V - Alter Ego

Je me retrouvis dans un espace noir, sans pouvoir y voir à plus de cind mètres devant moi. Je devais être au beau milieu d'un rêve, mais éveillé. Je contrôlais parfaitement ce que je faisais et les alentours s'éclaircir au fur et à mesure de mon commandement. Un psyché se tenait devant moi, haut de plusieurs mètres. Je m'en approchai pour y voir mon reflet. Je fis face à quelqu'un qui me ressemblait traits pour traits, la même longue chevelure mais aux tons verdâtre clair, et plus grand que moi. Derrière lui une forêt dense se dessinaient, remplies d'animaux. Je caressais la surface glacée du verre et clignai des yeux afin d'être certaine de ce que percevais. J'allais pour reculer mais son bras surgit du reflet et se saisit de ma main. Sa poigne était puissante et ses yeux luisaient tels deux flammes sur une bûche noircit. Je tentais de me débattre mais il m'emena de l'autre côté du miroir. J'attéris lourdement sur le sol humide. Je me relevai et regarda autours de moi. Tout était calme et en paix. Face à moi, des escaliers montaient vers un thrône de pierre. Dessus reposait l'homme d'auparavant, un loup géant à ses côtés, prêt à bondir au moment adéquat. Il me fit signe d'avancer vers lui. Entendant deux autres canidés grogner derrière mon dos, je me résolus à aller vers lui. Une fois face à lui, il sourit, puis prit la parole avec une voix claire et cristaline, que l'on pourrait penser ne pas appartenir à un homme.

"Ravi de te rencontrer, Katelyn...

_ Qui es-tu ? le coupai-je. Comment connais-tu mon nom ? Que me veux-tu ?

_ Je suis toi et tu es moi. Disons plutôt qu'une même âme est paratagée entre nos deux corps, m'expliqua-t-il posément. Tu peux me considérer comme ton alter ego. Il s'arrêta.

_ Ce qui ne me dit pas ce que tu me veux. Et puis, nous ne sommes pas identiques ! Loin de là ! Bien que la ressemblance est frappante, je l'admets, je ne suis pas toi ! Mon âme m'appartient et est liée avec mon corps, elle n'est pas indépendante comme tu le dis

_ Tu portes le même discours que certains philosophes, tu le sais ça ?

_ Je suis en fac d'histoire avec une option littérature, alors mes lectures ont forgé mes propos je dirais

_ Tu es intéressante, il rit

_ Phrase bateau

_ Quand bien même, je suis sérieux. Je suis d'autant plus convaincu de ma décision

_ Enfin peut-être m'expliqueras-tu ce que tu attends de moi ?

_ Minute papillon, sois patiente

_ Non seulement tu squattes mon rêve, et en plus je devrais attendre ? Tu ne manques pas de culôt Enkidu, je ne te pensais pas comme ça"

Il lâcha un sourire en coin à travers un soupire. Il passa ses cheveux derrière ses épaules.

"J'ai une faveur à te demander

_ Dis toujours

_ Je voudrais que tu dissuades Gilgamesh de rechercher la vie éternelle maintenant, sa quête ne le mènera à rien, certes, mais une menace approche

_ Pourquoi accepterai-je ? Son comportement arrogant me déplaît au plus haut point ! Surtout la façon dont il me traîte

_ Comprends le, ça été difficile pour lui. De plus il a besoin d'une aide extérieure pour prendre ses décisions. Je suis parti trop tôt alors quelqu'un doit s'en charger

_ Et comme je suis ton double 63 je me dois de le faire ?

_ Pas que. Tu ne devrais même pas exister à notre époque

_ Je le sais bien -je repensai à comment j'étais arrivée là, en revivant mes jours en tant qu'esclave et je passe le reste

_ Mais si tu es ici, Ishtar ne doit pas être innocente dans cette histoire. La probabilité que tu tombes dans cette periode exacte de l'histoire n'est pas une coïcidence

_ Ne cherche pas des excuses pour me convaincre que je n'ai pas le choix"

Au fond, je ne doutais pas que ça ne pouvait être une coïcidence mais je cherchais à me dire que ça en était une.

"Ce ne sont pas des excuses, mais des faits ! J'ai vraiment besoin que tu le fasses, une menace approche, et si tu ne fais rien, ça perturberait le cours normal des choses

_ Comment ça ? On n'est pas dans Doctor Who là !"

Enkidu ne comprit pas la référence. Mais il enchaîna:

"C'est déjà un miracle que vous ayez voyager dans le temps sans séquelles, mais l'histoire a été écrite une fois, elle ne le sera pas deux fois

_ Les choses finissent comme elles sont prévues de terminer, ce n'est pas en changeant..."

Je m'arrêtai, pensant moi même à mes paroles.

"Un détail peut tout changer, imagine si Hitler avait été pris aux Beaux-Arts, l'actuelle Europe n'aurait pas connu de Seconde Guerre Mondiale

_ Tu sais drôlement de chose sur les événements futurs

_ Depuis que vous avez perturbé le continuum temporel, je vis toute l'histoire de l'humanité

_ Tu es mort alors le futur du monde ne devrait pas te poser de soucis ?"

Je le sentis blessé par mes propos. Les deux loups grognèrent, prêts à me bondir dessus.

"Je ne veux pas que Gilgamesh perde son status de "Roi des Héros"

_ Dis plutôt que tu t'inquiètes pour ton amant, je lâchais ces mots avec dédain"

Il me jeta un regard noir.

"Tu ne veux pas perdre ton frère je suppose"

Je le dévisageai avec incompréhension. Qu'est ce que mon frère avait à voir avec cette histoire ?

"Tu ne t'es jamais demandé pourquoi ton frère était le portrait craché de Gilgamesh ? Je pense que maintenant que je t'en parle, tu as compris

_ Je ne crois pas en la réincarnation. Une fois mort, c'est fini, sayonara et bonjour la nuit sans lendemain

_ N'y crois pas si ça te chante, mais crois moi, ton frère ne verra pas le jour si tu ne fais pas ça

_ Trouve autre chose pour me convaincre"

Je lui tournai les talons pour partir mais il me saisit le visage entre ses deux mains et appuya avec force. Je fus parcouru de visions, je vis un futur chaotique, une pauvreté qui touchait 95% de la population, la destruction des paysages par des vagues de phénomènes naturels devenus surnaturels. Je me vis courir à travers les rues, échappant à mes poursuivants, la main tirée par quelqu'un devant moi. Je ne le reconnus pas du tout. Je basculai sur une autre image où je pleure devant un maigre feu, plantant des croix faites de branches et liées par une maigre ficelle. Je fis un pas en arrière et lus les noms. Mon frère n'apparaissait nul part, et m'entendis dire que je n'avais plus personne. Une nouvelle vision dans laquelle la douleur me perçait de l'intérieur, mes os craquer alors que je me cambrai dangereusement. Je hurlais. Dans la vision ou à l'instant. Perdue entre rêve et vision, je ne savais distinguer le vrai du faux alors Enkidu me lâcha. Je tombai sur mes genoux et mains, suant à grosses gouttes, les larmes aux yeux, un frisson passa dans mon échine.

"Je pense que ça suffira à te convaincre

_ Ce n'est pas... possible... ?

_ C'est pourtant ce qu'il arrivera si tu ne fais rien"

Je me mordis la lèvre. Je tournai la tête dans sa direction.

"On se reverra, même si je suis déjà présent"

Sur ces mots, je me sentis entraînée dans un trou noir et me réveillai en sursaut. Je claquais sur mes joues pour être certaine d'être de retour dans la réalité. La douleur m'en convainqua assez rapidement. Je me levai et allai vers le point d'eau central du bâtiment. Je m'installai au bord, profitant de l'air frais de la nuit, voire très frais que j'en frissonnai. Je regardai mon reflet dans l'eau et me vis mais bientôt je revis Enkidu qui affichait un sourire en coin. Je brouillai la surface de l'eau avec ma main et me frappai intérieurement en constatant ma réaction. Je repensai à mon frère et ma famille qui me manquait... Une lueur se rapprochait. Je descendis et me cachais derrière la fontaine, zyeutant ce qui venait. J'aperçus Gilgamesh, bougie à la main, qui se dirigeais vers la chambre d'une concubine d'un pas décidé. La curiosité était trop forte que je me décidai à le suivre de loin. Une fois dans la chambre en question, je m'assis près de la porte, dos au mur en les écoutant parlant. Quelques paroles échangées plus tard, je perçus des bruits de draps et de lit qui grince, et les rires de la femme qui semblait prendre son pied. Je rougis un peu, consciente que j'épiais un moment d'intimité. J'allais pour retourner dans ma chambre quand j'entendis une phrase qui me convint de partir en vitesse:

"Tu n'es plus à mon goût, prends tes affaires et dégage d'ici"

Je me relevai et courus vers ma chambre pour m'y cacher. Je me mis sous les draps, le coeur percutant ma poitrine avec force. Je n'arrivai pas à la calmer bien que ma course fut brève. J'entendis quelqu'un entrer dans ma chambre. Je feignais de dormir. Bientôt, les draps se soulevèrent et je sentis des bras m'entourer, la chaleur de son corps réchauffer le mien frigorifier par le froid de dehors. Il cala sa tête contre la base de mon cou et soupira, épuisé:

"Pourquoi es-tu parti si vite... ?" murmura-t-il dans une voix étonnamment douce

J'entendis Enkidu rire du malaise profond que je ressentais.

"Et si tu le réconfortais ?

_ Hors de question ! criai-je intérieurement

_ Je croyais que j'avais réussi à te convaincre -je le vis sourire- je vais t'aider un peu alors"

Je quittai mon corps, du moins, je sentais mon esprit en sortir et nous observer. Quand je vis la lueur dans mes yeux, je compris que ce n'était plus moi mais Enkidu qui allait dicter mes actions. Il me fit me retourner vers Gilgamesh. Il prit sa voix et  chuchota:

"Mais je suis là"

Je vis le blond sursauter et se relever, se mettant au dessus de mon corps, les yeux pleins d'incompréhension et d'espoir. Ma main passa sur sa joue et mes lèvres lui offrir le sourire le plus charmeur qu'il pouvait proposer:

"J'ai toujours été à tes côtés, et je le serais toujours, qu'importe la forme que je prendrais. Je suis elle et elle est moi. Mais je ne peux rester davantage en tant que moi

_ Ne repars pas maintenant !"

Voir Gilgamesh, cet homme habituellement fier et arrogant complétement faible et déboussolé me fit un pincement au cœur, comprenant qu'il n'en restait pas moins qu'un humain, à deux tiers dieu certes, qui avait perdu un être cher, un être avec des sentiments. Mes mains se croisèrent derrière sa nuque et une dernière phrase sortit:

" Prends soin de ma forme actuelle

_ Non !"

Je revins dans mon corps, dévisageant celui qui se tenait au dessus de moi. Je relâchais mes mains et détournai le regards.

"Où est-il !? Rends le moi !"

Il secoua ton corps avec furie. J'essayais de le calmer, lui expliquant la situation:

"Je ne peux pas ! Je ne sais même pas qu'il existait jusqu'aujourd'hui !

_ Tu mens !

_ C'est la vérité ! Je pris ses poignets et les serrais avec toute la force dont je disposais. Lâche-moi maintenant !"

Dans l'élan, ma main partit et claqua sa joue. Son regard s'assombrit directement et les halos lumineux se formaient à nouveau. Mais il tomba contre moi, inconscient. Le calme revint alors. J'eus une sueur froide. Je m'extirpai de lui et l'allongeai sur le dos sur le lit. Je courus chercher quelqu'un qui pourrait m'aider à la fois à le bouger, et me dire ce qu'il avait. Plusieurs minutes de recherches plus tard, ce que j'apparenterai à un médecin arriva et l'examina:

"Une anémie

_ Pardon ?

_ Le Seigneur travaille jusque tard dernièrement, il manque juste de sommeil, expliqua-t-il calmement. Laissons le ici

_ Je veux bien mais je dors où maintenant ?

_ Je ne vois pas ce qui pose problème ? Une concubine reste à ses côtés, même la nuit"

Sans voix, je me contentai de le  voir repartir et examiner mon lit, cherchant quelques cm² pour m'y mettre.

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