Chapitre 2

Le sac mollement pendu sur une épaule, Arthur traînait des pieds sur le chemin de terre qui menait jusqu'au centre du village. Il avait étudié jusqu'à près de minuit le livre trouvé dans la forêt et n'avait réussi qu'à déchiffrer certains dessins. Les runes restaient un véritable mystère. Voyant sa fatigue au matin, son père avait insisté pour qu'il aille à l'école à pied, de peur de son fils ne tombe ou se blesse avec son pur-sang. Il évitait soigneusement les passants, de peur de trouver parmi eux ceux qui lui rendaient la vie dure. Au détour d'un chemin, pourtant, un homme, plutôt jeune, aux cheveux parfaitement laqués sur le crâne, en costume-cravate noire à la chemise blanche, vient vers lui d'un pas décidé. Ne voulant pas s'attirer d'ennuis puisqu'il ne connaissait pas cet homme, il traversa la route - maintenant bétonnée - Et reprit son chemin de l'autre côté du trottoir. Au grand désarroi du jeune homme, l'étrange personnage en costume l'imita.

Alors qu'il s'apprêtait à presser le pas, son poursuivant lui attrapa le bras, le forçant à s'arrêter.

- Attendez, enfin ! Vous êtes bien Arthur Anderos ? demanda son interlocuteur. Surpris, le garçon se retourna en hochant la tête.

- Comment connaissez-vous mon nom ?, s'interrogea Arthur.

- C'est une longue histoire. Je vous cherchais...

- Me chercher ? Pourquoi ? Personne ne s'intéresse à moi ici, le blond repartit en soupirant, les mains dans les poches.

- Je ne suis pas d' « ici », répondit l'étranger avec un sourire. Je m'appelle Isareel, gardien de LightFire.

- LightFire ? demanda Arthur, sceptique.

- Le nom n'est pas important, sourit le dénommé Isareel. L'académie n'aime pas envoyer ses lettres par la poste, de peur qu'elles n'arrivent en retard. Tiens, c'est pour toi, fit-il en tendant au garçon un lettre à l'ancienne fermé par un étrange cachet. Je serai toi, je rentrerai la lire tout de suite.

- Tout de suite ? Mais j'ai cours, là, fit remarquer le jeune homme.

- Il te reste encore un peu de temps. À très bientôt, Arthur.

Et l'étrange personnage disparu au coin de la rue. Sa légendaire curiosité l'emportant sur la méfiance, le lycéen rentra chez lui en courant. Surpris par la porte qui s'ouvrît à la volée, Eras, le père d'Arthur, rejoignit son fils dans le salon.

- Que se passe-t-il ? demanda l'homme d'âge avancé.

- Bonne question ! Je devrai pouvoir y répondre après avoir lu cette lettre !

Il s'assit sur le canapé moelleux adossé au mur avec excitation. Il jeta un coup d'œil par la fenêtre et vit Sheïtan qui s'agitait.

Le blond déchira l'enveloppe avec soin et déplia la feuille qui se trouvait rangée à l'intérieur.

Manuscrite, soigneusement écrite, la lettre se présentait ainsi :

Arthur écarquilla les yeux et fouilla dans l'enveloppe pour trouver un billet d'avion prévu au 3 octobre ! Il se tourna vers son père mais celui-ci ne semblait pas le moins du monde surpris.

- Il me semblait pourtant que la rentrée n'était que la semaine prochaine... commença-t-il.

-QUOI ?! Attends, tu étais au courant ? Tu étais au courant que Maman m'avais inscrit à une académie d'équitation et que je devrai partir et tu ne m'as RIEN DIT ?!

- Allons, calme-toi. J'avais l'intention de te le dire mais la lettre est arrivée avant. Viens, allons chercher tes affaires, fit Eras en montant les escaliers.

- Tu les a déjà acheté ? demanda le garçon, allant de surprise en surprise.

- Oui, l'équipement de randonnée et d'équitation était en promo cet été. Et j'ai toujours des cahiers à pages blanches quelques part...

- Mais j'ai déjà un équipement d'équitation, fit remarquer Arthur.

- Un neuf ne te feras pas de mal. Allez, viens !

Le blond suivi son père dans les escaliers, se demandant quelle surprise l'attendait encore.

Arrivé dans la salle de bain de la mezzanine, Eras ouvrit une trappe blanche presque invisible sur le plafond de la même couleur, et une échelle se déplia.

- HEIN ?! Le garçon fixait l'échelle.

- Elle mène au grenier, précisa son père.

- ON A UN GRENIER ?!

- Je préférais ne pas t'en parler, il y a beaucoup de..hum... souvenirs.

L'homme aux tempes argentées monta l'échelle et redescendit quelques minutes après avec un énorme sac qu'il réemmena dans le salon. Eras sortit un gros sac à dos solide, aux nombreuses poches, bleu foncé, surmonté comme il en convient d'une couverture attachée par des « cordes ».

- Voici ton sac de randonnée, ton sac de couchage, il montra un paquet de tissu en forme cylindrique, et ton... il sortit des bottes neuves d'un noir éclatant, un pantalon foncé et une bombe noire, nouvel équipement d'équitation et... il replongea la main dans le sac pour en sortir un épais anorak à la capuche en fourrure, un anorak, et encore les cahiers à pages blanches ! Il sortit quatre beaux cahiers aux pages entièrement vierges.

- WoW.. merci Papa, le garçon observait tout avec attention.

- Pour le petit sac et la veste fine, tu n'auras qu'à prendre la veste que tu mets maintenant, il désigna une belle veste bleue marine aux contours argentés, et ton sac actuel de lycée. 

Le dit sac noir était posé à la rapide dans l'entrée. Arthur alla les chercher puis commença à préparer ses affaires en plein milieu du salon. Il commença par ranger le sac de couchage et l'équipement d'équitation avec soin dans le plus gros des deux sacs, puis y plia l'anorak, la veste fine, de quoi s'habiller tout les jours - Le sac était décidément fait à la Marry Poppins- Et ses chaussures de marches qu'il alla chercher dans l'entrée. Dans le petit sac, il rangea d'abord les quatre cahiers, puis un beau costume-cravate noir offert à son anniversaire, les friandise préférée de Sheïtan, deux vieilles photo, l'une le représentant, entouré de Yuki, les parents de celle-ci et de ses propres parents le jour de ses quatre ans, et la seconde, lui, à six ans, assis sur un petit poney tenu par sa mère, et son père qui faisait une grimace à côté. Il y rangea aussi avec soin une belle orchidée violette cristallisée « Comme ça, tu penseras toujours à moi », lui avait dit Yuki en la lui offrant. Son père lui tendit aussi un sandwich qu'il venait de préparer, emballé dans de l'aluminium.

- Et au fait.. et le lycée ? demanda le garçon en se rappelant que tout ça n'était pas un conte de fée.

- J'irai leur expliquer demain, quand tu seras partit.

« Quand tu seras partit »... Ces mots sonnaient comme le doux murmure d'un rêve à ses oreilles. Mais et si les élèves de l'académie étaient aussi horribles que ceux du lycée ? Il chassa cette sombre pensée de la tête. Des enfants qui aimaient les cheveux ne pouvaient pas être comme ça.

« Merci Papa... Tu ne sais pas à quel point je suis heureux de partir pour une académie d'équitation !

-J'espère que tu n'es pas aussi heureux de quitter tout vieux père tout rouillé ! grommela Eras avec un petit sourire. » Arthur éclata de rire et serra son « vieux père tout rouillé » contre lui.

Le reste de la journée passa à une vitesse phénoménale. Ils avaient déjeuné, puis étaient allé chez le médecin pour un visite médicale avec le départ. Ensuite, ils étaient allé goûter et dîner chez Mr Gregor, le vieil ami d'Eras. Roulé en boule sous sa couette, Arthur pensais au - sans doute magnifiques - prochaines années d'études qui l'attendait. Son père lui avait révélé que LightFire se trouvait en plein milieu des forêts du Canada. La nature, les animaux, les arbres, le vent, la neige... Un véritable rêve pour le jeune homme.

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