin ? Peu m'importe.

- Oh et bien... tu veux me rendre un service ? , je demande.

- Mh. Quoi ?

- Si elle te pose la question... dis-lui que j'ai une copine, d'accord ?

Je me sens honteux de lui demander de mentir pour moi. Mais je dois bien avouer que cela m'éviterait bien des ennuis : je n'ai aucune envie de me faire accoster par une jolie infirmière et devoir la remballer en lui expliquant que je suis gay.

- Mais pourquoi ? , s'interroge Abby.

- Je n'ai pas envie d'avoir de copine. Si elle croit que j'en ai une, elle ne viendra pas me trouver.

- Ooooh, d'accord.

Elle me sourit, amusée, tandis que je me baisse pour embrasser son front. Elle est adorable. Je l'aime de tout mon cœur.

Quand je suis arrivé, elle ne se sentait pas bien. Je sais qu'elle aurait préféré rester au lit, dans sa chambre, mais j'ai insisté pour qu'elle prenne l'air. Sa peau pâle à rester trop enfermée a besoin de prendre des couleurs et ses poumons ont besoin de respirer l'air frais. Malgré tout, je remarque là qu'elle est fatiguée. Elle s'endort contre moi, peu à peu.

- Tu veux qu'on retourne dans ta chambre ? , je demande tout bas.

- Oui, je veux bien.

Nous nous relevons doucement. Abby est une battante : malgré son corps qui se fatigue vite, elle a insisté pour descendre en marchant. La plupart des enfants malades se déplacent en fauteuil roulant, mais elle refuse toujours.

- Je t'aime Evan.

Je suis surpris par un tel élan d'amour. Même s'il s'agit de ma sœur, cela n'empêche pas mes joues de s'empourprer et mon cœur de s'emballer. Je suis ému. Alors que nous marchons doucement vers l'entrée du bâtiment, je l'attire dans mes bras et l'embrasse sur le haut du crâne.

- Moi aussi je t'aime mon petit cœur.

Je la porte finalement dans mes bras jusqu'à sa chambre.

X   X   X

Quartier de Brownsville | BROOKLYN – 5:42 PM.

Je sais. C'est la décision la plus stupide que j'ai prise de toute ma vie. Je commence peu à peu à déchanter, en voyant l'état des immeubles et les poubelles renversées un peu partout sur les trottoirs. Je devrais être inquiet, flipper et faire demi-tour, mais j'en suis incapable. Je veux le voir. Je veux être sûr et certain que tout va bien, qu'il ne m'a pas menti simplement pour me rassurer. J'ai besoin de le voir.

« Vous êtes arrivé à destination ». Je freine doucement, planté au beau milieu de la route. Son adresse en tête, je regarde les bâtiments autour de moi tandis que je me trouve en fait au beau milieu d'une petite placette, au centre d'une cité HLM. Je déglutis. Au loin, sur un écriteau accroché contre un mur noirci par la crasse, j'aperçois la lettre E. Je redémarre, et avance de quelques mètres pour stationner ma voiture sur une place de parking. Je remarque une fontaine en béton défoncée. J'éteins le moteur.

Je reste un moment ainsi, dans mon véhicule, à regarder autour de moi. Le soleil a laissé place aux énormes nuages mais il ne pleut pas. Le quartier est sombre, en partie à cause de ces hauts immeubles de logements sociaux. Les murs des bâtiments sont noirs de poussière, presque vétustes, et c'est carrément le bordel dehors : quelques ordures par-ci par-là, des conteneurs renversés. C'est clairement sale. Je plains un moment les gens qui vivent ici.

Quand je sors finalement de la voiture, je sens immédiatement une odeur nauséabonde. Je ne saurais pas dire s'il s'agit d'une odeur de poubelle, d'urine ou d'excréments d'animaux. Certainement un mélange de tout. Je verrouille les portes de ma voiture et glisse ensuite mes mains dans les poches de ma veste en jean. Le quartier semble désert et, d'un côté, cela me rassure un peu. Je traverse la route, méfiant, pour rejoindre le trottoir qui mène à son immeuble.

Quand je tourne à droite pour trouver l'accès au bâtiment, je remarque en premier sa moto. Je la reconnaîtrais entre mille. Elle est garée sur un petit carré d'herbe, libre, sans anti-vol. Je suppose alors que tout le monde se connaît ici et que personne ne serait assez idiot pour voler son voisin.

- Woouw, eh matez la tapette là-bas.

Je me fige, stupide. Quand je tourne la tête vers le hall d'entrée, je remarque des gens. Des garçons. Je compte rapidement : ils sont six. Même si cela pourrait sembler cliché, tous ont le teint basané et portent des joggings usés de marque de sport à la mode. L'un d'eux semble tenir un joint entre ses doigts tandis qu'un autre, debout près de la sortie de l'immeuble, tient contre son torse une sacoche certainement remplie de drogues en tous genres. Je déglutis.

Un garçon comme moi normalement constitué devrait s'en aller illico-presto. En temps normal, j'aurais certainement fait demi-tour pour me tirer en quatrième vitesse. Sauf que je ne le fais pas. Sa moto est là, signe qu'il est là aussi. J'ai bien trop de fierté : je n'ai pas traversé la moitié de Manhattan et de Brooklyn pour me dégonfler. Hors de question que je fasse demi-tour. À la place, tête haute et dos droit, je demande :

- Vous savez où je peux trouver Diego Flores ?

Ils se lèvent et se dirigent vers moi. Je panique. Par réflexe, je fais quelques pas en arrière avant de m'arrêter, réalisant que cela ne sert à rien. En un claquement de doigts, je me retrouve encerclé. Je m'efforce de garder mon calme.

- Tu lui veux quoi à Flores ? , demande un ado aux yeux globuleux.

- Ouais, tu lui veux quoi, tapette ? , demande un autre qui porte un maillot de foot.

- Heu... on travaille ensemble au lycée. J'ai besoin de lui parler, heu... par rapport à un projet.

Ils se mettent à rire, fort. D'un côté, je comprends pourquoi ils réagissent ainsi. C'est leur quartier, certainement depuis qu'ils sont tout petits. Moi je débarque, super bien sapé avec ma voiture qui vaut des milliers de dollars. Ils se méfient de moi.

- Elle est à toi la caisse, là-bas ? , demande un mec à l'air mesquin.

- Peu importe , dis-je avec audace. Il est où votre pote ?

Je commence à perdre patience, d'autant plus lorsque j'essaie de me frayer un passage entre eux mais que l'un des gars, un grand beaucoup trop gras a l'air stupide, me repousse en arrière. Je manque de tomber, mais je me rattrape de peu.

- Flores c'est pas notre pote , crache un ado aux cheveux blonds.

- J'ai toujours su qu'il aimait les pédés , rit un autre un peu plus âgé. Si le boss savait ça...

Le boss ? De quoi parle-t-il ? Je pense immédiatement au gang. J'ai l'impression de me recevoir un coup dans le ventre.

- Laissez-moi passer, putain !

J'essaie de me débattre, de me frayer à nouveau un passage entre eux. En vain. Je me retrouve dans les bras d'un gars beaucoup plus grand que moi, qui me tient contre lui. Son bras autour de mon cou m'étrangle presque, si bien que j'en ai un instant le souffle coupé.

- Dégage d'ici. On veut pas de pédés chez nous.

Je devrais être choqué. En fait, je devrais avoir peur. Mais la seule chose qui me trotte dans la tête c'est « ça se voit à ce point que je suis gay ? » et ça m'inquiète. J'ai l'impression d'avoir une étiquette collée sur le front. Peut-être disent-ils ça à cause de mon style vestimentaire à la mode ? Je n'en sais rien. Je me débats.

- Putain mais c'est quoi ce bordel ?!

Mon cœur s'emballe. Je tourne la tête vers le parking. Mon sauveur. Diego arrive en courant depuis un immeuble d'en face. Les garçons tout autour de moi ne bougent pas pour autant. En revanche, celui qui me tenait finit par me lâcher. Diego se fraie un chemin jusqu'au milieu du cercle qu'ils formaient autour de moi. Il envoie une droite dans la mâchoire du gars qui m'étranglait, quelques secondes plus tôt.

Alors que je commence à respirer à nouveau de façon normale, je sens une poigne puissante autour de mon biceps. Aussitôt, je me sens secoué dans tous les sens et je réalise que Diego est en train de me traîner jusqu'à ma voiture. Surpris – mais à la fois soulagé de l'avoir trouvé – je me laisse faire. Je n'arrête pas de penser que, s'il n'avait pas été là, ils m'auraient certainement cassé la gueule.

- Monte dans la voiture , me dit-il sévèrement.

- Mais, je...

- Monte dans la voiture !

Il gronde, hyper en colère, tout en me laissant planté près de la portière passager de mon Audi. Je le regarde marcher jusqu'à la portière conducteur, mes clés dérobées dans ma poche entre ses mains. Les jambes tremblantes, terrorisé par sa colère, je me laisse tomber sur le siège passager. Il claque brusquement la portière conducteur derrière lui et, quelques secondes plus tard, il quitte les lieux en faisant crisser les pneus sur le bitume.

Tandis qu'il dévale les boulevards en direction de je-ne-sais-où, il ne dit pas un mot. Moi, je n'ose pas prendre la parole. Les yeux rivés sur la route, je me contente de l'observer discrètement du coin de l'oeil : son bras gauche est tendu, sa main posée sur le volant, tandis que l'autre est posée sur son genou. Il conduit nerveusement, changeant les vitesses de ma boite manuelle – oui, elle n'est pas automatique! - avec nervosité. Il fait rugir le moteur en montant à 100 km/h tandis que nous nous engageons sur l'autoroute. Je n'ose pas demander où on va.

Même si on ne se touche pas, je sens tout. Je sens son odeur. Je sens aussi la tension de son corps, presque palpable dans l'habitacle de la voiture. Je vois à ses gestes, sa façon de tourner le volant, de passer les vitesses et d'utiliser les pédales avec ses pieds, qu'il est fou de rage. Il ne dit rien, il se contient, parce qu'il s'agit de moi. Je sais qu'il ne veut pas que je sache à quel point il peut perdre le contrôle parfois.

Une vingtaine de minutes plus tard, il s'arrête dans un endroit totalement désert. Je remarque un instant la magnifique vue sur l'océan atlantique tandis que la plage semble ne pas avoir été entretenue depuis des années. Moteur éteint, je sursaute quand la portière conducteur claque brusquement : il a quitté le véhicule. Les mains tremblantes, angoissé à l'idée de la confrontation à venir, j'ouvre doucement ma portière et la referme délicatement derrière moi. Je le regarde un moment.

Dos à moi, il regarde l'horizon. Ses mains sont posées sur ses hanches, sérieux, et il se tient droit. Vêtu d'un t-shirt, je vois sa nuque crispée par la colère et toute en tensions diverses. Je déglutis. Mes chaussures crissent sur les petits graviers et le sable et, alors que j'ouvre la bouche sans vraiment savoir quoi dire, je l'entends gronder :

- Bordel mais qu'est-ce-qui t'a pris Evan ?! T'es complètement taré !

Il s'approche de moi et vient me prendre par le bras. Il me secoue un peu. Je n'ai pas peur. Je réalise alors qu'il n'est pas en colère parce que je suis venu chez lui. Il est en colère parce que je me suis mis en danger en venant chez lui. Il a eu peur pour moi. J'ai envie de sourire, mais sa colère me fige.

- Je heu...

- Qu'est-ce-que tu foutais à Brownsville ?!

Je n'aime pas la façon dont il me secoue. J'ai l'impression d'assister à l'une des réprimandes de mon père lorsque j'étais plus jeune. Je ne suis plus un enfant. J'ai passé l'age de me faire gronder de la sorte. Dans un geste brusque et nerveux, je me libère de son bras avant de répondre :

- À ton avis, pourquoi ? Je voulais te voir, abruti !

Il écarquille les yeux lorsque j'échappe l'insulte, mais il ne dit rien pour autant. Il se contente de me regarder, les bras le long du corps. Il est toujours aussi tendu mais, au moins, il ne semble plus avoir envie de me secouer comme un prunier.

- Pourquoi tu voulais me voir ? , s'étonne-t-il avec colère.

- J'étais inquiet pour toi.

Je me radoucis instantanément quand mes yeux trouvent les siens. Je craque. Il est tellement... lui. Il est tellement beau. Je suis totalement sous son charme, désormais, à cet instant précis. Je me souviens d'hier, quand je l'ai vu se faire embarquer par la police.

- Je te rappelle que les flics t'ont arrêté. J'ai vraiment flippé. J'ai cru qu'il s'était passé un truc de grave.

Il cligne des yeux, comme s'il était sous le choc. Il ouvre la bouche pour parler, mais rien ne sort. Ses épaules se détendent et, là, j'ai l'impression qu'il est triste. Je fais quelques pas pour me rapprocher de lui. Il baisse la tête comme s'il avait honte lorsque je pose ma main sur sa joue. Avec douceur, je demande :

- Hé... qu'est-ce-qu'il y a ?

- Tu... tu t'es inquiété pour moi ?

Cette fois, c'est moi qui ne trouve pas les mots. Je comprends sa question, qui va de paire avec son air ahuri : personne ne s'est jamais inquiété pour lui dans sa vie. Personne ne s'est jamais réellement intéressé à lui – sauf peut-être sa famille. Il n'arrive pas à concevoir que je puisse m'être inquiété pour lui au point de vouloir le voir. Mon cœur explose dans ma poitrine.

- Oui.

Il relève doucement la tête. Son regard trouve le mien et je souris un peu, en coin, soulagé de le voir se détendre. Ma main sur sa joue glisse sur sa nuque tandis qu'il garde ses mains le long de son corps. J'aimerais qu'il les pose sur sur moi, là. Je caresse ses cheveux courts sur sa nuque avec le bout de mes doigts.

- Je suis désolé, c'était stupide comme idée , je m'excuse.

- Oui mais... , j'aurais pas dû m'emporter comme ça. Je t'ai pas fait mal, ça va ?

Je retiens un sourire. Il a l'air inquiet, désormais. Je suis touché. Il est tellement... bordel, je ne peux même pas l'expliquer.

- Non, ça va t'inquiètes pas.

- T'es sûr ? , s'inquiète-t-il.

- Oui. Sûr.

Je lui souris, pour de vrai, et je vois ses lèvres s'étirer en une petite moue désolée. Je fixe sa bouche avec envie, et je vois qu'il fixe la mienne aussi. Je fais un pas vers lui pour me coller à son corps : nos bassins se rencontrent avec envie. Son odeur m'envoûte. Nos visages se rapprochent mais, alors que nos nez allaient se trouver, il se recule.

- J'peux pas.

Je soupire. Je ne supporte plus. Les quelques semaines qui ont suivi notre rendez-vous à Central Park, ces foutues semaines où l'on échangeait que par messages, j'ai cru péter les plombs : mis à par les futilités échangées lors de conversations normales, quelques messages beaucoup plus lourds de sens se perdaient aux heures tardives de la nuit. C'était du flirt, bien trop agréable, qui débouchait toujours sur ce putain de « je ne peux pas ». Là, à cet instant précis, c'est trop. Je craque.

- J'en ai marre, Diego.

Il me tourne le dos à nouveau, les yeux rivés sur l'horizon. Ses bras sont le long de son corps et j'ai l'impression d'observer un animal battu. Il n'a plus du tout l'air fort et agressif, à cet instant précis. Vu qu'il ne parle pas, je reprends :

- J'en peux plus. Je... arrête de dire que tu ne peux pas. Quand on veut quelque chose, on peut. Arrête de me repousser alors que je sais que t'en as envie autant que moi, putain, tu me fais péter les plombs ! C'est quoi le problème, Diego ? Tu peux me parler, tu le sais très bien.

Je me tais. Je pense à ce qu'a dit ce gars tout à l'heure, lorsqu'il parlait du « boss ». Cela a-t-il quelque chose à voir avec ce gang dont tout le monde parle au lycée et dont papa m'a confirmé l'existence ? Je meurs d'envie de poser la question, mais j'attends qu'il réponde. Sauf qu'aucune réponse ne vient et, perdant patience, je tente le bluff : je sais qu'il n'est pas aussi fort que ce qu'il essaie de me faire croire, là.

- Tu veux pas me parler ? Tant pis pour toi. Je me casse, Diego. Tu rentreras à pieds, j'en ai rien à foutre.

Je contourne la voiture. Même s'il me tourne le dos, je sais qu'il entend mes pas et qu'il comprend donc ce que je fais. Je reprends :

- Et tu sais quoi ? N'essaie pas de m'appeler, ou quoi que ce soit. J'arrête. J'en ai marre d'attendre après toi, d'attendre que tu te décides. J'ai pas que ça à faire, t'attendre. Passe à autre chose. Moi j'en ai marre. Je m'en vais. C'est même pas la peine d'espérer quelque chose.

J'ouvre la portière à la volée. Je remarque que les clés sont dans le contact, la voiture prête à démarrer. Je fais exprès de faire durer, parce que je n'ai aucune envie de partir et qu'il ne semble pas prêt à m'en empêcher. Je n'ai aucune envie de mettre mes menaces à exécution. Mais vu qu'il ne se décide pas, résigné, je viens m'asseoir sur le siège.

- Reste.

Je souris, comme un idiot. Il me tourne toujours le dos, les yeux rivés sur l'océan. J'inspire profondément pour me calmer, mais je fais mine de ne pas l'avoir entendu. Je referme la portière. Vitre ouverte, je l'entends à nouveau :

- S'il-te-plaît Evan, reste.

Je suis convaincu. Je ressors du véhicule et m'approche de lui. Il ne tourne pas la tête pour autant. Arrêté à quelques mètres de lui, dans son dos, j'ose enfin poser la question. Tout bas, comme si quelqu'un aurait pu nous entendre, je demande :

- Tu fais partie de ce gang, alors ?

Ceci expliquerait cela. S'il me confirme mes craintes, je comprendrai alors son comportement, ce désir de me repousser. Sous ses airs de brute épaisse, c'est un garçon très protecteur. Je l'ai vu casser la gueule à Whitaker le jour de la rentrée parce qu'il avait osé insulter sa sœur. S'il fait partie de ce fichu gang, je suppose qu'il ne veut pas de moi pour me protéger, pour ne pas me mêler à ça.

Surpris, je me recule d'un pas alors qu'il tire son t-shirt par le col pour l'enlever. Il le tient au creux de sa main droite, les bras le long du corps. Encore et toujours, il me tourne le dos. Sa tête auparavant droite, les yeux rivés sur l'horizon, est désormais baissée comme s'il avait honte. Je l'observe.

Honteusement, ce qui attire mon attention en premier c'est sa chute de reins carrément scandaleuse : il est magnifique. Puis, quand je fais remonter mes yeux un peu plus haut, je découvre un tatouage au creux de ses omoplates. Je m'en approche pour mieux voir : mon bassin trouve ses fesses et mon ventre son dos. Il se crispe, mais ne se libère pas pour autant. J'observe.

Cela représente deux ailes déployées, légèrement mal tatouées. Du moins, c'est ce que je pensais quelques secondes plus tôt : en y regardant de plus près, je réalise qu'il ne s'agit pas d'un tatouage. C'est une brûlure. Je déglutis et mon ventre se tord. Le souvenir d'une conversation avec papa me repasse en mémoire : AlasNegras. Ailes Noires. Même s'il n'a pas parlé, il m'a donné là une réponse silencieuse en me dévoilant son dos. Je ne sais pas quoi faire, ni quoi dire.

Je pense à tout un tas de choses, à cet instant précis : à papa, à maman, à Abby. Je pense au gang, à toutes ces histoires de trafics de drogues, d'armes et de meurtres. Je pense à Lily, qui péterait les plombs si elle apprenait que je suis là, avec lui, seul. Je pense au frère et au père de Diego, en taule à cause des crimes qu'ils ont commis. Mais la seule chose qui me fait flipper c'est celle-là : j'ai envie d'être avec lui, à tout prix, peu importe ce qu'il fait de sa vie.

- Dis-le... , dit-il tout bas. Dis-le que j'suis un monstre...

Je pose ma bouche sur la marque. Je ferme les yeux, aussi, et je respire son odeur. Je viens poser mes mains sur sa taille et je le tiens fermement mais tendrement contre moi alors que je dépose une pluie de baisers sur ces ailes noires brûlées sur sa peau. Je plonge mon nez au creux de ses omoplates, j'embrasse et je lèche du bout de la langue les quelques croûtes sèches de la brûlure. Je me fiche que cela puisse lui sembler dégoûtant. Bon sang, il n'est pas un monstre.

Mes mains sur sa taille glissent sur son ventre, ses abdominaux, et je remarque à peine que sa peau est brûlante. Yeux fermés, je continue mes baisers sur son dos. Mes mains s'aventurent sur son torse, que je caresse avec légèreté. Puis, au creux de son oreille, je viens avouer :

- Je n'ai pas besoin que tu me protèges.

Je noue mes mains contre ses abdominaux, comme lorsque je monte sur sa moto. Je dépose un dernier baiser sur sa marque de gang et j'y laisse reposer mon front ensuite. Je hume son odeur avec avidité, transcendé par la chaleur et la couleur café-au-lait de sa peau. Au bout de quelques secondes de calme, il se retourne dans mes bras pour me faire face. Sa main droite, calleuse et rugueuse, se pose sur ma joue avec tendresse. J'ai le cœur qui explose quand je vois les larmes dans ses yeux qu'il essaie de retenir par fierté.

- Je ne veux pas te mettre en danger, Evan. J'supporterais pas qu'il t'arrive quelque chose à cause de moi.

Il a l'air anéanti, et ça contraste terriblement avec sa colère et sa confiance d'il y a quelques minutes plus tôt. Il est passé d'homme dangereux à adolescent fragile en un claquement de doigts. Je réalise à nouveau à quel point j'ai raison et à quel point c'est un garçon génial.

- Il ne m'arrivera rien, Diego, je caresse son dos. Je... on n'est pas obligés de se montrer. On peut se cacher. Ça me va, moi. Tant que j'suis avec toi...

Il me fait taire par un baiser. Je brûle. Je viens m'agripper à sa nuque tandis que ses mains se baladent sur mon corps. Je tremble. Ses lèvres sont chaudes, tendres et délicieuses. Je les sens expérimentées sur les miennes, mais respectueuses aussi. Je sais parfaitement qu'il a envie de plus – de beaucoup plus – mais il s'efforce de m'embrasser avec tendresse et lenteur. J'apprécie chaque instant du baiser, ses mains posées sur ma taille alors qu'il me tient délicatement contre lui.

- Evan...

Son soupire d'aise se meurt sur mes lèvres. J'ai à peine le temps de reprendre mon souffle avant qu'il ne vienne reprendre ma bouche pour un baiser cette fois-ci plus dur et plus sensuel. Ses mains sur ma taille glissent sur mes reins, passent sur mes fesses, et se posent à l'arrière de mes cuisses. Comprenant sa demande silencieuse, je me laisse hisser vers le haut et j'enroule mes jambes autour de sa taille. Après quelque pas, il me dépose sur le capot de la voiture. Je brûle.

- Touche-moi...

Je ne peux plus attendre. Je n'ai jamais ressenti un tel désir pour quelqu'un auparavant. Il me rend audacieux et me fait perdre tout contrôle. Je n'ai jamais rien vécu d'aussi bon dans ma vie.

Sa bouche dévore mon cou et j'écarquille les yeux quand j'entends le bruit d'un tissus qu'on déchire. Mon t-shirt sous ma veste en jean ne me sert plus à rien et je me cambre quand il vient déposer un baiser sur mon téton droit. Mes mains dans ses cheveux, je m'y agrippe délicatement. Mes jambes autour de sa taille le serrent un peu plus. Un soupir m'échappe, tandis qu'il fait descendre sa bouche jusqu'à mon nombril. Il y met la langue.

- Diego... s'il-te-plaît...

Ses baisers sont lourds et brûlants sur ma peau. Il me désire lui aussi, et j'adore ça. Je serais prêt à tout, là. Il pourrait me prendre ici et maintenant, je le laisserais faire les yeux fermés. Je le veux, tout entier, tellement que j'ai mal au ventre. Il s'attaque désormais à mon téton gauche. Je soupire.

- Dis-mon nom.

- Diego...

- Encore.

- Diego... por favor...

Ses dents mordent mon téton, et je me cambre en criant. Un sourire étire mes lèvres lorsque je comprends pourquoi il m'a mordu : j'ai parlé espagnol. Il adore ça.

- Tòcame...

Il le fait. Il me touche. Ses mains sont partout sur mon torse et j'apprécie sa bouche qui laisse une traînée de baisers sur mon ventre. Ses mains s'agrippent à mes hanches ensuite, qu'il maintient fermement contre le capot de la voiture, alors qu'il s'allonge de tout son poids sur moi. Sa peau est brûlante contre la mienne. Je sens son érection contre ma cuisses et, bon sang, je la veux en moi. Je gémis, et donne un coup de rein vers lui.

- Je ne te baiserai pas là, Evan.

- Por favor... , je couine.

Il donne un coup de rein nerveux contre moi et je souris à nouveau, satisfait. De toute évidence, j'ai trouvé ce qui peut le faire craquer.

- Non. Pas comme ça, pas ici.

- Pourquoi pas ?

Il dépose un baiser sur mon front et, instantanément, la tension redescend peu à peu. Il me regarde dans les yeux quelques secondes avant que sa main droite ne vienne caresser mes cheveux. Je donne un petit coup de rein vers lui, parce que mon érection est douloureuse et que j'ai besoin de ce contact.

- Parce que... , il murmure. Tu es différent... je ne veux pas qu'on aille trop vite.

Je hoche la tête. Je comprends. Encore une fois, sa douceur et sa façon de prendre soin de moi me retourne l'estomac. Il ne veut pas aller trop vite, il ne veut pas qu'on précipite les choses. Parce qu'il tient à moi. Je souris et mon cœur loupe un battement lorsqu'il vient poser sa tête sur mon épaule. On reste enlacés ainsi un moment, et je caresse son dos.

Finalement, quelques minutes plus tard, il reprend la parole :

- Tu serais vraiment parti ? , demande-t-il inquiet.

Je réfléchis un instant avant de comprendre : non, je ne serais jamais parti même si je lui ai laissé entendre le contraire.

- Non... , je ricane. J'ai bluffé.

Je l'entends rire, et je ris aussi parce que c'est un instant merveilleux. Les larmes dans ses yeux ont laissé place aux petites étoiles de bonheur et il me regarde, l'air perdu mais heureux. Sa main caresse toujours mes cheveux et, avant qu'il ne vienne m'embrasser et qu'on ne quitte les lieux, il murmure :

- Evan Wright... qu'est-ce-que tu fais de moi... ?

. . . #eastriverFIC

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