ACTE 2 Chapitre 7

PDV de Trissia

La salle du buffet était un endroit vraiment impressionnante.

Très grande, pour accueillir un maximum d'élèves venus de l'amphithéâtre, remplie de tables sur lesquelles se trouvait de la nourriture en quantité. Il y avait des décorations partout. Des rideaux doré couverts de paillettes, un lustre au plafond, des nappes blanches sur les tables, des vases contenant des sortes d'arbres de petites tailles et tout un tas de choses que je n'avais pas la patience de détailler du regard.

Nous étions très nombreux, mais toute cette foule était de trop pour moi, il manquait la personne la plus importante pour moi.

Travis.

Il était tellement en colère… et sûrement triste au fond de lui.

J'aurais aimé le rejoindre, mais il aurait sûrement été furieux contre moi. Quoique, à bien y repenser, quand bien même il m'aurait crié dessus, repoussée, je me serais sentie plus en paix avec lui. Mais il avait besoin d'être seul, vraiment seul, je l'avais compris à sa voix.

Tout ce que je pouvais faire, c'était me rassurer en me disant que c'était la meilleure chose à faire.

Grand frère souffre, beaucoup trop, et moi, je ne peux rien faire.

J'avais un verre rempli d'un jus que je n'avais même pas pris le temps d'identifier. En fait, j'étais tellement inquiète pour Travis que j'oubliais à chaque fois tout ce qui venait de se passer il y a quelques minutes.

La boisson que j'avais en main me le prouvait. Je ne savais plus ni quand, ni où, ni pourquoi je l'avais prise.

C'était un jus de fruit, enfin je le supposais à son odeur. Pour penser à autre chose, je pris une gorgée, puis deux, mais je n'arrivais pas à oter la vue de mon grand frère Travis de ma tête.

Je ne regardais même pas les gens autour de moi, pourtant, je supposais déjà que quelques-uns se posaient des questions sur nous.

Nous étions les Greoln, les enfants de deux commandants, peut-être deux légendes de cette île. Peut-être que comme j'étais encore trop jeune, on en attendait pas trop de moi, mais je n'osais pas imaginer la pression sur les épaules de mon frère en face de tous ces regards.

Au fond, je commençais à comprendre ses craintes. Il vivait déjà si mal la mort de papa et maman, et comme si c'était pas assez, tout le monde avait les yeux sur nous, voire sur lui, à cause de ça.

Il voulait se préserver, se faire tout petit et se reconstruire loin de tout ça… mais on a quand même été rattrapé par notre identité.

– J'imaginais pas qu'on aurait des gens comme toi et Travis ici ! me cria une voix de fille.

C'était Camélia, elle m'approchais alors qu'elle tenait d'une main un petit sandwich et de l'autre une boisson pétillante un peu brune.

– C'est… si incroyable que ça ? demandais-je en faisant tourner mon verre.

Alors que j'étais debout dans un coin de la salle, elle me rejoint tout en regardant un peu autour d'elle, avant de se mettre à côté de moi.

– Bah… ouais quoi, on parle de commandants de Libra ! C'est des officiers de première classe qui ont beaucoup d'autorité. Être les enfants de gens comme ça, c'est sûrement une expérience en soit.

– Oh pas vraiment, dis-je en fixant le plafond, on était une famille tranquille.

– Je pense que c'est parce que t'as vécu dedans que tu dis ça… pour une fille banale comme moi ce genre de truc ça fait parti des rêves d'enfant.

– Ah bon ?

– Ouais, j'ai toujours voulu être quelqu'un de célèbre, d'important, que les gens admirent. Ça doit être trop bien d'avoir de la popularité.

J'écoutais Camélia à moitié, et une partie de moi se sentait mal à force, mais ce n'était pas de sa faute. J'avais beau faire des efforts, je ne voulais définitivement pas rester ici. Mon frère se sentait mal, alors j'arrivais pas à me sentir bien.

– Mais en vrai tu sais, dis-je alors sans vraiment réfléchir, le problème c'est que nous on est pas connu où important comme tu le dis, ce sont nos parents qui ont ramenés tous ces gens ici.

Sans attendre qu'elle ajoute quelque chose, je commençais à m'éloigner. Je finis mon verre que je posais à la première table qui croisait mon chemin, avant de chercher la sortie.

Je ne savais même pas si je slalomait pour éviter la foule où si je marchais droit, je ne pensais qu'à une chose, partir d'ici. Même la voix de Camélia qui tentait de m'appeler ne parvenait qu'à moitié à mes oreilles. C'était comme si je m'enfonçais toute seule dans une profonde spirale.

Soudain, une main se posa sur mon épaule, freinant d'un coup sec ma quasi fuite de ce lieu.

– Tiens, toi aussi t'es adeptes des départs précipités comme celui de ton frangin ? me demanda un voix d'un ton presque sarcastique.

Comme il était question de Travis, je ne pu me résoudre à simplement ignorer cette personne et partir. Je levais la tête, et constatais alors que cette personne n'était nulle autre qu'un des membres du Concile, celui avec une coiffure bizarre et des mèches bleues : Eliott.

Je me suis crispée à la vue de ce garçon qui me faisait froid dans le dos. Il continua de me regarder fixement, avant de croquer dans un beignet.

– Qu-qu'est-ce que ça change que mon frère veuille partir ? Il n'avait peut-être pas envie de rester avec tout ça de monde…! dis-je avec autant d'autorité que possible.

– Oh il fait ce qu'il veut tu sais, dit-il en prenant un peu ses distances, j'espère qu'on est assez bien pour un pistonné comme lui.

– Qu'est-ce que vous voulez dire ? criais-je un peu paniquée.

– Je n'aime pas les prétentieux, rien de plus.

Il se retourna, tout en finissant son beignet.

– Dis lui juste, enfin, si il daigne écouter les menaces d'un pauvre gars comme moi… qu'il a intérêt à faire gaffe, et à ne pas se sentir trop grand ici… où je me ferais un devoir de le faire redescendre sur terre.

Il s'en alla ensuite, sous les regards préoccupé des autres personnes autour de nous. Moi, j'étais simplement surprise, et inquiète. Pourquoi s'en prendre à Travis dès le premier jour ? C'était quoi son problème à ce Eliott ?

Je n'étais pas sûre de ce que je devais comprendre de ses menaces. Avait-il une réelle rancoeur vis-à-vis de mon frère ? Une raison bien à lui, mais qui justifiait un peu sa manière d'agir ? Où est-ce qu'il n'était là que pour le nuire ? Je n'étais pas sûre du tout, et une partie de moi refusait un peu de s'imaginer que quelqu'un d'aussi haut placé à l'Académie soit juste mauvais pour être mauvais, surtout avec mon frère fraîchement introduit.

Les élèves autour de moi avaient repris leur conversation, mais je pouvais encore sentir quelques regard discret dirigés vers moi. Ma discussion avec Eliott devait sûrement intriguer beaucoup de monde. Une Greoln et un membre du concile en train de parler ensemble… beaucoup devaient sûrement se dire qu'on s'échangeait des informations importantes.

Je soupirais, comprenant encore un peu plus le mal-être de Travis à cause de tous ces élèves. Au départ je me disais que ce n'était rien qu'un peu de curiosité mêlée d'admiration, mais désormais, où du moins à cet instant précis, je trouvais tout ça presque malsain.

Je repris alors ma route vers la sortie de la salle de banquet. Étrangement, j'étais un peu plus alerte vis-à-vis de tout le remue-ménage qui m'entourait. Les élèves sur mon chemin étaient parfaitement visibles, je ressentais pleinement chaque mouvement effectué, comme si ma courte rencontre avec Eliott m'avait sortie de ce moment de quasi déprime à cause de mon frère.

Après plusieurs minutes de recherches, mon sens de l'orientation étant perturbé par les déplacements des différents groupes présents, je trouvais enfin la porte de sortie.

Quand je l'ouvris, je fut une fois de plus surprise.

Une fille me bloquait le chemin. Enfin, je devais plutôt dire qu'elle donnait l'impression de m'attendre.

Un stress intérieur s'empara de moi, alors que je la reconnu sans peine. C'était la membre du concile installée en bout de table.

– Hum… je voudrais passer… murmurais-je à mi-voix.

Cette fille était vraiment terrifiante de mon point de vue. Son regard était fixe, c'était comme si elle était un tigre. Sa longue tresse couleur cuivre passait sur son épaule et retombait sur sa poitrine. Je me sentais petite en face d'elle, peut-être même impuissante. Elle était si mâture, si… autoritaire, que je me sentais capable de rester là à simplement attendre qu'elle veuille bien m'accorder le droit de bouger.

Même moi je ne comprenais pas comment c'était possible de faire subir un tel sentiment. Elle ne m'avait même pas adressé la parole et pourtant, je m'estimais déjà inférieur à elle.

Soudain, elle s'accroupit devant moi, et posa sans même demander, sa main sur ma tête. J'avais l'impression d'être devenue son enfant.

– Tu es intéressante. me dit-elle simplement, j'ai hâte de te voir évoluer ici.

Sans détacher de moi son regard ni cligner des yeux, elle se releva après m'avoir caressé la tête.

Puis elle s'en alla, pénétrant la salle du buffet.

Quelle fille bizarre… et, flippante.

Enfin…! Je pouvais aller retrouver mon grand frère !

Même si… je n'étais même pas sûre d'où il était allé.

C'est embêtant…

PDV de Travis

J'avais trouvé un banc où m'asseoir. C'était un banc, juste un banc normal. Je savais qu'il ne serait pas marqué d'une mention spéciale à l'adresse d'un fils de commandant, et juste ça me convenait parfaitement.
Il se trouvait dans une traversée de la ville académique, sur une petite zone au milieu de la route où étaient placés des bancs entre deux lampadaires.

Ma colère avait en grande partie disparue. Elle était violente, mais fort heureusement passagère.

Je me sentais un peu nul de ne pas avoir pu me contenir davantage… et surtout d'avoir hurlé sur ma sœur, de quoi l'inquiéter davantage.

Bon sang…! Comment je pourrais lui dire que je vais bien après une situation pareille…?

Alors que je me torturais l'esprit au sujet des récents événements, j'entendis quelqu'un s'assoir sur le banc derrière le miens. J'étais assez calmé pour laisser un peu de curiosité m'atteindre, mais avant que je n'ai le temps de me retourner, il m'adressa la parole.

– Tu vas… mieux..?

– Hum… Ludo ?

– Ouais, ça surprend hein…?

Une graine d'irritation failli germer en moi, alors que l'idée même qu'il soit venu me voir par intérêt me vint à l'esprit. Cependant, il ne le laissa pas le temps de l'exprimer.

– Je m'y connais pas trop dans tout ce qui est remonter le moral des gens célèbres mais… si t'as des problèmes dont tu veux parler je veux bien t'écouter.

Il s'adressait à moi simplement, détail qui eu le don de m'empêcher d'exploser une nouvelle fois. Et il poursuivit.

– Ça peut te paraître bizarre mais… je connais pas du tout les commandants… et un peu toute l'organisation de Libra. Je suis un peu nouveau sur cette île. Je sais pas si ça change quelque chose mais… peut-être que ça peu t'aider d'avoir quelqu'un d'aussi paumé que toi pour discuter.

– Merci de la proposition… dis-je. Même si, sans vouloir t'offenser, je ne suis pas sûr de vouloir faire part de mes sentiments personnels à quelqu'un.

– Désolé…

– T'as vraiment à t'excuser. Pour tout te dire j'évite même d'en parler à ma sœur.

– Pourtant c'est ta famille… nan ? Et peut-être qu'elle peut te comprendre mieux que tes parents.

– Sûrement mais… même moi, je me demande si parler m'aiderait vraiment à aller mieux. Ce que je ressens en moi me paraît si… en fait je ne saurais même pas expliquer ce qui me traverse.

– Mmh, je peux me tromper mais, pour avoir entendu ton discours, et vu ta manière de réagir tout à l'heure… personnellement j'avais l'impression que voir tout ce monde te dégoûtais, comme si indirectement ils avaient portés atteinte à ta personne.

Je ne répondis pas tout de suite. J'étais bien plus détendu qu'il y a quelques minutes, alors prendre le temps de penser à tout ce qu'il m'avait dit était bien plus simple. Entendre sa théorie me faisait repenser à tout ce qui était arrivé.

Qu'est-ce qui n'allait pas chez moi…? Pourquoi des gens silencieux étaient-ils en mesure de m'atteindre ? Personne ne m'avait fait quoique ce soit directement… et même si j'étais conscient de tous leur aprioris à mon sujet, je n'aurai pas dû agir ainsi.

– Peut-être que tu as raison… dis-je enfin. Même moi je ne comprends pas. Mais je te remercie d'avoir pris le temps de me le dire, ça m'a permis de revoir ma manière de penser.

– Content d'avoir aidé.

Alors que Ludo se tut, je me surpris à dessiner un léger sourire sur mon visage. Cette conversation était d'une simplicité qui m'avait fait du bien.

– Mais dit moi, demandais-je alors bien plus tranquille, pourquoi venir à moi ? Je veux dire, à part peut-être un peu de satisfaction, je ne vois pas ce que peu t'apporter une manœuvre du genre.

– Je te l'ai dit, simplement pour aider un nouveau comme moi.

– Certe… mais j'ai la sensation qu'il n'y a pas que ça.

– Oh… sûrement parce que c'est vrai. Et si tu veux en savoir plus, je dirais seulement que je me suis "juré" d'être là au moins une fois dans la vie de ceux qui on un coup de mou, pour être à leur côté, et les écouter si besoin.

– C'est plutôt respectable de ta part.

– J'espère oui.

Après ce court échange, lui et moi étions restés plusieurs longues minutes sans rien se dire. Mais ce n'était pas dérangeant. Au fond de moi j'avais l'impression que tout s'était apaisé, comme si Ludo m'avait permis de remettre à zéro tous mes doutes, et mes préoccupations.

– Tu penses faire quoi ici ? demandais-je à Ludo.

– Aucune idée. En vrai j'ai quitté le cursus scolaire pour venir ici histoire de plus trop me prendre la tête avec l'école quoi.

– Tu n'aimes pas étudier j'imagine ?

– Je suis surtout pas très théorie. Ça m'épuise la parlotte et les choses trop longues à lire où écouter. J'ai toujours préféré être actif.

– J'espère que tu trouveras ton bonheur ici alors.

– Et toi ?

– Moi, je vais profiter de toutes les connaissances mise à disposition pour me plonger dans des études intensives sur les domaines que j'apprécie.

– T'as l'air d'avoir une vision toute tracée de ce que tu veux faire.

– Oui, dès que j'ai découvert l'Académie, cette idée s'est tout de suite présentée à moi.

– Ça fait une perspective sympa de plus.

– Travis !! hurla une voix plus loin.

Surpris, je tournais ma tête, avant d'apercevoir Trissia qui courait dans ma direction. Je me sentais mal pour elle intérieurement. Elle devait sûrement se faire un sang d'encre à mon sujet, et ne me croirait sûrement pas si je lui disais me sentir mieux.

Une fois devant moi, Trissia me plongea dessus, me serrant fort, très fort dans ses bras.

– Tu veux qu'on retourne à la maison ?! me dit-elle d'une voix presque sanglotante.

– Ça ira. dis-je avec calme. Et puis j'ai beaucoup de choses de prévues à faire ici… ma journée ne fais que commencer.

– T'es sûr ? Vraiment sûr sûr sur ?

– Certains.

Elle s'écarta légèrement, sans pour autant me lâcher, et plongea son regard dans le mien, comme si elle cherchait à lire dans mon esprit.

– T'as pas intérêt à me mentir Travis ! Tu vas vraiment bien ?!

– Depuis qu'on s'est parlé en tout cas il a l'air. intervint Ludo.

Tout en disant cela, il se leva, comme prêt à partir. Il s'étira un instant, avant de jeter un œil aux alentours. Peu d'élèves étaient dehors, et les quelques passants semblaient eux-mêmes se diriger vers des destinations d'ores-et-déjà décidées.

– Sur ce, je vous laisse. Je vais débuter mon intégration au système de cette chère société de Dandelion.

– Merci encore pour tout à l'heure. dis-je alors qu'il s'éloignait de plus en plus.

– De rien. J'ai fait ce qu'il fallait faire.

Au même moment, Trissia me lâcha lentement, encore perplexe par ce qui venait de se passer. Sûrement devait-elle de dire que le Travis en colère qu'elle connaissait n'aurait jamais prit le temps de remercier quelqu'un, pas de cette façon.

– Alors… tu te sens vraiment… mieux ?

– Oui. Ça aura prit un petit temps mais… ton cher frère a fini par, prendre du recul.

Je me levais finalement, appréciant la fraîcheur ambiante et le calme des lieux. C'était encore le matin, l'Académie ne s'était pas encore dévoilée complètement à moi, et je n'avais pas encore débuté ma phase de documentation intensive.

Tout était à faire. Et ça me motivait encore plus.

– Tu vas faire quoi maintenant ? s'enquérit ma sœur intriguée.

– Moi ? Je vais enfin profiter ce que Dandelion a à offrir. Et toi ?

– Je vais garder un œil sur toi ! Je veux m'assurer que tu ailles vraiment bien !

– Comme tu veux. Tu me suis alors ?

Elle hocha vivement la tête, et nous nous mîmes en route ensembles. Je sortit le livret, et l'ouvrit, prêt à commencer l'exploration de ce qui sera mon second lieu de vie.

l'Académie Dandelion !

Un peu de Pov Trissia histoire de découvrir son ressenti sur la situation de son frère, et comment se passait le banquet ( bien que je ne m'y sois pas vraiment attardé )

De son côté Travis apprend à mieux connaître ce cher Ludo ! Ce dernier à une petite histoire rien qu'à lui, et sûrement la racontera-t-il un jour...

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