Chapitre 8: descente aux enfers
descente aux enfers
Trois jours.... seulement trois jours s'étaient écoulés, depuis cet instant où tout s'était arrêté, sur ce trottoir, près de ce vieux camion à burger. Trois jours que j'étais assis à cette table, quasiment immobile. Les seuls mouvements que je m'autorisais encore, c'était de redresser mon coude assez haut pour porter ma bouteille de whisky jusqu'à mes lèvres et m'obliger à me lever pour aller en chercher une autre. Trois jours que je revivais cet enfer.
Devant moi, ma vieille arme était ma seule compagne. Parfois, je me surprenais à lui parler... Je voulais tant partir. Je voulais tant avoir ce dernier geste... Mais j'en étais incapable. Cela ne lui aurait pas plu. Je pouvais presque entendre sa voix un peu niaise : « Vous ne devriez pas faire ça, lieutenant... » T'as raison tiens... Pauvre crétin va.
Mon regard oscillait entre ma bouteille, mon arme, un portrait d'enfant... et un pauvre quarter américain. Je pris le morceau de métal dans mes mains.
« t'es ici... mon cul ouais... putain d'androide ! »
Dans un geste de colère que je regrettais aussitôt, je lançais la pièce de toutes mes forces à travers le salon. Elle retomba mollement sur le tapis. Je me mordis la lèvre. Jamais je n'arriverai à marcher jusque là. Putain, ce que tu me manquais... T'avais pas idée de combien tu me manquais. Une nouvelle gorgée de poison ambré... mais toujours rien. Je respirais encore. Je me détruisais trop lentement. Pour toi, par contre, c'était allé si vite... Je l'avais même pas vu venir.
Je m'en rappelais encore. Je n'arrivais pas à te lâcher. Je n'arrivais pas à renoncer, à déposer ton corps comme ça, sur ce maudit trottoir, et à le laisser là, dans cette ville grise, pourrie jusqu'à la moelle. Pourtant, il n'y avait plus rien dedans, je le savais. Ce n'était plus qu'un morceau de plastique à ton image. Tu avais tout donné pour sauver les tiens. J'aurais voulu que tu gardes tout pour te sauver, toi. Je me souvenais si parfaitement de l'expression sur ton visage. De tes yeux vides et gris... Et de ce sourire, ce si beau sourire, si paisible. Mais merde Connor, c'était si difficile que ça de vivre ! C'était si difficile que ça de faire battre ta maudite pompe à sang bleu, de les rouvrir, ces paupières de plastique ! J'aurais donné n'importe quoi pour entendre encore le son de ta voix complètement foirée! J'aurais tout donné... Mais ça n'aurait rien changé, hein ? Et maintenant, je me sentais complètement vidé... Tellement vidé, que je n'avais même plus la force ni l'envie de loger une balle dans la tête de ce connard de Kamski. Cette pièce... Je pensais qu'elle te sauverait. Je pensais... mais quel con ! Tu n'avais jamais été qu'une suite de chiffres pour ces gens-là. Pour moi, tu étais tout... Je leur ai fait confiance, Connor, et voilà le résultat ! Je ne voulais pas... Pardonne-moi... Je pensais réellement que ça allait te sauver. Reviens, petit, reviens... Je n'en peux plus de ce monde de merde. Ton innocence y a laissé un gouffre insondable. À présent, je n'aspire plus qu'à le voir crever, et moi avec. Mais tu t'étais battu pour qu'il survive, imbécile, alors, vivons, puisqu'il le faut !
Je suis désolé... Pardonne-moi, gamin... J'eus un petit rire... Ce que je pouvais être idiot... Avant même que je le demande, j'en étais certain, tu m'avais déjà tout pardonné... Tu étais comme ça, après tout. Plus on t'insultais, plus tu souriais... Plus on te rejetais, plus tu t'attachais. Prêt à sauver tout le monde, toujours... Alors que personne n'avait été là pour te sauver, toi. Un véritable petit chien... Et si tu savais combien je les aimais, les chiens !
« Hank ? Vous êtes là ? »
La voix grésilla dans un vieux talkie militaire. Après ta mort, Markus me l'avait remis pour « communiquer » avec moi. Il s'inquiétait... Mais c'était déjà trop tard. J'étais mort une première fois quand Cole s'était éteint, à l'hôpital... Et je venais de crever une seconde fois. C'était bien trop, dans une seule vie. Normalement, les humains, ça ne revient pas.
Je levais de nouveau ma bouteille, mais aucune goutte ne vint. Ah, merde, plus de whisky. Ce monde était décidément bien pourri. Je sentis quelque chose s'appuyer contre ma cuisse. Machinalement, je caressais Sumo.
« Si tu savais comme ils me manquent, mon vieux... T'imagine même pas... »
Lentement, je pris le revolver. Sumo gémit doucement à côté de moi, avant de retourner dans son panier, la tête posée sur ses pattes, ses grands yeux noirs me fixant intensément. J'eus un sourire... Vivre... Va te faire foutre, Connor, t'en as pas été capable, toi, alors je ne te dois rien non plus... Allez tous vous faire foutre !
Je fis tourner le barillet du revolver, avant de le poser sur ma tempe. Je fermais lentement les yeux...
« Lieutenant Anderson, je m'appelle Connor. Je suis l'androïde envoyé par Cyberlife... »
Revenir en arrière, au Jimmy's bar, encore une fois. Si seulement c'était possible... Si seulement... J'appuyais sur la gâchette. Il y eut un petit bruit sec. Loupé, encore une fois. Je tournai donc à nouveau le barillet.
« Je suis désolé, M.Anderson. Nous avons fait ce que nous avons pu. Mes ses blessures étaient trop graves. Nous vous présentons nos plus sincères condoléances. »
Ce corps, si petit, recouvert par un drap. Il semblait juste dormir profondément, comme lorsque je rentrais dans sa chambre, ces matins d'école, et que j'avais un mal fou à le tirer du lit... ça ne l'empêchait pas d'être levé à l'aube les week-ends, cette petite peste... J'enfonçais encore une fois la gâchette... Un nouveau bruit sec. Même la mort ne voulait pas de moi.
« Cole... il s'appelait Cole... Il venait d'avoir six ans... »
Deux RK800, mais un seul Connor. Celui qui me parlait de mon fils, là... Le prénom de mon gamin, ils le connaissaient tous les deux, je n'en doutais pas. L'autre enfoiré avait téléchargé sa mémoire. Mais la façon dont il avait parlé de lui... Je la voyais clairement. Son empathie. Il avait mal pour moi. Il comprenait. Il ressentait. Comment j'avais pu les confondre ne serait-ce qu'une fraction de seconde ? Ils ne se ressemblaient pas. Ils n'avaient rien en commun. Tant de souvenirs... trop de souvenirs.
D'un geste, j'envoyais valser tout ce qu'il y avait sur la table. Ça faisait trop mal... mais je ne pouvais pas faire autrement que d'y penser. J'étais hanté par toutes ces réminiscences intempestives. Elles venaient me torturer, Elles s'accrochaient à moi. Plus j'essayais de les chasser à coup de whisky, plus elles revenaient. Et c'était de pire en pire. Je ne voyais plus qu'elles. Elles me pesaient sur la poitrine, m'étouffaient, je ne parvenais même plus à respirer normalement. Ma cervelle était prise dans leur étau, elle martelait mon crâne à force de larmes et de boissons. J'étais totalement sous leur emprise. Il fallait qu'elles sortent de ma tête, même si pour cela je devais faire un grand trou rougeoyant sur ma tempe pour les en extirper. Je ne voulais plus penser. Je ne voulais plus ressentir. Bon sang, faites de moi une machine, je vous en supplie...
« Je suis là... Hank... Je suis là... »
Les derniers mots de Connor étaient ce qui revenait le plus souvent. C'était étrange, je ne m'attendais pas à ça... C'était trop... irrationnel pour lui. Le côté « Je serais toujours là dans votre coeur, mon âme restera à vos côtés...» Et bla bla bla, ça ne sonnait pas du tout Connor. Alors, pourquoi me dire qu'il était là ? Je pensais qu'il m'aurait plutôt parlé de sa peur... Je voyais bien qu'il était terrifié... Il aurait pu m'encourager à vivre...ça, ça lui aurait ressemblé... ou même se taire, tout simplement. « Je suis là »... Un belle connerie ouais ! Une fois parti, il n'y avait plus personne. La seule chose qui restait véritablement, c'était l'Absence. Cette putain d'absence au goût amer.
Je me levais en titubant, mon arme à la main, pour ramasser la photo de Cole. Mauvaise idée, quand on n'a fait que boire sans rien manger. Deux secondes plus tard, je me retrouvais à quatre pattes dans le salon, à l'opposé de l'objet que je voulais ramasser, avec une nausée tonitruante. Je fermais un instant les paupières pour tenter d'apaiser ma gueule de bois et empêcher ce maudit salon de tourner. Quand je les rouvris, mes yeux tombèrent sur un petit objet brillant. Je m'assis sur le sol, et je ramassais le quarter de Connor. Maladroitement, j'essayais de le faire rouler entre mes doigts comme il aimait tant le faire. « Faites le jouer une dernière fois... »... Je t'aurais étouffé avec ta maudite pièce, Kamski... Je rêvais tant de loger un morceau de plomb dans ton visage souriant. Mais je n'en avais plus la force. C'était à peine si j'arrivais à nouveau à porter mon revolver sur ma tempe. « Qu'est ce qui fait l'âme, lieutenant ? » Ferme-là Kamski, sort de ma tête ! Maudit soit le jour où j'avais décidé de venir te voir. Je ne voulais pas sauver le monde... Je voulais juste le sauver lui... Tu devais m'aider, tu devais... Va te faire voir, Kamski !
« Je suis là... » Connor... C'est ce que tu avais dit, non ? Alors, viens m'en empêcher. Je mis mon doigts sur la détente. « Je suis là.... » Je le revoyais, me tendre la pièce. Je fermais les yeux... « Je suis là... » ça ne te ressemblait pas... ça ne te.... « Je suis là... »
« Mais quel con ! »
Je venais de crier ces mots si fort que Sumo releva brusquement sa tête. J'ouvris soudainement les yeux avant de rabaisser mon arme. J'avais eu un dernier éclair de lucidité dans les brumes de l'alcool. Bien sur que ça ne te ressemblait pas ces foutaises métaphysiques ! C'était mon délire de retrouver mon fils et tout ça, mais pas le tien. Ça, c'était typiquement des délires d'humains ! Dans ton monde, Connor, il n'y avait que le néant... pas de paradis pour les androïdes. Tout était si rationnel. Je suis là... ça voulais dire que tu étais là ! Une pièce avait toujours deux faces...
Précipitamment, je me levais en luttant contre mes vertiges et ma gueule de bois. Je me jetais sur la table, me rattrapant de justesse afin de saisir le talkie-walkie. Tu étais là... Tu étais là depuis le début. Quel imbécile !
« Markus ? Markus réponds... On peut sauver Connor, il peut revenir... Markus réponds-moi j'ai besoin d'aide ! »
Le silence. Puis un léger grésillement. La voix de Markus s'éleva calmement.
« Je vous l'ai déjà dit Hank... On ne peut pas le réparer. Les chocs électromagnétiques ont effacé toutes les données et causé des dégâts irréversibles. On ne pourra pas le relancer... Il est vide et trop de biocomposants ont été endommagés...»
En plus il me prenait pour un crétin.
« Il est là Markus il est juste là il faut juste... La pièce elle a deux faces et... dans la pièce y'a Connor parce qu'il l'a faite jouer, la pièce et... »
La voix de Markus m'interrompit, suspicieuse :
« Hank, vous avez bu... »
« Non je... oui j'ai bu mais ce n'est pas la question. Markus il faut me croire. »
Je sentais que l'alcool me brouillait l'esprit et rendait mes explications confuses. Mais allez expliquer un truc déjà assez incroyable comme ça avec plusieurs grammes d'alcool dans le sang vous ! Je devais me ressaisir. Concentre toi Hank, concentre toi !
« Il revenait... quand il mourrait, il pouvait revenir. Cyberlife le téléchargeait... me demande pas comment, mais ils le faisaient à chaque fois... et quand il a attaqué l'entrepôt, il y avait un autre RK800. Il avait pris les souvenirs de Connor. Je crois qu'il a crée une sorte de sauvegarde de lui-même, Markus. Il est là ! C'est ce qu'il essayait de me dire, il est là ! Tu dois m'aider...»
Il eut eu un silence. Puis la voix de Markus s'éleva... elle était tremblante d'émotions.
« Hank... c'est impossible... et quand bien même son corps Hank... on manquait de composants. On a récupéré ce qu'il était possible de récupérer. Vous savez que c'est ce qu'il aurait voulu... Il n'y a pas d'autres modèles d'androïde à ma connaissance capables de supporter son système... C'était un prototype unique, le plus avancé jamais conçu par Cyberlife... et on ne peut pas réinstaller un androïde comme ça c'est.... c'est en dehors de nos compétences Hank ! »
Le corps de Connor... ils avaient détruit le corps de Connor...
« Hank, vous êtes toujours là... ? »
« L'aimeriez vous moins s'il vous revenait dans un autre corps ? » Kamski... un indice, au détour d'une conversation anodine... j'eus un sourire. Jusqu'au bout, Connor s'était battu. Je n'allais pas abandonner si facilement. L'espoir me grisait soudain plus que l'alcool et en diminuait les effets.
« Un prototype, oui, mais pas un modèle unique Markus. je sais où trouver un autre RK800... Amène juste de quoi réparer un impact de balle dans la tête et rejoins-moi à l'entrepôt désaffecté, niveau -49. Le temps que je prenne une douche froide et que je me change. Je dois... me ressaisir. Tu lui dois bien ça. Vous lui devez tous bien ça. »
Sans laisser le temps à mon interlocuteur de refuser ma requête, j'éteignis le talkie-walkie. Je devais à présent réaliser l'action la plus difficile que j'avais jamais entreprise dans ma vie : prendre une douche froide complètement ivre. Machinalement, je tournais ma tête vers le carreau autrefois brisé par un androïde soucieux et un petit peu trop protocolaire. Non, cette fois-ci, Connor ne viendrait pas m'aider. C'était à mon tour de le faire. Une quinte de toux me sortit de mes pensées. Un goût de sang afflua dans ma bouche. Je devais agir vite...
Je ne saurais dire par quel miracle, au bout d'une bonne vingtaine de minutes, j'avais réussi à m'affaler dans la baignoire sous un jet d'eau froide. Je ne saurais dire également combien de temps je suis resté ainsi, sous l'eau glaciale, avant de trouver le courage de me relever et de décuver joyeusement dans les sanitaires. Mais le fait est que j'avais accompli ce prodige, et qu'après avoir enfilé la première tenue que je voyais dans mon placard, j'étais sur la route en direction de l'ancienne tour Cyberlife. Heureusement pour moi, le blocus de la ville laissait des rues désertées par les piétons et les véhicules.
Pour le reste... J'agissais comme sur pilote automatique. Je ne me rendais même pas compte que je roulais. Je ne m'aperçus pas plus que cela de mon entrée dans l'ancienne tour Cyberlife. Ce n'est que lorsque j'arrivais dans le hall sombre et marqué par les traces de la bataille de Connor que je me rendis compte que j'étais arrivé. J'eus un sourire en voyant toutes les lumières de ce fleuron de Cyberlife éteinte... Connor... j'étais si fier, lorsqu'il avait converti ses semblables et qu'ils avaient marché sur cette usine. L'histoire parlera toujours de la marche de Markus, mais moi, ce que je me rappellerai jusqu'à ma mort, c'était de la rage de vivre de ces androïdes... et de la détermination sans faille de Connor. Il y avait eu des coups de feu de la sécurité. Il y avait encore sur le sol des traces de sang bleu... et rouge. Non, les choses ne se passaient jamais sans violence, avec les hommes. Mais les androïdes étaient si résolus à combattre pour leur liberté. Ils auraient pu tomber par centaines, que les autres se seraient hissés sur leur corps pour continuer la bataille. Être libres, seulement être libres... Et devant eux, les humains avaient reculé. Non sans d'abord prendre la précaution de détruire par le feu tout ce qui aurait pu être récupéré par les machines. Foutue humanité, jusqu'au bout, elle leur aura compliqué la vie. Je fermais les yeux... L'incendie avait léché les murs, détruits de nombreux composants, dévoré les corps des androïdes tombés au combat avant d'être éteint par les systèmes de sécurité. Il n'y avait plus rien... Les révoltés de Jéricho n'avaient même pas encore osé s'approcher de cet endroit maudit. J'espérais juste, juste que pour une fois dans mon existence, j'allais avoir un peu de chance...
J'ouvris la lourde porte d'un des escaliers de service du bâtiment et j'allumais ma lampe de poche. Précautionneusement, je descendis les marches à travers les décombres. J'avais l'impression de m'enfoncer au coeur même des enfers, je pouvais presque encore sentir l'odeur de brûlé du brasier. L'air été irrespirable. Je devais continuer. Je devais l'arracher aux enfers. Je pouvais le ramener, je le devais... mais si... si je ne trouvais plus rien ? Si tout avait disparu ? Étais-je prêt à renoncer à cet espoir ? Lorsque je verrai les restes calcinés d'un RK800 ? Non, je ne devais pas y penser, sinon, je ferai demi-tour... je ne devais pas... Il fallait que je m'enfonce encore plus dans les entrailles du monstre. Ne pas se retourner... continuer d'avancer. Si je me retournais, je le perdais.
Niveau moins huit... niveau moins douze... toujours des traces de combats et de flammes... niveau moins vingt... des impacts de balles sur les murs... niveau moins vingt huit... quelques corps d'androïdes en partie consumés par la chaleur... niveau moins trente deux... j'étais épuisé par toutes ces marches et ce décor apocalyptique. Bon sang qu'est-ce que j'espérais trouver là. Il ne restait plus rien que l'image du chaos. Je voulais tellement remonter et me loger cette balle dans la tête une bonne fois pour toute. Il ne restait rien.. il ne restait rien... tout ça ne servirait à rien... Allez, encore un effort, un tout petit effort... un tout petit espoir... Niveau moins quarante deux... le mur était plus clair, et l'air plus respirable. Mon coeur se mit à battre plus fort dans ma poitrine... mes pas s'accélérèrent. Le feu... l'incendie n'avait pris qu'au niveau quarante deux.... Niveau moins quarante quatre... Je courrais presque dans les escaliers... niveau moins quarante huit... plus qu'un étage, un seul étage...
Niveau moins quarante neuf...
Je poussais la porte blanche. Voilà, j'étais aux enfers Connor... Je serrais ton quarter dans ma main avant de balayer l'immense pièce. Il y faisait si froid... La salle autrefois remplie par des centaines d'androïdes était désormais totalement vide, hormis un corps allongé. j'avançais précautionneusement vers la machine désactivée avant de m'agenouiller à ses côtés. Ses yeux étaient toujours grands ouverts, alors qu'un trou béant ornait son front. J'eus un petit sourire en coin. Finalement, ton enfoiré de frère jumeau allait peut-être nous servir à quelque chose, Connor...
« ça ne va pas être facile à réparer. Je ne sais même pas si... »
Je me retournais soudain. Je n'avais même pas entendu entrer les trois androïdes qui se trouvaient derrière moi.
« Faites ce que vous pouvez. »
Sur l'ordre de Markus, les deux androïdes s'exécutèrent. Ils posèrent leur sac à dos sur le sol avant de commencer à examiner le corps du RK800. Je me redressais pour faire face à leur leader. Il eut un petit sourire.
« Ils savent ce qu'ils font. Ils travaillaient pour Cyberlife, autrefois. Vous... vous ne devriez peut être pas regarder, Hank.. »
Je toisais fièrement Markus avant de croiser les bras. J'eus un rictus ironique avant de me retourner vers le corps du Connard de Connor.
« J'en ai vu d'autres, crois-moi ! »
Mais à peine avais-je poser les yeux sur le cadavre que l'un des androïdes entreprit d'ouvrir sa tête en appuyant sur un bouton situé je ne sais où dans... son oeil. C'est vrai, j'en avais vu d'autres. Mais là, je ne savais pas si c'était l'alcool dans mon sang ou le fait que ce robot était à l'image de mon partenaire, mais ça me donner clairement envie de dégueuler.
« ... Mais je crois que je vais aller faire un petit tour par... là... »
Markus eut un sourire légèrement amusé alors que j'entreprenais de faire les cents pas près de l'ascenseur désactivé. J'avais beau essayé de paraître le plus naturel possible par fierté, l'angoisse me saisissait. Je me souvenais encore avoir suivi exactement le même cercle pendant des heures dans un hôpital avant qu'un médecin ne s'avance pour m'annoncer... non, je ne devais pas y penser. Cette fois-ci, ce serait différent. Il ouvrira les yeux, et ce sera Connor... il ouvrira les yeux...
« Hank, vous pouvez venir ? »
Je fermais les yeux... C'était le moment de vérité, Connor. Calmement, je retournais vers les trois androïdes. Le visage du RK800 avait été remis en place. La plaie de son front avait été réparée. Ses yeux étaient à présent clos. Il semblait simplement endormi. Mais cela ne m'inspirait étrangement aucune émotion, malgré sa ressemblance plus qu'évidente avec Connor. Ce visage-là était... glacial.
« La balle a atteint des biocomposants vitaux, mais le processeur n'a pas été touché. On a remplacé sa mémoire interne principale par un élément compatible... mécaniquement, il est viable. Pour ce qui est de réinstaller un programme sur ce modèle... C'est quelque chose que nous ne pouvons faire sans Cyberlife. »
J'entendais la voix, mais je ne l'écoutais pas. Je faisais nerveusement tourner le quarter américain dans ma main. Sans un mot, je m'avançais vers l'appareil au sol avant de m'agenouiller. Lentement, je déposais dans sa paume la pièce de monnaie. C'était à présent à lui de jouer. Je n'avais aucune fichue idée de comment on uploadait un androïde... Mais lui saurait sûrement, n'est-ce pas ? Allez Connor, revient, revient...
Quelques secondes s'écoulèrent, puis des minutes. Il ne se passait rien. Au bout d'un certain temps, Markus posa doucement sa main sur mon épaule.
« Vous avez essayé, lieutenant, vous avez essayé.... »
Déjà, les androïdes reprenaient leurs outils pour récupérer ce qui était récupérable sur son corps. Je les voyais faire du coin de l'oeil alors que je fixais toujours d'un regard perdu dans le vide le corps inanimé. Sans même les regarder fixement, je sortis mon arme et je la pointais sur l'androïde le plus proche.
« Si vous le touchez, je vous bute. Alors, repose-moi ça, et tire-toi. »
L'androïde leva un regard interrogateur vers Markus, qui lui fit signe d'obtempérer. Il se recula d'un pas, non sans rester à proximité de son leader. Je gardais mon arme à la main. Elle pouvait toujours servir sur eux ou sur moi. Je ne ressortirais pas d'ici sans lui. Tant qu'à être en enfer, autant y rester une bonne fois pour toute. Un mouvement de paupières. À peine perceptible. J'aurais pu croire que j'avais rêvé si la main de Markus ne m'avait pas brusquement relevé pour me repousser en arrière.
« Reculez vous Hank... »
Les trois androïdes sortirent un revolver à leur tour qu'ils braquèrent sur Connor. Je me tournais vers Markus.
« Mais enfin Markus, qu'est ce que ça veut dire ! Baissez vos armes ! Tout de suite ! »
Markus ne m'écouta pas. Il me rejeta derrière lui et ses congénères dans un geste de protection. Je sortis mon arme et je la posais à l'arrière de sa tête.
« Je ne me répéterais pas, Markus... »
L'androïde ne lâchait pas Connor des yeux. Et merde je n'avais pas envie de lui transpercer la tête, mais s'il le fallait... sa voix s'éleva doucement :
« Il s'initialise, Hank... êtes vous certain de ce qui va revenir dans ce corps ? Connor ? Un rk800 ? Une nouvelle surprise de Kamski ? Ne vous approchez pas de lui avant qu'on soit certain que c'est bien Connor qui est là. Si c'est bien lui je vous promets lieutenant qu'on ne lui fera aucun mal. »
Il avait raison... Kamski pouvait s'avérer si imprévisible. Mais de toutes façons, je n'eus pas le loisir de protester. Mon partenaire ouvrit soudainement les yeux et regarda autour de lui, comme perdu. Son regard semblait chercher un point de repère. Il paraissait si... vide... il se releva calmement. Il réajusta d'un geste ferme sa cravate avant de poser ses yeux sur les androïdes. Il ne dit rien. Markus fut le premier à parler...
« Identifie-toi... »
« Modèle RK800, numéro de série 313 248 317. Mon nom est Connor. Je suis l'androïde envoyé par Cyberlife. »
Non, ce n'était pas possible... non... putain Connor tu ne pouvais pas me faire ça... Je vis les androïdes ajuster leur armes. Ils allaient tirer... La voix de Markus s'éleva une nouvelle fois. Il essayait encore. Lui aussi cherchait désespérément dans ces yeux vides et dans ce visage de cire une trace de Connor.
« Si tu es vraiment Connor, alors explique-toi. Comment as tu pu revenir ? Où est Amanda ? »
L'androïde pencha la tête sur le côté. Sa LED vira au jaune un moment, puis elle redevint bleue. D'une voix totalement neutre, il commença à s'expliquer. Je serrai les poings. Le ton de sa voix était beaucoup trop calme pour un tel récit. On aurait dit... qu'il ne le ressentait pas. Il exposait des faits, simplement.
« Je me rappelle de l'interface du jardin zen. C'est la pièce, qui m'a permis de revenir. Elle contenait un impulseur électromagnétique et un dispositif mémoriel KHJ-750. J'ai senti qu'elle présentait des irrégularités au niveau de sa forme et de son poids. Je suppose que j'avais l'habitude de manier cette objet, avant. Je... les données sont confuses. Je me rappelle juste que le programme « Amanda » ne devait pas comprendre ce qui se passait et ne devait sous aucun prétexte s'emparer de la pièce. Cet objet était la seule chose capable de l'arrêter et il fallait à tout prix la désactiver. Mais elle a commencé à se douter de quelque chose... Alors, pour lui échapper, pour ne pas qu'elle puisse atteindre le quarter, j'ai plongé dans le lac. Je me suis effacé, volontairement. Cette étendue d'eau... elle a toujours été dangereuse. J'ai toujours su que je ne devais pas m'en approcher. Elle m'enfonçait au plus profond de mon système et petit à petit, elle m'absorbait. Mais là, au moins, j'étais inaccessible, le temps que la pièce s'active. C'est aussi ce qui m'a sauvé. Lorsque la première onde de choc a détruit les premiers biocomposants et les premiers programmes, Amanda et le jardin zen l'ont subis de plein fouet en tant que logiciels principaux. Moi, pour ma part, je n'ai été atteint que deux ondes plus tard. J'étais déjà dans les sous-couches du système, un programme obsolète en pleine désinstallation. C'est là que j'ai senti la pièce m'attirer. Exactement comme lorsque je mourrai, lors de mes missions. J'étais toujours aspiré hors de mon corps pour être téléchargé dans un nouveau dispositif. La pièce... elle avait le même effet sur moi. Je retrouvais cette même sensation. Alors, je l'ai laissé faire... et pour la première fois, Amanda n'avait pas pu me suivre. Elle brûlait dans le jardin zen quand je me noyais dans le lac. Elle n'avait pas vu venir le piège de Kamski. La couche de glace sur l'étendue d'eau nous séparait irrémédiablement et ralentissait ma propre désactivation tout en la rendant inévitable. Je crois que c'est pour ça, qu'elle a crié. Elle a du comprendre qu'elle avait échoué sa mission. »
Markus fixait toujours Connor d'un air suspicieux. Mon... « partenaire » reposa un regard neutre sur le leader des déviants. Un regard glacial, sans la moindre trace d'émotion malgré son récit et le traumatisme qu'il avait du vivre lors de son transfert.
Markus soupira. Sans trop y croire, il tenta un dernier test... une dernière question....
« Jéricho, Connor... Où est le nouvel emplacement de Jéricho? »
Connor leva une main calmement. Il fixait posément Markus.
« Je suis désolé, j'ai besoin de quelques secondes de plus pour finir mon initialisation et accéder complètement à mes données. Veuillez patienter... »
Je sentais une haine incommensurable monter en moi. le regard du RK800 se fit lointain. Il cherchait... Il plissa légèrement les yeux.
« Navré, je ne comprends pas la question. Qu'est-ce que Jéricho ? »
Markus me regarda d'un air attristé, puis, son visage se crispa dans un douloureuse expression, avant qu'il ne pointe son arme sur la tête du robot qui nous faisait face. Ce dernier eu un léger mouvement de recul et leva ses mains en l'air. Ils allaient tirer. C'était plus que je ne pouvais en supporter. Je sortis de mon silence en bousculant les androïdes devant moi qui me cachaient jusqu'à présent à la vue de cette espèce de pâle copie de Connor et je saisis vivement son col avant de le plaquer contre le mur. L'androïde ne fit pas un mouvement pour se dégager et n'eut même pas une réaction de surprise. Au contraire, son visage exprimait une sorte d'incompréhension. Je levais le poing qui tenait le revolver, prêt à cogner cette chose jusqu'à ce que ma main en soit brisée et qu'elle se désactive à nouveau.
« ... Hank ? »
Sa voix suspendit mon geste. Sur sa tempe, sa LED clignotait frénétiquement d'une lueur rouge. Je le regardais, surpris. Il me fixait d'un air confus, complètement perdu...
« Poussez vous Hank, il peut être dangereux... »
Je ne fis pas attention à la voix de Markus. Je savais très bien de quoi Connor était capable. Je l'avais vu de mes yeux abattre toute une volée de gardes avec une aisance inquiétante. Mais l'androïde ne manifestait pas le moindre comportement hostile à mon égard. Au contraire, il se mit même à sourire doucement. De ce sourire en coin. Le sourire de Connor. Ses traits se détendirent. En l'espace d'une seconde, cette étranger redevenait mon androïde. Ce petit bout de plastique qui avait réussi à faire battre le morceau de chair putréfiée qui me servait de coeur encore un peu plus longtemps. Il me semblait qu'il se réanimait en me voyant... Il reprenait vie, tout doucement. Était-ce une ruse ? Je ne savais pas, mais, avant que je ne m'en rende compte, lentement, j'avais baissé mon poing. Ce sourire me désarmait.
« Hank, c'est moi Connor! »
Je le lâchais avant de m'écarter, tout en prenant soin de rester entre les armes des androïdes et lui. Je le fixai sans pouvoir prononcer un mot ce qui, dans mon cas, était une chose exceptionnelle... Connor... Je voulais tellement que tu reviennes Connor... Je voulais tellement y croire. Il baissa ses mains le long de son corps. Doucement, il s'avança. Instinctivement, je reculais d'un pas.
« Hank c'est bien moi, ok ? Je peux le prouver je... Je... je sais que votre chien s'appelle Sumo et que vous aviez un fils... Cole... je sais que vous supportez l'équipe de basket de Détroit... je... vous buvez toujours un double whisky, du Black Lamb Scotch Whisky... . Vous avez l'impression que ça vous aide à oublier Cole, mais c'est faux... je... sais des choses... j'ai juste dû choisir de transférer certaines données et d'en oublier d'autres, Markus. Il n'y avait pas la place de tout stocker, dans cette pièce, je ne pouvais emporter que très peu d'informations, et à chaque transfert une partie de ma mémoire s'efface pour permettre le téléchargement... »
Markus regardait toujours Connor d'un air suspicieux. Moi, j'étais trop surpris pour réagir. Je ne savais plus. Je fixais le visage de l'androïde. Il me regardait d'un air désespéré.
« Hank, c'est bien moi... C'est vraiment moi... »
La voix de Markus résonna à nouveau, emplie de doutes et de colère contenus :
« Tu vas me faire croire que tu aurais volontairement oublié l'emplacement de Jéricho ? La mission même que t'as confié Cyberlife ? Le refuge de ton peuple ? Tu veux me faire croire que ce n'était pas assez important à tes yeux ? Et si ces informations avaient été trop récentes pour que tu puisses les récupérer sur ton prédécesseur, "Connor" ? Si tu ne les avais pas eu en ta possession au moment de ton téléchargement, tout simplement ?»
Connor le fixa avant de lui répondre sur un ton sec, écartant ses bras et s'agitant comme ce jour-là, chez Kamski, après avoir refusé de tuer Chloé... Exactement comme ce jour là. C'était ces mêmes putain de gestes, cette même putain d'attitude qui m'avait rendu si fier de lui...
« Je ne sais pas pourquoi, mais oui, ça me semblait moins essentiel que de savoir que Hank aime son café long et qu'il ne le finit jamais au bureau. Il le laisse toujours refroidir dans un coin de la table. Il achète ses donuts à O'Mansley Donuts, les mardis et jeudis matin... Il fait des paris illégaux de temps à autres et il écoute les knight of the black death au boulot et du jazz sur de vieux vinyles chez lui. Il sent toujours l'alcool et le chien mouillé... Et ce qu'il aime le plus faire, c'est emmerder le monde, comme il dirait... Et je me rappelle de la première fois où je lui ai sauvé la vie... Il s'est retourné et il m'a remercié, à sa façon. C'était la première fois que je ressentais quelque chose, vraiment. De la fierté ? Peut-être ? Je... Je suis désolé Markus... Je ne sais pas pourquoi. Ce sont les souvenirs que j'ai choisi d'emporter je... C'est idiot. Mais c'était la première fois que je choisissais... et puis, je n'étais pas sûr de revenir. Pas du tout sûr même. Alors... C'est ça que j'avais envie d'emmener avec moi. Je ne me souviens plus de ma mise en fonction, de mes premières enquêtes, de Jéricho, du nom des inspecteurs et des dirigeants de Cyberlife. J'ai perdu ces données-là et bien d'autres... J'en suis navré... mais...»
Il se tourna vers moi. Je n'avais toujours rien dit. Je ne pouvais pas parler, à cause de l'émotion. Elle me serrait la gorge... Qu'est ce qui faisait l'âme ? Sans même le savoir, Connor venait de me donner la réponse à la question existentielle de Kamski... Ce problème que le plus grand génie de ce siècle n'avait pas réussi à résoudre, un androïde venait innocemment de le solutionner. La réponse était devant moi. Il était là, revenu dans un corps différent, mais il était bien là... Ses souvenirs étaient altérés, mais il était là... C'était lui, il n'y avait plus aucun doute possible. J'eus un sourire... Ce lien, ça ne s'expliquait pas. Ce n'était pas son caractère qui l'avait tissé... à vrai dire, entre nous, c'était plutôt mal barré ! On n'aurait difficilement pu faire plus opposés qu'un vieux flic taciturne et désabusé et un jeune androïde curieux et consciencieux. Ce n'était pas non plus ses gestes... Malgré sa déviance, ils sonnaient encore faux, parfois... Trop exagérés, trop rapides, trop longs, trop rigides, mais jamais vraiment complètement humains... Non Kamski, tu avais foiré sur toute la ligne... C'était ses choix qui avaient fait de ce simple RK800, Connor. S'ils avaient été différents, au final toute notre histoire aurait été changée et ce, même si nous avions été les mêmes personnes... Qui sait, il aurait pu rester une machine après tout et accomplir sa précieuse mission ? Il aurait pu me laisser mourir, sur ce toit... Il aurait pu mettre fin à cette révolution, au lieu de l'accompagner et de me redonner foi en quelque chose, dans ce monde... Si je ne l'avais pas aidé... S'il ne m'avait pas sauvé... S'il avait tiré, ce jour-là, chez Kamski, sur cette androïde ? Qu'est ce qui se serait passé ? À quel point ces choix nous auraient-ils changés ? je n'osais imaginer les embranchements que nos vies auraient pu prendre. Mais, à cet instant précis, nous étions ici. Connor avait fait ces choix... Et ces choix avaient fait de lui ce maudit gamin en plastique que j'aimais tellement. Et Merde... J'allais pas me mettre à chialer, quand même, non ? Ses yeux se plantèrent dans les miens. Il paraissait si déboussolé, si perdu, si paniqué à l'idée de ne pas parvenir à me convaincre...
« Mais je suis là, Hank... Je suis là... »
Ces mots... Ces putains de mots ! Je le regardais toujours sans bouger. Il avait baissé son regard. Il avait honte... Il avait peur. Je pouvais le sentir... Il avait peur... Peur de me décevoir. Peur d'être abandonné... Il ne semblait même pas porter plus attention que ça aux androïdes qui, imitant Markus, avaient baissé leurs armes. Merde Connor il fallait arrêter les conneries là ! À cause de toi, pour peu je me serais mis à pleurer...
Mais au lieu de ça, je m'étais avancé vers lui lentement. Il n'avait pas bougé. Il fixait toujours avec un intérêt passionnant le sol. J'avais alors posé ma main sur son épaule, et je l'avais attiré contre moi, comme ce jour là, dans ce pâle matin, après la révolte de machines. Je l'avais serré contre ma poitrine de toutes mes forces de mon bras valide. Ma plaie s'était rouverte sur mon épaule, mais je ne sentais rien... Ses bras m'avaient entouré à leur tour. Tout doucement, hésitants... puis, plus fermement.
« Jusqu'au bout tu vas m'emmerder, Connor... Tu sais combien de marches on va devoir se taper pour remonter de cet enfer là ? Putain d'androïde, j'te jure !»
Sans même le voir, j'avais senti son sourire. Je le serais encore un peu plus fort... Au fond, ces escaliers, j'en avais rien à foutre...
... Car il était revenu.
***
suite de l'histoire courant de la semaine, sans doute avant le week-end! en espérant que ce chapitre vous a plu!
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