Chapitre 9
Comme la fois dernière, Arthur posa lentement ses mains sur le dos d'Ajaccio, et mît progressivement tout son poids dessus. L'étalon ne réagit pas. Il était content d'avoir pu se changer à la fin de ses cours, car il était déjà plein de sable. La journée lui avait semblé longue, sans doute en raison des interminables monologue de ses professeurs sur le déroulement de l'année. Après la répartition du matin et le premier exercice de Natural Horsemanship, Maxence et lui avaient rencontré leur professeur de Mathématiques, un homme d'âge mûrs aux tempes grisées, sévère mais sympathique, leur professeur de français, une jeune femme blonde douce et claire, et leur professeur de sciences, une dame à l'allure svelte et au visage déjà parcouru de quelques rides, avant d'avoir deux heures de course à cheval avec leur professeur principal.
Prudemment, le blond passa sa jambe droite par dessus la croupe du pie, avant de, d'une petite impulsion, se hisser sur le dos d'Ajaccio. Aussitôt, celui-ci repartit au galop. Cramponné à la crinière de l'étalon pie, Arthur se laissa emporter par cette créature splendide. Avant même qu'il n'ai pu se remettre de son départ effréné, Ajaccio avait franchi la barrière de la carrière avec une grâce déconcertante. La bête noire et blanche s'élançait maintenant entre les premiers arbres de la forêt sans fin qui entourait l'académie.
Sans doute le blond aurait-il dû être terrorisé. Pourtant, il se sentait léger comme une plume, et, surtout, libre comme le vent. Les branches lui griffaient le visage, les feuilles s'emmêlaient dans ses cheveux, et la terre s'envolait sous les sabots de l'étalon.
Il avait perdu la notion du temps. L'idée d'essayer d'arrêter l'immense bête noire et blanche ne lui vint même pas à l'esprit. Comment lui, si petite plume cramponnée à la crinière de cette créature qui incarnait le vent et la liberté elle-même, pouvait-il tenter de l'arrêter ?
Ils arrivèrent dans une immense clairière, en haut d'une colline, qui surplombait les forêts qui s'étendaient à perte de vue. L'étalon se cabra, mais son cavalier ne tomba pas. Ajaccio s'arrêta. Prudemment, Arthur descendit et lui tapota l'encolure. Le soleil disparaissait derrière les arbres. Le pie commença à brouter tranquillement tandis que les premières étoiles illuminaient le ciel d'encre de leurs lumières opalines. À quoi bon se mettre sur le chemin du retour, maintenant ? D'ici à ce qu'ils arrivent à l'académie, minuit seront passés.
Arthur s'allongea dans l'herbe. La brise fraîche du crépuscule le fit à peine frissonner, et pourtant, il était trempé de sueur. Ajaccio ne lui tapota la joue des naseaux et s'allongea près de lui. D'un hennissement, il l'invita à s'installer contre lui. Le blond accepta avec joie et enfonça sa tête dans la fourrure d'ébène de son compagnon. Douce comme la soie, brillante comme la lune.
Ainsi allongé, le jeune homme se laissa bercer par le chat des croquets et la respiration calme de son compagnon. Le vent lui soufflait au visage, comme si il le caressait et lui chuchotait à l'oreille. Tu vois, c'est ça, la liberté.
Quelques rayons égarés teintaient déjà les premiers nuages de rose quand Arthur entrouvrit les paupières. Il lui fallut quelques secondes pour se rappeler de son épopée. Il se redressa doucement et réalisa qu'Ajaccio était toujours allongé contre lui. L'étalon cependant broutait tranquillement les touffes d'herbes assez proche de lui pour qu'il n'ai pas à se lever. Le blond lui tapota l'encolure et retira soigneusement les brins d'herbes qui y étaient accrochés. Le pie s'ébroua et se leva. Ajaccio fit quelques pas dans la clairière avant de poser ses naseaux humides sur la joue de son compagnon. Arthur sourit et chercha du regard quelque chose qui pourrait lui servir d'escabot. Mais la seule chose légèrement surélevée était une petite monticule de terre qui lui arrivait à peine à la cheville. Le blond soupira et se rapprocha de son compagnon. Celui-ci releva la tête d'entre les brindilles et l'observa.
- O.K., mon grand, va falloir y aller maintenant !
Le garçon posa ses mains sur le dos d'Ajaccio et se mit sur la pointe des pieds pour essayer de se hisser dessus. Il agita les jambes pour tenter de se donner de l'élan, mais ce ne fut pas au goût dû pie, qui s'éloignait en trottinant, laissant tomber son cavalier dans l'herbe humide.
- Sympa, maugréa le jeune homme.
Cette fois, il repéra un peu plus loin un tronc d'arbre tombé. C'était plus petit que les blocs dans la carrière, mais assez haut pour qu'Arthur parvienne à se hisser sur le dos d'Ajaccio. Il appela l'étalon et lui tapota l'encolure, puis tenta tant bien que mal de le mener jusqu'au tronc d'arbre. Lorsqu'enfin le pie se tint tranquille devant son escarbot de fortune, Arthur, tout en répétant son rituel de montée, réfléchit au moyen de tenir l'étalon tranquille. Aussi, dès qu'il fut sur son dos, le blond se pencha -Tout en tenant fermement la crinière de son compagnon- tant en gant qu'il touchait presque la croupe d'Ajaccio. Peine perdue. Le pie s'élançait déjà au grand galop à travers la forêt, projetant son cavalier en avant. Arthur se cramponna à la crinière d'ébène de la bête noir et blanche pour ne pas faire un magnifique vol plané.
Les branches épineuses des pins lui griffaient le visage et les larmes ourlaient sur ses tempes. Il ne voyait plus que la splendide créature qui l'emportait au loin, et ses deux mains cramponnées à sa crinière.
Lorsqu'il reprit ses esprits, Ajaccio avait prit un galop régulier. Les arbres étaient plus hauts et plus écartés. Et, si son visage et ses mains le brûlaient, son cœur, lui, était léger comme une plume.
Arthur se pencha lentement en arrière, espérant ralentir l'étalon. Il ignorait ce qu'il pouvait faire d'autre, de toute façon, puisqu'Ajaccio n'était visiblement pas dressé.
Alors, il entreprit de lui caresser lentement l'encolure.
- Hooo, fit le jeune homme, les épaules rejetées en arrière. Comme un miracle, l'étalon passa au trot - allure plutôt inconfortable puisqu'il était à crue - avant de continuer au pas. Ravi, le blond lui flatta la crinière.
- C'est bien,murmura-t-il.
Il décida de mettre ne pratique ce qu'il avait appris sur l'équitation western. Prudemment, il serra les jambes sur les flancs de l'étalon et se pencha vers la droite. Il lui fallut mettre ton son poids pour qu'Ajaccio comprenne. Enfin, le pie tourna vers la droite. Le garçon répéta l'exercice de l'autre côté. Ajaccio tourna vers la gauche. Arthur pressa ses jambes sur le flanc de l'étalon, avant de donner quelques petits coups de talons.
Le pie partit au trot.
Aurait-il finalement été dressé ?
Il se pencha en arrière.
L'étalon repassa au pas.
Un cheval sauvage ne pouvait pas répondre aussi facilement à des ordres qu'il fallait des années pour un poulain pour l'assimiler.
Pourtant, après plusieurs coups de talons, l'étalon s'élança au galop tout en obéissant parfaitement aux ordres de direction de son maître.
Celui-ci réalisa avec horreur qu'il ne savait pas du tout dans quel direction aller pour rentrer à l'académie. S'efforçant de cacher sa terreur pour ne pas effrayer sa monture, le garçon réfléchit.
Il y avait forcément des indices, des panneaux qui l'indicait. Mais qui viendrai planter des panneaux en pleine forêt ? Arthur comprit alors avec effroi qu'il était perdu. Dans les deux sens du terme, d'ailleurs.
Finalement, il fit demi-Tour et gravit la colline ou Ajaccio et lui avaient passé la nuit. Il verrait bien quelque chose, de là haut. En effet, arrivés sur le haut dépourvu d'arbre, les deux compagnons redécouvrirent les forêts du Canada qui s'étendaient à perte de vue. Elles étincelaient de façon irréelle, comme si elles cachaient un terrible secret. C'était l'impression qu'avait le jeune homme en observant cette canopée impénétrable. Le soleil venait tout juste de passer l'horizon. Le blond tourna la tête de tout les côtés et finit par apercevoir, à des lieues de là, un reflet blanc-bleuté. Il hésita. Comment être sûr qu'il s'agissait de l'académie ? Mais il n'avait pas vraiment de choix. Et puis, si se n'était pas l'académie, peut-être était-ce un village qui pourrait lui indiquer la direction. Alors, il élança Ajaccio au grand galop à travers les forêts. À nouveau, l'impression de voler envahit son cœur comme des milliers de papillons en cage. Les sabots de l'étalon effleuraient à peine le sol et la brise d'automne agitait sa crinière. Les oiseaux chantaient le lever du soleil et les écureuils s'agitaient sur leurs branches. Il ne pourrait dire depuis combien de temps durait la course effrénée. Mais, entre les branches, il finit par découvrir avec soulagement, au loin, un immense bâtiment immaculé au tourelles.
Sous le soleil matinal, les tours envoyaient à travers toute là forêts des reflets blancs. Ajaccio et lui débarquèrent devant la barrière qui entourait les prés à l'orée de la forêt. Ajaccio la sauta sans difficulté. Arthur le fit ralentir alors qu'il galopait entre les paddocks, passant au pas - allure bien plus discrète -. Aussitôt, ses inquiétudes remontèrent comme une bouffée d'air brûlant. Il avait désobéit. À plusieurs règles, d'ailleurs. Notamment:
- Celle qui interdisait de dormir en dehors de l'académie sans autorisation officielle
- Celle qui défendait de partir à cheval plus de 4 heures non accompagnés
- Celle qui interdisait de partir seul sans prévenir personne
- Celle qui défendait de se trouver dehors sans autorisation après le couvre-feu
Quatre règles importantes de l'académie, qu'il venait toutes d'enfreindre en une nuit. Ignorant ses angoisses qui semblait agir comme un accélérateur sur une pente de montagne russe, il guida soigneusement l'étalon pie entre les prés. Une classe, déjà, travaillait dans la carrière. Le blond réalisa qu'il s'agissait de la sienne, puisqu'il venait de voir - Non sans effroi- Maxence sauter un mur sur son magnifique cheval doré. Arthur se dépêcha vers les box, quand il entendit la voix grave d'Ewan.
- Arthur ! On t'a cherché partout !
———
Vwala !
Je vois déjà certains commentaires... 😑🙄
C'est irréaliste et Gnagnagna...
1. C'est de la fiction
2. C'est important pour la suite de l'histoire
Tidiiiiii !
J'espère que vous avez passé une bonne journée 😉
Lune d'Encre
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