Chapitre LIII
Merci à @stupid_moon_ pour ce Morgan torturé par ses émotions !
À la fin de la session, les élèves avaient dû remplir les cases correspondants à leurs futurs écoles. Morgan avait longtemps hésité avant de choisir un BTS immobilier, une licence de droit et une école de cascadeur, tous en Italie. Ses autres choix étaient plus raisonnables, en France. Mais son coeur penchait inéluctablement pour les propositions italiennes.
Au moment de refermer sa valise, Morgan glissa la carte du conseiller Konan dans sa trousse de toilette, pour être certain de ne pas la perdre. Leur rencontre avait été courte, mais ses mots avaient su toucher son coeur.
-Prêt à rentrer à la maison ? Lui dit Noah qui s'était assis à côté de lui dans le car.
Le noiraud tourna la tête vers le plus âgé, étudia un instant ses boucles frivoles et les lui ébouriffa.
-Heureusement que les vacances d'hiver sont pour bientôt, lui répondit-il en s'imaginant des journées entières avec Noah loin des autres lycéens.
Durant le trajet du retour, Noah s'endormit sur l'épaule de Morgan. Le jeune homme n'osa pas bouger, de peur de le réveiller et comme s'il s'agissait de l'objet le plus fragile et précieux au monde. Décidément, il était devenu accro.
Quelques semaines séparaient les élèves des vacances d'hiver. Chacun avait hâte de se reposer ou de s'éloigner du lycée. Tous et plus particulièrement un, qui n'avait qu'une envie : éviter un certain rugbyman.
Morgan fuyait lâchement Julian. Il annulait de plus en plus souvent les sorties avec ses amis, quitte à sauter les repas de midi sous prétexte qu'il "n'avait pas faim". C'était plus fort que lui, dès qu'il voyait le regard du brun, le free runner ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable. Pourtant, le rugbyman ne lui avait pas encore demandé de services. Et en soi, il n'était pas responsable du sentiment de culpabilité de Morgan. Car pour être coupable, ça oui, le noiraud l'était. Et il le savait.
Après tout, la boule d'angoisse qui ne cessait de croître était bien là pour le lui rappeler. Le noiraud alternait donc ses journées entre fuir Julian... Et l'autre à se traiter de tous les noms. Le seul coupable dans cette histoire, ce n'était pas Julian, c'était lui. Et la dualité qui se jouait en lui à chaque fois qu'il voyait Noah le déchirait de l'intérieur.
D'un côté, il se sentait misérable. Il voulait lui révéler la vérité et se maudissait de ne pas pouvoir lui expliquer la situation. D'un autre, Morgan se complaisait dans ce mensonge. Après tout, Noah était sa seule lumière dans ce tunnel sombre. Il voyait ses boucles rousses comme une torche flamboyante et ses bras comme une couverture chaude et réconfortante. En un sens, c'est ce qui le terrifiait le plus. Était-il devenu un monstre ?
Dès son retour, Morgan s'était précipité chez Andréas. Il lui raconta en détail et sans omettre une phrase le conflit qu'il y avait eu ente Ulysse et lui. Il avait ensuite parlé du dû qu'il devait maintenant à Julian. L'afro américain commença par lui faire la morale, mais en voyant la mine sombre que tirait son cadet, Andréas avait bien vite ravalé son sarcasme. Morgan souffrait de cette situation, ça crevait les yeux. Il n'allait pas en rajouter.
Assis en tailleur sur le canapé d'Andréas, Morgan mordillait nerveusement sa lèvre inférieure. Au fur et à mesure de son récit, ses épaules s'étaient affaissées. Le sportif amateur faisait bien pâle figure.
-Il y a quelque chose que tu ne me dis pas, remarqua celui que Morgan considérait comme son grand-frère.
Le noiraud détourna la tête et regarda les pieds d'une chaise, plus loin. La boule continuellement présente dans son ventre venait de se réveiller. Morgan avait beau avoir raconté les détails de la Session, il ne lui avait pas fait part de l'angoisse qui le rongeait de plus en plus.
Le plus âgé se leva et vint s'asseoir à côté du plus jeune. L'afro américain posa une main rassurante sur l'épaule de Morgan et l'attira dans ses bras. Andréas entoura le noiraud qui ne put que se blottir contre lui.
-Tu sais que tu peux tout me dire... chuchota le free ruine professionnel qui avait posé son menton sur le haut du crâne de Morgan.
Le noiraud fut parcouru d'un spasme et pour la première fois depuis longtemps, il pleura à la lumière du jour devant quelqu'un. Andréas entama des mouvements réconfortants dans le dos de Morgan et attendit que ses sanglots se calment.
-J'ai honte et j'ai peur, avoua enfin Morgan qui s'éloigna d'Andréas en reniflant, je me suis attaché à Noah et je ne veux pas le perdre. Mais je réussie pas, c'est plus fort que moi. J'ai essayé de lui dire la vérité, mais je n'ai pas le courage, ni la force. Je me passe en boucle les différents scénarios possibles et tous me font mal. Je suis égoïste, je me déteste, je déteste faire du mal à Noah, je sais pas comment m'en sortir.
Andréas acquiesça, conscient de l'épreuve que traversait son ami d'enfance.
-S'il y a quelque chose que j'ai bien appris avant de me faire larguer, c'est de toujours être honnête avec notre partenaire. Un mensonge en entraine toujours un autre et ça finit par être invivable...
Morgan baissa la tête et essuya son nez avec sa manche. Andréas se mordit l'intérieur de la joue. Il n'avait jamais vu le plus jeune dans un tel état.
-En même temps, je comprends ce que tu ressens. Je ne peux pas me permettre de te dire ce que je ferrais à ta place, car je n'y suis pas. Tout ce que je peux faire c'est te consoler, et te dire ce que j'en pense. Et je pense que tu es quelqu'un de fort Morgan. Si une épreuve se dresse devant toi, tu la surmonteras, qu'importe l'issue. Bien sûr, je ne dis pas que ça sera facile, mais tu as le mental pour y parvenir. Et tu as des amis qui te soutiennent.
Andréas se leva et alla chercher un mouchoir qu'il tendit ensuite à Morgan.
-En parlent d'amis, parlons un peu de ce Julian, maugréa le sportif professionnel qui se rassit à côté de Morgan, c'est quoi ce genre d'ami ? Il est complètement toxique bordel, débarrasse t'en au plus vite !
Le noiraud secoua négativement la tête en se mouchant bruyamment.
-Julian est un con, il est vraiment con. Il peut être aussi vraiment méchant... Mais il ne l'est pas complètement. Tu sais qu'il a été l'un de ceux qui m'ont le plus soutenu quand tout allait mal avec mes parents et Emma. Il a été abandonné, il n'est pas comme ça par nature, c'est l'habitude.
-Morgan, l'interrompit Andréas, je sais que tu te sens investi dans sa vie et que tu aimerais pouvoir l'aider. Mais tu ne peux pas sauver tout le monde. Commence par te sauver toi. Ok ?
Morgan garda ses yeux baissés, fixés sur les mailles du canapé. Sa gorge était sèche et ses lèvres trempées.
-Tu veux dormir ici ce soir ? Lui proposa Andréas d'une voix douce.
Le plus jeune refusa en hochant négativement la tête. Les épaules toujours baissées, il releva la tête.
-Je ne peux pas laisser Emma seule à la maison, expliqua Morgan en se levant lentement, je vais rentrer.
Andréas se leva à son tour et attrapa ses clés.
-Alors je te raccompagne, dit-il d'une voix sans appel.
Morgan lui sourit timidement et suivit l'afro américain jusqu'à sa voiture.
Sur le trajet, le noiraud parcouru la galerie photo de son téléphone. Il avait pris des captures d'écran de l'Instagram de Noah et les avait rangé dans un petit dossier qui lui était réservé. Lorsque le rouquin était tombé dessus par hasard, un jour au lycée, il avait explosé de rire. Morgan ne savait toujours pas comment le prendre...
Un petit sourire flottant sur ses lèvres, Morgan continua de naviguer au travers de ses photos. Il tomba sur une qui réchauffa son coeur. La seule photo de lui et son copain après qu'ils se soient mis en couple. Bien sûr, des photos ou des videos d'eux et leurs amis circulaient. Mais cette photo était la seule qui leur était propre.
Un selfie tout simple, pris en cachette durant le cours d'Italien au retour de la Session. C'était Noah qui tenait le téléphone et il était possible de voir une tête rousse et une tête noiraude penchées sur la caméra. Noah se mordait la lèvre inférieure tout en regardant au loin, vérifiant que la professeur ne les remarque pas en train de faire tout sauf écouter le cours. Son sourire faisait ressortir une petite fossette adorable -fossette qui prouvait qu'il venait de "commettre une bêtise". Morgan, lui, regardait Noah au travers de l'écran. Les yeux sombres du free runner reflétaient des milliers d'émotions. De l'émerveillent, du rire, de l'affection... de l'amour ?
-On est arrivés, lui dit enfin Andréas qui s'était arrêté devant la maison du noiraud et de sa soeur.
-Merci, répondit Morgan qui commença à sortir de la voiture avant de se figer dans son mouvement.
Devant son garage, une voiture grise était garée. Son coeur se serra lorsqu'il comprit pourquoi elle était là.
-Salue ta mère pour moi, fit le sportif professionnel en remarquant à son tour la voiture garée devant l'entrée.
Morgan hocha la tête et ferma la portière derrière lui. Quelques jours... Il ne restait que quelques jours avant les vacances d'hiver. Tout ce qu'il espérait était que ses parents ne soient pas là pour les lui gâcher.
J'espère que votre rentrée s'est bien passée ! En quelle classe vous rentrez ? Perso je reprends les cours dans un mois, j'ai le temps...
En tout cas je vous souhaite une bonne année scolaire à tous !
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