Je voulais être en colère, mais tout ce qui me restait était la dévastation. Les larmes me montèrent aux yeux alors que je me pelotonnais sur le canapé de Kate.

Heureusement, elle m'avait laissée rester dans son appartement jusqu'à ce que je me sois ressaisis. Spencer restait ici aussi, car après tout ce qui s'était passé avec ses parents, il avait décidé de ne plus vivre avec eux.

Tous les deux me regardaient maladroitement maintenant. Spencer se mordant la lèvre de colère et Kate me regardant avec inquiétude.

— Ce connard, siffla finalement Spencer, alors qu'il se levait et enfilait sa veste.

Ma tête s'est redressée et Kate s'est levée aussi, saisissant son bras.

— Spencer, que fais-tu ?

— Je lui ai dit de ne pas te faire de mal. Je lui ai dit que je le battrais...

— Tu quoi ? Quand ?

Il me regarda, ses traits s'adoucissant légèrement.

— À l'hôpital. Je pensais qu'il était bien pour toi, Gina, murmura-t-il. Je lui lui ai demandé de sortir avec toi, mais si j'avais su-

Kate le fit taire, l'enlaçant dans ses bras et le calmant.

— Le combattre ne t'aidera pas, Gina non plus, murmura-t-elle en le poussant à s'asseoir. Et d'après ce que l'on entend, je ne pense pas que Scott se défendrait.

Je fixai mes genoux tandis que Spencer arrivait pour faire une grimace de surprise.

— Quoi ?

Elle soupira.

— Je ne pense pas qu'il voulait faire du mal à Gina. Je pense qu'il souffre probablement autant que toi, en ce moment, m'a-t-elle dit.

Je bougeai mal à l'aise. Une partie de moi savait que c'était vrai. Une partie de moi savait qu'il avait fait une erreur et qu'il le regrettait. Mais l'autre partie de moi était brisée.

Trop de gens avaient brisé ma confiance. Maintenant, je n'avais presque plus personne. Je souris fermement en rapprochant mes genoux de ma poitrine.

— Es-tu sûre que ça ne te gêne pas que je reste ? ai-je demandé, alors qu'elle roulait des yeux et se rasseyais.

— Je vais préparer ta chambre, sourit-elle en réponse à ma question.

Je lui adressai un sourire reconnaissant alors qu'elle se levait et se dirigeait vers la chambre d'amis.

— Es-tu sûre que tu vas bien ? demanda Spencer, alors qu'il s'asseyait à côté de moi et me serrait sur le côté.

J'ai hoché la tête contre sa poitrine en soupirant doucement.

— Ouais, marmonnai-je. J'aurais dû m'en douter, pour être honnête.

— Ce mec... il a dit dans sa barbe.

— Ce mec, c'est la meilleure chose qui me soit jamais arrivée, le coupai-je. Ce mec m'a fait me sentir tellement mieux et tu le sais. C'est juste que ce mec a foiré et que nous devons tous les deux en payer le prix.

Il soupira profondément, me regardant avec sympathie.

— Tu devrais te reposer, murmura-t-il, alors que Kate réapparut à la porte de la chambre.

— Allez, Spencer a hoché la tête en me remettant sur mes pieds.

Je les suivis dans la chambre qu'ils m'avaient donnée, et m'assis sur le lit alors qu'ils me quittaient pour que je puisse dormir. J'ai rampé lentement sous les couvertures, j'ai éteint la lumière, et alors que j'étais plongée dans l'obscurité, les larmes ont recommencé à couler.

Je me suis permise de lui faire confiance. Je lui ai dit que je voulais être avec lui. Pendant tout ce temps, il aurait pu se moquer de moi dans mon dos. La crédule petite Gina. L'idiote Gina. Je reniflai, essuyant les larmes qui coulaient alors que j'enfouis mon visage dans l'oreiller.

— Dors juste, marmonnai-je dans le coussin.

Et je l'ai fait.

Je tombai dans un sommeil profond, sombre et sans rêves.

_________

Je traversai péniblement les couloirs de l'école.

J'avais étonnamment bien dormi la nuit dernière, mais je pesais cela sur l'épuisement de la situation. Cependant, ma sérénité de ce sommeil a été extrêmement courte. Dès que je suis entrée à l'école, les rumeurs ont recommencé.

« Elle s'est faite larguer.»

« Je savais que ça ne durerait pas. »

Bien sûr, cela n'a pris qu'une journée. Les mots auraient fait mal. Si je m'en étais souciée. Je me sentais seulement engourdie maintenant. Engourdie de douleur et d'angoisse.

Scott m'avait laissée dans une fosse et je ne pouvais pas en sortir. Peu importe à quel point j'ai essayé.

Je tournai le couloir, marchant vers ma classe, quand une tape dans le dos attira mon attention. Je me retournai, et mes yeux s'écarquillèrent en voyant qui je voyais.

— Willy ? bredouillai-je en voyant son visage.

Il avait l'air fatigué, coupable et frustré.

— Gina, puis-je te parler ?

Je l'ai étudié pendant une seconde, avant d'acquiescer et de le laisser me conduire dans une salle de classe vide.

— C'est de ma faute, lâche-t-il.

Je haussai les sourcils sous le choc et secouai la tête.

— Je ne te suis pas.

— Tout ce bordel, avec toi et Scott, soupira-t-il en s'effondrant sur une chaise. C'est de ma faute.

J'ai ri doucement.

— Willy, je ne vois pas comment cela pourrait être de ta faute. A moins que tu ne fasses le pari-

Il fixa ses genoux.

— Non... murmurai-je avec incrédulité en secouant la tête. Dis-moi que tu ne l'as pas fait...

Il me regarda, la douleur dans les yeux.

— Gina, il n'a jamais été question d'aller aussi loin, dit-il sérieusement. Par pitié, laisse-moi t'expliquer.

Je pinçai les lèvres, le fixant pendant une minute avant d'acquiescer. Je hochai la tête et m'assis à côté de lui.

Il soupira de soulagement, s'asseyant plus droit pour expliquer.

— Scott était bien trop grand pour ses bottes, a-t-il commencé. Il jouait avec les filles, les blessait et, honnêtement, il devenait un âne, a-t-il expliqué. Il n'y avait pas une fille dans cette école qui pouvait lui résister, et il adorait ça.

Je fronçai les sourcils en voyant ce à quoi il faisait allusion.

— Dans ce cours de chimie, quand tu as dit que tu ne savais pas qui il était, je savais que tu étais la seule à pouvoir lui faire voir ses imperfections.

Je le regardai en silence pendant qu'il continuait son histoire.

— Alors j'ai mis le pari, sachant qu'il ne réussirait jamais. Je pensais que tu le ferais regretter et qu'il verrait enfin ce qui n'allait pas chez lui. Mais ensuite, j'ai vu que vous étiez tomber amoureux, l'un de l'autre.

Je me mordis la lèvre, fixant le sol alors qu'il soupirait doucement.

— J'ai réalisé alors que non seulement Scott était meilleur qu'avant, murmura-t-il, mais il était aussi plus heureux. Il a toujours eu du mal à faire confiance aux filles, depuis que sa mère- il s'interrompit.

Je levai les yeux avec curiosité.

— Ça n'a pas d'importance, murmura-t-il en secouant la tête. Le fait est qu'il t'aime. Et maintenant, il est brisé.

Je le dévisageai, ne sachant comment réagir.

— Willy, je suppose que je comprends pourquoi tu as fait ce que tu as fait, mais je ne suis pas un pion avec qui jouer, je suis toujours une personne. Ma réaction vis-à-vis de Scott ne devrait avoir rien à voir avec la façon dont tu me percevais.

— Fais-moi confiance, Gina, soupira-t-il, je sais. Je me sens toujours mal à ce sujet, mais tu étais le seul moyen. Le seul moyen.

Je serrai les lèvres et réajustai la bandoulière de mon sac.

— Désolée Willy. Si Scott veut s'expliquer, qu'il le fasse lui-même.

J'ai marché jusqu'à la porte.

— C'est entre lui et moi, quelle que soit ton implication.

— Il y a un problème avec ça.

Je m'arrêtai alors que Willy parlait à nouveau.

— Scott ne peut pas te parler lui-même. Pas maintenant. Il est... brisé.

Je me retournai, le regardant se lever et me rejoindre à la porte.

— Qu'est-ce que je suis censée faire à ce sujet ?

Il soupira doucement en ouvrant la porte, prêt à partir.

— Soigne-le.