XLIII ~ Combat ~
Dissimulés parmi la foule, large capuche sur la tête, nous marchions en nous tenant la main, nous dirigeant vers le palais. Les villageois nous avaient pour la plupart accompagnés afin de nous soutenir, voire de nous aider si jamais le combat tournait mal. Une calèche, celle de mon Royaume, venait d'arriver devant l'entrée où se tenait Auguste. Je vis d'abord le Roi descendre ; j'aurais presque aimé le rejoindre et me jeter dans ses bras, mais pour le moment c'était impossible. La Reine suivit, et je ne pus retenir une grimace : je n'oubliais pas ses mots et actes.
Pendant quelques formalités, Jellal attrapa mon menton du bout des doigts pour me regarder dans les yeux, et glissa son autre main sur ma taille pour me serrer contre lui. Paume sur sa joue chaude, je murmurai en regardant ses yeux pailletés de doré, petites galaxies d'émeraude :
— Fais attention, je te veux en vie.
— Promis.
Il posa tendrement ses lèvres sur les miennes, et j'y répondis plus fougueusement, glissant ma langue contre la sienne, c'était un baiser au goût d'espoir.
Peu après, il jouait des coudes pour se faufiler parmi les autres, fourreau accroché à la ceinture, la hanche gauche. De la main gauche, il tenait un bouclier, s'étant entraîné auprès de Gustave : il avait fière allure, et semblait déjà victorieux à marcher ainsi vers Auguste, déterminé, dans un silence ahuri. Évidemment, quelques gardes commencèrent à s'approcher, mais il s'arrêta au milieu de la place pour retirer sa capuche, dévoilant sa chevelure bleue au reste du monde. Auguste ordonna dans un cri de le tuer sur le champ, mais Jellal prit la parole, hurlant pour être entendu par tous :
— Écoutez-vous vraiment cet imposteur, indigne du sang royal ? Voyez la chaîne qui orne mon cou !
Il tira délicatement le pendentif à la vue de tous, et aussitôt des murmures de stupeur montaient parmi la population ; les gardes s'arrêtèrent, tout aussi étonnés.
— Je suis le véritable héritier du Royaume de Dauphiné, et j'exige reprendre ma place !
Tous les regards se tournèrent vers Auguste qui resta muet, à la recherche d'une solution.
— Sinon, je propose un combat à l'épée avec cette vermine !
Ce "Roi" commença à s'écarter, mais la population – dont nos amis paysans – le poussa vers le centre de la place dallée, et on jeta à ses pieds une épée et un bouclier. Le message était clair : il devait se battre seul, même ses gardes ne le protégeaient plus.
Jellal se mit en garde, Auguste également, tirant leur épée, et on hurla que le combat débutait. Les lames s'entrechoquaient avec violence, résonnant de parts et d'autres dans le silence incroyable parmi la foule, obnubilée par les mouvements des deux épéistes. Jellal était concentré, les yeux fixés sur l'acier de l'imposteur, parant avec agilité chacun des coups d'Auguste qui s'essoufflait.
Plus violemment, le "Roi" donna un coup de bouclier à Jellal qui trébucha avant d'immédiatement se relever : mon cœur avait raté un battement. Auguste se mit à miser sur la force brute qu'il détenait, cherchant à le faire tomber pour ensuite l'achever. Jellal se contentait désormais de s'écarter ou bondir en arrière pour éviter, n'arrivant plus à donner des coups d'épée. Craintive, j'espérais qu'il reprendrait le dessus, en vain. Auguste se permit même de se moquer :
— Eh bien ? Trop faible pour attaquer ?
Jellal serra les dents, fronçant les sourcils ; j'espérais qu'il ne prendrait pas part à cette provocation à l'allure d'un piège. Malheureusement, on réfléchit mal dans une telle tension, et il donna un violent coup d'épée en avant, mais retomba sur le sol. Auguste saisit l'occasion pour courir jusqu'à lui, sabre levé, prêt à l'empaler.
Lèvres entrouvertes, j'espérais qu'il se relèverait, mais il ne bougeait plus, comme assommé par le poids de son bouclier qui lui était tombé sur le crâne. Auguste leva l'épée pour la planter, mais Jellal bougea au dernier instant pour rouler sur le côté, évitant une mort certaine. Plus lent, il se releva, cachant ses points vitaux avec son bouclier le temps de reprendre un esprit clair.
Il évita un coup de justesse, mais un mince filet de sang glissait désormais de sa joue. Je voyais Jellal anxieux, comme se rendant compte que la victoire ne serait pas si aisée.
Encore, Jellal tomba sur le sol, mais cette fois, il avait l'air bien plus assommé ; je vis Auguste sourire, sachant sa victoire proche. Cette fois, je ne restais pas immobile et poussai les gens pour arriver sur la place. En courant, la capuche glissa, dévoilant ma longue chevelure rouge qui s'agita au rythme de mes pas, ondulant dans le vent. Je croisai le regard de Père, ému et ébahi : ma poitrine se fit moins douloureuse. Je saisis l'épée que tenait faiblement Jellal, encore étourdi, et la soulevai avec difficulté : j'étais encore trop faible ! Rage au ventre, tenant l'arme à deux mains, je la soulevai pour donner un coup lourd et maladroit, mais il évita sans difficultés.
— Bien, je te tuerai aussi ! rit Auguste en enchaînant les coups.
Je finis par tomber sur le sol aux côtés de Jellal qui reprenait ses esprits avec peine. Il fut saisi d'un éclair de vivacité en prenant le bouclier pour l'entrechoquer avec l'épée, nous protégeant.
— Ne la touche pas !
Une voix faible, et un peu ailleurs, fatiguée. Il n'était pas en état de combattre, c'était certain. Je tentais alors de nous protéger avec toute la peine du monde en bougeant le bouclier, sous les yeux pétrifiés de chacun, dont Jellal qui n'arrivait pas à se relever.
Soudain, le coup fut imparable, et ma seule protection vola cinq mètres plus loin. Ne pouvant laisser Jellal seul, je me contentais de le serrer fort dans mes bras, cachant sa nuque et tête de l'épée. Pensant ma fin certaine, je n'entendis qu'un gémissement. Je me retournai précipitamment pour voir Père, épée tachetée à la main, ressortir l'acier du corps mort d'Auguste, sous les cris euphoriques.
— Père...
Il se précipita vers moi, et je sentis ses grands bras forts entourer la chose fragile que j'étais. Je glissai mes doigts sur sa peau chaude, larmes aux yeux, et l'enlaçai plus fort.
— Pardonne-moi, ma précieuse enfant... Jamais je n'aurais dû...
Je me contentai de lui sourire, et je sentis soudainement une pression sur mon bras : Jellal venait de se relever. Il attrapa mes mains avec douceur, m'offrant un regard empli d'amour :
— Maintenant que je peux reprendre le trône, et bien que le moment ne soit pas le plus propice... Erza, ma douce Erza, voulez-vous me faire l'honneur de devenir ma femme ?
Je ne pus que lui sauter dans les bras, larmes aux yeux, en lui criant et chuchotant des "oui" ! Je saisis brusquement ses joues pour poser mes lèvres sur les siennes, ses lèvres fermes, chaudes, douces, dont je ne me lasserais plus jamais.
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Tadameuh
Je vais écrire l'épilogue !
J'espère que la fin vous plaît ^--^
À très bientôt ! ❤❤❤
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