ACTE 1 Chapitre 8


PDV de Travis

Une fois nos achats effectués, Trissia et moi-même rejoignîmes Sadie qui nous attendait sur le banc. À notre arrivée, elle enleva nos affaires posées là, afin de nous laisser nous installer. Chaque valise dans une main, elle nous regarda avec surprise.

– Vous êtes déjà de retour ? Ouah, je pensais que ça vous aurait pris plus de temps !

– On est pas spécialement difficile faut dire. répondis-je.

– Je pense qu'on aurait pu prendre n'importe quoi, ça nous irait quand même. Après tout c'est toi qui l'a payé donc on fait pas les exigeant ! ajouta Trissia avec le sourire.

– J-je vois… conclut-elle en clignant des yeux.

Encore perplexe par les quelques minutes que nous avions pris pour prendre ces en-cas, Sadie posa ma valise sur ses jambes, tandis que celle de Trissia se trouvait à ses pieds.

Ma sœur, une fois assise, mordit sans attendre dans son Croque-sucré emballée à moitié dans un sachet marron. Il s'agissait de deux tranches de brioches fries avec entre elles une crème à l'odeur vanillée. À son visage lors de la mastication, j'eu réponse à mes interrogations quant à la saveur de cette viennoiserie. Trissia ferma les yeux comme pour ne pas se laisser distraire par ce qui l'entourait pour mieux apprécier les saveurs de ce qu'elle mangeait.

Après cette discrète observation de ma sœur, qui s'était vraisemblablement déjà salie, une trace blanche ayant tâchée son vêtement, je finis par attraper de mes lèvres la paille de ma boisson. Dans ce gobelet de carton noir affublé du logo du magasin, se trouvait le fameux mélange cacao noisettes. C'était agréable, et chaud. Je n'avais pas l'habitude du chocolat, alors les premières secondes furent assez perturbantes, mais mine de rien, c'était vraiment bon.

Le temps que je lâche là paille pour reprendre mon souffle, et profiter du goût sucré dans ma bouche, je vis la main de Trissia tendue vers moi. Elle tenait son Croque-sucré déjà entamé à moitié, à deux doigts de me l'enfoncer dans le visage.

– Goûte !

– Je suis obligé je suppose ?

– C'est une demande de ta petite sœur, alors tu peux pas refuser.

– Ah. Bon. Puisque je n'ai pas le choix.

Sans attendre, j'ai croqué dans les tranches de brioches, puis la crème un peu chaude, qui fondit dans mon palais. Trissia me fixa, plongeant ses yeux dans les miens comme pour chercher à lire dans mes pensées.

Bien conscient qu'elle attendait de moi un avis, je prit le temps de mâcher et d'analyser tout ce que j'avais dans la bouche.

– C'est vraiment bon. dis-je après avoir avalé.

– Oui ! C'est super ! acquiesça-t-elle.

Sur ces dires, elle se remit à manger, et ce avec toujours plus de plaisir à chaque morceau arraché entre ses dents. Laissant Trissia tranquille, je pris quelques instants pour regarder Sadie qui n'avait pas bougé, ni dit quoique ce soit depuis que nous nous étions assis.

Je crois bien que depuis notre arrivée sur l'île, je me sentais plus disposé à dialoguer avec elle. Les mots me vinrent simplement, et je dois dire que c'était agréable.

– Qu'est-ce qui te préoccupe ?

– Je suis intriguée par la bombe qui avait explosé dans le navire.

– … vous savez quelque chose à son sujet ?

– Quelque chose d'aussi singulier, et utilisé de la sorte… ça ne peut être qu'un outil issu d'un Emblème.

– Emblème ?

– Mmh, ah ? On ne vous a jamais rien dit à ce sujet ?

– Papa et Maman partaient souvent sur ce Continent Scellé, répondit Trissia à ma place, alors quand ils revenaient à la maison, ils ne voulaient pas ramener les sujets concernant tout ça alors qu'on ne passait déjà pas assez de temps en famille.

Je fus quelque peu surpris par Trissia. Elle était calme et se contentait d'essuyer la crème autour de sa bouche comme si de rien n'était. Ma réponse aurait été plus simple que la sienne, c'était sûr. En tout cas, parler de notre vie de famille de façon aussi décomplexée, je crois bien que de nous deux, Trissia était la seule à pouvoir le faire.

Sadie ne releva pas le niveau au sujet de nos parents, et se contenta de nous sourire pour introduire sa réponse à ma question.

– Eh bien les Emblèmes sont des marques qui nous remises quand on rempli certaines conditions où accompli des choses sur le Continent Scellé. Elles octroient à ceux que les reçoivent diverses capacités, outils, objets et bien d'autres choses à ceux qui les obtiennent.

Tout en nous expliquant cela, Sadie retroussa la manche de son vêtement pour nous montrer un tatouage bleu à la forme étrange. Il était si bizarre qu'il en devenait intéressant à regarder. Tenter de trouver un mot à mettre sur son design prit la place mon intention première de savoir de quoi il s'agissait.

– Et le tiens il fait quoi ? demanda soudain Trissia.

– Euh… hésita Sadie embarrassée.

– Tu peux pas le dire c'est ça ?

– Pas vraiment mais… disons que c'est le genre de choses qu'il vaut mieux voir, plutôt que d'en recevoir une description...

– Ooh ! J'ai hâte de le voir alors !

– Pour tout te dire… j'espère que tu ne prendras pas peur en voyant ce que ça fait… lui répondit Sadie presque embêtée. C'est un dont très particulier... dont le résultat change en fonction de ce qui m'entoure.

Elle ramena à elle son bras et cacha de nouveau son Emblème, avant de nous pointer du doigt l'arrière de son oreille. Il était plus petit et de couleur rouge, avec une forme encore différente de l'autre.

– J'en possède un ici aussi.

– C'est le genre de choses qu'il vaut mieux garder caché ? demandais-je, intrigué par les endroits où ils étaient placés.

– En général oui, répondit Sadie, vous n'êtes pas familier avec ça alors ils doivent vous donner l'impression d'êtres des tatouages bizarres mais, les Emblèmes sont très précieux, enfin, certains le sont. Des connaisseurs peuvent aisément en reconnaître un en fonction de sa couleur, sa forme et sa position sur le corps d'une personne.

– Et… vous avez des Emblèmes précieux ? dis-je un peu inquiet.

– Le bleu lui, est assez rare, mais d'autres sont bien plus prisés. Le vert lui, est moins rare, et il en existe d'autres identiques, alors ne vous inquiétez pas, ces deux là ne font pas de moi une personne très recherchée.

– Je vois.

Je fini ma boisson, une grande satisfaction sur la langue, alors qu'un court silence vint envahir notre trio. C'était toujours l'effervescence autour de nous, mais une sorte de calme régnait en même temps, comme si nous étions dans une bulle nous isolant de l'extérieur.

Au fond, ça ne me dérangeait pas trop, cet endroit était prit dans une sorte de "chaos" ordonné où chacun semblait suivre un tracé précis et faire des actions précises. Les gens étaient bruyant, mais ne n'avait pas cette sensation que c'était du "superflu". Tout concordait avec les lieux.

Cependant, des cris horrifiés vinrent briser la cacophonie ambiante, me faisant sursauter de surcroît. Le tout fut suivi d'un rugissement puissant, le genre de hurlement bestial qu'on ne peut qu'imaginer tant il était terrifiant et irréel.

Alors que mon cœur accélérait ses battements, je vis avec stupeur mon gobelet vide et sa paille à terre. Je les avais lâchés sans même m'en rendre compte.

Trissia tenta de se lever, les yeux écarquillés et les mains tremblantes, comme les miennes. Cependant, Sadie la retint.

– Reste assise. lui dit-elle avec une fermeté qui me surprit.

Et elle avait raison. Devant nous, les gens courraient, mais contrairement à ce que j'imaginais d'une foule en panique, ils fuyaient tous le port. Bon nombre d'entre eux lançaient des coups d'oeil rapide et direction des quais, et la rue se vidait à vue d'œil. Beaucoup de bousculaient avec brutalité, et pas une once de considération pour autrui n'était présente.

Assis sur notre banc, nous étions en quelque sorte préservés de ce tumulte terrifiant. Dans cette situation, se perdre de vue ne prendrait qu'une seconde. Même moi je savais que je ne pouvais pas protéger Trissia de ça.

Cependant, si nous étions épargnés par la foule, le danger à l'origine de cet effroi général lui apparut sous nos yeux. Mon regard ne put se détacher de sa silhouette, et de ses immenses ailes qu'il battait à un rythme régulier. Mais plus que tout, ce qui m'empêchait presque de respirer, cette vision qui ôtait à mon cœur toute capacité de battre, c'était le bateau, celui de Sadie, dont il agitait l'avant de ses mâchoires.

Cette bête sombre comme la nuit et rouge comme du sang coagulé déchiquetait le navire à coups de griffes. Ses quatre ailes déplaçaient l'air avec frénésie tandis qu'il semblait chercher quelque chose dans la carcasse du véhicule marin en pleine destruction.

– S-Sadie… qu'est-ce qu'on fait…? demanda Trissia d'une voix tremblante.

Quand cette phrase parvint à mes oreilles, mon sang ne fit qu'un tour. Sans attendre ni même poser de questions, je fit volte-face et prit la sœur par le bras. Elle était tellement terrifiée que je n'eu pas besoin de la forcer à me suivre. En quelques secondes, moi et Trissia nous mîmes à courir.

J'avais confiance en Sadie, d'une certaine manière, mais je n'étais pas fou au point de rester sans rien faire dans une situation pareille. Un animal énorme qui avait fait fuir la population mettait en pièce le bateau par lequel nous étions arrivés. Je n'avais pas besoin de plus pour prendre ma sœur avec moi et détaler.

On traversait la rue quasiment vide à toute allure, et pourtant, les rugissements de la bête continuaient de nous percer les tympans.

Je jetais un œil derrière moi, cherchant du regard Sadie, et je l'aperçu alors courir en direction du port. Elle ne semblait pas hésiter, et si ça rassurait une partie de moi, en un sens, je sentais déjà mon cœur s'écraser à l'intérieur de ma poitrine. Allait-on une fois encore perdre quelqu'un ?

PDV de Sadie

Je ne pouvais plus douter, je ne voulais plus douter. Un Prytéros ? Ici ? Impensable !

Qu'une créature comme celle-ci quitte son royaume pour venir jusqu'à Terith, ça ne pouvait être une coïncidence. Qu'il s'attaque à notre navire en particulier non plus.

La poudre blanche qu'à dispersée la bombe...

C'est elle qui avait attirée cette bête ici !

J'arrivais sur les quais quand le dernier morceau du navire tombait de la mâchoire du Prytéros. Désormais, il déchirait à grand coups de mâchoires mon manteau, confirmant à mes yeux la culpabilité de la poudre vis-à-vis de cette attaque.

En quelques instants, il l'engloutit. Ces courtes secondes où il réduit à néant mon vêtement furent suffisante pour que je n'hésite même pas.

Je n'étais pas dans le meilleur environnement pour tirer profit de mon emblème, mais qu'importe !

L'emblème sous ma manche se mit à briller, et mon corps débuta sa métamorphose. Les flammes bleues crépitaient autour de moi. Ma gorge devenait sèche et des veines de feu arpentaient ma peau tel des serpents hystériques.  Ma peau noircit jusqu'à se changer en un métal sombre et ma musculature augmenta progressivement.

La transformation s'acheva en quelques secondes, bien que pour mois c'était comme une plusieurs longues minutes passées au milieu d'une fournaise. Cependant tel était la douleur à supporter pour user de cet emblème.

Qu'importe la souffrance, j'étais prête à l'endurer.

Pour Trissia et Travis, j'étais prête à ignorer même les peines les plus atroces, si je pouvais tenir mon engagement, et les protéger quoi qu'il en coûte !

Les poings serrés, je fixais de mon regard incandescent le Prytéros qui fit de même, remarquant mon air de défi.

Il répondit de suite d'un rugissement d'une puissance à en briser du verre, et, relâchant une bouffée de fumée noire et de flamme bleue, je me tint prête à l'intercepter.

– Ah nous deux !

Les emblèmes... Une mécanique que j'aime particulièrement dans cet univers ( avec une autre qui ne fera malheureusement pas son apparition tout de suite )

Les emblèmes offrent des possibilités assez vastes en terme de capacités ( et pas que )

Et j'ai hâte de pouvoir vous en montrer d'autres !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top