XIX ~ Écoute ~

   Arrivée dans la salle pour déjeuner, Jellal sortit, prenant congé en m'encourageant par un sourire doucereux. Mère attendit que je m'asseye afin de débuter :

— Erza, ton fiancé et nous avons réglé les principaux sujets de votre mariage. Auguste t'en fera part lors de votre promenade, n'est-il pas ? murmura-t-elle en direction de l'homme, souriant radieusement.

— En effet, répondit-il calmement, je vous dirai tout ce qui a été décidé en votre absence. Par ailleurs, qu'avez-vous fait durant ce temps-là ?

   Mes paternels m'observèrent, curieux aussi.

— Je me suis baignée.

— Et ton valet ? Que faisait-il ? m'interrogea mère.

— Il patientait dans la pièce d'à côté, bien entendu, rétorquai-je.

   Je les observais à tour de rôle, sourcils plissés : pourquoi de telles questions ? Avions-nous été entendus ou vus durant ces promesses sucrées ? Mère me jugea à son tour, ses yeux me scrutant de bas en haut... elle finit par m'avouer :

— Nous vous trouvons proches, et tu le sais.

   Je restais silencieuse, incapable de rétorquer comme mon cœur me le sommait : une réaction trop violente serait d'ailleurs suspecte.

— Nous sommes amis, et vous le savez, finis-je par répondre d'une calme voix, contrastant avec la panique qui commençait à m'envahir.

   Mère eut un profond soupir :

— Combien de fois te l'ai-je répété ? Les valets ne sont pas de notre rang, nous ne pouvons socialiser avec eux...

— Pourquoi ? la coupai-je. Pourquoi devrions-nous nous diviser sur des critères aussi insensés ? Je connais tant de paysans qui ont un cœur bien plus pur que la plupart des nobles que nous côtoyons ! finis-je par m'exclamer dans le silence éprouvant, mon cœur ne se contenant plus que l'on traite Jellal ainsi.

— Erza ! Je t'interdis de monter le ton ! Je t'interdis également d'abaisser nos compagnons au niveau de ces animaux !

   Mes yeux s'écarquillèrent de colère ; poings fermés, je me levai brusquement et murmurai d'une manière presque inaudible :

— Les véritables animaux, ce sont vous qui ne savez voir la véritable beauté du monde, étant le partage...

— Sors de cette pièce ! hurla mère en se levant violemment. Je ne veux te voir !

   Silencieuse, j'acceptai cette requête sans sourcilier et repartis rapidement vers les portes, prenant soin de ne pas glisser afin de ne pas tomber dans le ridicule. Lorsqu'elles se refermèrent derrière moi, mon cœur sembla s'envoler aux premiers instants, comme si un poids venait de me quitter, m'apaisant. Que faire, désormais ?

   Regardant autour de moi, croisant les regards vides des deux gardes qui semblaient plus être statues qu'êtres humains, je finis par me diriger vers la droite de ce long couloir. Arrivée au bout de celui-ci, je descendis l'escalier en colimaçon pour croiser plusieurs nobles me juger un peu plus, sans doute sur mon physique ou bien sur le fait que je ne déjeunais pas. Arrivée dans la salle principale, je ne pus m'empêcher d'observer la richesse dont la pièce faisait preuve : éblouissante. Un lustre aux pierres translucides illuminait la pièce de bougies pour le moment éteintes, sur les murs blancs étaient accrochés divers tableaux, généralement religieux, mais chaque cadre se trouvait bordé d'or. Devant ces murs étaient rangés des soldats, prêts à en découdre en cas d'intrusion, tous aussi mornes que ceux qui gardaient la salle de trône. Enfin, les sols étaient un carrelage ivoire, contrastant avec les quelques tapis aussi vifs que ma chevelure, l'un emmenant vers les jardins que je décidai d'emprunter.

   Je poussai la porte blanche vitrée avec quelques difficultés en vue de sa lourdeur, puis je fus confrontée à un nouveau dilemme : aller à gauche pour observer les roses, fleur pour laquelle une roseraie avait été construite tant elle semblait symbolique pour mère, ou bien à droite vers des jardins plus colorés ?

   Un souvenir me revint : j'avais, une fois, trouvé Jellal admirant les roses à l'intérieur de la serre. Il m'avait avoué ce jour-là que c'était l'endroit qu'il préférait lorsqu'il avait besoin d'être seul : il aimait la beauté de ces fleurs, effleurer la douceur de leurs pétales, et admirer leur couleur éclatante... peut-être y serait-il ?

   Avec cet espoir faisant vibrer mon cœur, je me dirigeai vers la roseraie vivement et j'entrai dans la serre de cette même manière. Tendant l'oreille, j'entendais des personnes marcher... qui étaient-ce ? Je décidai de me promener entre les différents plants de roses, l'air de rien, et je finis par savoir à qui appartenaient les pas : quelques duchesses qui admiraient les fleurs. Elles se tournèrent ensemble vers moi, puis elles se lancèrent quelques regards en coin, l'air rieur, tout en se chuchotant des choses aux oreilles. M'apprêtant à partir, elles vinrent à ma rencontre :

— Bonjour, Erza.

— Bonjour, murmurai-je en répondant à leur révérence.

— Dites-moi, commença l'une en enroulant l'une de ses boucles brunes, vous semblez complètement désintéressée de votre futur mari...

— Ce mariage n'est pas d'amour, leur rappelai-je.

— Par contre, ajouta l'une en me transperçant de ses yeux d'océan, nous avons ouï dire que votre valet vous plaisait fort...

— Certains parlent même d'aventures dans votre chambre, le soir...

— Vous faites déjà l'infidèle alors que vous n'êtes même pas encore unie à Auguste ! Franchement, vous me faites penser au peuple ! Dégoutant ! beugla-t-elle, me regardant avec mépris.

— Il n'y a rien de vrai dans tous les propos que vous m'avez servi, finis-je par répondre lorsqu'on m'en laissa l'occasion. Vous vous leurrez hautement sur mes relations, conclus-je en me retournant.

— Et la promesse que vous a faites votre valet, sur le fait qu'il vous trouverait une solution ?

   Je me raidis brusquement, sentant ma poitrine se resserrer violemment.

— Alors cette servante ne s'est pas trompée... Allons le raconter à Sa Majesté ! rit la blonde.

— Si, elle a du mal entendre... tentai-je de leur expliquer de ma voix désespérée, me retournant.

   Elles me jugèrent sévèrement tandis que je recomposais mon visage dont les traits s'étaient si tordus de frayeur. L'une se mit à rire :

— Ce n'est pas votre statut de princesse qui vous offre tous les droits, croyez-moi ! Nous vous espérons une bonne réaction de la part de Sa Majesté !

   Gloussantes, elles s'en allèrent, jetant parfois leurs regards derrière elles pour sans doute admirer ma mine déconfite, visiblement bien plus intéressante que les roses.

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Voilà =)
Désolée si je n'ai pas posté hier, j'ai pas eu le temps de finir mon chapitre j'étais pas bien ^^
J'espère que ce chapitre vous plaît =) (J'aime bien ma dernière phrase x)) )
Donc... que prévoyez-vous pour la suite ? ^,^huhu
A bientôt en tout cas :) ♥

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