Chapitre 18

"Au cas où nous aurions besoin d'abattre quelqu'un pour obtenir plus de pierres."

Cette dernière phrase du maire se répétait en boucle dans sa tête. Et plus elle se répétait, plus Shannon s'irritait. Bien décidé à se défouler sur quelqu'un, ou plutôt quelque chose, elle activa son pouvoir.

- Tout ça, c'est de ta faute !!!

- De quoi est-ce que tu parles ?

- À ton avis. Mais qu'est-ce qui t'a pris de fonder ce fichu réseau ?

- Je voulais protéger les porteurs. C'était ÇA le plan de base. Je n'ai jamais eu l'intention d'en faire un réseau de trafic de pierres.

- Pourtant tu as laissé les rênes à Marc, qui l'a à son tour laissé à ce X.

- Je pensais qu'il avait changé. Du moins, j'ai voulu le croire.

- Marc !!! Changer !??

La main au visage, l'on ne pouvait distinguer si elle riait ou si elle pleurait.

- Shannon, poursuivit Roy, c'est mon frère. Je voulais juste croire en mon frère.

- Roy, c'est mon beau-frère. Mais je ne le couvre pas pour autant. Toi et moi avions été témoin de ses bêtises. Son casier judiciaire s'allongeait comme les épisodes du One piece. À quel moment tu as pu penser que ce serait une bonne idée de lui confier les choses ? Bon sang !

- Shannon, calme toi s'il te plaît.

- Les frères Ruiz ne sont vraiment qu'une bande de...

- Respecte ma mémoire. Je suis quand même ton fiancé.

- EX fiancé.

- Désactive ton pouvoir. Cette conversation est terminée.

- Bien.

Une fois la conversation terminée, Shannon s'effondra sur son lit. Tout un tas d'émotions déferlait en même temps dans son esprit. Elle était triste. Elle était frustrée. Elle était en colère. Elle était en panique. Elle était nostalgique. Elle était surtout fatiguée. Lorsque ces épisodes de crise lui arrivaient dans le temps, c'était Roy qui la calmait. Un petit massage à l'huile par ci, un thé mentholé par là, des blagues par ici, des embrassades par là-bas, Roy était toujours présent pour lui faire oublier ses mauvais moments. Et elle y pensait. Les attentions de Roy lui manquaient. Sans s'en rendre compte, elle s'endormit, oubliant totalement qu'elle avait un livre à récupérer.

                       ************************

- Quand on est submergé par toutes sortes d'émotions, il est important de faire le tri.

- Le vieux !

Shannon, dans la grotte aux esprits, se trouvait étonnement à côté du vieux, plutôt qu'à sa place habituelle, assise dans le public.

- Tes pouvoirs risquent d'être perturbés à force de tout garder pour toi. Libère toi un peu, bon sang !

- Qu'est-ce que vous en savez sur mes émotions vous ?

- Je ne peux peut-être pas percevoir ce qui se passe dans ta vie, mais je peux ressentir ce que tu ressens. Tu es mitigée et tu veux tout faire toute seule. Une aide supplémentaire ne te ferais pas de mal. L'aide d'un autre porteur surtout.

- J'y songerai.

- Si Paul était toujours en vie, il aurait peut-être pu lui. C'était un bon gars.

- Paul Walker ?

- Tu le connaissais ?

- Juste de nom.

- Son fils doit avoir récupéré sa pierre à présent. S'ils ont le même gabarit, elle est sûrement restée bleue.

Bleue ? Jusque là, Shannon n'avait aucune idée de la couleur qu'avait la pierre qui lui avait échappée. Elle suspectait bien qu'elle pourrait être blanche ou bleue mais n'avait jamais eu de confirmation. Enfin, jusqu'à maintenant.

- Mieux vaut que tu ailles te reposer. Tu en as besoin.

Soudain, elle se sentit étourdie, prise dans un tourbillon. Cette sensation ne dura qu'une fraction de seconde puis, plus rien.

Dès que ses yeux s'ouvrirent, elle resta pensive. Allongée sur son oreiller en coton, elle repensait aux mots du vieux :

«Quand on est submergé par toutes sortes d'émotions, il est important de faire le tri.»

Clarke Walker. Ce nom n'arrêtait pas de résonner dans son esprit. Il lui serait effectivement d'une grande aide mais accepterait-il d'aider l'assassin de son père ? D'un autre côté, si elle lui demandait son aide en tant que Shannon, il finirait par se douter de quelque chose. Une chose était sûre. Il fallait effectivement qu'elle fasse le tri. Bien décidé à faire ce qu'elle avait à faire, elle se leva de son lit, direction la salle de bain.

Plus tard.

- Je viens voir le notaire. Dirent-ils au même moment.

- Vous !

- Toi !

Par pure coïncidence, Clarke et Shannon se croisèrent, chacun ayant reçu une convocation. Après que le réceptionniste leur ait demandé de patienter, les deux s'assirent côte à côte sur les sièges à coussins noirs qui étaient là. L'espace était assez beau. Le réceptionniste s'attelait à la tâche devant son bureau en bois assorti aux sièges, pendant que les employés de la boîte montaient en flèche les escaliers situés juste à côté du bureau du réceptionniste, tout en lui lançant un bonjour à peine audible. Il devait déjà être huit heures passées, heure de pointe des cadres.

Pendant que Clarke observait les lieux, Shannon, prise de culpabilité décida de briser le silence :

- Je suis désolée pour ton père.

Clarke la regarda, étonné.

- Ne me regarde pas comme ça. Nous avons aussi un cœur tu sais.

- Oui. Désolé. Je vous remercie. Vous avez aussi perdu quelqu'un ?

- Oui, mon fiancé.

Le silence s'installa une minute. Ce fut Clarke qui la brisa cette fois.

- Comment faîtes-vous ?

Ce fut elle qui le regarda cette fois, étonnée.

- Comment faites-vous pour ne pas perdre votre humanité, vous et vos collègues ?

- Si nous perdions notre humanité, nous deviendrions comme tous ces détraqués que nous arrêtons. Enfin, je dis nous mais ce sont les autres qui sont beaucoup plus dans le feu de l'action. Moi, je ne suis que la légiste.

- Je vois.

- Sinon, pourquoi la question ?

- Parce que vous avez perdu votre fiancé, pourtant vous avez l'air en forme.

Cette remarque la fit sourire.

- Ce n'est que l'apparence. Comment tu te sens toi ?

- Désemparé. Le côté positif, c'est que son décès m'a donné un nouvel objectif.

- Ah oui ? Lequel ?

- Même si je vous le disais, vous ne comprendriez pas.

- Oh !

Elle fit mine de ne rien comprendre mais au fond, elle savait que c'était en rapport avec les pierres. Ne voulant pas éveiller ses soupçons, elle décida de ne pas poser de questions. Finalement, Clarke fit appelé par le notaire. Il y alla donc, laissant Shannon dans le hall d'attente.

Plus tard

"Identification des pierres.

Les pierres des porteurs ressemblent en tous points aux pierres précieuses. La seule différence réside dans l'énergie qu'elles dégagent. Vous l'aurez remarqué, dès qu'un nouveau porteur touche sa pierre, elle scintille et prend la couleur correspondant à la personnalité de son nouveau propriétaire. Cette lueur est ce qui permet de distinguer une pierre magique d'une pierre classique..."

De retour chez lui, Clarke se lança dans la lecture du journal de son père afin de découvrir si toutes les pierres volées étaient magiques ou pas.

"Pour identifier une pierre magique, il suffit d'activer son pouvoir et d'observer avec attention. Vous y verrez de petits scintillements qui, contrairement aux pierres classiques, ne se laissent pas traverser par la lumière."

«Très bien.»

Après avoir lu ce qui l'intéressait, il s'attela à la tâche. Sachant que le contact direct entre les pierres et lui les changeraient toutes en pierres bleues, il prit une des paires de gants de Molly et l'enfila. Il activa ensuite son pouvoir et prit une pierre. Il la positionna face aux rayons du soleil qui traversaient sa fenêtre et observa. La pierre éparpilla les rayons lumineux dans le salon. C'était donc une pierre normale. Il répéta l'opération avec une autre pierre. Même scénario. Il répéta à nouveau l'opération. Même scénario. Quatrième essai, pas de diffraction de la lumière. La pierre bloqua carrément la trajectoire des rayons du soleil. Enfin, il trouva une pierre magique dans le lot.

À l'hôpital central de la ville, Shannon se trouvait au chevet de la protégée de Clarke, attendant patiemment qu'elle se réveille. D'après son médecin traitant, son état s'était amélioré et il était probable qu'elle se réveille d'ici-là. Elle ne patienta pas longtemps avant que les paupières de la jeune femme ne commencent par s'ouvrir.

- Bonjour.

- Eh ben ! Tu en as mis du temps. Deux jours que tu dors.

- Vous êtes qui ?

- Je m'appelle Shannon Taylor. Je suis médecin légiste.

- Mais je suis vivante moi. Pourquoi vous êtes là ? Ou alors... Je suis une âme ? Vous êtes une porteuse ?

- De un, je ne sais pas ce que c'est et de deux, tu es bel et bien vivante.

- Ah.

- Et comment tu t'appelles toi ?

- Molly. Je m'appelle Molly Shatterlay.

Cette petite avait l'air fascinante.

- Où est Clarke ?

Ce détail qui lui avait échappé lui revint automatiquement. Elle devait donner le nom de l'hôpital à Clarke en échange du livre. Étant donné qu'elle était dans la peau de la légiste, censée être venue bien après les tirs, elle fit mine de ne rien savoir de ce qui s'était réellement passé.

- Clarke ? Clarke Walker ?

- Oui. Nous étions ensemble lorsqu'ils ont tiré sur moi.

- Qui ça ils ?

- Les hommes de...

Dire la vérité à cette femme reviendrait à se trahir pour ses nombreux vols. Molly préféra alors se taire.

- Non, personne.

- Est-ce que tu sais que si tu te tais, la police ne pourra pas faire son travail ?

- La police ?

Elle se mit à imaginer son séjour en prison. Le supporterait-elle ? Les films décrivaient tellement bien les prisons, ainsi que les prisonniers que rien que penser à cette éventualité la fit couler des larmes. Et Clarke ? L'oublierait-elle si elle écopait d'une grande peine ? Ou la rejoindrait-elle en prison pour complicité ? Dans tous les cas, elle refusait de donner une réponse sans l'avis de Clarke. Toujours les larmes aux yeux, elle réussit à articuler :

- Appelez Clarke s'il vous plaît.

Cette demande n'étonna pas Shannon tant que ça. Elle devina assez rapidement qu'elle avait besoin de lui pour savoir quelle version donner à la police. Mais une question apparût quand même dans son esprit, qui était-ce ? Les événements d'hier s'étaient déroulés tellement vite qu'elle n'eut pas le temps de faire des recherches sur elle.

- Très bien. Je l'appellerai. Finit-elle par répondre avant de s'en aller.

Plus tard.

Il n'y avait finalement que dix pierres dans les centaines volées. Clarke se demanda alors quoi faire du reste. Revendre ? Pourquoi pas ? Mais lui serait-il utile de les revendre vu qu'il venait d'hériter d'une petite fortune ? Il préférait les laisser à Molly quand elle reviendra. Enfin, si cette femme finissait par le recontacter. Et quand on parle du loup...

«Rendez-vous ce soir à vingt heures à l'adresse que je viens de t'envoyer. Apporte le livre et je te dirai où est Molly.»

Il répondit automatiquement :

«Molly ? Vous connaissez son nom ? Ça veut dire qu'elle s'est réveillée ? Elle va bien ?»

«Oui.»

Apaisé. Son cœur était tout simplement apaisé. Molly allait bien. D'un pas rapide, il prit le livre de son père, direction l'imprimerie.

Du commissariat, Noah et Mike étaient à la cantine, sirottant chacun un café noir bien serré.

- Je déteste la paperasse, entama Mike.

- Je ne te le fais pas dire ! Quelle corvée !

- Maintenant que c'est fait, comment est-ce qu'on s'y prend cette fois pour l'interrogatoire du maire ? J'apporte mes gants de la torture ?

- Ce nom me fera toujours marrer, dit-il en riant. Mais non. Pas de gants de la...enfin, pas de gants sur lui.

- Bien Noah. On pourrait aussi amener Shannon.

- Pourquoi ?

- Parce qu'elle sait être effrayante.

- Shannon n'est pas effrayante. C'est une femme fatale...

- Dont tu es amoureux.

Il se regardèrent un moment.

- Ce n'est pas un crime tu sais ? Poursuivit Mike. Tu es veuf depuis quoi, dix ans ?

- Deux ans.

- C'est déjà beaucoup pour un homme comme toi. Avec ta carrure, ton allure, ton corps mus... Bon c'est vrai que ces derniers jours tu as pris du bide mais...

- MIKE !

- Mais tu restes très beau.

- C'est bon. Tais toi !

- Désolé.

- Tu sembles oublier que Shannon a perdu son partenaire il y a à peine une semaine. Tu penses vraiment que c'est le moment d'aller vers elle pour ces choses là ?

- Non.

À ce moment, Daya vint vers eux, accompagnée de Georges. Noah bu tout de suite son café d'un coup sec et se leva.

- Je te souhaite de tout cœur de ne jamais perdre Daya, lâcha-t-il avant de s'en aller.

- Tu lui as encore parlé de Nancy ? Mais quelle tête de mule toi ! Dit Daya.

- Un deuil comme ça, ça change énormément. Surtout quand tu es du corps de la justice.

À son tour, il but d'un trait son café avant de s'en aller rejoindre son supérieur.

...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top