#BONUS#

Oyé, Oyé ! Aujourd'hui est mon joyeux anniversaire, donc pour célébrer mes nouvelles rides (T_T) je vous fait un petit cadeau, en espérant qu'il vous plaise !  Oui, j'aime avoir des occasions pour publier des bonus et je suis encore loin du 1M de vues, donc on fait avec ce qu'on a :p

Allez, enjoy mes louloups, je vous aime <3

***


Sur l'Île de Calcite – 30 ans auparavant 

ELI

— Elle est particulière, comme tu le soupçonnais.

— Que s'est-il passé ?

Ingham me narre comment la nouvelle venue sur l'île de Calcite, déposée ici il y a à peine trente heures, est parvenue à le menacer d'un tisonnier. Si Edmund, silencieux et attentif au fond de son fauteuil, semble se délecter des évènements avec une curiosité étrange, mon père n'en mène pas large. Plus que jamais, notre sécurité lui semble compromise.

— C'est une Serf. Elle peut être dangereuse.

— Je ne l'ai pas épargnée il y a quinze ans pour la laisser mourir des marques aujourd'hui.

Ingham balaye ma remarque d'un ample mouvement de poignet, comme il le fait toujours lorsqu'il juge une réflexion inutile. Cela a le don de m'irriter prodigieusement.

— Je ne veux pas la mort de Léna, ce n'est pas ce que je dis. Nous devons seulement nous montrer...

— Attentifs.

La formulation d'Edmund m'oblige à relever les yeux vers lui. Je serre les dents, toujours mal à l'aise de me confronter à cet homme. Si Ingham doute de la nouvelle marquée, pour ma part, je doute du lycan. Un sentiment qui me tiraille depuis des années, mais il est exclu que je le révèle. A quoi bon ? Edmund a servi les intérêts et la confiance de mon père bien plus que je n'en ai un jour été capable. Il n'est guère utile que je constate, par moi-même, que mon géniteur et créateur a davantage foi en la parole de son ennemi originel qu'en la mienne. J'ai des tendances masochistes, peut-être, mais j'ai des limites.

Je reporte mon attention sur le vampire à l'expression contrariée qui me fait face.

— Tout se passera bien. Elle ignore qui elle est, et elle l'ignorera tant que je ne lui aurai pas rendu ses souvenirs, assuré-je.

— Et quand elle sera transformée ?

Mon père rive ses yeux aux miens. Il entend, ressent, ce que je ne veux pas dire à voix haute. Ce sentiment diffus au fond de mon estomac, cette soif, avide et vorace, qui me tenaille depuis le jour où je l'ai rencontrée. L'ambition délicieuse et terrible de la faire mienne, de lui ouvrir les portes de l'immortalité moi-même.

Elle est sur Calcite. Ce n'est plus qu'une question de temps.

Je me détourne, fixe un point invisible entre la fenêtre et moi. La question de mon père est sujet à réflexion, cela étant dit : des pensées que je connais par cœur et qui dansent dans ma tête depuis quinze ans. Des songes, lâche que je suis, que je fuis comme la peste.

— Nous verrons bien.

Il roule des yeux mais n'insiste pas. Edmund enchaîne, d'une voix tranchante qui se veut taquine, mais qui roule sur ma peau comme une lame d'argent :

— Elle a fait des progrès avec les lycans aujourd'hui, en tout cas.

— Comment ça ?

Je tente de garder l'expression la plus neutre possible, quand la panique et l'indignation me tordent les viscères.

— Victoria l'a prise sous son aile et l'a présentée aux Hellwolves. Ils ont joué à la baballe sur le terrain pendant un bon moment.

— Qu'en sais-tu ?

— Il m'a suffi de traverser le manoir, tout à l'heure, pour entendre Jake se vanter d'avoir gagné des points auprès d'elle. Certains n'attendent pas quinze ans pour se faire connaître, que veux-tu.

Une bouffée de rage s'insinue dans mes veines, et j'en suis le premier surpris. Je devrais me sentir soulagé qu'elle se fasse des alliés, d'autant qu'avoir l'équipe des lycans de son côté est un atout de taille quand on sait quelles menaces peuvent se cacher dans les ombres de ce manoir.

Il n'empêche... Jake. Jake.

Le chien idiot aux mains baladeuses... Jake.

L'image de son crâne pulvérisé sous ma caresse et de ses os broyés sous mon étreinte me vrille l'esprit. Elle se superpose au souvenir autrement plus réel de ma dernière altercation avec l'humaine de toutes mes pensées, dans cette boite de nuit infâme puis, plus tard, dans son lit.

J'expulse une toux brève pour me donner une constance, sous le regard railleur du plus puissant loup de la terre. Elle ne deviendra pas un lycan, je ne le permettrai pas. Ce n'est pas ce que j'ai prévu pour elle – et j'ai tout prévu. Il en va de sa survie... et de la mienne.

— Tu devrais aller la voir, suggère mon père. Le repas a été servi pour les lycans et Victoria a dû l'y accompagner.

L'organe palpitant au centre ma poitrine fait un étrange saut-périlleux. C'est presque douloureux, et frustrant aussi, car indéfinissable. Je ne parviens pas à m'habituer à ce genre de phénomène. Jusqu'à récemment, mon cœur me maintenait en vie, empilement de tissus gonflant et dégonflant sous ma carcasse, indifférent et imperturbable. Voilà quinze ans qu'il s'est réveillé, agité, a déraillé de sa mécanique bien huilée, tout cela à cause d'elle. D'abord quand l'enfant s'est accrochée à moi, le monstre qui venait de détruire sa famille, comme si je pouvais la protéger du monde. Douce ironie, me direz-vous. Puis tant de fois, quand je croyais qu'elle m'avait repéré à la sortie de son lycée ; quand elle cédait aux avances des mâles qui lui tournaient autour ; quand elle avait soupiré de désir, sur la piste de danse, en enroulant ses doigts dans mes cheveux pour m'inviter à me fondre en elle.

J'ignore ce que tout cela signifie, mais tant pis. Je dois suivre le plan.

J'adresse un bref signe de tête aux directeurs puis m'échappe de leur bureau. Sur le palier, j'inspire profondément. La moiteur de cet endroit me file des nausées. Les effluves des bougies trop de fois éteintes, l'humidité qui ronge les rebords de fenêtre, ce mélange infâme des lycanthropes et des vampires me prend à la gorge. Cette bâtisse me fait l'effet d'une boite de pandore, débordant des pires vices du monde, s'efforçant de contenir toute la violence, la décadence et la férocité des êtres qui l'habitent. Les ténèbres et la noirceur suintent des murs, étouffent et hurlent dans le silence. Combien d'humains en quête d'adrénaline auraient rêvé de visiter un tel endroit ?

En descendant les marches de marbre pour rejoindre le rez-de-chaussée, je m'amuse à les imaginer, caméra et lampe torche en main, avides de trouver une justification tangible au malaise que leur aurait inspiré le domaine. Outre la centaine de créatures mythiques prompte à les dépecer, j'entends.

Comme toujours, c'est un joyeux bazar lors des repas. Les voix des lycans grondent, tranchent l'atmosphère, tendent à insuffler un peu vie au cœur de ce lieu perdu dans l'espace-temps. En parallèle, les chuchotements discrets, présence fantomatique des membres de ma propre espèce, s'enorgueillissent d'apporter un tant soit peu d'élégance à cette réunion déconcertante.

Et au milieu de tout cela, je l'entends. Un rythme cardiaque se détache des centaines de pompes régulières et imperturbables qui tapissent l'atmosphère. Une odeur ; enchanteresse, rehaussée par des cheveux encore humides, perturbée par l'âpreté infâme de cette substance odorante qui déchaîne les passions humaines depuis les années soixante. Des mots, articulés avec peine, qui répondent aux incessantes sollicitations de Léonard et, hélas, de cet imbécile de Jake.

— Vas-y, ressers-toi, il y a assez à manger pour un régiment ! Et il te faut des forces, si tu veux progresser au football américain...

Elle ne répond pas, mais son cœur parle pour elle. Il la gêne et la terrorise. Comment peut-il ne pas s'en apercevoir ?

Immobile dans le virage de la colonne de marche et encore masqué aux multiples regards, je prends une seconde pour contenir tout ce que l'attitude de ce lycan remue en moi. Si je m'écoutais, je déboulerais dans cette pièce et lui ferais comprendre, de façon claire et précise, que de flirter avec cette humaine n'est pas une option à sa portée.

Mais quelle image donnerais-je de moi si, pour notre première rencontre « officielle », je brutalisais une créature qui (objectivement, et ça me tue de l'admettre) ne lui veut pas de mal ? Lui inspirer confiance. Lui prouver qu'elle peut compter sur moi pour assurer sa sécurité. C'est ce que je fais depuis quinze ans, dans l'ombre ; je ne peux pas tout ruiner sur un accès de colère.

Je me reprends, puis avale la distance qui me sépare encore de l'objet de mes pensées.

Je m'attendais à ce que les immortels aient une considérable longueur d'avance sur elle, lorsque je pénétrerais dans la pièce. Je pensais que Léonard bondirait de son siège, attirerait l'attention de la fille sur moi, pour nous présenter en bonne et due forme. Mais il n'en fut rien. Une seconde, tout au plus, sépara la réaction de mes congénères de la sienne. Elle me remarqua presque aussi vite qu'un être doué de facultés supérieures, et ce constat aurait dû m'alerter, si je n'avais pas été si fasciné.

A peine ai-je franchis le seuil de la salle à manger, les yeux rivés sur elle, que sa peau se couvre d'un film d'eau. Elle s'étrangle à moitié, décontenancée par la vigueur soudaine de son rythme cardiaque. Puis elle relève la tête.

J'entends, en fond sonore, mon prénom balayer l'espace. La joie et la surprise des vampires de me trouver devant eux. Mais je n'en ai cure. Je bois son regard, je m'imprègne de tout ce que j'y lis comme un affamé. Je vois sa stupeur – la même qui l'avait saisie lors de ma visite sur son lieu de travail – que je n'ose espérer comme étant une réaction positive à mon physique. Je scrute, dans la profondeur stupéfiante de ses grands yeux noisette, les rouages de sa compréhension s'afférer à toute vitesse. Elle s'arrache à mes yeux pour balayer ma silhouette, et je sens son regard sur mon corps me lécher comme une flamme. Le délice que cela me procure est indécent.

Elle me voit.

Elle me voit vraiment, elle comprend. J'existe enfin ; je ne suis plus le spectre dans les ombres de son sillage, ni même l'éblouissant inconnu venu passer des articles à sa caisse.

Je me sens comme le maître du monde, quand cette femme m'enveloppe de son attention.

Puis elle s'attarde, il me semble, sur mon t-shirt. Alors quelque chose d'imprévu se produit. Elle fronce les sourcils. Une petite ride se creuse au milieu de son front. Ses joues se parent d'un rouge délicieux. Sa respiration devient anarchique. J'ai porté ce vêtement pour être certain qu'elle fasse le lien, qu'elle sache que je ne suis pas n'importe qui, que j'ai veillé sur elle, que je lui ai sauvé la vie quand ses marques se sont réveillées.

Je n'osais m'attendre à une effusion de tendresse, mais tout de même. La voilà qui passe de la stupeur à une intense fureur. Elle se redresse tout à coup, pose un pied sur une chaise, l'autre sur la table, et dégaine Sekhmet à une rapidité impressionnante.

— Espèce d'enfoiré !

Et elle bondit. Une franche surprise s'abat sur toute la salle quand son petit corps se jette vers moi, arme en avant, sans laisser de place à une quelconque hésitation. J'ignore ma propre stupeur au profit d'un geste, vif, mais qui ne porte pas à confusion, en direction de mes congénères qui s'apprêtaient à l'arrêter. Puis je me décale d'un pas pour esquiver son arme, le cœur en déroute. Que lui ai-je donc fait pour la mettre dans cet état ?

Elle agrippe son arme à deux mains, vénéneuse, et tente de me toucher à la hanche. Sa voix résonne dans le silence atterré de l'espace :

— De saloperie !

Elle enchaîne sans se démonter et m'oblige à reculer d'un bond. Les vampires tout autour se décalent pour m'éviter, et j'entends dans leurs grondements leur tolérance s'étioler de seconde en seconde. Leur incompréhension, aussi, de constater que cette jeune humaine est encore capable de respirer après m'avoir traité de cette façon.

— De psychopathe !

Voilà une insulte particulière. Suis-je un psychopathe ? Chez les humains, cela se résume à une absence totale d'empathie et, pour les cas les plus sévères, une obsession morbide pour le meurtre depuis le plus jeune âge.

Le meurtre ? Oui, j'ai aimé ça.

Le manque d'empathie ? Pas quand cela concerne cette humaine.

L'obsession ? Un bel euphémisme.

Quand j'esquive son attaque avec adresse, je m'attarde sur ce que me révèle son visage. Le feu aux joues ; les yeux brillants ; les lèvres sèches. Bon Dieu... aurait-elle honte ? Honte de... moi ?

Je ravale tout ce que cette idée m'inspire et me concentre plutôt sur ses mouvements. Ingham n'a pas menti : elle a une adresse extraordinaire pour une humaine. Elle brandit Sekhmet avec gaucherie, certes, mais la puissance de ses gestes, la détermination farouche, le placement instinctif de ses pieds et ses choix de posture crient son passif de chasseur. Je dois arrêter ça avant que quelqu'un d'autre ne s'en rende compte.

— D'obsédé !

On en revient à cela. Je ne peux pas lui donner tort, même si j'ignore à quoi elle fait référence. Est-ce au fait que je la suis depuis quinze ans ? Ou bien à ce qu'il s'est passé dans la boite de nuit... ?

Je brûle d'en savoir plus, alors je choisis d'y aller franc-jeu. Ses cheveux dansent partout autour de son visage muré dans la colère quand elle lève son arme au-dessus de sa tête. Sans plus tarder, je brandis le bras à mon tour et enroule mes doigts autour de la tige d'argent. La douleur est infâme, comme d'habitude, mais je n'en ai cure. Rien d'autre ne compte que cette stupeur délicieuse qui ébranle sa détermination, quand je tire sèchement sur Sekhmet vers moi alors qu'elle y est encore accrochée.

Son corps percute le mien de plein fouet. Je me prends des rafales de son odeur en plein visage. Je me consume comme un feu de forêt quand la tiédeur de sa peau réchauffe ma carne glacée. Des nuages de pensées parasites, indécentes, me vrillent la tête quand je sens pulser son cœur contre mes abdominaux, ou quand son souffle tiède et haché s'écrase sur ma nuque.

J'ai envie de glisser un bras autour de sa taille, de la serrer contre moi, de m'imprégner de sa réalité comme jamais je n'en ai eu le droit depuis quinze ans. Elle est là, elle est tout près, elle est à moi.

Mais je me dois d'être rationnel. Prudent. Je m'en voudrais trop de tout gâcher. Tant qu'elle est humaine, ce genre de réaction est intolérable. Ce genre d'espoir est insensé. Alors à la place, je laisse un sourire dériver sur mes lèvres, et m'adresse enfin à elle :

— Bonjour à toi, Léna.

Le délice de lui parler, de prononcer son prénom, est indescriptible. Je vois presque sa température grimper de cinq degrés. Elle cesse de respirer, s'étrangle dans son propre souffle, braque un regard ahuri dans le mien. Puis elle s'écarte. Comme si je l'avais brûlée. Elle se projette en arrière, percute le mur comme elle se serait volontiers jetée dans le vide ; tout pour fuir mon contact. Cette idée me blesse plus que je ne le montrerai jamais.

Rationnel. Reste rationnel. Tu es là pour la protéger, pas pour autre chose.

Je m'autorise un filet d'air – je prends d'ailleurs conscience que, moi aussi, j'avais cessé de respirer – quand elle se détache de mon regard pour le river sur la table des lycans. Elle hurle plus qu'elle ne parle, sans trop savoir à qui elle s'adresse, les jambes tremblantes et le cœur à l'agonie :

— Je croyais qu'il n'y avait que moi qui pouvais utiliser cette arme !

— La personne qui fait exception c'est Eli, ma chérie, répond Léonard, non sans me jeter un regard en biais, indescriptible.

— C'est chiant, hein ?

Allam m'envoie un coup d'œil vorace de l'autre côté de la salle. Nul besoin qu'il n'en dise plus, je l'ai assez entendu râler concernant la présence de cette humaine au manoir de Calcite. Sa méfiance n'a d'égal que son indétrônable capacité à emmerder le monde – moi le premier.

La tension qui bat dans l'atmosphère commence à s'affaiblir quand des rires fusent dans l'assemblée. Pas encore – et probablement jamais – las de m'approcher d'elle, je suis rappelé à la douloureuse présence de Sekhmet au creux de ma main et consens à la lui remettre.

Elle ne relève pas les yeux vers moi, se contente de m'arracher l'arme des doigts d'un geste vif. Des centaines d'idées jaillissent simultanément dans mon esprit pour la pousser à me regarder. Je veux qu'elle me voie. Qu'elle me porte de l'attention. La frustration est infernale.

Rationnel.

Je ravale la bile d'indignation qui m'étrangle pour répondre aux salutations de mes semblables. J'accorde quelques mots, quelques sourires et quelques étreintes à tous ces vampires soi-disant ravis de ma présence parmi eux, sans pourtant dévier ma véritable attention de la jeune femme.

Léonard, Victoria et Jake se sont approchés d'elle, tendent à comprendre l'origine de son comportement. Elle demeure mutique, paralysée dans une honte qui me lacère de l'intérieur.

— Tu lui as fait quoi ?

Je n'ai pas besoin de capter son regard pour savoir que Jake s'adresse à moi. A nouveau, une foule d'idées sanglantes me traverse l'esprit à la simple mesure de la façon dont il a craché ces mots. Il m'accuse de lui avoir fait du mal. Je peux lire dans sa posture, dans ses yeux et dans la grimace acariâtre qu'il m'envoie tout ce qu'il prend déjà pour acquis concernant l'humaine. Il recherche sa confiance. Me provoque pour se donner de l'importance.

Je n'aurais pas dû m'attarder si longtemps. J'aurais dû être le premier à accueillir cette jeune marquée en ces lieux. Ainsi, ce bougre n'aurait jamais songé à poser ses sales pattes sur elle.

Rationnel.

Je lui lance un regard on ne peut plus clair concernant tout ce qu'il risque à me provoquer de la sorte, et lui réponds avec calme :

— Rien qui te regarde, Jake.

Je ne peux m'empêcher d'observer la réaction de la jeune femme. Elle a les yeux rivés sur moi – comme je l'espérais – mais je ne parviens pas à décrypter tout ce qui la submerge en cet instant. De la peur ? De la surprise ? De la honte, encore ? Du... non, impossible. Du désir ? Je n'ose l'espérer. Même si je ne dois pas l'espérer, de toute façon.

Quand tout a changé ? Quand ai-je troqué ma méthode, ma détermination à la protéger, l'impartialité de mon plan pour faire d'elle une vampire, contre cette douloureuse chaleur dans mon bas-ventre ?

M'autoriser à la toucher dans ce club rempli d'humain a été une erreur. Recommencer quand elle tremblait de douleur dans son lit en a été une autre. Je ne dois pas susciter de tels sentiments chez elle. Je veux qu'elle me fasse confiance, je veux la protéger, je veux lui ouvrir les portes de mon monde. C'est tout ce que je suis en droit d'espérer quand on sait qui je suis ; la créature qui a fait d'elle une orpheline et qui lui a arraché dix ans de souvenirs.

Pourtant, quand elle pose les yeux sur moi, quand elle me regarde, moi, et pas les autres... j'exulte. J'existe. Et je ne m'en lasse pas.

Elle s'arrache à mon regard pourtant, s'arrache d'ailleurs à tout le reste, en se tortillant contre le mur pour s'échapper. Victoria retient Jake, Léonard pince les lèvres, et moi je me brise en mille morceaux. Elle fuit à toute jambes, l'expression hagarde, terrifiée et, hélas... dégoûtée. Voilà tout ce que notre rencontre lui inspire. Voilà tout ce que je lui inspire.

Une voix acide et tranchante me grignote le fond de l'esprit. Une voix qui a toujours raison, une voix qui ne se laisse pas berner par ce que je brûle de voir, ce que j'espère lire dans le regard de ma protégée.

Je ne suis pas digne de la fille impossible, et il semble qu'elle l'ait déjà compris. 



***

Aloooors, est-ce que ça vous a plu ? Petit retour en arrière, dans la tête de notre BG torturé au coeur tendre <3 

On m'avait réclamé ce point de vue plusieurs fois, c'est maintenant chose faîtes !

Là-dessus, je m'en vais souffler mes 29 bougies (je suis officiellement dans la team "PLUS QU'UN AN PTAIN T_T"), et je vous souhaite un très bon dimanche. 

A mercredi mes louloups, pour la suite d'Apprivoisée ! <3


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top