PDV de Travis

Notre visite débuta sans attendre, et alors qu'on s'enfonçait dans les entrailles de la ville, Sadie nous servit de guide. Dès nos premiers pas, nous nous étions retrouvés dans ce qui semblait être une gallerie marchande. La rue était large, j'irais même jusqu'à dire spacieuse, et une multitude de boutiques en tout genre venaient en agrémenter les côtés.

– Afin de rendre leur accès plus facile, les magasins ont été placés dans des avenues comme celle où nous sommes actuellement, et chacune se trouve à proximité voire directement à côté de la "Rivière". Ici vous pourrez trouver la majorité des enseignes de vente directe pour vous procurer des vêtements, accessoires où autres fournitures.

Tout en continuant de marcher, Sadie nous pointa l'autre bout de l'allée où une rue la traversant de part en part était visible.

– Et quand vous désirez sortir des avenues, il vous suffit d'emprunter la rue principale et d'y marcher un petit moment pour rencontrer les voies traversières. Elles font la séparation entre les avenues, et mènent aux zones résidentielles qui se trouvent un peu plus loin.

Moi et Trissia on hochait la tête plus par réflexe que pour acquiescer les paroles de Sadie. On ne perdait pas une miette de ses dires, néanmoins, nous étions bien trop concentrés sur notre environnement pour nous assurer de ses réactions, où même, si elle attendait une réponse de notre part pour continuer.

Tout comme Terith, cet endroit était vivant et animé. Rien à voir avec notre village évidemment. Mais bon, vu le calme de ce dernier, il n'était pas bien difficile de le surpasser en terme d'effervescence.

On continuait de regarder les environs, alors que la voix de Sadie ne parvenait plus à nos oreilles comme elle s'était tue. Sûrement était-ce pour nous laisser profiter des lieux.

Alors que mes yeux scrutaient la zone de fond en comble, je remarquais que les regards de bon nombre de gens étaient tournés vers nous.

– Pourquoi autant de personnes nous regardent ? demanda Trissia à côté de moi.

Sûrement pour ne croiser les yeux de personnes, elle avait dirigé son regard vers l'avant, presque sur Sadie qui nous donnait son dos.

– Parce que-

– Sûrement parce qu'on se balade comme si de rien n'était en compagnie d'une haut gradé de Libra.

– … désolé, encore une fois mon statut me rattrape… s'excusa la commandante.

Mes pas, et même ceux de ma sœur et Sadie, avaient alors accélérés. Je dois dire qu'avoir autant de paires d'yeux rivées sur moi me mettait mal à l'aise. C'est donc sans tarder que nous nous étions dirigés vers la voie traversière, afin de quitter la zone.

Cependant, et peut-être était-ce dû à notre tentative peu discrète de nous éclipser, on nous approcha peu de temps après.

Une jeune femme aux cheveux bouclés couleur blé et au teint chocolat, vint auprès de Sadie. Plutôt charmante, et à la tenue simple assez décontractée, comportant un débardeur jaune et une jupe blanche, elle respirait la bonne humeur rien qu'à son apparence.

Ses lunettes de soleil sur le front, elle salua la commandante d'un geste de main amical. Sadie s'arrêter pour la saluer en retour, nous forçant à nous stopper également.

– Sadie t'es enfin revenue ! Je me demandais où t'étais passée !

– T'en fait pas pour moi je vais bien Amber.

– Sinon qui sont ces deux petites têtes qui ont l'honneur de t'accompagner en ville ?

– Hum…. Ce son-

– Je m'appelle Trissia Greoln et voici mon grand frère Travis ! répondit ma sœur.

Amber pencha la tête, et resta silencieuse plusieurs secondes, visiblement choquée. Elle lança un coup d'œil autour d'elle avant de regarder Sadie, perplexe.

– P-pour de vrai…? Ce sont les petits de Nicolas et Martha ? Ils avaient des enfants ?!

– Hum… oui.

Sadie semblait gênée, comme si dévoiler cette information était embarrassant. J'étais tenté de leur demander pourquoi de telle réaction au sujet de notre existence, mais je préférais rester silencieux. Je ne connaissais pas les tenants et aboutissants, et peut-être, où du moins je l'espérait, que Sadie avait une bonne raison de réagir comme elle l'avait fait, tout comme son amie d'ailleurs.

Y avait-il une part de non dit au sujet de nos parents ? Y avait-il des choses qu'ils avaient préféré ne pas révéler à notre sujet ?

Plutôt que de continuer à me torturer l'esprit, je laissais l'échange entre Sadie et Amber se terminer. Échange qui n'avait par ailleurs, toujours pas quitté sa phase de blanc.

– Y a des gens qui sont pas au courant de notre existence ? demanda soudain Trissia. Nos parents ne vous ont rien dit ?

– Eh bien… on peut dire ça comme ça ma petite Trissia… répondit Amber. J'étais une bonne amie de vos parents pour tout te dire, je n'irais pas jusqu'à me considérer l'égal de Franklin où même Sadie mais… on s'appréciait suffisamment pour que je n'imagine pas qu'ils me… "cachent" une information pareille.

– je te comprends… moi aussi ça m'a surprise… je ne l'ai appris il n'y a pas longtemps, et je suis allée les chercher sur l'île où ils habitaient. Je les ai amenés ici à la demande de leur parents, ils savaient que leur heure pouvait venir, alors ils voulaient que leur enfants puissent continuer leur vie à Libra.

– Je te blâme pas Sadie… et vous non plus les enfants. J'espère que vous vous sentirez bien ici !

– Vous inquiétez pas pour nous madame, répondis-je d'un ton affable, on voudrait nous aussi tourner la page.

Je ne pu m'empêcher un léger frisson, quand la main de Trissia vint saisir la mienne. Était-ce un réflexe ? J'en doutais fortement, j'avais davantage l'impression qu'elle cherchait à me rassurer. Après tout, de nous deux, j'étais sûrement celui qui n'avait pas encore réussit à tourner la dite page.

– Bon je continue avec eux Amber, je veux leur faire un rapide tour d'horizon sur les lieux avant qu'on rentre à la maison.

– Pas de soucis Sadie ! Et, vu que je pense que tu les mettra à Dandelion, hésite pas à me faire signe, je suis curieuse de voir ce que valent les petits Greoln !

– Ça dépendra d'eux. répondit la concernée.

Après avoir salué une dernière fois Amber, nous nous étions remis en route, cette fois, à cadence plus élevée. Je sentais Sadie un peu tendue, et ce depuis qu'elle avait confirmée à Amber notre identité.

La visite se poursuivit, mais avec moins d'entrain qu'auparavant. Ma sœur et moi-même étions toujours ravis de découvrir les lieux, mais la conversation avec Amber et le fait que nos parents n'aient même pas mentionnés notre existence, rendit ce moment moins agréable que prévu.

Quelle était la raison d'un tel secret ? Je n'en avais aucune idée, et je n'avais pas non plus de quoi faire mes recherches.

En à peu près une heure, nous pûmes, grâce aux explications de Sadie, malgré leur nature confuse par moment, nous faire une idée de quelle genre de nation formait l'île Libra.

Dans les grandes lignes, elle était divisée en plusieurs quartiers, et formait une sorte de forteresse sans en être une réellement. Les infrastructures industrielles les moins importantes entouraient toute l'île, puis les quartiers militaires venaient juste après. On trouvait ensuite en grande partie les quartiers où se trouvaient échoppes et enseignes d'objets et autres, avant d'atteindre les quartiers de restauration et de divertissements. Une fois ces derniers passés, arrivaient alors les habitations, puis les écoles et autres infrastructures publiques. Puis venaient enfin, les quartiers centraux où se trouvait le cœur de Libra ; l'administration, la tour de la défense et le siège où se ressemblaient les hauts gradés de Libra.

Je devais bien admettre que l'organisation des diverses structures était plutôt bien ficelé. Le tout était conçu de sorte à ce que chaque zone rassemble tout ce qui faisait parti de la même catégorie.

Au moins, on ne pouvait pas se perdre trop facilement dans un endroit comme celui-ci.

Notre marche fut assez longue, et si ce n'était pas grâce aux explications de Sadie, je crois bien que j'aurais commencé à trouver le temps long.

Mais nous étions enfin arrivés à bon port.

Nous nous dirigions actuellement vers le Bloc 3, zone du quartier résidentiel. Les Bloc étaient un terme spécifique à ces quartiers, pour séparer la multitude de résidences qui composaient cette partie de l'île.

Les environs étaient plutôt calme, chose normale comme c'était la fin d'après midi. Les maisons avaient toutes des designs un peu similaires, bien que certains éléments soient spécifiques à quelques-unes d'entre elles. Comme les bateaux aperçus au port de l'île, elles étaient comme, customisées, pour se différencier des autres. Chacune possédait un numéro qui lui était propre, sans qu'ils ne suivent cependant, un ordre particulier.

Dans l'ensemble je pouvais définir ces maisons comme étant des duplex pour la plupart, pourvues d'un petit jardin ainsi que d'une allée menant à leur entrée et d'un garage. En un sens, cette quasi uniformité me satisfaisait. À mes yeux c'était mieux ainsi, que d'avoir des infrastructures partant dans toutes sortes de délires, sans aucune cohésion.

Sadie nous guida jusqu'à une des quelques maisons du secteur, à ne pas avoir de deuxième étage. Elle compensait cependant cette absence par une plus large superficie. Visuellement, spacieuse, je l'imaginais comme tel à l'intérieur.

Au moins, nous ne serions pas à l'étroit.

– Voici votre nouveau chez vous les enfants ! nous dit Sadie avec un enthousiasme renouvelé.

– C'est moi où… ce n'est pas là que tu habites ? demanda Trissia.

– Hum… effectivement. répondit Sadie un peu embarrassée.

– Statut oblige, tu es plus au centre n'est-ce pas ? ajoutais-je.

Elle hocha tristement la tête.

– J'aurais voulu qu'on puisse habiter ensembles mais… la hiérarchie ne voulait pas que je déménage ici. L'inverse aussi n'est pas possible d'ailleurs… ils veulent que vous puissiez vivre normalement ici, chose qu'ils estiment impossible à mes côtés.

– Tu pourras au moins venir nous voir ? lança Trissia presque inquiète.

– Dès que je serais disponible, je n'hésiterais pas à le faire ne t'en fais pas !

Sadie se tourna vers, moi, sans dire un mot, alors que je cherchais quoi dire dans une situation pareille. Je dois dire que c'était inattendu, je l'imaginais déjà jouer la mère de famille au sein d'un foyer dont nous ferions parti. Mais il faut croire que les choses prennent ici encore une tournure différente de ce que je supposais.

Nous serons donc seuls, une fois de plus, bien que dans un nouvel endroit.

– Et si on entrait ? dis-je pour mettre fin à ce moment de silence.

– Oui ! acquiesça Sadie avec empressement.

Le cas Travis et Trissia... Très particulier soyez en certains ! Des surprises attendent nos héros... Et j'espère que vous aurez hâte de les découvrir !