5 𝗅 Gina
— Pourquoi ai-je accepté cela ? me suis-je plainte en donnant un coup de pied dans un caillou sur le chemin, en rentrant chez moi.
Si j'avais refusé, il aurait probablement continué à m'embêter pour le reste de l'année et j'étais désespérée de rester concentrée sur mes études. S'il parvenait à me distraire suffisamment, il y aurait une chance que je n'arrive pas à l'université où je voulais aller. Et l'université était ma chance de liberté.
Une rafale d'air froid passa devant moi et je tirai mon pull sur moi-même, maudissant le temps en levant les yeux vers le ciel. Des nuages gris remplissaient la vue, me faisant gémir alors que je réalisais qu'il allait pleuvoir et que moi, étant la personne non préparée que j'étais, je n'avais pas apporté de manteau.
Il me restait encore vingt minutes de marche, car mes parents étaient en vacances avec mon frère, donc ils ne pouvaient pas venir me chercher, et ils ne m'avaient pas donné l'argent pour prendre un bus. Non pas qu'ils fesaient l'un ou l'autre en général.
Cela n'a vraiment jamais eu de sens pour moi. J'ai toujours été meilleure à l'école que mon frère ; même s'il a toujours obtenu des B, il a toujours été loué et aimé, mais chaque fois que je revenais avec mon bulletin et des A, ils ne battaient même pas la paupière. Ils l'ont toujours favorisé, même si j'ai fait de mon mieux pour qu'ils me voient. J'avais presque l'impression que mes propres parents ne m'aimaient pas ; quoi que je fasse, ils y trouvaient toujours un défaut et louaient mon frère à la place.
J'ai poussé un cri soudain, alors que la pluie commençait à tomber abondamment, me trempant en quelques secondes. Mettant mes bras au-dessus de ma tête dans une faible tentative pour me protéger de la pluie, j'ai commencé à marcher plus vite, essayant de rentrer à la maison avant d'attraper un rhume.
La lumière tamisée du soleil s'est rapidement évanouie, laissant un rideau de brouillard et une atmosphère sombre et nuageuse. J'ai gémi et me suis lancée dans un jogging, sachant qu'il me restait encore quinze minutes de marche, même à pleine vitesse.
Mais j'ai soudainement sursauté lorsque le rugissement d'un moteur de voiture a retenti derrière moi, et je suis tout de suite devenue nerveuse. La route sur laquelle j'étais n'avait presque jamais de voitures, et mon instinct me criait de me dépêcher. Submergée par les nerfs, je trébuchai dans les flaques d'eau, accélérant mon rythme pour courir alors que les phares de la voiture traversaient le brouillard devant moi, et qu'elle avançait plus près de moi.
La voiture s'arrêta au bord du trottoir, ses pneus crissant à l'arrêt. Mon estomac éclata d'anxiété et j'essayai d'accélérer le rythme quand j'entendis la portière de la voiture claquer après que le chauffeur soit sorti.
— Gina !
Je me figeai en entendant une voix familière appelée mon nom et me tournai, plissant les yeux à travers le brouillard alors que la personne se rapprochait. Fidèle à mes soupçons, je me suis détendue dès que j'ai vu qui c'était.
— Que fais-tu ici, Scott ?
Il s'est approché, maintenant bien visible dans les phares de la voiture et m'a regardée de haut en bas.
— Tu es trempée ! il cria.
Je l'ai scruté, voyant comment l'eau plaquait ses cheveux à plat sur sa tête, et des taches sombres d'eau recouvraient sa veste.
Je plissa les yeux vers lui.
— Ouais, je peux voir ça !
Roulant des yeux, il a attrapé mon avant-bras, me faisant crier de surprise, et il m'a tirée dans sa voiture. J'expirai alors qu'il fermait la portière du siège passager derrière moi et courut de l'autre côté de la voiture en se glissant sur le siège du conducteur. De l'eau coula de mes cheveux et de mon front alors qu'il lançait un soupir de soulagement, mais je frissonnai juste au changement soudain de température.
Il me fit face avec de grands yeux alors que je frissonnai sur le siège du passager avant de tendre la main à l'arrière de la voiture.
— Tiens, prends ça, soupira-t-il en me tendant un sweat-shirt depuis la banquette arrière.
J'ai tendu la main pour le prendre, mais mes bras tremblaient tellement que je ne pouvais pas l'enfiler et quand j'ai ouvert la bouche pour le lui dire, mes dents claquaient trop pour que je parle compréhensible. Scott souffla en réalisant ce qui n'allait pas, et il se pencha sur l'espace entre les sièges pour m'aider à passer le pull par-dessus ma tête.
— M-m-merci, balbutinai-je, en enroulant mes bras autour de moi pour préserver la chaleur.
— Gina, pourquoi rentrais-tu seule à la maison, dans le noir et sous la pluie ? demanda-t-il en se séchant avec un autre pull et en me faisant face.
Il attendit patiemment que mes frissons se calment et hocha la tête vers moi, me pressant de parler. Hésitant plus longtemps que nécessaire, je cherchai une excuse dans mon cerveau. Je ne pouvais pas lui dire toute la vérité, je ne voulais pas lui parler de la relation de ma famille, ou plutôt, c'est l'absence de relation.
— Euh... mes parents sont en voyage d'affaires... et je... j'ai euh... j'ai raté le bus ! ai-je lâché rapidement.
C'étaient des mensonges, mais je ne voulais pas qu'il connaisse ma vie personnelle. Bien que j'étais à peu près certaine qu'il ne me croyait pas, puisque j'étais la pire menteuse que je connaisse. De plus, mes parents et mon frère étaient de retour demain soir, et ensuite, avec un peu de chance, mon frère me conduirait à l'école. Il était allé à l'université grâce à une bourse pour le basket-ball, mais son entraîneur était malade, alors il avait le reste de l'année et restait à la maison.
Scott m'a lancée un regard peu convaincu alors qu'il démarrait la voiture et quittait la route.
— Où habites-tu ? demanda-t-il, gardant nonchalamment une main sur le volant et posant l'autre sur ses genoux alors qu'il quittait la route.
Je lui ai lancé un regard incertain et il m'a jetée un coup d'œil, hochant rapidement la tête pour s'expliquer.
— Je te ramène à la maison, je n'essaie pas de te kidnapper, confirma-t-il.
— Ouais, je sais, ris-je, secouant la tête avant de lui donner mon adresse en profitant de la chaleur de la voiture, seulement pour être choquée par ses cris immédiats.
— Hein ? il a crié une fois que je lui ai dit où j'habitais.
Je sursaute et il me lance un regard d'excuse.
— C'est à quarante minutes à pied de l'école et vingt minutes en voiture ! il a continué, une fois que je me suis à nouveau détendue dans le siège. Pourquoi aller si loin à pieds ? interrogea-t-il, choqué de découvrir mon transport chaque jour.
— Je-je te l'ai déjà dit, marmonnai-je nerveusement, Mes parents sont absents...
Il secoua la tête, mais continua à rouler, la pluie éclaboussant encore plus fort le pare-brise. J'ai grimacé au bruit des gouttes de pluie sur le verre et j'ai regardé le visage concentré de Scott. Malgré le fait que je ne l'aimais pas et qu'il était atrocement ennuyeux, il m'avait vraiment sauvé de la météo. J'ai eu de la chance qu'il me voie.
—Tu aurais été réduite en miettes si tu étais restée sous cette pluie.
J'ai cligné des yeux pour sortir de ma transe, regardant loin de lui et par la fenêtre.
— Par la pluie ? je me moquai. Je ne suis pas si faible.
Il gloussa en secouant la tête.
—Ouais tu l'es. Tu es minuscule, rit-il.
J'ai roulé des yeux.
— Et tu es un imbécile arrogant.
Il me regarda avec un agacement simulé.
—Est-ce une façon de traiter ton sauveur ? demanda-t-il, feignant d'être choqué et blessé.
J'ai souri doucement, en zieutant mes genoux.
— Euh, ouais. Merci, murmurai-je maladroitement alors que j'essayais de scruter la route sombre pour voir où nous étions.
La tension dans la voiture ne faisait qu'augmenter, et tout ce que je voulais, c'était me pelotonner dans mon lit chaud et dormir.
Le soulagement m'a submergée lorsque nous avons atteint ma route, et j'ai soupiré lorsqu'il s'est finalement arrêté devant ma maison.
J'ai ouvert la porte et je suis sortie, la pluie m'a tout de suite frappée fort. Scott est sorti avec moi et a remonté mon allée alors que j'arrivais à la porte. J'ai tâtonné mes clés avant d'entrer.
Il m'a fait un signe de tête une fois qu'il a vu que j'étais à l'intérieur, et il s'est retourné pour partir, retournant à sa voiture.
— Merci ! lui criai-je, avant de fermer la porte et de m'appuyer dessus, soupirant de soulagement.
Peut-être que Scott n'était pas aussi mauvais que je le pensais. Peut-être qu'il faisait juste un numéro. Je grognai à mes pensées. Ou peut-être qu'il était juste un très bon manipulateur.
En poussant la porte, j'ai soudainement baissé les yeux en réalisant que je portais toujours son sweat et que je devrais le lui rendre plus tard.
— Génial ! Plus de temps avec Scott, murmurai-je sarcastiquement alors que je commençais à marcher vers les escaliers, mais je m'arrêtai quand un coup à ma porte me sortit de mes pensées.
Levant un sourcil, je me tournai prudemment. Qui viendrait à cette heure ? Il était tard et très humide. J'ouvris la porte, les yeux écarquillés quand je vis Scott debout sur le perron. Je le regardai confuse, alors qu'il me souriait, la pluie plaquant ses cheveux sur son front.
— Tu n'es pas parti ? demandai-je bêtement, sans y penser correctement.
Il fit une grimace, secouant la tête.
— Évidemment que non, il haussa les épaules, alors qu'il regardait la pluie.
— Pourquoi es-tu encore ici ?
Il regarda autour de lui, son visage légèrement inquiet à cause de la pluie et du froid.
— Puis-je entrer ?
Je hochai la tête d'un air incertain et le laissai entrer, fermant rapidement la porte derrière lui.
— Qu'est-ce-qui s'est passé ? interrogai-je, légèrement inquiète en voyant sa silhouette trempée dans la lumière.
Il expira de soulagement avec la chaleur de ma maison et secoua l'eau de ses cheveux.
Il regarda autour de lui en enlevant son manteau pour révéler son t-shirt taché de rose. Je grimaçai de culpabilité lorsqu'il répondit.
— Ma voiture est tombée en panne, il a simplement haussé les épaules. Donc, je ne peux pas y aller. Pas encore, du moins.
Je restai bouche bée après lui alors qu'il se dirigeait vers le salon, et il me sourit.
— Attends, criai-je en le suivant, qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?
Il a souri et s'est affalé sur mon canapé alors que je le regardais, choquée par son attitude désinvolte.
— Je suppose que je vais rester ici.
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