Chapitre 10

- M. Anderos, n'est-il pas un peu tôt pour commettre ces bêtises ? L'année vient juste de commencer et vous voilà déjà dans mon bureau.

Arthur, tête baissée, honteux, se mit à examiner avec le plus grand intérêt les dalles de bois qui jonchaient le sol. Aussitôt Ajaccio rentré dans son box, Arthur avait été expédié sans détour chez la directrice.

- Regardez-moi dans les yeux, M. Anderos ! exigea le professeur Ayaren.

Le blond releva piteusement la tête. Eya Ayaren était une jeune femme douce, claire, et stricte. Et son charme et sa beauté apparente ne pouvait que renforcer le respect que chaque habitant de LightFire lui vouait. Elle avait de longs cheveux bruns rangés derrière deux oreilles très fines. Ses yeux émeraude brillaient constamment, et leur éclat était doublé par la pierre précieuse qui pendait à son cou.

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Elle observa le jeune homme de seize ans qui se tenait devant elle. Liam le lui avait amené après avoir retourné toute l'académie à sa recherche. Il lui avait presque fait pitié alors qu'il gardait piteusement la tête baissée. Quand la brune lui avait ordonné de la regarder dans les yeux, elle avait découvert deux éclats du ciel brillants de mille feux, incarnation de l'océan glaciale et du ciel d'été en même temps. Il lui venaient de sa mère, elle en était certaine.

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- Qu'avez vous à dire pour votre défense ? tonna la voix de la jeune femme stricte.

- Rien, Madame, murmura le garçon.

Alors qu'Arthur semblait d'abord avoir apitoyer la directrice, elle était maintenant en colère -très en colère- et s'était levée. Les paumes posées sur son bureau, elle continua:

- Mais bons dieux, qu'est-ce qui vous a pris ?! Vous ne croyez tout de même pas que je n'ai que ça à faire, de m'inquiéter d'un garçon qui a disparu toute la nuit ?! Comme si je n'avais pas déjà assez de problèmes !

Arthur se dandina d'un pied sur l'autre, effrayé par la fureur de la directrice.

- Répondez-moi ! ordonna celle-ci.

- J'ai fait une erreur, Madame, répondit le blond d'une petite voix. Je pensais pouvoir maîtriser mon cheval, mais, quand j'ai repris mes esprits, je n'avais aucune idée du temps qui s'était écouler ni de l'endroit où je me trouvais. Alors, j'ai dormi sur place.

La jeune femme se rassit en se massant l'arrête du nez.

- Professeur Okendarr, ramenez ce jeune homme à sa classe, ordonna la directrice d'une voix morne.

- Oui, madame.

L'homme qui l'avait amené jusqu'au bureau avait une trentaine d'année, des cheveux bruns parfaitement coiffés sur le crâne et un costume-cravate noir. Visiblement, c'était la mode, ici. Le prenant par le bras, le professeur Okendarr conduisit, comme demandé, Arthur vers sa salle d'anglais

, sans un mot. L'homme toqua, avant de baisser la poignée. Une femme aux cheveux bruns courts, plutôt petite, mais très dynamique, le salua d'un hochement de tête. Le professeur l'abandonna ainsi devant la classe interloquée.

- On m'a mis au courant de votre mésaventure. Asseyez vous et prenez note, M. Anderos.

Arthur se précipita sur la chaise restée libre à côté de Maxence. Il y ouvrit le cahier qui y avait été distribué pour l'anglais et prit son stylo. Sans discuter, il prit en note ce qui était écrit au tableau.

Par la fenêtre, on voyait des nuages gris s'amonceler au dessus de l'académie.

À midi, il pleuvait. Les gouttes tambourineraientt contre le fenêtre de la cantine. Cannelle et Grenade racontait à Sasha l'Épique Épisode Du Serpent De Plastique tandis que Maxence tirait à Arthur les vers du nez pour savoir ce qui s'était passé pendant la nuit. Et ses théories ne manquaient pas.

Mais le blond ne l'écoutait pas. Il regardait par la fenêtre. Sur une de chaise de la terrasse de la cantine, un beau chat noir se toilettait tranquillement. Plus loin, sous le grand chêne, à l'abri des épaisses gouttes tombées des nuages, Isareel et le professeur Okendarr discutaient en agitant les mains. Les chevaux avaient rentré leurs tête dans les boxes, mais quelques hennissement témoignaient qu'ils n'appréciaient pas plus la pluie que les élèves coincés à l'intérieur. Et cela ne promettait pas de s'éclaircir. Au contraire, plus temps passait, plus les nuages semblait s'épaissir.

En fin d'après-midi, le temps n'avait pas changé, si il n'avait pas empiré. Leur professeur de sport, M. Sheffer, avait décidé qu'il « s'agissait du temps parfait pour s'entraîner à l'endurance », et Arthur se retrouvait à courir dans la boue, entre les prés des chevaux, en -Dieu soit loué - tenue de sport. Malgré la terre dégoulinante qui maculait ses vêtements, il appréciait regarder les chevaux s'ébrouer dans' leur paddocks où se faire un rempart contre le vent humide.

Soudain, il y eu un flash de lumière, suivit d'un tonitruant coup de tonnerre. Et si la plupart des chevaux continuaient calmement à brouter sous la pluie, certains poussèrent un hennissement terrifié.

M. Sheffer ne leur prêta pas attention et ordonna de continuer. Arthur commençait à s'essouffler et s'arrêta en prenant appui sur une clôture pour reprendre son souffle. Puis, il reprit sa course derrière Maxence qui fermait la marche. Ses cheveux, d'ordinaire d'un doré étincelant, étaient collé contre son front. Le pitre se retourna et lança un sourire encourageant à son ami. Puis, il se figea. Peu à peu, son expression amusé se changea en une expression d'effroi. Il vit les autres élèves se retourner peu à peu, et le blond remarqua un bruit qu'il n'avait jusque là pas perçu à cause de la pluie. Un bruit de sabots qui martelaient le sol. Sans doute certains élèves avaient quand même décider de sortir en balade. Mais la cavalcade - car c'était ce qu'Arthur entendait maintenant- semblait dangereusement proche. Prudemment, Arthur se retourna.

Une immense bête noire et blanche frappait la terre de ses sabots d'ébène. Ses yeux fous roulaient dans leurs orbites. Les élèves, figés de terreur, étaient incapables de faire le moindre mouvement. Même leur professeur de sport semblait immobile, car ses ordres étaient restés suspendus en l'air. La créature se rapprochait dangereusement, et pourtant, personne ne bougea. Arthur aurait voulu prendre ses jambes à son cou et s'éloigner le plus possible de cette bête folle. Mais il s'en savait incapable.

Ce n'est que lorsque que les yeux noisettes de l'étalon se braquèrent sur lui qu'Arthur le reconnut. Ajaccio.

Si le blond ne faisait rien tout de suite, il serait massacré sous ces puissants sabots, de même sans doute que toute sa classe. Alors, il fit la seule chose qui lui vint à l'esprit. Vivement, il écarta les bras, comme un rempart devant lui.

L'étalon, alors qu'il était sur le point de réduire le blond en lambeaux, se cabra. Il laissa retomber ses antérieurs sir près du garçons qu'il en frissonna. Doucement, Arthur lui caressa les naseaux, puis l'encolure, en murmurant à ses oreilles des paroles rassurantes. Ajaccio semblait encore terrorisé, comme les élèves, mais son regard noisette papillonné d'or braqué sur le garçon, avait l'air de l'écouter avec la plus grande attention. M. Sheffer reprenait peu à peu ses esprits et s'approcha de ses élèves.

- Vous n'êtes pas blessés ?

Sortants peu à peu de leur torpeur, les jeunes gens secouèrent la tête. Bientôt, Ewan arriva en courant aussi vite que son petit ventre rondelet le permettait.

- M. Sheffer, je suis vraiment désolé... cet étalon à échappé à mon contrôle, balbutia le palefrenier.

- Ce n'est rien, mon ami, assura le professeur. Nous devrions plutôt remercier se jeune homme pour avoir calmer cette créature.

Arthur esquissa un sourire timide.

- Ah, oui ! Merci, P'tit gars ! s'exclama Ewan en tapotant l'épaule du garçon.

L'homme à tout faire passa le licol au cheval noir et blanc après qu'Arthur lui ait tapoté une dernière fois l'encolure.

Derrière Ewan apparut le professeur Okendarr, dans son parfait costard.

- M. Anderos, vous êtes attendu dans le bureau du professeur Ayaren dans cinq minutes. Suivez-moi.

Le ton, comme à l'habitude, sec et sans appel de l'homme brun lui défendait d'essayer de se défendre et il dû suivre, tête baissée, le professeur à travers les prés. Maxence lui montra un pouce levé en signe d'encouragement, auquel le blond répondit par un faible sourire. Sans doute cet Intervention - qui avait révélé au grand jour qu'il avait travaillé sans autorisation avec Ajaccio - aggraverait-elle sa punition.

Décidément, M. Okendarr n'était pas très bavard. Il se contenta, devant le bureau de la directrice, d'un court:

- Faites attention à la marche.

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Vwala un petit chapitre ! 

J'espère qu'il vous a plus ! Personnellement, j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire !

Bichous !

                          Lune d'Encre

Post-Scriptum: */ signifie changement de point de vue

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