PDV de Travis

Mon sommeil fut difficile et dérangé par moult pensées venues soit pour me tourmenter, soit pour laisser naître en moi un profond malaise.

Je me rappelle encore quand, m'étant réveillé un instant pour me retourner je croisais le regard de ma sœur qui s'était réveillée instinctivement. Sûrement inquiète que je fasse un quelconque cauchemar ou que je ne parvienne pas à dormir, elle se redressa sur son lit et se tint d'ores-et-déjà prête à venir à moi.

Le frisson qui m'avait traversé à la vue de son acte fut brutal, aussi violent que si l'on avait poignardé. Je devais vite freiner toute envie de sa part de faire quoique ce soit.

– Ne t'inquiètes pas…! dis-je d'une voix faussement fatiguée. J'avais juste envie de changer de position.

Ce subterfuge fonctionnait à demi avec elle, et pour dissiper au mieux les doutes de Trissia, je dû faire mine de chercher à m'endormir, tout en gardant mon visage dans sa direction. Rarement un sentiment d'inquiétude s'était-il emparé de moi de la sorte.

C'était de ma sœur qu'il était question, pourtant j'avais l'impression d'agir comme si ma vie en dépendait.

En vrai, je n'avais pas spécialement dormi, bien trop préoccupé par les récents événements, et le moteur du bateau quoique faible ne m'aidait pas.

Le moment où Sadie vint nous réveiller fut donc un peu rude pour moi. Elle s'efforça de parler d'une voix aussi douce que possible pour ne pas nous brusquer, mais je crois bien que le manque d'énergie changea cette bonne intention en un moment désagréable à mes yeux.

Je ne pu m'empêcher de lâcher un soupir quand je sortais du lit. Ma sœur aussi semblait encore fatiguée, bien que ses mouvements montrent le contraire. Nous étions tous les deux toujours habillés comme lors de notre départ de chez-nous, et si nos habits renvoyaient une certaine classe au départ, nos déboires sur Terith et ce moment de repos suffit à leur donner une bien vieille allure.

Pendant que j'enfilais mes chaussures, je vis les deux pieds de Trissia plantés devant moi. Je relevais la tête surpris et perplexe, et dès que nos regards s'étaient croisés, elle me tint le bras.

– T'as réussi à dormir Travis…?

– C'est plutôt à toi que je devrais poser cette question. dis-je d'un ton faussement amusé pour détourner son attention.

– Moi je vais bien, c'est de toi qu'il est question maintenant Travis ! Après tout ce qu'il s'est passé je suis persuadée que tu as eu le sommeil difficile !

J'eu toutes les peines du monde à garder un sourire parfait, et cacher la stupeur. J'aurais très bien pu attribuer une telle précision dans son jugement au fait qu'il s'agissait de ma sœur, mais une partie de moi se demandait si elle n'avait pas simplement passé son temps à me surveiller.

– Arrête de te faire du souci pour ton frère Trissia, et va mettre tes chaussures.

Elle s'exécuta alors, sans un mot, cependant son attention resta focalisée sur moi. Je me levais alors, et commença à monter les escaliers. J'entendis derrière moi les pas précipités de ma sœur, signe qu'elle s'était dépêchée de me rejoindre, et nous allâmes ensembles retrouver le trio de Libra.

Franklin, Sadie et Lucien nous attendait dans la zone salon du bateau. L'homme à lunettes se tenait debout à notre arrivée, et il se tourna vers nous une fois proche.

– Bon les enfants nous sommes arrivés vers l'île où se trouve Libra, j'espère que vous êtes prêts mentalement… bien qu'il n'y ait rien d'incroyable à y voir concrètement.

– Je dirais que je suis prêt, répondis-je, après tout ce sera notre nouveau chez nous de ce que j'ai compris ?

– Exact. Tout comme l'entièreté des membres de Libra, cette île sera votre lieu d'habitation !

– Vous y rencontrerez beaucoup de gens différents, ajouta Sadie, et de votre âge aussi. Ce sera l'occasion pour vous de vous faire des amis.

– J'ai hâte ! s'exclama Trissia.

– Allez vous faire un petit aperçu de l'île dehors. nous conseilla alors Franklin.

Sadie semblait elle aussi enthousiaste à cette idée, et nous invita à la suivre, ce que nous fîmes. Mais alors que nous montions les escaliers, je m'arrêtais un instant, intrigué par quelque chose qui ne m'avait percuté que tout récemment.

– D'ailleurs monsieur-

– Franklin tout court, pas la peine d'être formel Travis.

– D'ailleurs Franklin, qui conduit le bateau ? Un autre membre ?

– Ahah, pas du tout. Il est en pilote automatique.

– Euh… pour de vrai ?

– Mmh oui, c'est plutôt répandu désormais ce genre de systèmes tu sais.

– Pas pour moi en tout cas.

– Tu t'y feras très vite crois moi. Aller, file maintenant, où Sadie viendra te chercher elle-même. lança Franklin ce qui conclut la conversation.

Tout en lui adressant un aimable sourire, je me dirigeait alors vers Sadie qui descendait bel et bien les escaliers pour venir à ma rencontre. En me voyant arriver, elle remonta faisant mine de rien, mais je ne pu m'empêcher de sourire à la précision de la prédiction de Franklin. Enfin, je supposais que ces deux là se connaissaient si bien qu'à ce niveau, ce n'était guère étonnant.

Une fois à l'extérieur du navire, je rejoins Trissia qui se tenait à l'avant émerveillée à la vue de l'île qui se dressait devant nous.

Un port où étaient amarrés quelques bateaux du même style que celui dans lequel nous étions. D'autres plus personnalisés étaient présents, et par les customisation qui leur avaient été accordée, je pouvais aisément deviner qu'ils appartenaient à des individus en particulier. Peut-être étaient-ils riches où juste important.

Dans l'ensemble le port était relativement normal, cependant, un détail important le différenciait des autres que j'avais pu voir. Un canal, où plus précisément deux, se trouvaient sur les côtés de ce dernier, permettant d'accéder par les flots au reste de l'île.

– Pourquoi y a t'il des navires amarrés ici, si des canaux permettent d'atteindre l'intérieur des terres ? demandais-je à Sadie. Ce n'est même pas une question de taille en plus.

– Effectivement, répondit-elle presque amusée, en fait cette île a subit au cours des années de nombreuses transformations et travaux dans l'ensemble. Le port lui était là depuis plus longtemps, et les voies d'accès vers les terres centrale datent d'il y a peu. Dans les grandes lignes on voulait agencer d'une manière totalement différente les différentes infrastructures de l'île, alors en plus des constructions navales en zone côtière on a ajouté des chemins que les navires pourraient également emprunter. Beaucoup de choses se font par bateau aux jours d'aujourd'hui, alors autant optimiser au maximum.

– Dooonc… c'est simplement pour davantage étaler les infrastructures qui seraient de toute façon atteignable par bateau si j'ai bien compris ? dis-je perplexe par ses longues explications.

– … oui, admit-elle un peu embarrassée, désolé.

– Oh ! On va passer par le canal ! s'exclama Trissia.

En effet, pendant que nous parlions, le navire s'était lentement dirigé vers l'un des chemins aquatiques. Le port de dérobait lentement à nos yeux pour être remplacé par des parcelles de forêts où se mêlaient des terrains abritant des complexes industriels en premier lieu, puis des habitations plutôt modernes à mesure qu'on progressait.

Une véritable ville s'était lentement dévoilée à nos yeux au fil des minutes, et bientôt se sont des rues, appartements, magasins et autres bâtiments qui défilaient un à un devant nous.
Tous les cent mètres à peu près, des plateformes reliées à la ville par des escaliers permettaient d'accoster, et nous avions même l'occasion de voir d'autres embarcations débarquer tantôt du monde tantôt des marchandises.

Je savais que ce n'était là qu'un aperçu de l'île mais… bon sang qu'elle semblait vivante !

Tout autour de nous était en mouvement, les gens étaient actifs, ça grouillait de monde !

J'étais si absorbé par ce que je voyais, par toutes les informations que mes yeux captaient au mètre carré, que je ne réalisait même pas à quel moment le bateau s'était arrêté.

– On va pouvoir descendre, Travis ! Trissia ! nous lança Sadie.

Je sursautais, surpris par sa voix venue de nul part. Il me fallut un temps avant de pouvoir détacher mon regard de la ville, alors que nous nous étions arrêtés près d'une des plateformes.

– J'arrive ! dis-je au bout de plusieurs secondes.

Au moment où j'allais suivre Sadie qui se dirigeait vers la passerelle afin de descendre du bateau, je sentis la main de Trissia saisir la mienne.

Je retint un frisson avant de la regarder.

– Ça ne va pas ? demandais-je aussi naturellement que possible.

– Si… tu avais l'air heureux en voyant la ville… et ça me fait plaisir.

Au lieu de lâcher ma main, comme je l'attendais, et l'espérait secrètement, Trissia la serra un peu plus, comme pour être sûre de ne pas se séparer de moi.

Je pris une lente inspiration, avant de détourner mon attention de ce détail. Peut-être que je m'inquiétais pour rien à son sujet. J'ai failli mourir parce qu'elle n'a pas voulu rester à mes côtés, sûrement ne veut-elle plus que cela se reproduise, c'est tout.

Une fois notre courte conversation terminée, on s'est alors dirigés vers la passerelle du navire, où Sadie nous attendait.

– J'espère que vous avez hâte les enfants, et que vous êtes prêts ! nous dit-elle.

– On te suis. répondis-je.

– Alors allons-y !

Virée peut-être un peu trop mouvementée terminée ! C'était assez court j'en conviens... Et peut-être pas très explicite en terme de contenu sur le monde de DoL, cependant j'espère pouvoir bientôt vous en montrer davantage... Qu'on puisse se lancer dans une petite odyssée à travers les îles, dont ces mers sont truffées ^^