III - Gilgamesh, King of Heroes

Après mon réveil quelque peu mouvementé, une servante était venue me voir pour me faire la toilette. Je n'étais pas coopérative mais j'avais abandonné à protester lorsque je m'étais imaginée la punition qu'elle recevrait si elle n'obéissait pas. Elle m'avait également de nouveaux vêtements. La robe blanche, enfin ce qu'il en restait, avait laissé place à un haut chocker type brassière, bleu roi avec un biais doré. Le bas se composait d'un pantalon large blanc ouvert sur le côté et resserré par des anneaux sous les genoux et aux chevilles. Le tout était assemblé à une ceinture dorée sur laquelle des rangées de médailles s'entrechoquaient à chacun de mes pas. Je devais mettre des gants mais j'avais refusée, il était bien trop grands pour mes petites. Par la suite, elle m'avait accompagnée jusqu'à ma chambre. Quand je parlais de chambre, c'était un mini palace dans le palais. La pièce centrale était un jardin semi-couvert où des fleurs exotiques s'épanouissaient, surmontées par des arbres de d'autres contrées qui verdoyaient sous l'air étonnement frais et les rayons du soleil filtrés par le moucharabié des frontons. Les pilonnes soutenaient un toit duquel coulait par tous côté un filet d'eau, liquide translucide qui était réceptionné par une fontaine dans laquelle des lotus flottaient au rythme de courant. Des sièges étaient répartis dans l'ensemble de la pièce. Je restais sans voix face à ce spectacle digne du jardin de Bagdad. Les ouvertures dans les murs donnaient sur des couloirs et formaient des coins d'ombre d'où sortirent de magnifiques femmes. Leurs cheveux ébènes ou d'or étaient lâchés, tombant en cascade ou ondulant sur leur dos dénué où des artifices brillaient de toutes les couleurs. Leur habit bien simple du genre empire contrastait avec les multitudes de bijoux qui les paraient et les rendaient extraordinaires. Je les saluai mais ma présence ne sembla pas être appréciée.

"Par ici mademoiselle"

La servante avançait parmi elle, suivie par moi, sous les regards foudroyants de ces femmes. Une fois éloignées de ces Méduses, je demandai à voix basse:

"Qui sont-elles ?

_ Comme vous, les concubines du Roi, répondit-elle simplement

_ Pardon ! Depuis quand suis-je...

_ Toutes les femmes que monseigneur Gilgamesh habille deviennent ses femmes. C'est un privilège, ajouta-t-elle

_ Je n'ai jamais voulu ça !"

Elle ne releva pas ma remarque et ouvrit la porte de ma chambre. Cette dernière était moitié moins grande que la pièce principale, un lit à baldaquin trônait au fond, ce que j'appellerai une coiffeuse prenait la majeure partie du mur gauche. Une fenêtre près du lit faisait rentrer la lumière qui se réverbérait sur le miroir du meuble. Je fis le tour de la pièce:

"La pièce est à ton goût ?"

Je pivotai sur moi-même et vit Gilgamesh, accompagnée de deux ou trois femmes. Il fit signe à la servante de partir.

"C'est mieux que la tente d'esclave effectivement"

Il laissa ses concubines et s'approcha de moi. Il me relooka puis, me fit tourner sur moi-même pour mieux voir les vêtements que je portais.

"Ça manque de bijoux"

Il claqua des doigts. Des servants s'avancèrent et ployèrent le genoux pour me tendre les doreries.

"Choisis ce que tu veux. Tu peux tout prendre également

_ Je ne veux rien de tout ça. Je veux ma liberté"

Mes mots estomaquèrent l'assemblée qui me dévisageait comme un extraterrestre.

"Impertinente. Apprends ta place"

Il me gifla. La claque fut si puissante que je m'écroulais, mordant ma langue au passage. Un filet de sang apparut dans le coin de mes lèvres.

"Laissez-lui tout"

Les hommes s'exécutèrent et repartirent à reculons. J'essuyai le liquide rouge du revers de ma main. Indignée et à contre cœur, je me mis à genoux pour me prosterner.

"Pardonnez-moi... je n'ai pas besoin de tous ces cadeaux, ma seule requête est... "

Il partit sans un mot, avant même de me laisser finir ma phrase. Je rageai. Je me relevai en furie et m'écriai:

"Alors ne crois pas que je vais me soumettre à toi sans rien dire !"

Non seulement ma joue meurtrie, mais tout mon corps tressaillait et était rougissant. Le concerné revint près de moi. Je m'attendais à recevoir de nouveau une gifle mais il n'en fit rien. Il posa sa main fraîche derrière mes reins, le contact provocant une décharge qui me fit frissonner, et me tira contre ses hanches. Il prit de son autre main mon menton et le remonta, fixant mes yeux océans de ses yeux sanguins. Il ajouta:

"Sache impertinente, que tout, tout sur ces terres, ses richesses, ses trésors, ses habitants, tout m'appartient. J'obtiens toujours ce que je veux -il sort une bourse remplies de pièces qu'il fait couler sur le sol, le métal vibrant sur le marbre, créant brouhahas froid et chaotique

_ Les gens ne s'achètent pas ! Encore moins la liberté et la loyauté !

_ C'est ce que l'on verra, je te ferais mienne et tu compteras parmi mes trophées"

Il me lâcha.

"Sois prête pour le dîner dans 2 jours, un invité important arrive, alors ne te comporte pas en sauvage"

Sur ses consignes, il quitta la pièce, traversant les chuchotements des concubines. Une fois tout ce beau monde partit, je pris l'oreiller du lit et le lançai vers l'entrée, hors de moi.

Le temps qui séparait la matinée et la soirée attendue me parut interminable. Je refusai d'avaler quoi que ce soit, et passai clairement mes deux premières journées assise sur le bord de l'ouverture du mur qui formait une sorte de fenêtre. La position de ma chambre me permettait de voir la cour principale. Tous les jours se tenaient le marché, avec de nouveaux marchants, de nouvelles arrivées. Les soieries, tapisseries, doreries et passementeries se mêlaient aux couleurs et odeurs des aliments, des épices, plantes et fleurs de d'autres horizons. Certaines fois, un garnement affamé volait sur les étalages. Un en particulier. Il avait la peau mâte mais semblait relativement bien bâti. Il devait être de 5 ans mon cadet. Ses yeux noirs scrutaient les horizons et la meilleure occasion de prendre son gagne-pain. Je vis un plateau de fruits sur ma coiffeuse. Je pris une pomme bien sucrée et sanguine. Je l'appelai en sifflant. Il leva ses iris charbon vers moi. Je lâchai le fruit qu'il attrapait avec facilité. Nous nous rendons le sourire. Il partit. Je me décidai à sortir de ma chambre. Je ne vis personne. Je parcourais alors les différents couloirs, à la recherche de quelque chose de divertissant.

J'arrivai alors face aux écuries, que dis-je... devant le ranch ! Il devait y avoir suffisamment de chevaux pour trois armées. La plus part des chevaux étaient alezans ou baies, certains avaient une robe grise pommelée. Et au milieu de tous, un grand et majestueux étalon blanc. Il devait sûrement être celui de Gilgamesh. J'étais étonné de la brillance de ses poils et de la longueur de ses crins. Un des cavaliers s'approcha de lui en accédant à son propre destrier. L'étalon attrapa discrètement le tapis qu'il portait sur son épaule et le jeta plus loin. Lorsque que ce dernier s'en aperçu, il tourna la tête de partout pour trouver le coupable, sans pour autant y parvenir. Je ris intérieurement en admirant le cheval s'amuser avec l'homme. Une fois celui-ci partit, je m'avançai vers le fauteur de trouble. Il me dévisagea avec surprise. J'avançai le dos de ma main. Il fit un pas en arrière. Je ne bougeai pas. Il tendit son encolure pour laisser ses vibris chatouiller ma peau et ses naseaux sentir mon odeur. Il se laissa toucher. Je passai sous la barre de son enclos et laissai glisser ma main le long de son chanfrein, puis l'encolure. Je commençais à gratter sa gouttière jugulaire. Il sembla apprécier car il bascula son encolure sur ma main, agitant la tête par contentement. Je continuai mon geste, alignant quelques phrases pour nouer un lien entre nous.

"Que faites-vous !? "

Je me retournai, surprise, faisant sursauter l'équidé au passage. Je vis le soldat de plus tôt qui me dévisageait. Je sortis de l'enclos.

" Les concubines n'ont rien à faire ici

_ Il n'y a pas de panneau « interdiction » que je sache ?

_ Quand bien même, ce sont les règles, partez ou je le signale et ce sont les jails garantis

_ Tch, laissais-je filer entre mes dents

_ On a affaire à une rebelle... et si je ne disais rien ?

_ Comment ça ? demandai-je surprise

_ On pourrait passer du bon temps ensemble –il s'avança davantage jusqu'à avoir ses mains sur mes hanches

_ Je ne vous permets pas –je repoussai ses paumes

_ Voyons, tout le monde ici sait que tu étais une fille de joie avant concubine

_ C'est faux ! Je n'ai jamais rien fait de tel

_ Menteuse en plus, ça me plait davantage"

Il me tira par la taille, passa sa langue sur sa lèvre supérieure et dirigea son visage vers mon cou. Je le giflai. Le bruit du contact résonna dans l'écurie. Par la suite, je le repoussai violemment. Il s'avança furieusement vers moi. La barre de l'enclos m'empêchait de reculer davantage. Il réussit à m'attraper le bras. Je protestai en tirant dans le sens contraire. L'étalon baissait la tête, prêt à mordre l'homme. La morsure le fit hurler, alertant les alentours:

« Qu'est se passe-t-il ici ? »

Nous nous dirigions notre attention vers la voix reconnaissable entre toutes.

« Monseigneur... il s'agenouillait. Cette concubine s'est permise de venir près de votre monture et m'a fait des avances

_ Vraiment ? demanda-t-il en analysant la scène

_ IL m'a fait des avances déplacées, expliquai-je en croisant les bras, en insistant sur le "il"

_ Qui croire ? se demanda-t-il, bien que persuadé de la réponse. Cyrus ?

_ Qui ?

_ Le cheval idiote" m'expliqua-t-il en venant vers ce dernier.

Le dénomé Cyrus se frotta à mon dos, me poussant vers l'avant, si bien que j'attéris sur le torse du roi.

"Emmenez-le aux jails. Son exécution se tiendra ce soir"

Sur ces mots, tous ses hommes s'executèrent et le prirent par les bras. Mais le soldat ne se laissa pas faire, il se débatit, suppliant son souverrain de l'épargner mais il ne changea pas d'avis.

"C'est cruel ! Laissez-lui une seconde chance ! Tout le monde commet des erreurs, m'exclamai-je

_ Pourquoi le défends-tu ?

_ Je déteste l'injustice

_ Il a enfreint un sermet, son châtiment est l'exécution et il le savait pertinement, m'expliqua-t-il avec froideur

_ Quand bien même...

_ Tu veux perdre ta tête à sa place peut être ? rit-il

_ Non...

_ Alors ferme la. Tu seras au premier rang pour voir ça"

Sur ces mots, il partit. La soirée arriva rapidement... bien trop rapidement. Dans la cour centrale du palais, tous les soldats étaient rassemblés, tenant un flambeau ou une lance. Un échaffaud se dressait au centre. Le bourreau attendait, armé d'une hache bien plus grande que lui. La victime avançait à reculons, les yeux bandés. Un collier de chien le faisait avancer, tenu par deux de ses camarades. Au loin, je vis une famille: un vieillard bien plus proche du cadavre que de l'être vivant, une mère épuisée dont les larmes n'avaient cessées de couler depuis son arrivé, et dans ses bras, une fillette tournée contre le torse de sa mère. Les voir le regard plein de tristesse me pinça le coeur. Quant à moi, j'étais comme prévu au premier rang, debout près de Gilgamesh qui attendait sur son trône, les jambes croisées, complétement relâché. Le prisonnier fut violement mis à genoux, la joue contre la pierre froide. L'arme se leva. Gilgamesh inclina la tête pour accorder l'execution. L'homme tremblait de tous ses membres, suant à grosses gouttes. La lame vint à la rencontre de sa nuque mais ne découpa d'un coup. Elle resta bloquée dans les vertèbres. Le bourreau bougea son arme afin de la sortir de la plaie. Le sang commença à sortir rapidement, accompagné par des hûrlements hideux. Il pavint à la sortir. Le liquide vital débordait et sortait sans arrêts. La foule fut prise de haut de coeur, autant que moi qui sentait mon estomac se retourner. J'imaginais malgré moi la douleur que cet homme devait subir. Je me frottais la nuque, comme pour m'assurer que ce n'était pas moi que l'on exécutait. Le second coup termina d'achever ses souffrances. Sa tête roula sur le sol et son corps s'effondra. Le bandage se retira, laissant paraître des yeux injectés de sang, sortis de leurs orbites, la langue pendue, violette. De loin, on pouvait entendre les lamentations de la mère, tombée à cause du choc.

"Fais ce que je te dis, sinon c'est toi que je ferais exécuter, et de mes propres mains"

Je déglutis. 

"Quel spectacle tu m'offres dès mon arrivée, tu sais pourtant bien que je n'aime pas les exécutions publiques"

Je me retournai vers la voix inconnue. Je vis un homme, un autre seigneur. Il était petit avec de l'embon point, une barbe roussie par le soleil, le teint hâlé, avec cependant la démarcation de ses vêtements qui formaient des zones claires sur sa peau sombre. Il abordait un large sourire sympathique. Il portait quelques bijoux mais assez discrets. Il me dévisagea avec surprise.

"Encore une nouvelle à ce que je vois, conlut-il en regardant Gilgamesh

_ Oui, et sûrement pas la dernière, expliqua le roi*

_ Depuis qu'Enkidu n'est plus, ta liste s'agrandit dans la démesure -il soupire- D'ailleurs, elle lui ressemble... fortement, ce sont ses vêtements n'est-ce pas ?"

Gilgamesh ne se justifia pas. Le seigneur avait l'air de viser juste. Je me sentis... humiliée ? Je ne savais pas trop, mais savoir que je portais les vêtements de quelqu'un d'autre, qui était probablement morte, me fit bizarre. Je ne parvenais pas à mettre un mot sur cette impression, si bien que je partis vers ma chambre sans l'accord de "mon maître. Je m'empressai de retirer les morceaux de tissus qui me vêtissaient et cherchai avec hâte autre chose. J'ouvris toutes les armoires, commodes et autres rangements probables. Je ne trouvais rien. Il y avait juste ma robe de nuit. Je l'enfilai et sortis. Chaque personne que je croisais étaient estomaquées par mon accoutrement. Je me rendis au dîner ainsi habillée. Lorsque Gilgamesh me remarqua, il me fit signe de venir le voir, les sourcils froncés. La colère s'affichait clairement sur son visage. J'allai à lui. Il prit la parole le premier, voyant que je ne dirais rien:

"Tu n'as pas quelque chose à me dire ?

_ Non. Je peux y aller maintenant ?

_ Surveille ton ton. Il se levait de son trône et me regarda de haut. Qu'est-ce que cela ? Il attrapa l'épaule de ma robe

_ Une robe blanche en coton

_ Je ne suis pas aveugle malotrue, mais pourquoi la portes-tu ?

_ Parce qu'il me plait ? Ça me parait logique

_ Et les vêtements que tu portais avant ?

_ Toujours logiquement, je les ai enlevés pour mettre la robe

_ Impertinente. Il m'attrapa par le col. Tu n'avais pas à les enlever ! il haussa la voix tout en me remontant plus près de son visage

_ Je ne veux pas porter les vêtements d'un mort !" m'exclamai-je en le faisant me lâcher.

Silence. Tout le monde avait cessé ce qu'il faisait et nous regardait.

Je vis les yeux de Gilgamesh s'agrandir et un halô lumineux l'entourer. Je fis un pas en arrière. L'instensité augmenta. Il serra les dents et me défia du regard:

"Tente de souiller encore une fois son nom, et je verrai avec quoi je te décapite"

Des épées sortirent, formant des déformations comme une pierre tombant dans l'eau. Je pris peur. Oui clairement. J'avais beau faire la rebelle, la forte, la vue m'impressionnait tellement que j'en étais tombée sur les fesses. Je n'avais jamais rien vu de tel. On aurait dit un portail dimensionnel permettant de récupérer des armes. 

Tout s'arrêta puis disparut.

Je sentis mon coeur reprendre enfin son rythme qu'il avait stopé. Je déglutis. Il se rassit.

"Ne te remontre plus comme ça devant moi"

Je m'inclinai avant de partir loin, loin de lui et de tous ces gens qui nous regardaient.

Plus tard dans la nuit, j'entendis quelqu'un rentrer dans ma chambre, une bougie à la main. Je me levai et vis le seigneur dans le nom m'était toujours inconnu. Je m'assis sur le lit. Il s'assit à mes côtés.

"Désolé de te déranger tard dans la nuit

_ Je ne dormais pas alors pas d'inquiétude, dis-je en remontant mes genoux à mon visage

_ Encore perturbée par ce qui s'est passé ?"

Il avait vu juste. Je me contentai de hocher la tête pour répondre oui.

"C'est normal la première fois. C'est rare pourtant que Gilgamesh en vienne à cela. Tu l'as vraiment mis en colère petite

_ Comme si il ne me mettait pas hors de moi depuis le début...

_ Il a son caractère, du moins, il n'a pas toujours été comme ça"

Je le vis baisser la tête en même temps que l'intonnation de sa voix.

"Je vois bien que tu es une fille intelligente, pas comme ses autres hyènes qui lui sert de concubines"

Je me retins de rire face à cette comparaison.

"Et j'ai besoin que quelqu'un veille sur lui et l'aide à retourner dans la droit chemin, alors écoute moi, je vais te raconter l'histoire de Gilgamesh, le roi des héros et de son rival puis ami Enkidu..."

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