Chapitre 3

Shannon, le cœur lourd et l'esprit embrumé, se tenait devant l'imposant immeuble de verre et d'acier où Marc, le PDG, exerçait son autorité. Les souvenirs affluèrent dans son esprit, la frappant comme une vague déferlante. Le souvenir marquant de la découverte de Roy, inerte dans le sac qui avait scellé son destin, lui transperça l'âme. Elle porta un regard désespéré sur la bague de fiançailles qu'elle portait à son doigt, un lien tangible avec l'amour qu'elle venait de perdre.

Elle hésita un moment, pesant le poids de son chagrin contre celui de l'incertitude. Finalement, elle resserra sa prise sur la poignée de la porte et franchit le seuil de l'immeuble. À peine entrée, elle dépassa le bureau de la secrétaire, qui l'interpella d'un ton curieux. Shannon feignit de ne pas entendre l'appel, son esprit déjà focalisé sur l'ascenseur qu'elle atteignit en quelques pas rapides. Elle appuya sans hésitation sur le bouton du quatrième étage, impatiente de confronter Marc.

Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, le couloir étroit la conduisit directement vers le bureau. Elle entra sans frapper, sa détermination la propulsant à l'intérieur.

- Shannon !

En un geste vif de la tête, Marc signa aux deux hommes en costume qui étaient avec lui de quitter la pièce. Quand la porte se referma derrière eux, Shannon dégaina son arme et tira sans précaution sur chaque caméra de surveillance du bureau.

- Regarde cette bague, Marc, entame t-elle en la lui montrant. C'est celle qu'il m'a offerte avant de mourir.

L'expression de Marc changea, une ombre de compréhension traversant son regard.

- Shannon, Roy vient de mourir. C'est normal que tu sois bouleversée, mais...

- Tais-toi ! s'écria-t-elle, sa voix perçant l'atmosphère devenue tendue.

Des larmes, coupables et indomptées, commencèrent à humidifier les coins de ses yeux, mais elle les essuya sèchement avec le revers de sa main. Marc, alors qu'il se levait, s'avança prudemment vers elle.

- Est-ce que c'est toi qui l'as tué ? demanda-t-elle, déterminée, sa voix se faisant plus élevée.

- Non, ce n'est pas moi. Je l'ai dit à tes collègues il y a moins d'une heure.

Un mouvement impulsif la poussa à faire exploser sa colère sur les deux pots de fleurs élégants qui ornaient le bureau. La terre et les pétales volèrent, mais l'impact sur Marc sembla bien plus profond.

- Je ne suis pas aussi compatissante que mes collègues, répliqua-t-elle, froidement.

- Tu es en train de commettre une grave erreur.

À cet instant, deux agents en uniforme firent irruption dans le bureau. Leurs armes s'alignèrent d'instinct sur Shannon, qui ne fléchit pas.

- Arrêtez là ! Ordonna Marc, feignant un calme précaire.

- Si vous faites un seul pas, je tire.

- Elle n'osera pas, affirma-t-il.

Mais le premier agent, incertain, commença à avancer. Une détonation retentit, et la balle se logea dans l'épaule gauche de Marc. Le silence s'installa alors que Shannon déclara froidement :

- Je ne plaisante pas. Si vous voulez que votre patron reste en vie, sortez d'ici !

Les agents échangèrent des regards, déchirés entre leur devoir et la vie de leur patron. L'angoisse dans l'air était palpable, mais finalement, ils reculèrent lentement, laissant Marc et Shannon seuls.

- Des renforts vont arriver, et ils viendront te chercher, souffla Marc.

- Est-ce que tu l'as tué ? Oui ou non ? Insista-t-elle, désespérée.

- Non, je ne l'ai pas tué, répondit-il.

Presque automatiquement, une nouvelle détonation lui arracha un cri. La balle s'enfonça dans sa main droite, celle qui tentait de compenser la douleur de son épaule.

- Vous vous étiez bien trouvés, tous les deux, assena-t-il en essayant de maîtriser sa souffrance. Un imbécile et une folle.

- Respecte la mémoire de mon fiancé.

- Ton fiancé, comme tu dis, n'était qu'un égoïste. Et toi, tu as été bien trop naïve.

- Que veux-tu dire ?

- Écoute, maintenant que tu as détruit mes caméras, je peux te parler sans ambages.

- Je t'écoute.

- Tu penses que Roy était tout blanc ? Qu'il vivait sa petite vie tranquille en louant son hôtel et ses appartements de luxe ? Qu'il n'avait pas de secret ? Tu connais la vérité sur cette pierre rouge, pas vrai ? D'après toi, comment est-ce qu'il l'a eue LUI ?

«C'est une pierre dont les pouvoirs se transmettent dès que l'ancien porteur meurt.»

Elle baissa son arme, déconcertée par ce qu'elle venait de comprendre.

- Il y a six mois, poursuivit Marc, la vente aux enchères où tes parents s'étaient rendus ce soir là, la coupure d'électricité, le vol des bijoux, la fusillade qui a éliminé tous les invités y compris tes parents...

Elle n'en revenait pas. Elle mit sa main au visage, essayant d'assimiler ce que Marc disait.

- Vous êtes tous tellement occupés à courir derrière moi que personne n'a fait attention à ce qu'il faisait. C'était l'homme parfait, pas vrai ? Poursuivit-il en se moquant. Tu crois vraiment que j'étais le seul ? Qu'il n'y en a qu'une ? Qu'il n'y aura pas d'autres meurtres dans la ville pour cette même raison ? Et parmi tes collègues, tu penses que personne ne sait ? Que personne ne la convoite en secret ? Que personne ne te guette pour pouvoir te la voler ? Nous sommes tout un réseau Shannon. Et ce réseau, c'est Roy qui l'a monté.

À cet instant, Mike et quatre de ses collègues firent irruption dans le bureau, chacun pointant son arme vers Shannon sans même lui adresser un regard.

- Shannon ! s'exclama Mike, d'un ton surpris.

Elle demeura immobile, son visage dissimulé par ses mains, des larmes silencieuses tracées sur ses joues. Les agents, percevant son état, tentèrent de secourir Marc, mais elle se redressa, fixant Mike.

- Attendez ! Puis-je lui parler en privé, juste quelques minutes ?

Marc, bien qu'agonisant, hocha la tête en accord, et à contrecœur, les agents se retirèrent tout en restant à proximité.

- Est-ce qu'il y a autre chose que je devrais savoir ? demanda Shannon, les yeux rivés sur Marc.

- Sur Roy ?

Elle secoua la tête.

- Sur cette pierre.

Marc inclina légèrement la tête, un sourire énigmatique traversant son visage.

- Dors, murmura-t-il.

- Excuse-moi !

- Va chez toi, rentre et dors. Tu sauras.

- J'essaierai, affirma-t-elle sans conviction. Par contre, il y a une chose dont je suis sûre.

- Quoi donc ?

- Si cette pierre peut transformer les gens en monstres, alors je n'hésiterai pas à le devenir. Je tiendrai la promesse que j'ai faite à Roy et je traquerai ce réseau.

Marc sourit.

- Tu penses donc réussir à nous éliminer ? Je croyais que tu étais membre de la police et qui plus est, médecin. Que fais-tu de ton code d'honneur ?

- Ce sera une manière comme une autre d'empêcher que d'autres souffrent à cause de ces pierres.

Elle le fixa alors que sa détermination augmentait.

- Que tu aies tué Roy ou non ne change rien, tu finiras par le rejoindre. Je te le jure.

L'audace de Shannon laissait Marc sans voix. Il n'avait jamais vu une telle intensité dans les yeux de qui que ce soit. Il se contenta de sourire avec une arrogance tranquille.

- On verra bien si tu as le cran de le faire. Connaîtrais-tu un certain Paul Walker par hasard ?

- Qui est-ce ?

- Mon cadeau de fiançailles. Roy et lui étaient très proches. Lui aussi possède une pierre. Ce qui veut dire que quelqu'un est mort ou plutôt, deux personnes sont mortes pour qu'il l'obtienne.

- Comment est-ce que tu le sais ? Est-ce qu'il fait partie du réseau ?

Marc, ne daignant même pas lui répondre, s'en alla en lâchant un rire sadique. Lorsqu'il sortit, Shannon fit de même mais se heurta à ses collègues.

- Il faut qu'on parle, dit Mike.

- Pas maintenant.

Elle s'apprêtait à se rediriger vers l'ascenseur quand Mike l'attrapa doucement par le bras.

- J'ai dit qu'il faut qu'on parle.

- Et moi, j'ai dit que ce n'était pas le moment, rétorqua-t-elle en se dégageant brusquement.

Sans un regard en arrière, elle se dirigea vers l'ascenseur, puis vers la sortie. Une fois dehors, elle composa rapidement le numéro de Guy, l'un des as des nouvelles technologies dans leur juridiction.

- Allô !

- Salut Guy. J'ai besoin d'informations sur Paul Walker.

- Désolé, mais non Shannon. Ordre du patron. Mike a appelé pour nous mettre au courant de la situation. Le chef a décrété qu'aucun d'entre nous ne devait te rendre service, car il sait que tu es prête à rendre justice toute seule.

- Écoute, soit tu m'aides, soit je les trouve par moi-même. Et j'en profiterai pour signaler à ton cher patron que tu flirtes avec sa fille.

- Tu n'oserais pas.

- On parie ?

Guy, ainsi que tous les agents de police, savaient pertinemment que Shannon était du genre à mettre ses menaces à exécution plutôt que de simplement parler dans le vide. Ne voulant pas prendre le risque d'être en mauvaise posture, il lui céda finalement toutes les informations qu'il avait sur Paul Walker, notamment son adresse, son numéro de téléphone, son lieu de travail, ainsi que le nom et l'adresse de son fils unique. Shannon prit aussi des renseignements sur l'employeur de Paul, sa famille et ses habitudes. Ce qui l'intéressait particulièrement, c'était le fait qu'il ait une réservation pour deux dans un restaurant cinq étoiles de la ville.

Plus tard dans la journée, elle décida d'appeler la maison de l'employeur de Paul pour demander à le voir. La voix douce d'une femme au bout du fil lui répondit qu'il n'était pas là pour le moment, mais qu'il devrait revenir dans la soirée.

À dix-neuf heures, Shannon se dirigea vers le domicile de Paul. Elle se cacha, guettant le moment où il sortirait de chez lui. Cinq à dix minutes passèrent, et enfin, elle le vit. Lorsqu'il s'éloigna suffisamment de son domicile, Shannon profita de cette occasion pour entrer par effraction chez lui. Elle fouilla frénétiquement les lieux, mais en vain, ne parvenant pas à mettre la main sur la pierre qu'elle recherchait. Décidée à l'affronter directement, elle se dit qu'il était maintenant temps de l'éliminer, mais il lui fallait d'abord se rendre méconnaissable.

Dix-neuf heures quarante-cinq. Shannon se tenait devant la somptueuse demeure des Ducock. Pour passer inaperçue, elle avait revêtu une perruque et un masque noir, tel ceux que l'on porterait à un bal. Des gants cachaient la bague qui lui conférait ses pouvoirs. Il n'y avait que deux gardes se tenant devant le portail. Cela serait un jeu d'enfant pour elle. D'un mouvement rapide, elle assomma le premier garde, puis, avant que le second ne puisse réagir, elle lui tira une balle en pleine tête. Son arme silencieuse rendait ses actions pratiquement inaudibles.

Une fois à l'intérieur du manoir, elle évalua rapidement les pièges aux alentours. Ses collègues et elle avaient déjà eu affaire à ce genre de demeure luxueuse. Les lieux étaient truffés de caméras, particulièrement dans l'allée, et des patrouilles de garde faisaient des rondes. Une maison comme celle-ci devait avoir plusieurs points d'accès. Shannon choisit habilement de se frayer un chemin à travers les zones mortes et entra par la porte de la cuisine. À l'intérieur, elle neutralisa Noélia et Naomi, avant de se dissimuler, attendant patiemment l'arrivée de Paul.

(Après la mort de Paul)

Shannon se savait en bonne voie pour découvrir l'emplacement de la pierre grâce à son fils. Elle n'avait qu'à patienter jusqu'à ce qu'il ne se décide à sortir du manoir. Sa sortie se révéla plus simple que son entrée, alors que la plupart des gardes s'afféraient toujours à l'intérieur. Après de longues minutes, Clarke finit par franchir le seuil de la maison. La police arriva peu après.

...

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