XXXVIII ~ Crainte ~

   Nous finîmes par lentement nous relever ; Jellal se précipita pour me rendre mes vêtements afin que je ne bouge pas – m'aidant au passage – et une fois habillés, je me levai et marchai jusqu'à la fenêtre sans difficultés. Le soleil commençait à s'en aller, laissant quelques traces de son passage à l'aide de ses derniers rayons. Mon valet se plaça derrière moi, contre mon dos : sa présence chaude me confortait. Ses mains dessinèrent le contour de mes bras jusqu'à s'entrelacer à ses jumelles. J'inspirai un long moment, profitant de cet instant si particulier avec Jellal, puis dressai la tête pour le regarder ; il n'hésita pas et se pencha jusqu'à mes lèvres, les bécotant avec douceur.

— Erza, finit-il par murmurer, je m'excuse si vous penserez cela déplacé, mais... il me semble que votre voix a porté haut, je crains des oreilles indiscrètes...

   Jellal avait raison : je ne m'étais jamais pensée si sonore. Joues légèrement rosies, j'acquiesçai en baissant les yeux :

— Espérons que personne ne soit passé à cet instant...

   Il se contenta de hocher la tête avant de poser un baiser au sommet de mon crâne, puis d'enfouir son nez dans mes cheveux. Plus tard, Jellal m'apporta mon repas. Une fois encore, je laissais le pain et la pomme de côté ; cela me permettait non seulement de réserver pour plus tard, mais également de commencer à m'habituer à un rythme de vie bien moins luxueux.

   Le lendemain, après le dîner copieux amené par mon valet, je cachai une fois de plus le sac de toile qui se remplissait peu à peu dans la penderie, me permettant de le dissimuler parmi les nombreux drapés existant. Puis, j'effectuai un énième tour de la pièce sous l'attentif regard émeraude de Jellal, recherchant ce que je pourrais vendre à bon prix, mais c'était rarement quelque chose de facilement transportable : j'abandonnais en majeure partie.

— Erza, nous aurons assez pour tenir un long moment, me rassura-t-il en m'attrapant par les épaules.

— Mais après ? soupirai-je en me retournant vers lui.

— D'ici là, nous aurons trouvé une solution, m'affirma Jellal en passant ses doigts entre mes longues mèches écarlates.

— J'espère que tu as raison.

   En me voyant aussi inquiète, il releva mon menton du bout de l'index et me sourit tendrement :

— N'aviez-vous pas dit que tant que nous resterions ensemble, rien ne nous arriverait ?

— Certes, murmurai-je en glissant mon front contre son thorax chaud, joues brûlantes.

— Allons, apaisez-vous, ma princesse...

   Je finis par hocher la tête en souriant : je devais faire confiance à Jellal.

— Par ailleurs, je suis allé aux écuries et ai repéré deux bons chevaux pour notre fuite, expliqua-t-il doucement, je me chargerai de les atteler le soir de notre fugue.

— Très bien, acquiesçai-je.

  Je m'assis délicatement sur le lit, prenant mes mains pour me les caresser : ce geste lent et chaud sur ma peau m'avait toujours apaisée.

   Le jour d'après, j'étais totalement crispée. L'angoisse me venait avec violence, troublant chaque partie de mon corps. Si j'étais si mal à seulement trois jours de la fugue, dans quel état me trouverais-je ce dix avril, au moment venu ?

   Dents serrées, je restais immobile sur le lit après le passage quotidien des couturières ; l'une d'elles avait d'ailleurs oublié un bout de tissu, celui-là pendant négligemment sur le dossier du siège. Roide, je fis un tour de la pièce, ventre noué, sous le regard peiné de l'homme que j'aimais. Ses mains gantées finirent par doucement enlacer ma taille :

— Je hais vous voir dans un tel état, ma princesse...

— Pardonne-moi, je crains tellement qu'un incident survienne dans notre stratégie, soupirai-je en baissant la tête.

   Ainsi, je me retrouverais enchaînée à la Mort elle-même : je savais qu'Auguste me maltraiterait, voire me tuerait.

— Je l'entends bien, mais il vous faut rester forte. Pensez à notre future joie...

   Je hochai à peine la tête, puis enfouis mon visage contre son épaule : dans ses bras, je m'étais toujours sentie rassurée, mais aujourd'hui la pression de ses paumes semblait calmer chacun de mes maux. Peu de temps après, je voyageais dans la chambre, à la recherche d'une activité pour me concentrer sur d'autres affaires, en vain.

   Une énième fois, je me penchai à la fenêtre pour observer qui se promenait parmi nos jardins, et vis par ailleurs une adultère commise par deux nobles, dissimulés dans le labyrinthe. J'aimerais dire qu'ils me répugnaient, mais moi-même je ne me trouvais pas dans le droit chemin : Jellal était mon amant, alors qu'il était valet et que le mariage approchait. Mais pouvais-je vraiment être blâmée avec le charme de l'homme que j'aimais, et plus important, la cruauté d'Auguste ?

   Jellal glissa soudainement ses mains contre mon ventre, et laissa de longs baisers brûlants dans mon cou après m'avoir écartée de la fenêtre.

— Comme je vous aime...

   Un petit sourire étirait mes lèvres tandis que je glissais mes doigts sur ses joues chaudes, cherchant à tourner son doux visage vers le mien pour attraper ses lèvres. Lorsque je les eus enfin contre les miennes, ses mains contournant mes hanches délicatement, respirant fort contre sa peau, la porte claqua. Je n'eus que le temps de m'écarter avec précipitation, le front brûlant, la tête me tournant en entendant ces paroles qui me condamnaient :

— Ah ! Je t'ai eue, ignoble et détestable fille !

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#LaPublicationA2HDuMatinBravoJoh
Désolée pour l'absence, et ça ne risque pas de s'arranger :/ (vive le bac !)
Déjà, merci beaucoup pour les 10k de vue ! C'est énorme, alors merci beaucoup !❤
Ensuite, j'ai inscrit cette histoire au Concours Couronne de Fleurs !
Enfin, si vous voulez discuter ou autre, je me suis remise sur Instagram (johannemiaou) ➡ vive l'originalité du pseudo !

Sinon, concernant le chapitre la mise en page est mieux ? J'ai tout espacé, je sais pas si c'est plus ou moins lisible

Que pensez-vous de chapitre ?
On approche de la fin, nyuhu,
Sur ce, à bientôt j'espère ! ❤

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