Chapitre 6

(Le jour de la mort de Paul Walker)

Le réveil émettait déjà de puissants « bip ». Elle éteignit l'alarme et s'étira un instant. Puis, sortant du lit, elle prit le temps d'admirer l'aurore qui se profilait à travers la fenêtre de sa chambre. Soudain, son téléphone vibra, interrompant sa contemplation. C'était Mike, l'un de ses amis les plus proches.

- Bonjour Mike.

- Joyeux aaanniversaire. Joyeux aanniversaire...(en chantant la chanson).

- Oh là là mais quelle surprise !

- Surprise ! Tu n'as encore rien vu.

- Oh non ! Mike ! Tu sais bien que je déteste les fêtes surprises.

- Mais qui a parlé de fête surprise ?

- Je vous connais Liya et toi.

- Je ne parlerai qu'en présence de mon avocat.

Elle se mit à rire.

- Encore au lit je suppose. Poursuivit-elle.

- Mon heure n'a pas encore sonné.

- Haha ! Très drôle ! Bon, je dois me préparer pour mon footing.

- Fais attention à toi.

- D'acc.

Daya et Mike étaient amis depuis le lycée. Après l'obtention de leur diplôme, elle choisit de se lancer dans le journalisme, tandis que lui intégra les forces de l'ordre. Malgré leurs chemins différents, ils réussirent à préserver leur amitié et à garder contact.

Aujourd'hui, la jeune femme fêtait ses vingt-et-un ans. Elle vivait seule dans un des appartements du quartier universitaire.  Chaque weekend, elle s'offrait une course matinale pour rester en forme. Après avoir terminé son appel, elle se brossa les dents, fit sa toilette et enfila un long collant noir, un t-shirt blanc, ainsi qu'une paire de baskets blanches, prête pour deux heures de footing. 

De retour chez elle, elle prit une bonne douche, enfilant une robe moulante rouge et changeant de baskets pour un style différent. À ce moment-là, son téléphone sonna à nouveau. C'était sa meilleure amie, sa seule véritable confidente. Elle décrochait avec un grand sourire.

- Allô !

- C'est bien la meilleure amie de tous les temps que j'ai au téléphone ?

- Non. Plutôt de tout l'univers.

Elles rient toutes les deux avant que son amie ne poursuive :

- Alors, tu fais quoi ?

- Je me fais un smoothie à la banane.

- Et ?

- Il m'observe encore.

En effet, la jeune femme se faisait souvent observée quand elle était dans sa cuisine. Et puis un jour, elle surprit son voisin en train de la regarder. Lorsque leur regard se croisa, ils se firent coucou de la main, chacun cachant son embarras. Depuis, c'était comme un rituel. Au moment où leur regard se croisait à travers la fenêtre de leurs cuisines, ils se faisaient un signe de main. Là également, elle lui fit coucou de la main avant de poursuivre sa conversation dans son salon.

- Vous en avez pas marre ? C'est chelou Daya. Va lui parler pour l'amour du ciel !

- Pour lui dire quoi ?

- Euh... Trouve toi une vie peut-être ?

Elle rit avant de répondre :

- J'y songerai.

- Mais oui ! Quand les poules auront des dents. En attendant, j'espère que tu es toute habillée parce que je viens te chercher. On va fêter ton anniversaire comme il se doit.

- Où ça ?

- Surprise !

- Lili, je déteste les surprises.

- Je sais. Dit elle avant de raccrocher.

Liya, affectueusement appelée Lili, était sa meilleure amie depuis le lycée. Elles se soutenaient dans tout. Elles se disaient tout, un peu comme des sœurs.

Une fois arrivée chez Daya, Liya embarqua sa copine dans une journée de folie. Après le shopping entre filles qui se termina vers treize heures, ce fut le pique nique avec des amis à la place publique du coin.

- Si vous la voyiez au lycée, elle était timide on aurait dit un escargot... Dit Liya.

- Ou une autruche, ajoute un autre ami.

- Et puis un jour, poursuivit Liya, un prof lui avait donné un D- à un contrôle sous prétexte qu'elle avait triché. Si vous voyiez la vitesse à laquelle elle s'était levée et s'était dirigée vers lui. Je pense que si Mike ne lui avait pas attrapé la main, elle l'aurait assommé avec son classeur.

- Mon classeur ! Interviens la concernée. Je lui aurais fait avalé son bureau tout entier plutôt. Moi ! L'élève la plus brillante ! Tricher !!! Mais quel affront ! Ajoute t-elle en prenant un air snob.

Son intervention fit rire les invités avant que l'un n'ajoute :

- Le snobisme ne te va pas. Reste humble ma belle. Reste humble.

Elle lui tira la langue avant d'attaquer son croissant au beurre. Liya, quant à elle, continua à raconter de petites anecdotes sur Daya. Ce fut un réel moment de joie et de rires à gogo. 

Plus tard, Ils chantèrent joyeux anniversaire à Daya qui fit un voeu avant de souffler ses bougies en forme de 21, et de couper le délicieux gâteau à la vanille commandé pour l'occasion. Puis Mike s'amusa à crier « un discours ! » pour inciter Daya à parler, sachant très bien qu'elle ne voudrait pas. Les autres l'accompagnèrent rapidement. Fatiguée de les entendre clamer, elle se leva, verre de vin à la main :

- Je vous déteste, vous le savez j'espère.

- On t'aime aussi mon cœur. Dit Liya en venant l'enlacer.

Lorsque la petite réjouissance fut terminée, Liya laissa Mike raccompagner Daya jusqu'à chez elle. Il sonnait déjà dix-huit heures. Pendant qu'ils marchaient, Liya envoya un emoji clin d'œil à Daya. Cette dernière comprit qu'elle avait monté ce petit plan pour que Mike et elle soient seuls. En effet, Mike avait depuis longtemps des sentiments pour Daya, et ça, Lili le savait.

- Lili ! Dit Daya.

- Qu'est-ce qu'elle a fait ? Demande son accompagnateur.

- Oh non rien. Je pensais juste à voix haute.

- D'accord.

- Comment ça va le boulot ?

- Nous avons eu un nouveau cas ce matin. C'était le fiancé de Shannon.

- Son fiancé ! C'est vraiment triste. Comment elle va ?

- Tellement bien qu'elle a failli éliminer son supposé meurtrier. Et bien que ce soit notre amie et qu'elle soit en deuil, elle devra répondre de son acte.

- La loi et les sentiments ne sont vraiment pas compatibles. Je suis désolée pour elle.

- La vie est vraiment courte. Il faut savoir profiter au maximum des personnes qu'on aime avant qu'elles ne s'en aillent.

Ils étaient déjà devant la maison de la jeune femme. Il s'arrêta, puis la regarda droit dans les yeux.

- Daya, nous sommes amis depuis longtemps et...

Elle ne le laissa pas le temps de finir. Elle déposa ses nombreux sacs au sol et l'enlaça tendrement.

- Je ne veux pas te perdre Mike. Le meilleur cadeau que tu puisses me faire, c'est que tu prennes soin de toi.

Il ne s'y attendait pas. Il était heureux. Il était ému. Il lui fit une petite tape sur le nez avec son doigt, comme il le faisait souvent, en prononçant : « Je prendrai soin de nous ». Elle sourit, lui fit une bise sur la joue puis rentra chez elle.

                      ******************

Daya sortait ses poubelles tout en discutant avec Liya par téléphone. À un moment d'inattention, elle manqua d'écraser une pierre. Cette pierre brillait de mille feux et était de couleur rouge grenat. Aussitôt vue, Daya se pencha pour la ramasser. Dès que ses doigts touchèrent la pierre, elle changea de couleur, ce qui étonna la jeune femme. La pierre était à présent d'un vert, aussi vert que le jade. Elle raccrocha subitement son téléphone.

« Mais qu'est-ce que... !? »

Soudain, un homme assez louche se dirigea vers elle. Il était assez tard et l'endroit était presque désert. Arrivé devant elle, il sortit un poignard ensanglanté de sa poche. Daya recula doucement. Mais à chaque fois qu'elle faisait un pas en arrière, l'homme en faisait un en avant. Elle tenta ensuite de se sauver en courant mais deux autres hommes vinrent l'attraper par derrière, l'empêchant de bouger.

- Qui... Qui êtes-vous ? Demande Daya.

- Ça n'a pas d'importance. Remets moi juste la pierre, elle n'est pas à toi.

- Si je vous la donne, vous me laisserez partir ?

- Mais oui, ne t'inquiètes pas. Regarde, je range mon poignard.

Mais la jeune femme n'y croyait pas. Elle savait que sa vie était en danger. Elle savait que si le poignard avait été tâché de sang une fois, il pouvait l'être à nouveau.

- Je veux que tes larbins me lâchent d'abord, dit elle, effrayée.

- C'est moi qui donne...

Il se tut subitement. Daya se mit alors à entendre sa voix mais sans qu'il ne bouge les lèvres :

« Zut ! Je n'arrive pas à résister. Je devrai lui obéir Satanée pierre ! Il eut fallu que tu deviennes verte. Vraiment pas de chance ! »

- Est-ce que ça va patron ? Dit l'un des hommes en laissant Daya.

- Patron ! Dit le second en la lâchant également.

« Je n'arrive pas à résister ? Je devrai lui obéir ? Est-ce que ça veut dire que... » se dit Daya avant de se lancer.

- Je vous ordonne d'aller tous les trois vous livrer à la police en avouant votre crime. Dit elle totalement par hasard.

Le chef apparent prit la main de ses deux larbins puis marcha en direction du poste de police. Daya n'en revenait pas. Elle ne comprenait toujours pas ce qui venait de se passer. Elle décida de garder la pierre dans l'optique d'effectuer des recherches sur celle-ci le lendemain.

                    ***********************

- Mon peuple périt faute de connaissance, disait-il. Le mien périt d'un excès de connaissance.

Daya était dans une grotte dont le toit était arc-en-ciel. Devant, se trouvait un trône en or, sur lequel était assis un vieil homme barbu. Autour d'elle, une cinquantaine de personnes ayant le même accoutrement qu'elle : un manteau à capuche. Mais personne ne pouvait différencier personne. La couleur du manteau variait d'un individu à l'autre, mais elle pouvait en distinguer quatre : le vert, le blanc, le rouge et le bleu.

- Bienvenue à tous, poursuivit le vieux qui venait d'entamer son discours.

- Bonjour maître. Répondit l'assemblée.

- Ahhh cela fait des mois que je n'avais pas fait ça. Vous semblez plus nombreux. Enfin bref, pour les nouveaux, mon nom est sans importance. Certains impolis s'amusent à m'appeler le vieux ou l'ancêtre. Alors que je ne suis mort que depuis deux ans. Si vous êtes ici, c'est pour que je vous explique comment se servir de vos pierres. Depuis deux jours, il y a une vague de nouveaux porteurs et un méli-mélo pas possible...

Daya se remémora la pierre qu'elle trouva par hasard dans la rue. Elle devint tout de suite très attentive.

- Bref, ces pierres proviennent de la mine de Trey. Elles donnent à ceux qui entrent en contact direct avec elles, un pouvoir spécial. La couleur que prend une pierre dépend de la personnalité de son porteur. De ce que j'ai pu observer, le bleu saphir est la pierre du temps et de l'espace. Son porteur devient maître du temps. Il peut le manipuler à sa guise. La pierre de couleur rouge grenat, est possédée par les manipulateurs de l'âme. Elle donne à son porteur la possibilité de contrôler les âmes défuntes. Le blanc, aussi blanc que le diamant, donne à son porteur le pouvoir d'invisibilité. Et pour finir, le vert jade permet de contrôler l'esprit des gens et même des animaux. Le pouvoir de chacun augmente en fonction du nombre de pierres qu'il possède.

Des murmures se firent entendre pendant un long moment. Daya, elle, était perplexe. Etait-ce réel ? Rêvait-elle ? Elle ne savait plus quoi penser.

- Excusez moi, intervient un des membres, où sommes nous exactement ?

- Dans le monde des esprits. Tous les porteurs, sans exception, se retrouvent ici dès qu'ils sont inconscients. Ici, vous êtes esprits et non âmes. Les porteurs de la pierre rouge peuvent se rasseoir s'ils veulent vous faire du mal en ce lieu, dit-il en riant. Vos visages sont invisibles. Personne ne peut et ne doit reconnaître personne. Mais chaque marque infligée ici est visible dans le monde réel selon qui l'a marquée et pourquoi elle a été marquée. Je sais, vous n'avez rien compris. Vous comprendrez plus tard. Aussi, dès que vous utilisez vos pouvoirs, vos pupilles prennent la couleur de votre pierre. Et dès que vous stoppez, elles redeviennent de la couleur d'origine. Faîtes en sorte de ne pas trop vous faire remarquer. Voilà en gros ce que les nouveaux doivent savoir. Sur ce, bon réveil à tous.

...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top