# Bonus : Victoria & Allam / La rencontre #

L'île de Calcite – 130 ans auparavant.

Ils me gonflent. C'est pas nouveau, ils me gonflent tout le temps. Mais là ils me gonflent vraiment. Pour qui se prennent-ils, à me donner des ordres ? Moi, l'intouchable, le tout puissant. C'est même pas une question d'humilité ou je ne sais quelles autres conneries de fillettes, c'est la vérité. Je peux les éclater d'un mouvement du poignet si l'envie m'en prend ; alors si je n'ai pas envie d'aller à leur soirée débile entre lycans et sangsues, c'est mon choix. Merde.

Tout ça pour le retour de ce gros con d'Eli, en plus. Ça y est, il nous ramène une autre marquée, c'est un héros. Sérieux, à part la déposer au manoir, en profiter pour s'envoyer deux-trois de ses groupies, il va simplement repartir aussi sec et ne pas se pointer pendant vingt ans. Je te le foutrais dehors une bonne fois pour toute, cet hypocrite. Il n'en a jamais rien eut à foutre de ce manoir, de tout ce que cela signifie. Il n'a jamais tenu plus d'une semaine ici, et personne ne lui dit rien, à lui. Car après tout, y'a le bon vieux Allam pour faire régner l'ordre. Et le grand Eli a une mission : sauver les marqués, leur offrir une vie meilleure, leur donner la possibilité de survivre. N'importe quoi.

Une bourrasque un peu brusque me fait ralentir l'allure et j'en profite pour balancer un coup de pied rageur dans un galet, qui file s'écraser sur un tronc d'arbre à toute vitesse. Et puis, voilà que j'ai dû apprendre à parler autrichien, pour cette connerie de marquée. Ça va que je maîtrise déjà l'allemand, mais comme tout a tendance à me les briser dans ce bas monde, la prononciation de certains mots diffère de nos potes germaniques. Tant pis si elle ne pigera rien de ce que je lui raconterai, la nouvelle, on est déjà bien sympas de tous s'y mettre pour qu'elle se sente « à l'aise ». D'ailleurs, c'est quoi son nom, à celle-là ? On me l'a dit, je crois. Impossible de me rappeler. Je hausse les épaules et continue ma route, sillonnant la lisière de la forêt d'un pas traînant.

Je me fais chier, faut dire. Pourquoi faut-il qu'ils organisent des soirées avec ces connards de sangsues ? Les soirées lycans, juste entre nous, sont très bien. Pas besoin de prétendre être tous supers potes, c'est pas le cas. Et ça ne le sera jamais. Encore une idée de cet illuminé d'Ingham ; il plane celui-là, depuis le pacte de Calcite. Si y'avait pas les chasseurs pour nous faire chier, aucun des habitants de ce manoir ne serait tenté de traîner avec la race opposée. C'est beaucoup plus vivifiant de se foutre sur la gueule.

Je pousse sur mes jambes pour bondir tout en souplesse sur une bute de terre un peu abrupte, et soudain mon genou est projeté sur la droite, suivit d'une abominable douleur. Je me ramasse sur la terre et roule sur deux ou trois mètres en gueulant, aliéné par le feu qui se propage dans ma cuisse et semble se diffuser lentement sur mes autres muscles encore indemnes. En baissant les yeux, je constate avec horreur qu'un épais carreau d'argent traverse ma jambe droite, brûlant tout sur son passage. J'enfonce mon poing dans ma bouche pour m'empêcher de hurler et braque mon regard sur le manoir, à une centaine de mètres de là. Putain. Je sais d'où vient ce carreau, faudrait être con pour pas comprendre. Et elle est là, la nouvelle, certainement suicidaire, debout derrière la fenêtre de sa chambre, deux mains plaquées sur sa bouche. Je ne la distingue pas très bien dans le contre-jour des chandelles allumées derrière elle, mais je devine qu'elle panique.

Oh ouais ma grande, tu peux flipper. Je vais te buter.

Dès que j'aurai réussi à me lever, du moins. Putain ça fait un mal de chien.

Je m'allonge sur le sol, la respiration erratique. Le poison se diffuse dans mes veines et semble m'immobiliser complètement. C'est une chose de se couper avec de l'argent, c'en être une autre lorsqu'il traverse chairs, muscles et tendons. Heureusement, elle n'a pas touché l'os ; je ne suis même pas persuadé que j'aurai pu me relever avant plusieurs mois. Je tente vaguement de retirer le carreau à main nues, mais à peine j'effleure la tige de bois que la douleur pulse dans mon corps comme une décharge électrique. Bordel de merde. Et tous ces connards qui font la fête... je vais passer la nuit ici, à morfler comme un abruti.

Il s'écoule dix minutes, tout au plus, avant qu'un bruissement de feuilles et de terre n'attire mon attention. Je m'apprête à gueuler sur l'intrus pour qu'il vienne m'aider lorsque le vent apporte avec lui l'odeur significative, piquante et enivrante, du sang humain. J'hallucine. Elle est venue m'achever, ou quoi ?

Je prends une grande inspiration pour lui hurler une menace, quelque chose qui la ferait s'éloigner et renoncer, mais une nouvelle décharge me cloue le bec. Au lieu de ça, je gémis comme un gosse et me ratatine sur moi-même. Alors elle apparaît.

Elle est relativement grande, pour une fille. Brune, ses cheveux semblent lui manger le visage et s'éparpillent partout sur ses épaules et sa poitrine dans un mélange de nœuds et de boucles approximatives. Elle fait un pas supplémentaire et je cesse de respirer, bien malgré moi. Son visage est fin, pâle comme la lune, constellé de petite taches de rousseur très franchement ravissantes. Ses yeux vert d'eau sont fins et plissés de méfiance, et sa bouche outrageusement pulpeuse est pincée d'angoisse. Je coule un regard sur cette silhouette aux hanches et aux seins diablement généreux, par-dessus une paire de jambes interminables, et constate que ses longs doigts sont accrochés à la maudite arbalète qui m'a cloué au sol. Je retrouve la faculté de respirer dans un sursaut d'agacement et remonte les yeux vers les siens. Voilà une marquée bien mignonne, mais une marquée foutrement impolie de se présenter à moi de cette façon. Cette jolie tête sera tout de même détachée de ce corps sexy en diable, parole de lycan.

- Ca... ça va ?

Je ne peux contenir un son rauque, à mi-chemin entre le rire et le grognement de fureur. Elle se fout de ma gueule, sérieux. Elle bondit en arrière et s'accroche un peu plus à son arme.

- J'ai l'air d'aller bien ?

Elle bloque un instant. Ma voix, sans nul doute. Elle fait toujours le même effet.

- T'as envie de mourir, dis-moi ? ajouté-je en collant un sourire flippant sur mon visage, ce qui la fait pâlir.

- Je... je suis désolée, je ne voulais pas...

- Essayer de me tuer ? Ouais, à d'autres.

Au final, mon allemand-autrichien est impeccable. C'est important qu'elle comprenne ce que je raconte, comme je suis la dernière personne avec qui elle va avoir l'occasion de parler. J'essaye de faire le bonhomme et me redresse en position assise, ravalant un hurlement de douleur et de rage.

- N... non ! Je n'ai pas essayé de te tuer ! Je... j'ai cru...

- Quoi ?! T'as cru quoi ?!

Elle recule d'un pas, et je peux presque entendre son rythme cardiaque tambouriner dans sa poitrine. Elle est terrorisée. Bien.

Ceci dit, je m'attendais à ce qu'elle parte en courant, au moins parce que mes épaules font deux fois les siennes et que mes hurlements ont tendance à calmer les plus enragés. Elle me dévisage pourtant, à deux mètres de moi, glisse un regard sur mon corps tordu par la douleur, s'arrête un peu sur mes mains, puis dévie vers ma cuisse transpercée. Elle prend alors une grande inspiration et contourne mes jambes pour se poster face à moi, avant de s'agenouiller, le regard brûlant d'un mélange de peur et de détermination.

- Peu importe, réponds-elle enfin. Je vais te retirer ça.

Elle commence à approcher le haut de son corps mais je bondis en arrière, ce qui me vaut une décharge de douleur dans toute la moitié droite du corps. Je jure entre mes dents en fusillant ma propre jambe du regard et elle s'éloigne un peu. Son arbalète est posée sur ses cuisses et sa main droite semble résister à l'envie de s'en emparer, pour se rassurer.

- Tu me touches et je te transforme en rognons de veau.

- N'est-ce pas ce que tu avais prévu de faire de toute façon ?

Sa voix est plus ferme et ses yeux sont plantés droit dans les miens. La pierre qui me sert de cœur s'écrase dans mon estomac à cette vision et je la dévisage, choqué par son audace. Jamais personne ne me parle de cette façon, et certainement pas un humain.

Je serre les poings pour contenir l'espèce d'incendie que cette fille fait naître dans le creux de mon ventre et je rétorque avec une colère blanche et un faux sourire :

- Bien sûr. Pourquoi, t'es pressée ?

- Non. Mais visiblement je ne risque rien de plus à essayer de t'aider.

- T'es débile ou quoi ? Si tu me retires ça je pourrai marcher, et donc te réduire en charpie dans la seconde.

- Je prends le risque.

Je prends une grande inspiration. Ses yeux clairs ne quittent pas les miens et je n'en reviens toujours pas de son culot. Comme je ne sais pas quoi faire face à elle et que je suis toujours foutument incapable de bouger, je continue la conversation d'une voix acerbe :

- T'es quoi au juste ? Une bonne sœur ? Tu ne peux pas t'empêcher de jouer les infirmières dès que tu vois du sang ?

Elle serre les dents, agacée, et cette vision me fait étrangement jubiler.

- Non. Mais au moins, si je te soigne et que tu me tues en suite, ce ne sera pas moi la psychopathe.

- Ha ! Ne t'inquiète pas de ce qu'on va penser de moi, je suis déjà le plus grand psychopathe de ce manoir.

Je m'attendais à ce qu'elle blêmisse, voir qu'elle se mette à pleurer ou qu'elle parte en courant devant cette implacable vérité. Pourtant elle se contente de pincer les lèvres et son regard se voile.

- Je ne pense pas.

- Qu'est-ce que t'en sais ? craché-je aussi sec.

- Ce n'est pas l'impression que j'en ai.

- On s'en balance de tes impressions, ma grande.

Elle soupire et passe une main distraite dans ses cheveux, avant que son regard ne se pose sur un point derrière moi. Comme je n'entends rien de particulier, je ne m'inquiète pas, mais soudain ses yeux s'écarquillent comme des soucoupes et sa respiration perd tout contrôle.

- C'est... qu'est-ce que c'est que ça ?!

Elle me montre du doigt quelque chose dans mon dos et, malgré moi, je ne peux m'empêcher de me retourner pour vérifier. Est-ce une de ces sangsues qui se la joue ninja pour me faire chier ? Une bête que je n'ai pas senti ? A peine ai-je détourné la tête que ma jambe semble exploser dans la douleur, et je pousse un hurlement déchirant en faisant volte-face. Je m'aperçois alors que je saigne plus que jamais, mais que le carreau a quitté ma chair, envoyé un peu plus loin derrière la fille. Je commence déjà à me courber de colère, un grognement rauque et menaçant roule dans ma gorge et je m'appuis sur mes mains pour bondir. Elle va tellement morfler.

Mais elle est plus maligne que je ne le pensais. A peine ai-je esquissé un mouvement pour lui arracher la tête que je me retrouve nez-à-nez avec la pointe d'un carreau d'argent. Elle brandit l'arbalète devant son visage, toujours agenouillée face à moi, manifestement déterminée. Si je bouge, elle n'hésitera pas à m'envoyer la flèche entre les deux yeux. Moi, le grand Allam, je me fais avoir comme un bleu par une saloperie de marquée.

Merde. Elle me plait de plus en plus.

Je décide néanmoins de me la jouer détendu pour la déstabiliser. Je recule mon buste en essayant de ne pas grimacer de douleur (même si ça va déjà bien mieux, et ça me tue de l'admettre), et lui envoie un rictus machiavélique.

- Tu sais que je peux attendre des heures comme ça, que tu baisses ta garde.

- Tu sais que, par mesure de précaution, je peux t'envoyer un carreau dans l'autre jambe.

Bordel, elle a du répondant. Ça me donne à la fois envie de l'étriper et de la déshabiller. Je ricane mais elle ne partage pas mon hilarité et me renvoie un regard sévère. Il s'écoule quelques longues secondes tandis que nous nous regardons en chien de faïence, beaucoup trop fiers l'un et l'autre pour bouger le premier. Finalement, comme je m'ennuie et qu'il me faut quelque chose pour me distraire de la douleur – autre que ce regard de braise qui ne fait qu'alimenter l'incendie dans mes entrailles – je finis par soupirer :

- Bon. Et sinon, comment dois-je t'appeler ? Pour mon discours, quand on balancera ton cadavre à la mer.

- Victoria.

Je ne sais pas pourquoi, mais ce prénom fait naître une cascade de frisson le long de ma colonne vertébrale. J'en ai connu d'autre, des Victoria. Mais personne n'a jamais porté ce prénom comme elle.

- Et toi ? ajoute-t-elle froidement.

- Allam.

Enfin une réaction normale. Son visage se transforme à mesure qu'elle réalise qui je suis. Mon père, Ingham ou même Léonard et l'autre empafé d'Eli ont dû lui faire un petit topo de qui faisait la loi, ici. Elle se décompose face à moi et j'exulte littéralement. L'arbalète tremble un instant entre ses doigts et il s'écoule plusieurs longues minutes avant qu'elle ne reprenne la parole. J'aurai pu profiter de cette distraction pour éloigner l'arme et lui sauter à la gorge, mais je ne bouge pas. Je n'ai pas envie.

- Tu... tu es...

- Allam, premier du nom, fils d'Edmund, le plus vieux lycan de la planète. Alors, Victoria. Toujours aussi sûre de toi ?

Je vois dans ses yeux le dessin d'une certaine panique, avant qu'elle n'inspire brusquement et ne retrouve ce masque de dureté et de détermination qui me donne envie la baiser contre un arbre immédiatement. Ses longues mains graciles se resserrent autour de l'arme et je ne peux retenir un certain mouvement de recul – elle est bien capable de tirer sans le faire exprès.

- Très bien. Ravie de te rencontrer, Allam.

- Tout le plaisir est pour moi.

Notre petit duel de regard reprend dans le silence, et ma chair endolorie commence sérieusement à réclamer quelques soins. Je tente de la bouger discrètement pour me soulager mais elle n'en manque rien et pousse un petit rire moqueur.

- Tu n'en as pas marre de te vider de ton sang ?

- Profite, c'est bientôt ton tour.

Elle soupire mais ne me lâche pas des yeux pour autant. Elle doit sérieusement commencer à souffrir de tenir l'arbalète à bout de bras, et je sais qu'elle finira par craquer. Ce que je ne sais pas cependant, c'est ce que je vais faire ensuite. Ai-je réellement envie de la tuer ? Elle m'a tout de même envoyé un carreau dans la cuisse et se montre plus culotée et impolie avec moi qu'aucune fille ne l'a jamais été dans ce manoir. Un étrange pressentiment gonfle dans ma poitrine et me fait serrer les dents. J'ai la sensation que si je ne tue pas cette Victoria ce soir, elle finira par me rendre marteau. C'est même une certitude.

- Alors, pourquoi as-tu essayé de me tuer depuis ta fenêtre ?

- Je ne...

- Ouais, ouais, je sais, tu es une sainte. Pourquoi alors ?

- Je... ça ne te regarde pas.

Elle rougit farouchement et j'en tremble de désir.

- Oh ça nous regarde tous les deux ma jolie, parce que ça va déterminer si oui ou non tu survies ce soir.

- Tu hésites alors ?

Elle m'envoie un sourire vainqueur et je coule un regard sur cette bouche délicieuse. Bordel, ça fait longtemps qu'une fille ne m'a pas excité comme ça. Et ce n'est qu'une humaine, dans toute sa pitoyable fragilité. Je lui souris en retour et je jure d'avoir entendu son cœur bondir jusqu'à sa gorge.

- Il se pourrait bien. Profite en, et explique-moi ce qui t'a pris.

Elle en perd son sourire et réfléchit un moment. Ses bras commencent sérieusement à trembler et elle sait qu'après cela elle ne pourra plus rien faire pour se défendre. Fasciné, je la regarde délibérer à toute vitesse, pesant le pour et le contre, et ça ne m'intrigue que davantage. Finalement, elle finit par prendre une grande inspiration et explique :

- Il y a un vampire, ici. Sean, je crois. Il ne me lâche pas depuis que je suis arrivée, et ce matin il m'a parlé de la soirée auxquels participent tous les vampires et les lycans ce soir. Il voulait que je vienne, mais j'ai refusé, alors il m'a juré qu'il viendrait me rendre visite cette nuit, même s'il lui fallait passer par ma fenêtre. Alors, je... j'ai passé la moitié de la nuit à surveiller, avec l'arbalète en main, et je... enfin j'ai vu du mouvement et j'ai paniqué. Je croyais que c'était lui.

Je suis scié. Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais pas à ça, visiblement. Sans que je ne comprenne vraiment comment et quand elle avait disparu, une colère sourde et familière refit brusquement surface dans ma poitrine jusqu'à m'en faire hoqueter de douleur. Cet enfoiré de Sean. Bien sûr qu'il n'a pas loupé Victoria ; c'est une créature foutrement délicieuse, pour n'importe qui, alors ça me m'étonne pas que ce dégénéré en ait profité. Putain, ça fait deux jours qu'elle est ici. N'y a-t-il donc personne pour s'occuper d'elle ? Pour la protéger ? Eli fait définitivement les choses bien, bordel. Il prétend sauver les marqués des griffes de la mort, mais c'est sur un plateau d'argent qu'il les lui livre.

Furieux, je détourne les yeux des deux perles d'eau qui ne me quittent pas. Victoria a l'air perdue et ses doigts s'accrochent plus que jamais à son arme. Je ne comprends même pas pourquoi je réagis ainsi. Sean est un connard depuis plusieurs siècles maintenant, ça ne devrait plus me surprendre. Et objectivement parlant, ce qui arrive à cette fille ne me concerne pas. Pourtant j'enrage et je n'ai qu'une envie : me rendre à cette soirée pour trouver Sean et le décapiter d'une seule main pressée sur sa nuque.

Je prends une profonde inspiration qui ressemble davantage à un grognement et finis par reprendre parole.

- C'est une bonne excuse.

Elle pousse un long soupir de soulagement mais ne baisse pas sa garde pour autant.

- Alors, tu ne vas pas me tuer ?

Je réfléchis un instant. Ma colère gronde, chacune de mes veines bouillonnent d'une puissante envie de sang, de hurlements, d'yeux exorbités de peur et de membres qui s'arrachent. Mais plus rien de tout cela n'est dirigé contre elle, je ne peux même plus essayer de le cacher.

- Nan, détend-toi.

Elle hésite une nanoseconde puis l'arbalète s'écroule au sol et elle soupire de soulagement en se massant les épaules. Elle me murmure un merci, je crois, mais je ne l'écoute plus. Cette haine prend possession de moi, m'aveugle complètement. Elle est familière ; je la connais depuis plus de 900 ans. Le loup hurle d'agonie, veut être nourrit, se repaître du sang de ces fils de putes de vampires qui jamais ne devraient approcher Victoria, ni même poser les yeux sur elle.

Alors que ma respiration devient erratique dans ma poitrine et que le chaos se répands dans mes tissus sous les hurlements de la bête, un contact tiède autour de ma cuisse me fait brusquement sursauter. Je me tourne et la trouve penchée sur ma cuisse, en train d'enrouler comme elle peut un pan de sa robe de nuit autour de ma plaie. Elle en a découpé un morceau sans même que je ne m'en aperçoive, à l'aide de la pointe d'argent du carreau responsable de ma blessure. Je sens le loup s'éloigner, doucement mais sûrement, et les couleurs, les odeurs et le bruit redevenir réalité. Elle a pris un risque gigantesque en décidant de me toucher alors que je vacillais. Et jamais personne, d'ailleurs, n'est sorti indemne d'un tel geste.

Après avoir fait un nœud solide, elle relève les yeux vers moi et un demi sourire éclaire ses traits. Alors je comprends. Elle est seule au monde, presque autant que moi, bouffon perdu sur cette île de malheur, à me cacher des chasseurs comme un misérable. Mais ma mission à moi, elle est là. C'est elle. Je dois la protéger, corps et âme, contre ce monde. Contre mon monde. Il ne lui arrivera rien en ces lieux, pour toujours et à jamais, parce que je serai là.

Je lui rends son sourire, plus sincère que je ne l'ai jamais été. Victoria allait survivre. Et il ne lui arriverait rien.   


***

Bonjour à toutes et tous ! 

Bon, vous l'aurez compris... ceci n'était pas la suite direct des aventures de notre Léna nationale. 

J'ai eu en effet quelques énoooormes difficulté à écrire le chapitre suivant, la faute au boulot monstrueux que je dois fournir pour mon travail...  (croyez-moi, je préférerais écrire ><) Du coup rien n'était fini pour aujourd'hui, donc je ne pouvais pas le publier.

Alors voilà, même si ça retarde encore un peu la parution du chapitre 16, je vous ai proposé un petit bonus sur ce petit couple si énigmatique. Qu'en avez-vous pensé ? 

Avant d'avoir quelques remarques là-dessus, sachez que je l'ai écrit il y a un moment, en mode gros craquage, et je n'ai absolument pas cherché à respecter le "dialecte" un peu plus soutenu - sans doute - de cette fin de XIXe siècle. J'ai écris ça pour le plaisir, pour moi - et maintenant pour vous - et j'avoue m'être grandement amusée à être dans la tête d'Allam. 

Est-ce que cela vous a plu ? Devrais-je refaire quelques bonus de ce type à l'avenir ? 

Est-ce que cela a changé un peu la vision que vous aviez de ces deux personnages ? 

Bref, en tout cas, je suis désolée si je vous ai fait une fausse joie aujourd'hui, mais je tenais tout de même à publier quelque chose. J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop. 

Le début du chapitre 16 arrivera aussitôt que j'aurai fini de l'écrire, et je m'y remets dès que je me serai débarrassée de tout ce que j'ai à faire en parallèle. 

Merci comme toujours pour vos votes, vos commentaires, et aujourd'hui pour votre patience. Soyez sûres que je ne lâcherai jamais rien pour cette histoire, seulement parfois la vie nous met des bâtons dans les roues ! T__T

Je vous aime et je vous dit à très vite pour la suite, mes louloups <3


PS : on notera que j'ai écris au présent  pour ce bonus ! Ouais je le fais remarqué parce que ça a été un peu difficile au début, mais je trouve que ça colle mieux au caractère "incisif" d'Allam... non ? :D

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