VII - SPY

Depuis l'annonce de l'arrivé d'un potentiel ennemi, le royaume entier se préparait. Les forgerons travaillaient d'arrache pieds pour fabriquer armes et armures; les scribes envoyaient des lettres aux potentiels alliés; les soldats perfectionnaient leurs techniques de combats; des pièges étaient mis en place dans le palais. Pendant ce temps, Gilgamesh, accompagné des généraux, établissent différentes stratégies. 

"Envoyez une équipe d'éclaireurs. Je veux qu'ils se renseignent davantage sur ce souverain

_ Pardonnez moi Seigneur mais on pourrait faire autrement, répondit un des généraux

_ Tu oses discuter mes ordres ? Demanda alors le roi irrité par la remarque.

_ Bien sûr que non... Il s'inclina. Je me demandais si il ne serait pas mieux d'envoyer des personnages bien moins... "identifiables". On pourrait également gagner un peu de temps grâce à cela.

_ Des espions proposes-tu ?"

Le souverain relâcha la tension qui l'animait et releva les yeux de la carte qu'il consultait pour réfléchir à la proposition.

"L'idée me plait fortement, qui proposez-vous ?"


Le réveil fut très matinal. Le remue-ménage n'avait pas attendu plus tard que le levé du soleil pour commencer. Je regardais autours de moi. Ni seigneur, ni gardes, ni personne. Juste le loup qui dormait encore paisiblement près de la porte. Je me levais sans faire de bruit. Je pris les affaires qui m'avaient été posées sur mon tabouret. Compte tenue de l'heure, je supposais que les bains seraient libres. Je m'y dirigeais alors.

J'arrivais après plusieurs minutes de marche et plusieurs cul-de-sacs non évités. Il n'y avait pas à dire, le décors était splendide. D'immenses colonnes soutenaient les voûtes de plusieurs mètres de hauts. Les fresques et murs étaient recouverts de motifs délicats et colorés. Je fus surprise de voir que l'eau n'était pas stagnante. Elle passait par de fines grilles puis semblait être rejetée en fontaines par les vases et becs. Très ingénieux pour l'époque. Cependant, ça ne changeait rien au fait que j'allais garder mes sous vêtements. Les maladies à cette époque pourraient être virulente pour moi. J'installai mes affaires sur un des bancs en marbre avant d'enlever la simple robe en coton que je portais. Je sentis un creux au niveau de ma taille et mon épaule. Je constatais avec tristesse les plaies qui commençaient tout juste à cicatriser. Autant dire que si je retourne dans mon époque, j'aurais un souvenir indélébile de mon aventure ici. Je me glissai ensuite dans l'eau pour m'asseoir sur les marches sculptées dans le bassin. L'eau était fraîche mais le soleil baigna celle-ci de ses rayons et la réchauffa. Plus un bruit, le calme idéal pour finir ma nuit. C'était cela avant de sentir une masse remuer l'eau et s'ébourrer sur moi. J'ouvris les yeux et remarqua le loup. Ce qui m'étonnait, c'est qu'il faut du temps pour un loup avant de faire confiance à un humain. Ce comportement venait sûrement de l'esprit d'Enkidu qui le contrôlait. Mais il n'en restait pas du moins un proche cousin du chien ? J'approchais mes mains et commençais à le gratter sous le menton. Je devinais sa queue qui gesticulait sous l'eau alors je continuais et m'acharnais sur lui. Il appréciait.

Mais alors que je profitais, une visite quelque peu inattendue brisa ce moment.

"Dégage ce chien de là ! Il n'a rien n'a faire là"

Je regardais en direction de la voix et vis Gilgamesh dressé devant moi, les bras croisés, adossé contre l'encadrement de la porte. Je fis mine de ne pas l'avoir entendu.

"J'ai été clément de le laisser rester alors la moindre des choses seraient que tu m'obéisses

_ Mais oui bien sûr maître, tout ce que vous voudrez...

_ Bien

_ Tu croyais que j'allais dire ça ? Je soupirais. Tu n'as vraiment pas l'habitude que l'on ne t'obéisse pas"

Je fis sortir le loup tranquillement.

"Tu as de la chance que j'ai besoin de toi car j'aurais puni ton insolence sur le champ

_ Oh mon dieu, quelle clémence ! Je fis mine de m'évanouir, tout en prenant une voix ridiculement plus féminine. Ne viendriez-vous pas me secourir mon Seigneur ?"

Je voyais bien que mon petit jeu ridicule mettait sa patience à bout. Rien de plus satisfaisant pour moi néanmoins.

"QU'EST CE QUE...!"

Je le vis fermer la porte et commencer à enlever ses vêtements. Je détournai les yeux et attendis de l'entendre arriver dans l'eau. Je l'écoutais se rapprocher et le remarqua accoudé à mes côtés, le regard doux, le même que mon frère abordait quand il me demandait quelque chose et qu'il voulait être certain que je ne refuserais pas. Je repris mes esprits.

"Allez vous m'expliquer la raison pour laquelle vous m'avez épargné ?

_ Chut, laisse moi profitez du calme

_ Quel culôt ! Je tiens à signaler que j'étais ici avant !

_ Peut être mais je suis le roi alors que m'importe qui était ici auparavant"

Je ne pris plus la peine de protester et je m'éloignais de lui pour retourner m'habiller. Je n'avais clairement pas envie de rester ici avec lui. Une fois changée, je m'assis, les jambes croisées, et attendis que MONSIEUR Gilgamesh daignait à m'expliquer. 


La température avait fortement augmentée, le soleil n'était pas loin de son zénith et j'étais toujours assise, à le regarder dormir dans l'eau. Il était vulnérable, n'importe qui aurait saisi l'occasion de le tuer. Mais dormait-il réellement ? Serait-il comme les chats, à ne jamais vraiment dormir, toujours en alerte ? Je m'approchais à pas de velours vers lui puis me pencha au bord du bassin, le dévisageant. Le loup releva la tête et aboya. Je compris mon erreur. Gilgamesh me saisit par le col et me tira dans l'eau. Il me laissa plusieurs secondes dedans avant de me lâcher.

"Pas mal

_ T'es MALADE ! J'aurais pu me noyer

_ J'hésitais à te confier cette mission, mais tu as l'air bien plus apte que je ne le pensais, il sourit. J'espère que tu profiteras bien du voyage"

Je ne répondis rien et sortis à nouveau avant de remonter mes cheveux.

"Crachez le morceau alors

_ Si tu insistes tant..."




"J'EN REVIENS PAS !"

Je commençais à gesticuler sur mon cheval alors que le soldat qui le guidait me demandait de me calmer au risque de tomber. Je finis par croiser tout simplement les bras. Je laissais mon regard se perdre parmis les dunes des sables entre lesquelles nous passions depuis plusieurs heures.

La personne qui dirigeait le convoit ralentit de sorte à arriver à ma hauteur.

"Je comprends que tout cela tout cela ne vous échappe mais cette mission est capitale pour la survie d'Uruk

_ J'espère que vous avez raison, je levais ma main pour cacher le soleil que je regardais. J'ai l'impression d'avoir été envoyée à la mort

_ Suivez le plan du Roi et tout se passera bien"

Ce plan était purement de l'espionnage et de l'infiltration. Accompagnée des meilleurs soldats, nous formions une troupe de troubadours en provenance d'une ville dont j'ignorai le nom, qui se dirigeait vers Uruk pour une escale et nous produire en spectacle. Pour cela, nous avons emprunté le matériel de réels troubadours qui étaient déjà au royaume, et avons enfilé les costumes. Afin de rendre le tout plus crédible, un produit tinctorial fut répendu sur l'ensemble de ma peau afin de la noircir. Nous portions des costumes typiques de danseurs et musiciens. Les soldats savaient tous jouer d'un instrument et avait répété plusieurs heures avant notre départ. Et bien sûr, il fallait que je fasse la danseuse. Ce fut très complexe pour moi de retenir la chorégraphie déjà présente alors j'allais partir sur de l'improvisation totale. Pour cela, j'avais quelques petites idées. J'avais également l'obligation de ne pas parler. Normalement, les ennemis devraient penser que j'étais illétrée, donc j'aurais ainsi la possibilité de lire les plans et autres documents. Bien sûr, j'eus le droit à une séance intensive de lecture car ils y avaient beaucoup de mots que je n'arrivais pas à lire.

Il ne nous restait plus qu'à attendre le retour du faucon envoyé un peu plus tôt. Il avait rejoind un éclaireur parti bien plus tôt que nous afin d'identifier l'emplacement de l'ennemi.

Ce dernier n'arriva que tard dans l'après-midi. La nuit commençait à tomber et l'air frais se laissait ressentir. L'éclaireur avait indiqué qu'il n'était qu'à une heure de marche de notre position. Nous pressâmes l'allure afin de rejoindre la localisation par derrière. 


Les ennemis n'étaient maintenant plus qu'à quelques minutes de nous. Nous vérifiâmes que tout était bien en place et commençâmes à nous approcher.

Il ne fallut pas longtemps aux soldats ennemis de nous repérer.

"Haltes, qui va là ?"

L'un de nous, déguisé en chanteur, se rapprocha calmement d'eux.

"Baisses ton arme camarade, il leva les mains au niveau de sa tête. Nous ne vous voulons aucun mal. Nous sommes juste une troupe de troubadours indépendants"

Septique, le garde envoya un de ses hommes le fouiller. Il parcourra l'ensemble des cachettes possibles mais ne trouva rien. Il fit alors signe à son général qu'il n'y avait rien à craindre.

Cet alors qu'un homme sortit de sa tente pour venir voir ce qu'il se tramait. Je ne vis pas bien les traits de son visage. Néanmoins, lorsque que je m'approchai, la stupeur m'envahit.

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