PDV de Travis

Se doucher l'après-midi était définitivement plus agréable que ce que je pensais. Mon corps encore frais profitait pleinement des bienfaits de ce plaisir pourtant si simple alors je sortais de ma chambre, un nouveau vêtement sur moi. Ça faisait bizarre de se séparer de mon uniforme de Dandelion, bien que je ne l'ai porté qu'un peu plus d'une matinée.

Tandis que je sortais du long couloir de la maison pour rejoindre le salon, j'aperçus alors dans la salle à manger, installée d'un air presque crispé, Isabella. Assise devant la table qui était impeccablement mise, légèrement décorée, et couverte de divers plats, la demoiselle attendait notre retour comme lui avait dit Trissia.

Bien que je n'ai pas douté de son obéissance, je ne pouvais m'empêcher d'être surpris par le fait qu'elle ait exécutée tout ce que lui avait "ordonné" ma sœur.

Quand elle me vit, ce qui ne tarda pas, la jeune femme se dressa d'un coup en face de moi, avant de tirer une chaise et de me la présenter.

– Prenez place monsieur.

Pas une once d'humour dans sa voix, mais un sérieux professionnel qui me ramena de suite à ma rencontre avec la milicienne, une fois mon statut de Greoln confirmé.

– Pas la peine d'être aussi formelle Isabella… dis-je un peu gêné par ces manière.

Cependant, je pris tout de même place, alors qu'elle faisait de même. Un silence s'installa ensuite, alors que j'avais le nez et les yeux absorbé par le repas disposé devant moi. Ça sentait particulièrement bon, et bien que je n'ai aucune idée précise de ce qui était au menu, l'agréable odeur que je prenais me disais déjà que je mangerais avec appétit, quelque soit ce qui serait proposé.

Du coin de l'œil, j'observais en même temps Isabella qui se tenait droite comme un I, presque à l'affût du moindre bruit. Une partie de moi était tentée de lui parler, rien que pour briser le silence ambiant, mais son côté "en état d'alerte" m'empêchait de me dire que je serais à l'aise à l'idée de tenter le dialogue. C'était comme voir un chat aigris qu'on était tenté de caresser. Il existait une chance, aussi infime soit-elle, pour qu'il sorte les griffes.

Non pas que j'imaginais Isabella capable de m'attaquer tellement elle semblait à cran, mais j'avais la sensation qu'elle pourrait sauter de sa chaise tel un ressort à la moindre "alerte". J'aimais la tranquillité, et avoir à mes côtés des gens tranquilles, Trissia mis à part, alors je me disais qu'il valait mieux la laisser comme ça pour le moment.

De toutes les façons je n'avais pas la moindre idée de sujets de conversations intéressantes, un indispensable pour bien commencer un échange, alors ce n'était définitivement pas nécessaire.

C'est donc après cinq longues minutes passées dans un silence complet, que Trissia fit enfin son apparition. Vêtue d'une charmante tenue de maison, elle se mit à trottiner jusqu'à la table en fredonnant joyeusement.

– Ouah ! C'est super beau ! s'exclama-t-elle. T'as fait du super travail Isa !

Isabella se leva d'un coup, surprise, peut-être par le petit nom qu'elle lui avait donné où par ses félicitations, et lui présenta également une chaise. Cependant, ma sœur refusa.

– Je peux m'asseoir toute seule non ? lança Trissia avec une certaine "autorité".

– Mai-

– Je peux m'asseoir… toute seule… non ? Aller, retourne à ta place.

Isabella recourba ses lèvres, tandis que je demeurait surpris par son attitude. La jeune femme abdiqua, et retourna s'asseoir pendant que ma sœur faisait de même.

– Bon appétit ! s'écria Trissia.

Puis elle se dressa comme pour mieux voir le repas disposé sur la table, avant de diriger son regard en direction d'Isabella.

– Alors tu nous as préparé quoi ?

– Ah…! Euh… comme je ne connaissais pas encore vos préférences en matière de plats, j'ai opté pour un assortiment, histoire que vous puissiez choisir entre différentes saveurs.

J'avais remarqué que, plutôt qu'un grand récipient, la table était garnie d'une multitude de petits plats. C'était astucieux comme menu, et me donnait une idée de l'éventail de compétences culinaire que possédait notre "nounou".

– T'as fait tout ça toute seule ?! T'es incroyable Isa merci ! s'exclama Trissia.

– Je… m-merci…! bredouilla la jeune femme un peu confuse.

Ma sœur était de bonne humeur, encore plus qu'auparavant, allez savoir pourquoi… enfin, le grand frère que j'étais préférait la voir ainsi plutôt que triste.

Isabella se leva alors de table, et allait découvrir l'un des plats, avant que Trissia ne l'arrête.

– On va les découvrir nous même Isa, reste assise !

– Vous êtes sûre-

– On s'en occupe !

Prise au dépourvu, Isabella se soumit une fois de plus et alla s'installer de nouveau. De mon côté je cherchais à comprendre pourquoi ma sœur semblait prendre plaisir à donner des ordres. Au fond, ça ne lui était pas interdit, certe, mais je ne pouvais pas m'empêcher de trouver ça bizarre. Où plutôt ça ne lui ressemblait pas, de mon point de vue.

Trissia décida alors de découvrir elle-même l'un des plats, dévoilant ce que je reconnus comme étant une sauce boeuf et champignon. Crémeuse à souhait, elle laissait échapper de somptueuses odeurs qui donnaient l'eau à la bouche.

– Ooh, ça à l'air trop bien !

Sans attendre, ma sœur s'empressa d'en découvrir un autre, laissant apparaître alors un velouté de légumes. La session de découverte se poursuivit alors ensuite, et Trissia dévoila un petit poisson en sauce, et pour finir une salade de crudités.

Comme promis par Isabella, la diversité était au rendez-vous, et comme je l'imaginais, tous ces plats me mettaient furieusement en appétit.

– Ah ! intervint Isabella. Et pour accompagner tout ça j'ai fait du riz, des pâtes et même du pain maison !

– Du pain maison ? s'exclama Trissia. Mais vous êtes incroyable en cuisine en fait ! Qui vous a appris tout ça ?

– Euh… eh bien j'ai étudié et appris une bonne partie de ce que je sais à l'académie.

– Vous aussi vous avez étudié à Dandelion ? dis-je.

– Ah non. Moi j'ai été à Sylverstein.

– Sylverstein…? répéta ma sœur étonnée.

– Exact. Il y a deux académies à Libra vous savez ?

– Je… m'en doutais mais, à vrai dire je n'y pensais même pas. répondis-je.

– Eh bien oui, Libra détient 2 des 5 académie spéciales, issues d'emblèmes unique, Sylverstein et Dandelion. Ce sont des institutions très particulière, autour desquelles on a pu bâtir tout un système éducatif qui permet aux jours d'aujourd'hui, de créer de vrais petits génies.

– Donc tous les établissements qu'on rencontre à Dandelion ont été bâtis par Libra ?

– Par Libra et les élèves oui. En réalité, bien que les académies aient été utilisées pour permettre la mise en place tout une ville dédiée à l'éducation et autre accessible au plus grand nombre, leur réelle fonction n'est à la disposition que d'une poignée d'individus.

– Ouah… je trouvais déjà incroyables Dandelion, mais de penser qu'il y a encore des secrets à y découvrir c'est encore plus excitant !

Alors qu'elle s'était emparée de son plat, Trissia se servit, enjouée, un peu de tout ce qu'il y avait sur la table.

– Bon ! Mangeons !

J'avais faim moi aussi, alors c'est sans hésiter que je remplis mon assiette à mon tour, sous le regard un peu stressé d'Isabella.

– Si y a un problème au niveau d'un plat n'hésitez pas à me le dire…! lança-t-elle avec un peu d'inquiétude.

À ma première bouchée, soucieux de l'anxiété de notre nounou, je pris un temps pour analyser les saveurs. Cependant, aucun défaut ne vint entacher mon expérience. Pas trop de sel où d'épices, des arômes agréable qui n'étaient en aucun cas écoeurant. Je n'étais pas un expert en la matière, mais à mes yeux c'était un sans fautes.

C'était tout simplement délicieux.

Ça me faisait presque mal d'y penser, mais c'était comme si j'avais en face de moi les meilleurs plats que j'ai jamais mangé.

– C'est hyper bon ! s'écria Trissia.

– J'approuve, c'est excellent.

– Pour de vrai…?! Super ! Ça veut dire que je me suis grave amélioré !

Devant un tel repas, difficile d'être distrait, pendant plusieurs minutes, moi et Trissia, nous passâmes notre temps à manger, sans parler ni rien. On voulait simplement profiter de ces mets exquis. Isabella de son côté, s'était contenté d'un peu de salades, et mangeait sereinement, visiblement plus détendue.

Tout était calme autour de nous, et les fenêtres ouvertes nous apportaient un peu de vent. Ce genre d'atmosphère tranquille était parfaite pour réfléchir, et alors que j'appréciais mon repas, mes pensées étaient retournées à notre matinée.

Tout s'est enchaîné si vite, j'avais peine à croire que ce n'était là que notre premier jour à Dandelion…

Et puis il y avait aussi ma rencontre avec la milicienne… c'était quoi toute cette histoire ? Qu'est-ce que nos parents avaient mis en place pour nous ?

Et pourquoi avait-elle dit "en l'état actuel des choses je ne peux cependant pas en dire plus" quand j'ai cherché à en savoir davantage ?

Tout ceci était bien trop étrange, d'autant plus que c'était lié à nos parents…

Oui, nos parents tués par Midnight.

Je préférais ne pas trop y songer, tant ça me frustrait et me contrariait, mais je ne pouvais pas m'empêcher de vouloir en savoir plus.

Midnight était une vaste organisation, alors qui en particulier avait tué papa et maman ? Comment ça à pu arriver ? Et peut-être même "pourquoi" est-ce arrivé ?

Plus je creusait, plus grand était le nombre de zones d'ombres, et plus épais devenait le mystère qui entourait mes parents.

– Hey Isa… tu pourrais nous parler un peu de toi ?

La voix enthousiaste de Trissia me fit alors sursauter. Dans le même temps je me rendis compte par ailleurs, que j'avais arrêté de manger. Mes couvert s'enfonçaient dans le repas, claquaient sur les bords où le fond de l'assiette, mais plus rien ne venait dans ma bouche.

– De… moi…? balbutia la concernée.

La question de Trissia ne me surpris pas tellement, ça lui ressemblait bien ce genre d'entrée en matière. Et puis, c'était une plutôt bonne façon d'entamer un dialogue. En un sens, ça me changerais aussi les idées. Tous ces mystères entourant nos parents étaient particulièrement intriguant à mes yeux, mais je ne voulais pas que cela tourne à l'obsession. Pas maintenant du moins. On venait à peine de commencer un nouveau style de vie, ce n'était pas encore le moment pour que le passé vienne nous harceler.

– Oui ! Tu seras avec nous ici à la place de Sadie, alors ce serait chouette que tu nous parles un peu de toi !

– S-si vous voulez…

PDV de Sadie

Pendue à mon téléphone, Idriss, Claire et Théobald, les assistants à mes côtés, j'écoutais les doléances de notre futur client, un aventurier d'un type qu'on ne croise que rarement, et qui ne venait que du Royaume humain, bien que lui soit encore d'un tout autre endroit.

Il avait un style bien à lui, mais avait l'avantage d'être précis dans ce qu'il voulait, chose qui facilitait mon travail, mais surtout celui de mes assistants. C'était notre rôle de planifier les voyages des aventuriers qui se tournaient vers nous en fonction de leur envies.

Nous avions des cartes spécialisée dans divers domaines, et des informateurs qui quadrillaient les mers, assurant alors des navigations sûres.

Une oreille dans le téléphone, et une autre à l'écoute de ce que m'indiquaient mes assistants, je faisais en sorte de préparer au mieux le voyage de mon client.

Il payait bien. Je le situait même dans la moyenne haute en terme de finances tant il ne semblait avoir aucune limite en terme d'argent dépensé.

Plus qu'à souhaiter qu'il ne soit pas trop pénible… Y en a beaucoup qui veulent connaître le grand frisson mais qui n'ont pas la moindre base. De vrais poids morts donc. Heureusement, celui-ci et sa compagne me donnaient bon espoir… des comme eux à défaut d'être débrouillards, ils sont assez capables, en terme de survie.

– Commandante ! On a cinq itinéraires et trois destinations qui correspondent !

Idriss, via son ordinateur, me transmis alors les différentes cartes fraîchement créés. Plus qu'à envoyer le tout au client.

– Parfait… Monsieur Rukenberg, nous avons pu concevoir plusieurs tracés, nous vous laisserons choisir celui qui vous conviendra. Faites nous savoir votre réponse, la date et l'heure d'ici ce soir… merci.

L'appel terminé, je pris un instant pour souffler. Je n'étais pas fatiguée, mais rien que d'imaginer la traversée qui nous attendait m'épuisait intérieurement.

– Pour sûr ils aiment le danger… et les longs voyages. fit remarquer Idriss.

– Oui ça promet… surtout si on passe par Havencrow… les Nuées Noires m'ont laissées de mauvais souvenirs.

– J'imagine que c'est à la hauteur de leur portefeuille après tout ! lança Claire. Je savais que les habitants de là-haut étaient assez fortunés, mais je pensais pas qu'on jouait dans ce genre de cours.

– Plus qu'à voir quel parcours ils veulent, ça risque d'être salé pour eux si on doit passer par l'hexagone hivernal.

Soudain, mon téléphone sonna. Mais pas celui destiné aux affaires. C'était ma ligne dédiée à mes échanges avec les membres de mon unité.

– Allô oui j'écoute ?

– Commandante ? C'est Norwell ! On a un gros problème !

– Des détails, je veux des détails !

– l'île Reïtha, où habitaient les jeunes Greoln…!

– Qu'est-ce qui se passe ?!

– Elle à été complètement ravagée !

– C'est une plaisanterie ? Me dites pas qu'ils sont déjà passés à l'action ?!

– Aucun doute commandante ! C'est l'œuvre de Midnight !

Les choses se compliquent... La menace de Midnight est bien réelle... Et bien qu'encore loin de nos protagonistes, elle fait sentir sa présence !