Chapitre 13

De longues minutes passèrent. Shannon riait à n'en point s'arrêter. Elle riait tellement qu'elle en coulait des larmes. Ce fut un moment après qu'elle se calma, remettant ses mèches en place.

- C'est bon, tu as fini ? Lança Roy.

- Attends, dit-elle en essuyant ses larmes. Attends, attends. Vous débarrasser de vos pouvoirs ?

Et elle se remit à rire.

- Un ramassis de paroles pour contrôler les nouveaux porteurs qui n'y connaissent rien. Dit-elle en mettant la lettre en mille morceaux.

- Si je ne te l'avais pas dit, toi non plus, tu n'en saurais rien.

- Faut croire que c'est ma chance.

- Tu ne penses pas que ça aurait été mieux d'accepter ?

- Je laisse les missions d'infiltration à mes collègues. Ce n'est pas fait pour moi.

- Qu'est-ce que tu comptes faire ?

- Trouver un moyen d'attraper Freud HIRSON avant les autres. Mais avant, il me faut une bonne nuit de sommeil.

Du côté de Molly et Clarke :

- C'est vraiment possible de se débarrasser de nos pouvoirs ? Demanda Molly.

- Bien sûr que non. Donne-la moi, dit-il en tendant sa main. Ce genre de choses, c'est souvent trop beau pour être vrai, lança t-il en déchirant les deux lettres.

- Mais...

- Mais rien du tout Molly. Méfie toi de tout le monde, surtout de ceux qui te font de telles propositions.

- D'accord. Dit-elle en s'effondrant dans le canapé. Je me demande quand même pourquoi quelqu'un voudrait délibérément se débarrasser de ses pouvoirs. Ils sont assez utiles quand on y pense.

Clarke se souvint soudainement de sa conversation avec Daya :

«Comment est-ce qu'on se débarrasse de nos pouvoirs ?»

- C'est pas vrai ! Dit il en se dirigeant vers la porte.

- Mais où est-ce que tu vas ? Demanda Molly en se redressant.

- L'empêcher de faire une bêtise.

Sachant très bien que perdre ses pouvoirs signifiait perdre sa vie, Clarke sortit en flèche de sa maison pour aller rejoindre celle de Daya. Une fois devant chez elle, il la croisa, se dirigeant vers sa boîte aux lettres, son enveloppe à la main. Sans attendre une seconde, il prit rapidement l'enveloppe de sa main puis la déchira.

- Mais tu es folle ! Hurla t-il.

- C'est toi qui es fou. Répondit elle en haussant le ton. Il me semble t'avoir fait part de mon désir de me débarrasser de mes pouvoirs.

- Et comme par miracle, un homme mystérieux te le propose et tu acceptes sans réfléchir !?

- C'était tout bien réfléchi figure toi.

- Non pas du tout. Oublie cette lubie Daya. Apprends à vivre avec.

- Je refuse. Dès que j'éluciderai le meurtre de Mcpoly, je m'en débarrasserai. Je donnerai ma pierre à qui voudrait l'avoir.

- Et tu penses que c'est suffisant pour te débarrasser de tes pouvoirs ?

- Toi qui sait tout, vas-y, dis moi. Qu'est-ce qu'il faut de plus pour...

- MOURIR !

Le mot était sorti tout seul. Après s'en être rendu compte, il se calma puis murmura un "c'est pas vrai" à peine audible. Daya, quant à elle, ne pouvait piper mot. Elle essayait tant bien que mal d'assimiler ce que Clarke venait de dire. Peut-être se trompait-elle. Peut-être avait-elle mal entendu le mot qu'il venait de prononcer.

- Qu'est-ce que... Quoi !? Balbutia t-elle.

- Tu as très bien entendu. Mourir. Dès le moment où tu es devenue une porteuse, ta pierre s'est connectée à ton énergie vitale. La seule manière de couper cette connexion est de...

- Mourir. Lâcha t-elle, le regard plongé dans le vide.

- Peu importe la distance entre toi et ta pierre, tant que tu restes en vie, ta pierre seras inutilisable par une autre personne. Accepter la proposition de cet homme, c'est littéralement du suicide.

Daya ne l'écoutait plus. Sa tête était ailleurs. Elle repensait à l'homme qui les suivait Mike et elle. Elle repensait à la mort de Mcpoly. Ses yeux commencèrent à s'humidifier, laissant déjà s'échapper les premières larmes.

- C'est pour ça qu'il est mort ? C'est pour ça qu'ils l'ont tué ? Quand tu disais que j'étais devenue une cible pour certains porteurs, c'était de ça que tu parlais ? Pourquoi ne pas me l'avoir dit plus tôt ? Pourquoi ne pas m'avoir dit que j'étais constamment en danger de mort ? Et avec ça, tu voudrais que j'abandonne l'idée de m'en débarrasser ?

- À toi de voir Daya. Ou tu la gardes, ou tu meurs. Je te conseille la première option.

- Comment est-ce que tu fais toi ? Dit elle en essuyant ses larmes. Comment est-ce que tu fais pour être aussi serein ?

- Déjà, je n'accepte pas des propositions d'un homme chelou.

- Ne te moques pas.

- Désolé.

- Ensuite ?

- Ensuite j'accepte la situation. C'est ça le problème avec toi. Tu as du mal à te faire au changement. C'est vrai, je ne te connais pas vraiment mais je t'observe assez. Accepte que tu es une porteuse, accepte tes pouvoirs et prends les décisions qui s'imposent.

- Les décisions !

- Oui Daya, les décisions. Ça veut dire se protéger quoi qu'il en coûte, ne pas avoir peur de se salir les mains si l'occasion se présentait, garder la tête sur les épaules même quand tu te retrouves nez à nez avec un cadavre.

- Et si je ne veux pas ? Moi je ne veux pas faire du mal aux gens.

- Tu ne survivras pas dans ce monde avec de bonnes intentions. Fais attention à toi Daya. Fais très attention.

- D'accord. Je te remercie de m'avoir empêchée de commettre une bêtise.

- Les erreurs de débutant comme on dit. Tu t'y habitueras, dit il en lui caressant les épaules.

Molly, en voyant la scène, commença à avoir le cœur lourd. Curieuse de savoir où est-ce que Clarke allait, elle le suivit, puis se rendit invisible pour pouvoir écouter leur conversation de plus près. Après avoir vu Clarke caresser cette fille qu'elle ne connaissait d'ailleurs pas, elle se retourna incognito. De nombreuses inquiétudes commencèrent alors à l'envahir. Qui était cette fille ? Depuis quand se connaissaient-ils ? Que représentait-elle pour Clarke ? N'était-ce qu'une amie ? Au fond, elle savait qu'elle n'avait aucun droit sur Clarke mais le fait qu'il s'intéresse à une autre l'embêtait.

Elle s'affala sur le lit de la chambre, toujours perdue dans ses pensées. Elle ne pensait plus à Clarke, elle pensait à cette fille. Elle pensait à sa silhouette qui était plus taillée que la sienne, à ses cheveux plus longs et plus frisés. Elle pensait à son air innocente qui ferait craquer n'importe quel garçon. Elle pensait également au fait que c'était une porteuse et que pour cela, Clarke voudrait la protéger elle aussi. Ce fut dans ce tourbillon de pensées qu'elle finit par s'endormir.

Le lendemain

Ce fut pendant les premières lueurs du jour que Daya ouvrit les yeux. Une autre réunion dans la grotte aux esprits l'avait empêchée de se reposer convenablement. Elle en vint à se demander pourquoi continuer de s'y rendre si ce n'est que pour entendre les mêmes informations. Après un moment de méditation, elle se dirigea vers la salle de bain, histoire de se redonner des couleurs. Elle enfila ensuite une jupe droite de couleur bleu roi, montée d'une chemise blanche sans manches, le tout accompagné d'une paire de Nike blanches. Elle peigna soigneusement ses cheveux, les mit en queue de cheval, mit de fines boucles d'oreilles blanches, puis se dirigea vers la porte sans prendre de petit déjeuner. Elle grignoterait un truc en chemin.

Arrivée au commissariat, elle tomba directement sur Shannon. Celle-ci avait mis une robe droite de couleur rouge au vin et des talons de la même couleur. Ses cheveux étaient également relâchés. Son sac professionnel de couleur noire et ses clés de voiture toujours en main, laissaient penser qu'elle venait d'arriver à son lieu de travail.

- Bonjour Shannon. Lança t-elle toute souriante.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu ne devrais pas être avec tes collègues en train de pleurer le décès de ton supérieur ?

- Si. Si mais avant, il fallait que je vienne ici.

- Mike n'est pas là. Tu peux l'attendre si tu veux.

- Non, je ne viens pas pour lui.

- Noah non plus.

- C'est avec vous que je suis venue parler.

- Moi !

- Oui. Mike m'a dit que...

Elle fut coupée par la sonnerie de téléphone de Shannon.

- Un instant. Dit elle à Daya en sortant son téléphone.

À peine décroché, l'homme au bout du fil raccrocha, puis lui laissa un message vocal :

- Shannon Elizabeth Taylor si je ne me trompe pas. Vous avez tué un porteur de la pierre blanche avant de vous emparer de ses pierres. Vous avez ensuite rejeté l'offre, pourtant si alléchante du réseau. C'est quelqu'un comme vous que je recherche. Je vous aiderai volontiers à attraper Freud Hirson si vous acceptez de faire affaire avec moi. Que pensez-vous d'un rendez-vous ?

Ayant l'habitude de ce genre de situation, Shannon voulut reposer son smartphone dans son sac lorsque la sonnerie des notifications retentit. Elle venait de recevoir une vidéo. Curieuse de savoir ce que contenait cette vidéo, elle s'éloigna un peu de Daya, coupa le volume des audios, puis la lança. Ce qu'elle vit la figea sur place. Ses yeux étaient rivés sur l'écran pendant que son rythme cardiaque s'accélérait.

Dans la vidéo, c'était une femme dans une ruelle. Elle tuait un homme. C'était elle. Quelqu'un l'avait filmée lorsqu'elle se débarrassait de l'homme invisible. Presque automatiquement, elle reçut une autre notification, un message vocal qui disait :

- J'ai une très forte envie d'envoyer cette vidéo à X. Vous savez qui déjà c'est, n'est-ce pas ? Il n'aura même pas besoin de vous chercher avant de vous trouver, et de vous éliminer. Je répète donc ma question. Que pensez-vous d'un rendez-vous ?

...

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