ACTE 1 Chapitre 9
PDV de Travis
Notre course effrénée était guidée par la terreur et rien d'autre. Je voulais que Trissia soit en sûreté, mais en même temps je n'avais aucune idée d'où l'emmener. Les gens étaient si paniqués que je n'espérait même pas pouvoir tirer d'eux la moindre information.
Bon nombre de gens avaient cessés de courir, et observaient désormais la bête volante de loin. On avait quitté la grande allée marchande, et on se trouvait en quelque sorte à l'entrée d'une cité. Les bâtiments formaient une enceinte et au centre de cette formation architecturale se trouvait un seul grand chemin. Ils avaient une allure rustique de part leur conception de bois et de pierres, mais les couleurs utilisées pour leur façade rendaient ces bâtiments plus moderne.
Même d'ici, j'entendais les hurlements de la bête ailée. Quand bien même plus d'une centaine de mètres nous séparait de l'action, je préférais continuer de courir.
Tout ce qu'on pouvait faire, c'est prendre nos distances. Plus nous étions à l'écart mieux ce serait. Du moins, c'était ce que moi je voulais. Une force contraire à ma course me fit m'arrêter. Trissia tentait d'ôter son poignet de ma prise. Elle tirait fort, bien trop fort pour que j'ai un quelconque doute sur ses intentions.
– N'essaie pas d'aller aider Sadie ! lui criais-je.
– Lâche moi Travis ! Je veux pas laisser Sadie toute seule là-bas !
– Trissia-
– Je dois y aller !
D'un geste vif, je lui lançais alors un soufflet. C'était le genre d'action que je n'avais jamais été amené à faire. Lui parler m'avait toujours paru suffisant pour la raisonner où la sermonner. Pas cette fois. Je voulais bien concéder à ma sœur une témérité supérieure à la mienne, mais il y avait une limite que je me refusait à la laisser franchir.
– c'est un monstre Trissia ! Une bête énorme capable de tailler en pièces un bateau en quelques coups de mâchoires ! Tu vas mourir tu m'entends ?! Je refuse que tu prennes ce genre de risques pour qui que ce soit, même pour moi ! Tu m'entends ?!
Au fond de moi, je me sentais mal de faire ça à Trissia. Je n'avais jamais été aussi loin avec elle. Et bien que mes pensées dirigent la faute vers Sadie, je chassais ces idées de ma tête. Il n'était pas question de Sadie, seulement moi et ma sœur, elle dont j'étais avant tout, responsable.
Ma sœur détourna un moment le regard, me laissant seulement l'occasion de voir la marque occasionnée par ma gifle. Elle se tourna ensuite lentement vers moi, ses yeux fixant avec intensité les miens. C'était comme si elle désirait me défier. En tant qu'ainé, je ne voulais pas la laisser agir de la sorte, surtout pas quand je faisais tout ça pour la protéger de son inconscience.
Sans lui laisser le temps de parler, je posais avec force mes mains sur ses épaules, tout en soutenant son regard.
– Trissia ! Je sais que tu tiens à Sadie ! Mais n'agit pas inconsciemment ! C'est une adulte ! Nous ne sommes que des enfants ! Penses un peu à ce qu'elle ressentirait si nous étions restés là-bas bon sang, Sadie veut qu'on soit en sécurité, pas qu'on l'a suive aveuglément !
– Et si elle meurt ?! s'écria Trissia.
– … alors elle mourra en sachant qu'au moins on a survécu !
Soudain, les yeux de ma sœur s'écarquillèrent, me laissant entrevoir une colère que je n'avais encore jamais vue chez elle. D'un coup, elle balaya mes mains sur ses épaules et s'enfuit.
– Monstre !! me hurla-t-elle d'une voix me faisant comprendre qu'elle était en larme.
J'étais choqué, mais bien trop concerné par le devenir de ma sœur pour rester sans rien faire. Sans hésiter, je me mis à sa poursuite.
Elle bousculait les gens sur son chemin, et forçait le passage quand la voie était trop étriquée. Beaucoup la regardaient surpris, mais voyaient leur attention de nouveau dirigée vers les quais où se trouvait la bête.
Je slalomais dans la foule, profitant des trous dans la masse pour m'y glisser et continuer de suivre Trissia. En même temps, j'entendis des voix scander des noms inconnus, avant que de rapides silhouettes ne traversent le ciel. J'eu à peine le temps de les identifier. C'était cependant, et ça j'en étais sûr, des gens. Mais ils avaient des ailes dans le dos !
– Yarden et la troupe Yscandia !
– Il y a même Asta !
– Ils vont chasser la bête !
À ce moment, une joyeuse effervescence s'empara de la foule. J'en déduis que cette fameuse troupe était non seulement célèbre ici, mais aussi supposément compétente. Pour que leur apparition seule puisse réjouir un peuple venant alors d'assister à l'arrivée d'une créature aussi terrifiante, ils devaient être très efficaces.
Ceci ne mit cependant pas fin à ma poursuite.
Je sortit de la masse, et vit alors Trissia plus loin, qui continuait de courir en direction du port. Elle était rapide, mais pas autant que moi. Sans personne pour me barrer la route, je pu aisément prendre de la vitesse et réduire l'écart nous séparant.
Mon endurance n'était pas énorme, mais la sienne l'était encore moins. En moins d'une minute, grâce à sa perte de vitesse, je réussis à atteindre Trissia et, sans réfléchir je bondis sur elle.
Nous nous étions écrasés au sol ensembles, et le choc, je le savais, avait fait mal à ma sœur, mais j'étais prêt à faire une chose pareille, si ça pouvait lui montrer ma détermination à l'arrêter.
– Laisse moi ! Laisse moi y aller ! me criait-elle à tue-tête.
– Arrête tes bêtises Trissia !
Elle s'agitait frénétiquement sous moi, alors que je la gardait plaquée au sol. Je me sentais impuissant. Si je me levais, au fond de moi je savais que Trissia serait capable de quitter mon étreinte pour repartir. Je ne pouvais que la retenir de tout mon corps, pour être sûr qu'elle abandonne.
Ses sanglots me serraient le cœur, et j'avais l'impression que je retenait captif un oiseau ayant soif de liberté.
– Je veux pas perdre Sadie ! Laisse moi la rejoindre Travis ! rugit-elle.
– Et moi je ne veux pas te perdre toi Trissia ! Sadie n'est pas irréfléchie ! Si elle n'est pas avec nous c'est pour une bonne raison !!
– Je veux pas la voir mourir Travis ! Je veux pas qu'on se retrouve seuls encore une fois !! Tu peux pas me comprendre lâche moi !
Les mots avaient peine à venir tant la détresse de ma sœur brouillait mes pensées. Elle pleurait à chaudes larmes, semblait inconsolable. Plus les secondes défilaient plus je me sentais acculé.
– Elle va revenir Trissia ! Je… je...
Je tentais de garder au fond de ma gorge cette promesse, mais je voulais plus que tout empêcher Trissia de sombrer dans le désespoir. Elle était restée si forte jusqu'ici… que je ne voulais pas l'abandonner maintenant. Pas quand elle avait besoin d'aide.
– Je vais la ramener Trissia tu m'entends ?! Je vais la ramener !
Mes mots étaient sortis avec plus de force que je ne l'imaginais, comme si une partie de moi désirait aussi prendre cette décision, et pas seulement lui faire plaisir à elle.
Trissia se calma soudainement, serra les poings. Mon cœur battait à une vitesse folle, car je savais que ce choix ne permettait aucun retour en arrière.
Avant même qu'elle n'ait le temps de me parler, de m'interroger, de s'enquérir de si oui où non je disais la vérité, je me levais de son corps.
Sans la regarder, je fixais le quai à une centaine de mètres de mois. Des êtres humains ailés tournoyaient autour de la bête armés d'épées et bataillaient férocement dans les airs avec le monstre. Des gerbes de flammes bleues explosaient de part et d'autre, tentant vainement de le toucher, mais ce n'était pas chose aisée.
Rien qu'à les voir d'ici, j'en tremblais de la tête aux pieds. Je n'avais rien moi. Pas d'armes. Pas de capacités avantageuses, juste le désir d'accomplir la promesse faite à ma sœur.
Je ne pouvais pas reculer, quand bien même tout mon corps se tenait prêt à faire volte-face pour m'aider à fuir.
Laissant Trissia derrière moi, je me mis alors en mouvement. Un pas après l'autre. Prenant de la vitesse au fil des secondes, à mesure que je parvenais à ressembler un peu de courage.
– Travis !! Arrête ! hurlait derrière moi Trissia en sanglots. J'aurais pas dû te dire ça je le pensais pas, reviens !
Je l'entendais, mais ne lui répondait pas. Je voulais paraître têtu, et déterminé. Ferme dans ma décision. Mais j'étais terrifié en réalité, prit d'une incontrôlable panique à mesure que j'approchais ce champ de bataille.
Tout allait trop vite, et en même pas une minute, j'étais déjà à proximité du banc où nous étions assis avant que la situation ne dérape. Mes jambes voulaient me lâcher, s'arracher de mon corps et s'enfuir, mais c'était impossible.
Ma course effrénée me porta jusqu'à l'entrée des quais, où un chaos sans nom avait élu domicile.
Plusieurs navires avaient été saccagés, certains étaient à moitié coulés, laissant seulement leur poupe hors de l'eau. Des champs de flammes bleutées couvraient plusieurs zones, consumant absolument tout ce qu'elle rencontraient jusqu'au sol lui même. Ces émanations thermiques surnaturelles semblaient extirper de moi chaque once de fraîcheur pour la remplacer par une chaleur torride.
Même mes vêtements commençaient à sentir le brûlé, mais je gardais la tête froide.
Mes yeux scrutaient l'environnement avec insistance, et je restais toujours en mouvement. Au-dessus de ma tête, puis plusieurs dizaines de mètres plus loin dans les cieux, la dite troupe Yscandia enchaînait les joutes avec la bête volante. Déjà blessée et même brûlée à certains endroits, elle tenait à distance de coups de griffes rapides ces adversaires.
Leur uniformes jaunes et marron ornés d'un emblème d'aile les rendaient impossible à manquer, même quand ils se mouvaient à toute vitesse en zebrant le ciel. Chacun une paire d'ailes dans le dos, ces cinq individus agitaient leur lames noires étranges, tentant de taillader la chaîre de l'animal.
Ils étaient vifs, et chaque geste se faisait avec une précision en symbiose avec leur mouvements perpétuels.
Tout en essuyant la sueur perlant mon front, je contemplait avec fascination ces quasi héros enchaîner les figures et salto dans un balais aérien à couper le souffle. En un instant, deux d'entre eux survolèrent ma position, suivis par la créature qui les traquait la gueule grande ouverte.
Un vent qui manqua de me repousser souffla à leur passage, mais je parvint à rester debout. Je ne devais pas oublier la raison pour laquelle j'étais ici.
Je me mis à courir, cherchant Sadie de tous les côtés. Ma tête se tournait mécaniquement à chaque petit bruit que j'entendais. J'étais sur le qui-vive, inquiet de ce qui pourrait m'arriver si je m'attardais ici.
J'hésitais à hurler son nom, craignant que cela n'attire l'attention sur moi. Mais plus je cherchais, plus le désespoir s'emparait des conclusions que je tirais de ces investigations.
Une explosion me surpris alors. La bataille se poursuivait au ras des flots, alors que le rôle de chasseur et de proie s'était inversé.
Les Yscandia poursuivaient furieusement leur cible, mais il était trop rapide, et bien moins concerné qu'eux vis-à-vis des dégâts causés.
Divers bateaux arrêtés à même la mer finissaient fendus en deux à son passage, où projeté d'une seule de ses charge.
Des cris de détresse sortaient de ces navires en quasi naufrage, et les autres Yscandia tentaient de les aider, mais la tâche était ardue. Avec une force de la nature comme ce monstre en guise d'ennemi le dilemme entre sauver directement des vies et combattre était bien plus complexe.
À la vue de toutes ces personnes, je ne pouvais m'empêcher d'hurler au fond de moi. La bête semblaient innarrêtable. Elle allait où elle désirait et faisait ce qu'elle voulait.
Mon cœur faillit s'arrêter quand, d'un changement de cap, ce prédateur volant fit chavirer un navire tentant de s'enfuir. Je vis horrifié, des dizaines de personnes tomber dans la mer en hurlant, tandis que celui ayant causé cet accident continuait sa course.
Que faisais-je ici ?
J'étais venu ramener Sadie mais… comment pouvait-elle survivre face à une calamité pareille ?
Cette chose semait le chaos rien qu'en se déplaçant.
Des larmes voulaient sortir tant sa mort me paraissait être la seule possibilité envisageable. Je ne voulais pas rentrer bredouille auprès de ma sœur, mais je ne voulais pas non plus que cette femme, qui au fond ne voulait que notre bien, disparaisse de façon si cruelle.
Soudain, une main de fer noir émergeant de l'eau saisit une des planche du pont. Le bois craqua quand les doigts s'y plantèrent, et un corps parvint à se hisser hors des flots. Il était impressionnant et d'un aspect dangereux. L'eau bouillait autour de lui, et une vapeur s'échappait de son corps.
Cet étrange individus réussi à sortir complètement et retourna sur le pont, où il finit à genoux.
J'étais sur mes gardes, à la fois fasciné et craintif vis-à-vis de lui. Je voulais prendre mes distances le plus vite possible.
C'est alors qu'il se mit à tousser, d'une voix corrompue par l'acier obstruant sa bouche. Du liquide bleu s'échappait alors d'entre les raie de son casque, et peu à peu, un feu bleuté prenait forme à la surface de son armure.
Il se releva péniblement, et moi, je reculais instinctivement. Cette chose était l'origine de ces incendies azurés !
Sa tête se tourna vers moi, et là, sans réfléchir, je me mis à courir.
Et au même moment, simultanément, je vis non loin de moi une chose et en entendis distinctement une autre.
La bête fonçait droit vers moi, gueule grande ouverte, assaillie par trois Yscandia. Dans quelques secondes, j'allais me faire tuer. Et dans le même temps, la voix corrompue du soldat de fer noir de feu cria dans ma direction.
– Travis !!
Tout se déroula vite, et j'étais tellement pris au dépourvu, que mes yeux se fermèrent de suite.
Ils ne voulaient pas me laisser assister à ma fin tragique.
Eh oui... On a déjà perdu le héro :/
Ouais ça a été rapide là '-'
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