IV ~ Entraînement ~
Ma main timide se posa sur sa forte épaule, et sans attendre, Jellal commença à bouger doucement. Je suivais ses mouvements : nous tournions lacement en nous fixant dans les yeux. Je ne savais pas pourquoi, mais nos regards étaient comme profondément passionnés. Sans doute parce que je l'aimais… Mais lui ? Me vouait-il les mêmes sentiments ? Peut-être que oui, peut-être que non…
Alors, mon pied dérapa et ce ne fut que grâce à Jellal que je ne me retrouvais pas à terre. Gênée, je le remerciai en reprenant une bonne posture :
— Merci.
— Je vous en prie. Regardez-moi dans les yeux et concentrez-vous dessus.
— Oh, Jellal. Si une femme dansait avec toi, crois-moi qu'elle n'aurait d'yeux que pour les tiens.
Me rendant compte de mes mots, mes joues trahirent ma gêne, le faisant sourire tendrement. Il me murmura de sa voix enivrante :
— Vous êtes adorable, princesse.
— Appelle-moi Erza.
— Vous êtes une princesse ; je vous laisse votre titre.
— Je t'en prie, appelle-moi Erza, insistai-je.
— Puis-je savoir pourquoi ?
— Bien sûr. Étant donné que je t'appelle Jellal et non valet, je souhaite que tu m’appelles Erza et non princesse.
— Très bien… Erza, murmura-t-il en appuyant sur mon prénom. Vous êtes adorable, ajouta-t-il en souriant.
— Merci, répondis-je d'une petite voix en baissant les yeux.
Nous reprîmes la danse, et ce fut difficile pour moi de bien me concentrer sur mes pas après le doux compliment qu'il avait fait parvenir à mes oreilles. Trois mots simples, une phrase banale, mais le nombre de battements de mon cœur avait si vite augmenté avant de retomber progressivement dans la normale.
Soudainement, je me retrouvai contre lui. La tête sur son torse chaud et plutôt musclé, je n’osai pas bouger. Il s'esclaffa :
— Vous êtes vraiment maladroite, Erza.
Devant ma mine gênée, il ajouta :
— Mais cela vous donne un charme ; je vous apprécie comme cela.
Je souris, me décidant à légèrement frotter ma tête sur son thorax. Ce rapprochement fut difficile pour moi, mais je m’étais forcée : je n'avais jamais de telles occasions avec lui. C’était une étrange sensation qui me parcourait : j’étais apaisée, calmée, heureuse contre lui.
— Erza…
Il avait chuchoté mon prénom doucement. Je murmurai d'une voix hésitante :
— Oui ?
— Nous devrions continuer l’entraînement.
— Euh, oui ! bafouillai-je en m'écartant précipitamment.
Je glissai une nouvelle fois dans mon empressement, et je me retrouvai allongée sur mon lit. Je soupirai : pourquoi avais-je si peu de grâce ? C’était vraiment handicapant et ridicule. Jellal esquissa un sourire amusé en s'asseyant à mes côtés :
— Nous reprendrons plus tard, vous n'arrivez guère à rester debout sans tomber.
— J'ai peur que l'on se moque de moi ce soir.
— Il n'y a pas raison à cela.
— Si je m'effondre sur le sol, il y en aura, soupirai-je.
— Nous allons bien nous entraîner, ne vous inquiétez pas.
— Je tomberai, tu verras…
— Princesse… Enfin, Erza…
Il s'allongea doucement à mes côtés, se retourna vers moi et m'attrapa une mèche de cheveux. Il reprit :
— Faites-vous confiance.
— Non, je sais très bien que je suis incapable de danser sans tomber. Les ducs et duchesses riront de moi.
— Erza, ne soyez pas si pessimiste…
— Tu te trompes, je suis réaliste.
— Non, vous ne cherchez que les mauvais côtés, vous ne tentez pas d'attraper les bons.
Je constatai qu'il avait raison. Je me retournai vers lui, puis j'attrapai une mèche furtivement en soupirant, tentant de l'enrouler autour de mon index. Jellal me questionna :
— Voulez-vous une autre robe pour ce soir ?
— Oui.
— Je vais voir ce que je peux vous dénicher, murmura-t-il en se relevant.
— Reste, le coupai-je en attrapant son bras.
— Très bien Erza.
Il se rallongea à mes côtés, j'en souris : les moments passés sur ce lit à nous regarder étaient rares. Je fermai les yeux, me sentant bien. Je cherchais alors un endroit où poser ma tête plus confortablement, quand Jellal attrapa un coussin. Il me le présenta ; je fis mine d'aller vers celui-ci, mais je me rapprochai pour poser mon crâne au creux de son coude. Comme instinctivement, il replia son bras sur ma nuque pour la caresser avec des doigts chauds. Je souris : mes efforts contre ma timidité étaient payés.
Je sentais ses phalanges glisser sur ma peau, passer dans mes cheveux... Nous nous observions dans les yeux assez tendrement, comme un couple se dévorait du regard. J'avais envie de caresser son visage pour toucher ses joues : je ne l'avais jamais fait. Pourtant, je n'osais pas.
Dans ce silence qu'aucun de nous deux ne se permettait de déranger, je vis sa main s'avancer timidement vers la mienne, qui était entre nous. Le bout de nos phalanges se touchèrent furtivement avant de s’agripper. Étrange fait : nous nous prenions les doigts, pas la main.
Je lui adressai un timide sourire avant de fermer les yeux, définitivement trop bien avec lui.
— Vous voulez dormir ?
— Pas forcément.
— Êtes-vous sûre ?
— J'en suis certaine.
Je remarquai alors la proximité de nos visages : nos fronts pouvaient se coller, nos lèvres s’embrasser, nos corps s'enlacer… Mon estomac et mes pommettes me firent souffrir, mais Jellal me sortit de mes pensées :
— Nous devrions choisir vos prochains vêtements, pour ce soir. Vous prendrez un bain ?
— Oui.
— D'accord.
La main auparavant posée sur ma nuque s'écarta, me permettant de me relever. Il s'assit à son tour, et je remarquai que nos doigts s’entrelaçaient encore ; nous nous regardâmes, comme si nous étions confus. Néanmoins, il saisit mieux ma main et nous nous levâmes ensemble. Nous nous dirigeâmes vers mon placard, et là, nous passâmes beaucoup de temps à sélectionner ma tenue de ce soir.
Je m’étais décidée sur une robe au bustier décolleté noir et à la dentelle blanche. Le bas était constitué d'une doublure blanche, celle-ci étant recouverte par de nombreux voiles noirs, donnant une impression de légèreté. J'avais décidé de laisser mes bras nus, mais d'y ajouter quelques bracelets sombres. Je porterai aussi un collier à la chaîne argentée, dont le pendentif noir viendra se nicher au creux de ma poitrine, au niveau de la dentelle. Les boucles d'oreille auraient la même pierre jais à arborer. Et pour les chaussures, ne voulant pas prendre de risque, j'avais choisi des talons noirs que j'avais réussi à plus ou moins apprivoiser au fil du temps ; j'imagine que cela m'aidera à danser. Pour la coiffure, Jellal m'avait proposé de les lâcher et de porter un diadème noir, chose que j'avais accepté.
— Erza, il est bientôt l'heure de déjeuner ; je vais vous recoiffer et arranger quelques plis de votre robe.
Il s'y affaira rapidement, s’occupant de moi comme une fillette s'occupait de sa précieuse poupée. Puis, il me laissa me parfumer, et nous marchâmes vers la grande salle. Sur le chemin, Jellal remettait ses gants en place machinalement, semblant inquiet. Je le questionnai :
— Tu vas bien ?
— J'ai peur que ma mère soit en mauvais état quand je passerai la voir.
— Tu vas lui apporter son repas, n'est-ce pas ?
— Oui, c'est cela.
— N’oublie pas de manger ; ce serait dommage de perdre des forces. Et tu ne devrais pas tant t’inquiéter ; Lydia est forte, elle s'en sortira.
— Vous avez sans doute raison.
Nous nous sourîmes ; Jellal passa devant et ouvrit l'une des portes à battant afin de me laisser entrer. Je saluai mes parents ainsi qu'Auguste qui m’attendaient en m’inclinant, puis je me retournai vers mon valet :
— Tu peux y aller.
— Merci.
Ainsi, il repartit tandis que je m'asseyais aux côtés de mon fiancé. Ce repas et cette promenade promettaient.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top