À quel moment ça devient vrai ?
Elle se dépêche de manger,Nana, pour fumer sa clope en vitesse et rentrer. Tanya chope un mégot comme un reste de maison. La crapote en deux minutes. Sort une clope,l'apprécie dans le flou des étoiles sous lesquelles elle vit. Les autres aussi fument, parlotent.
Pas de vraie communication, on n'ose pas hausser le ton et avoir l'air vivant•es.
Ma porte est toujours fermée à clef.

Ya celle qui est perdue entre l'alcoolisme et le mysticisme (deux fois plus à boire). Celle qui pense à son mec et son foutu bébé. Celle qui semble détester tout le monde. Moi qui m'assois sur la margelle et pose mes pieds sur une chaise un moment le soir. Rejointe ce soir-ci par Michel qui me glisse qu'il voudrait lâcher une grosse caisse plus loin.

Je ne sais pas quel genre je suis pour lui. Il a demandé. Pas trop l'air de comprendre. J'ai toujours peur qu'il me serre la main quand il me tend la sienne, mais c'est pour un check. Il redemande si ça va. Je parle des crises d'angoisse. Il dit que ça va bof aussi.

Je file. Je sais plus ma place. Dedans, ça concaténationne. Sévère.Marteler triolet de doubles la grosse caisse. À se crever le tympan.Mais c'est moi qui veux crever. Avec mon gravier tout défoncé, mes granulés SD qui crissent sous la dent, très l'amertume. Envie lente aussi de découper avec un long couteau. Chirurgical. M'étirer la peau. Voir le sang se répandre, mon sang, avec une douleur de sourd.Jusqu'à l'os, oui. Me voir révélée. Me savoir juste bout de chair sur laquelle j'ai amalgamé du genre et des envies et des vers.

Demain,j'en parle à la psy entre les quatre murs moches. Qu'elle m'épingle.Qu'elle m'étiquette. Qu'elle me donne un sens.
J'en peux plus de manger du médiocre à heures fixes précédé de médocs.
Peut-être elle décidera de si j'ai droit à mon tuyau de douche.