Partie 1 : Sans aucune destination

On ne pouvait pas y croire.

Les contes de fées n'existaient pas, le père noël était lui même un mensonge pour notre enfance. La réalité brisait les rêves et c'est ce qui faisait d'elle la cruauté en elle même. Le bonheur était une minuscule capsule, comparée à l'océan qui  était douleur et  malheur.

La vie n'était pas définissable. Le temps était du plastique, et le monde du vide. Nous avions un coeur qui battait, et nous connaissions parfaitement les dégâts que causait la tristesse. On ne connaissait pas notre avenir. Pensions-nous qu'il nous restait des dizaines d'années, alors que peut-être demain sera dernier jour.

On me disait souvent de vivre la vie comme si je mourrrais demain. Comme si la mort nous frappait tous au hasard. Le temps construit l'avenir et finit par nous tuer. L'univers était une vaste étendue de parallélisme entre vaincre et perdre. Et un parallélisme entre avancer et reculer.



"- A quoi tu penses ? Me demanda mon ami.

- À rien, soufflai-je relevant mon regard vers le ciel étoilé.

- Hm"

Nous circulions à travers les ruelles, laissant le doux silence parler à notre place. L'hiver avait déjà pris place à travers les saisons précédentes, et l'on aurait dit que les flocons faisaient la course pour atterrir en premier sur la couverture blanche du sol. Mon écharpe autour du cou, j'enfouis plus profondément mon visage dans le tissu afin de protéger mon nez du froid. Quelques rougeurs avaient pris place sur mes joues et je les sentaient chauffer, du à la présence de mon "meilleur ami".

"- Jean ? M'interpella mon brun.

- Hm ?

- De quoi as-tu réellement peur ?

- J'en sais rien. Répondis-je sans grande conviction. Pourquoi ?

- Je sais pas, cette question me trottait dans la tête."

Il se tourna légèrement vers moi et me lança une sourire timide. J'aimais sa façon d'être. Cet homme me rendait heureux.

Je ne pu m'empêcher de rire, puis je soulevai mon bras par dessus son épaule, lui entourant la nuque. Puis je le rapprochai de moi et nous avion continué la route ainsi. Sa chaleur démontrait à quel point le froid n'était plus le maître de l'espace. Ma vie se poursuivait comme l'on cheminait à ce moment précis à travers la ville.

Paisiblement.

Mais malgré moi, tout comme nous. On ne pouvait pas changer le monde comme on le prétendait.

J'étais rentré chez moi, enlevant mes chaussures sur le paillasson. L'appartement était vide, il fallait que je m'y fasse. Les lumières restaient éteintes, le sol était froid, les fenêtres fermés. Ça n'avait rien de chaleureux et je ne me plaisais pas non plus dedans. Je soufflai, et me dirigeai vers mon petit plan de travail où m'attendait la seule et unique ouverture de ce monde.

Je lui souris et m'approchai d'elle doucement. J'attrapai ensuite un verre, dans un de mes rares tiroirs et l'approchai d'elle. Je la tournai, de tous les côtés, admirant son liquide cuivré, reflété par ce mur de verre en lui même. Le courant a l'intérieur était doux, comparé à l'arrache gueule puissant qu'était ce liquide a l'intérieur de la gorge.

Je ne pris en fin de compte pas la peine d'en verser à l'intérieur de mon verre.

« Boire au goulot. »

N'avait fais que me répéter mon père, lorsque j'étais gosse. Le soir il s'asseyait sur l'un des nombreux canapés en cuir que détenait la maison, écrivant dans son carnet, il buvait une gorgée par phrase, et lorsqu'il avait terminé, il me demandait de fermer les yeux.

Sa bouteille était introuvable après les quelques minutes qu'avaient passés mes yeux dans le noir.

L'alcool glissait à l'intérieur de la gorge et je me sentais plus libre. Je pris trois gorgée avant de relever la bouteille accrochée à mes lèvres.

« - Bordel... soufflai-je. »

Je brûlais.

•••

« - Coucou toi »

J'allais pour étreindre mon meilleur ami, lorsqu'il se recula brusquement et me dis méfiant :

« - Tu as bu hier ? Tu pues l'alcool. »

Je le regardai incrédule.

« - Non, pas tant que ça.
- Tu sens fort. Insista-t-il. »

Vexé, je ne dis rien et préférai lui tourner le dos.

« - Tu devrais aller prendre une dou-
- Bon ça va ! Laisse moi tranquille. M'énervais-je, agacé par ses remarques blessante.
- D-Désolé. »

Il baissa doucement la tête, et agrippa ses deux mains les unes aux autres, les resserrant près de son bas ventre. Je soufflai d'exaspération.

« - Je vais prendre une douche. Sers toi de l'eau si tu as envi. »

Il ne répondit rien, se dirigeant de ses jambes frêles sur le canapé. J'avais l'impression qu'il allait s'effondrer d'une minutes à l'autre. Par angoisse de le voir s'écrouler, j'attendis qu'il s'assoit. Mon coeur battait légèrement vite et je ne pu m'empêcher de vouloir ouvrir la bouche lorsqu'il fut plus rapide que moi :

« - Tu n'y vas pas? Me lança-t-il, comme si tout lui semblait normal.
- Si. »

Je me retournai brusquement et bifurquai vers ma salle d'eau. Je fermai la porte et me regardai dans le miroir. Les couleurs blanches de la salle reflétaient mes imperfections. Je ne pus m'empêcher de penser à quel point Marco devenait de plus en plus faible. Et malgré tout, il ne voulait toujours pas me parler.
Les tensions entre lui et moi devenaient de plus en plus fréquentes et l'ancien temps me manquait.

Les idées embrouillées, je rentrai dans l'eau chaude. Elle s'écoulait le long de mon corps svelte et bronzé, je frottais mes larges mains sur la peau de mon visage. Mes cheveux retombait sur mon front, me laissant profiter de l'odeur enivrante du savon qui parcourait mon corps.

Le bruit strident d'une porcelaine cassée me sortis de mes pensées et j'arrêtais rapidement la douche.

« - Marco ? »

Je sortis de la douche, pris une serviette prostrée sur mon radiateur, l'enroulant autour de ma taille.

Plus aucun bruit.

Une odeur forte emplissait l'appartement.
Une odeur que je ne connaissais que trop bien.

Une boule se serra autour de ma gorge et j'ouvris la porte, me précipitant vers ma cuisine.

Le canapé était vide.

Une odeur forte emplissait l'appartement.
Une odeur que je ne connaissais que trop bien.

Je scrutai la pièce, tentant en vain de trouver sa présence, lorsque j'entendis des sanglots étouffés. Mon coeur rata un battement.

« - Marco ?»

Je me baissai lentement.

Étendu au sol, sa main droite était écorchée profondément. Il tenta de l'approcher d'un bout de verre brisé lorsque je lui saisis brusquement le poignet.

« - Marco !
- C'-C'est rien... bafouilla-t-il. J-je suis désolée... j'ai cassé ta bouteille. »

Mes yeux glissèrent d'eux mêmes vers le sol.
Le whisky coulait à flot sur les carreaux qui recouvraient le sol. Un pincement au cœur me prit.

« - Je... j'ai pas fais exprès Jean, je te le jure. Avoua-t-il complètement confus.
- Lèves-toi. »

Je le pris par la taille et essayai de le soulever en vain.

« - Bordel Marco fais un effort !
- J-Je peux pas Jean, je peux pas... souffla-t-il se remettant à sangloter.
- Comment ça tu peux pas, racontes pas de conneries et lèves-toi! Paniquai-je. »

Sa main droite se mis à trembler, le sang ne cessait de couler et se mélangeait à -tantôt- la magnifique couleur de l'alcool étendu au sol.

« - Mon corps ne réponds plus de rien. Hoqueta-t-il. »

~~~••~~~

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