XXIX ~ Avenir ~
Assise derrière Jellal, je sautillais au rythme du trot du cheval, la tête sur son épaule, mains sur son thorax auquel je me cramponnais.
— Où m'emmènes-tu, mon Jellal ? lui murmurai-je à l'oreille.
— C'est une surprise, princesse.
Mon sourire s'agrandit, et une brise fraîche nous caressa le visage : un sentiment de liberté m'emplit le cœur. Heureuse, je ris :
— Comme je me sens bien !
— Également !
Il posa sa main gantée sur la mienne avec tendresse. Peu après, il arrêta sa monture délicatement, descendit le premier, m'aida à en faire de même, puis attacha la bride à un arbre. Il glissa ensuite ses mains dénudées de gants sur mes yeux et me fit avancer dans le noir. Encore plus maladroite sans la vue, je me retenais à ses bras en m'y accrochant, trébuchant à chaque pierre et bout de bois. Il m'arrêta finalement avec douceur, puis souleva ses doigts de mes yeux.
Je les ouvris, et ils semblèrent s'illuminer : c'était magnifique. Le ciel étoilé se reflétait dans un petit étang clair, nourri par une cascade brillante. Autour, l'herbe était verdoyante, tachetée de fleurs colorées, reine de ce lieu paradisiaque. Un tronc d'arbre mousseux semblait nous attendre ; main dans la main, nous le rejoignîmes. Je m'assis contre lui, tête au niveau de son thorax, et je fermai les yeux, me sentant bien.
— Erza, vous portez bien les habits d'homme.
J'observai le pantalon, la chemise et le chapeau que m'avait prêté Jellal : n'ayant aucune forme, je ressemblais à un homme. Il m'avait dit entendre des nobles discuter de le surveiller, c'est pourquoi il avait préféré me déguiser.
Je libérai mes cheveux de la chemise et posai le chapeau de travers sur sa tête. Il éclata de rire, me souleva puis me posa sur ses cuisses, à califourchon. Nous nous regardâmes alors tendrement dans les yeux, aucun de nous ne souhaitant briser ce contact visuel enivrant. Un sourire se dessina sur mes lèvres, le bonheur tellement puissant qu'il débordait. Nous finîmes par nous rapprocher en fermant les yeux afin de nous embrasser. Ses mains se nouèrent autour de mon dos pour me retenir, les miennes dans sa nuque, et nos langues finirent par jouer.
Lèvres brillantes et entrouvertes, nous nous chuchotâmes l'Amour. Nous enlevâmes ensuite nos chaussures pour tremper nos pieds dans l'eau fraîche et limpide, caressant et glissant sur notre peau.
— Ma princesse, je vous aime...
— Moi aussi... Comme je maudis ce mariage, mon amour... soupirai-je en retenant ses doigts dans ma main.
Je baissai les yeux, mes lèvres se trouvant renversées et closes. Comme j'aimais cet homme ! Il était la perfection incarnée ! Pourtant, nos cœurs ne devaient pas s'unir, le destin l'ayant décidé. C'était si injuste... Des picotements désagréables titillèrent mes yeux jusqu'à ce qu'en coulent des larmes.
— Ne pleurez pas, je suis là, me rassura-t-il en m'enlaçant, pour toujours...
J'eus une grimace douloureuse en l'observant, secouant la tête. Je la posai brusquement sur son thorax, demandant à être aimée et bercée, ce qu'il fit.
— Je suis là, répétait-il, chut, je suis là...
Je jetai un regard brouillé à la belle lune ronde et resplendissante, et je finis par chuchoter :
— Rentrons, je me sens fatiguée.
Il acquiesça en me regardant tendrement dans les yeux, cacha ma longue chevelure dans la chemise et reposa le chapeau sur ma tête.
— Allons-y, très cher.
Amusée, j'esquissai un léger sourire en remontant sur l'étalon, et nous partîmes au galop vers le château. Nous rentrâmes par le mur ; je me demandais pourquoi elle était si basse au saut : beaucoup pourraient passer comme nous le faisions si souvent.
Dans la chambre, je déboutonnai la chemise sous ses yeux curieux, le chapeau toujours sur la tête, avec un sourire malicieux.
— Vous êtes séduisante, m'avoua-t-il avec de légers rougissements.
— Vraiment ? Je suis si maladroite, pourtant.
— Non, vous êtes parfaite à votre manière.
En bougeant la tête, quelques mèches écarlates glissèrent sur ma poitrine tandis que je me dénudais. Je gardais seulement un bas et je l'attirai dans mon lit, l'observant amoureusement. Il me monta dessus, et je déposai mes mains sur son cou chaud, reflété par une partie de la lune, puis je déboutonnai lentement sa chemise avant de la lui retirer pour la lancer sur le sol. Je glissai mes doigts le long de son torse plutôt musclé, suivis les lignes de ses bras, et finis par prendre son visage entre les mains.
— Comme je vous désire...
Nos lèvres se retrouvèrent avec passion, langues tournant, mains caressant, corps se demandant...
— Patientons, mon amour... chuchotai-je à son oreille, bien que je te veuille tout autant...
En effet, le désir était encore plus violent que les fois précédentes. Il baisa mon cou délicatement, puis se décala pour se coucher à mes côtés. Je me nichais dans ses bras tandis qu'il m'interrogeait :
— Avez-vous déjà pensé à avoir des enfants ?
— Pas avec Auguste, grommelai-je.
— Mais avec quelqu'un que vous aimeriez ?
— Toi ? compris-je.
J'aperçus un sourire dans la pénombre :
— Oui.
— Plus d'une fois, lui avouai-je en le regardant dans les yeux, et toi ?
— Également, ma princesse. J'ai, une fois, imaginé une petite fille étant votre portrait craché, mais avec mes cheveux...
En l'imaginant, je souris de tendresse ; amoureuse, je pris sa main, tête contre son cou.
— Comme j'aimerais porter tes enfants...
Il déposa un baiser sur mon front :
— J'aimerais tant que vous soyez la mère de mes enfants, ma princesse...
Nous nous regardâmes avec un sourire triste, connaissant notre avenir impossible.
— Y-a-t-il une solution ? demandai-je avec espoir.
— Aucune qui vous serait vraiment profitable...
— Cette situation m'est déjà terrible, mon amour...
— Pour moi également, mais je vous veux le meilleur, répondit-il, ferme.
— Ne pouvons-nous pas fuir ? le questionnai-je une fois de plus.
— La campagne ne serait pas une vie pour vous, souffla-t-il, de plus, j'ai peur des maladies qui fourmillent chez ces pauvres paysans...
Je serrai les dents, puis rétorquai :
— Mais nous serions heureux, ensemble... Nous pourrions enfin vivre comme nous le souhaitons...
— Je vous préfère en bonne santé avec ce cupide roi que souffrante à mes côtés...
— Dans le sermon du prêtre, au mariage, ne dit-on pas « pour le meilleur et pour le pire » ?
Jellal resta muet un instant, mais finit par répondre :
— Ma princesse, par amour pour vous, je ne veux en aucun cas que vous viviez mal... Je souhaite vous offrir le meilleur...
— Quand céderas-tu ? chuchotai-je en me couchant dans ses bras.
— Jamais.
Je pinçai sa joue doucement, et après m'avoir embrassée, je rêvais de choses plus ou moins belles : pouvions-nous nous en sortir ? Ou bien, fallait-il laisser la destinée nous faucher cette si belle romance ?
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