11 𝗅 Gina
Sans surprise, ma chance était tombée au plus profond d'une fosse, et après avoir été coincée dans un trafic extrêmement difficile, j'étais revenue tard la nuit dernière. Au moment où j'étais arrivée, tout le monde souffrait du décalage horaire et dormait, alors j'étais allée directement dans ma chambre, espérant pouvoir passer du temps avec Spencer le lendemain.
Je sortis de mon lit, bâillant en enfilant des vêtements au hasard, et me brossai les dents et les cheveux, avant de me diriger vers la cuisine. Il y avait une sorte de vertige dans mon estomac, comme si c'était le matin de Noël et que j'étais sur le point d'ouvrir mes cadeaux.
— Gina !
Je sursautai et me tournai alors que j'atteignais la porte de la cuisine, mon visage impassible se transformant en un sourire quand j'aperçus Spencer. Un sourire s'installa sur son visage alors que je courais et enroulais mes bras autour de lui, couinant alors qu'il me relevait et me faisait tourner. Il rit de moi, me serrant fort dans ses bras, avant de me poser.
— Hey, Pipsqueak, il a ébouriffé mes cheveux déjà en bataille et j'ai roulé des yeux pour jouer.
— Salut ! répondis-je en souriant largement.
Je n'avais pas revu Spencer depuis qu'il était parti à l'université. Il était censé rentrer à la maison et rester avec nous pour ses vacances aussi, mais mes parents ont décidé de l'emmener en vacances. Sans moi. Ils lui avaient donné l'excuse que j'étais à l'école et que je manquerais trop. Même si je savais qu'ils ne voulaient tout simplement pas de moi là-bas. Venant soudain à la réalisation de son retour, je déglutis en me rappelant que mes parents devaient être à la maison également.
— Alors comment ça va ? demandai-je à Spencer, presque trop enthousiaste, alors que j'essayais de détourner mon esprit de mes parents.
— Super bien, il sourit, ne remarquant pas mon faux sourire. Tu as tellement grandi, il s'émerveilla, me pinçant les joues comme si j'étais une gamine.
Je fronçai les sourcils par espièglerie.
— Oh tais-toi, souris-je en repoussant ses mains.
Il gloussa et enroula un bras autour de mes épaules, avant de me conduire dans le salon. Je me mordis nerveusement la lèvre alors que nous entrions dans la pièce, sachant très bien que ça n'allait pas être joli. Je déglutis alors que nous entrions et remarquai que mes parents étaient assis sur le canapé, regardant fixement la télé et m'ignorant complètement.
— Hey, Gina est là ! annonça Spencer avec enthousiasme.
Ils fredonnaient en réponse, clairement indifférents alors qu'ils continuaient à regarder la télé, m'ignorant. Il a fait une grimace de confusion comme si cela ne s'était jamais produit auparavant, et m'a jetée un rapide coup d'œil avant de se retourner vers eux.
— Vous n'allez pas lui dire bonjour ? leur a-t-il demandé.
Il n'avait tout simplement jamais remarqué. Et même si je ne pouvais pas le blâmer, c'était le sentiment le plus aggravant au monde. Il a toujours reçu de l'amour et des soins de leur part, il n'a jamais eu de problèmes avec leur rôle parental. C'est pourquoi il n'a jamais remarqué le parti pris contre moi.
— C'est bon, dis-je rapidement.
J'étais catégorique pour ne pas gâcher toute cette ambiance.
— Ils sont probablement juste fatigués, souris-je fermement, leur donnant une excuse au hasard.
— Hmm... fredonna Spencer en leur jetant un nouveau coup d'œil. Mais ils ne t'ont pas vu depuis un moment.
J'ai secoué la tête en riant.
— Toi aussi, non ?
J'ai ravalé mes mensonges. Il a souri en retour, mais je pouvais voir qu'il contenait toujours un peu d'inquiétude. Injuste ou pas, mes dernières intentions étaient aussi de ruiner sa relation avec mes parents.
— Allons juste traîner, ai-je souri, on pourrait aller chez Barnie comme avant !
Un sourire revint sur son visage et il acquiesça joyeusement.
— Bien sûr, allons-y.
Je lui souris en retour et enfilai des bottes au hasard alors que je le traînais jusqu'à sa voiture. Montant sur le siège passager, je laissai échapper un soupir de soulagement tandis qu'il faisait le tour pour entrer et s'assoir sur le siège conducteur. Le faire sortir de la maison était probablement la meilleure décision que je pouvais prendre.
— Alors, qu'as-tu fait pendant mon absence ? demanda-t-il en mettant sa ceinture.
Je clignai des yeux et me tournai vers lui en soupirant.
— Pas grand-chose, juste des devoirs et des études. Le même vieux...
— Toujours une nerd alors ? taquina-t-il en me jetant un coup d'œil alors qu'il quittait l'allée.
Je lui ai lancé un regard noir et il a ri.
— D'accord, désolé. Mais sérieusement, as-tu encore des amis ?
Je me mordis la lèvre, mon esprit se connectant à Scott. Non, pas moyen. Il n'était certainement pas mon ami. Je ne l'aimais même pas.
— Non, murmurai-je, pas exactement.
Il gémit dramatiquement, se tournant à nouveau vers moi avec des yeux épuisés.
— Pourquoi, Gina ? Pourquoi ne peux-tu pas être normale ?
Je fronçai les sourcils et me laissai tomber sur mon siège.
— Je suis normale ! j'ai protesté. Ce n'est pas ma faute, personne ne m'aime, ai-je marmonné.
Il secoua la tête alors qu'il tournait au coin de la rue.
— Tu n'en es pas sûre, continua-t-il, il doit y avoir quelqu'un.
— Tu ne comprends pas, marmonnai-je, tu n'as jamais eu de problèmes pour te faire des amis. Tu étais drôle et populaire et beau. Je ne suis qu'un déchet sur le bord de la route que personne ne remarque.
Il sourit doucement.
— Même si tout ce que tu as dit sur moi est vrai, commença-t-il, me faisant rouler des yeux de façon ludique, tout ce que tu as dit sur toi est faux, finit-il.
J'ai secoué la tête en regardant mes genoux.
— Même à la maison, personne ne veut me connaître, chuchotai-je de manière inaudible.
Il m'a regardée avec confusion,
— Quoi ? demanda-t-il en ralentissant la voiture alors que nous arrivions au café.
Je secouai rapidement la tête, tentant de le rassurer sur le fait que je n'avais rien dit, et il soupira doucement mais laissa tomber.
— Allons-y, ai-je souri avec enthousiasme, en me retournant pour regarder le café familier de notre enfance.
Il a ri de mon expression alors que je sautais de la voiture, rebondissant vers Barnie, la joie rayonnant pratiquement de moi.
— Ralentis ! rit-il en me rattrapant rapidement.
Je poussai la porte et me tournai pour lui sourire malicieusement.
— Je croyais que tu étais allé à l'université pour faire du sport, ai-je souri narquoisement. Ici tu n'arrives pas à suivre ta petite sœur non sportive !
Il haussa un sourcil vers moi alors qu'il poussait ma tête, me faisant trébucher dans le café et rire.
— Tu es tellement agaçante Gina, gloussa-t-il alors que nous nous dirigions vers l'autre côté de la pièce.
— Tu n'es pas tellement mieux ! je ris, avant de me retourner pour faire face à un stand.
Les cabines étaient mes endroits préférés pour m'asseoir, car elles étaient si confortables et mignonnes. Spencer et moi avions l'habitude de venir chez Barnie tous les jours après l'école. J'ai toujours aimé grimper dans les cabines parce qu'elles étaient légèrement surélevées et que tout enfant essaiyais d'être grand. Il secoua la tête avec amusement alors que je sautais sur le siège et qu'il se glissait en face de moi.
— Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il en désignant le menu.
Je lui lançai un regard, alors qu'il acquiesçait rapidement sachant qu'il n'avait même pas besoin de demander. Spencer et moi avions toujours été proches. Nos disputes n'étaient jamais que mesquines et de courte durée, et j'étais anéantie quand il est parti à l'université. Cependant, il y avait une petite partie de moi qui était presque heureuse qu'il parte. J'ai pensé que peut-être quand il serait parti, mes parents redirigeraient une partie de leur attention sur moi. Mais ils ne l'ont pas fait. Au lieu de cela, j'ai reçu de moins en moins d'attention, et j'ai réalisé que je ne pouvais pas manquer Spencer. Parce qu'il était le seul, à part ma grand-mère, qui se comportait normalement avec moi.
Une serveuse est venue à notre table et j'ai immédiatement roulé des yeux. Elle faisait des yeux écarquillés à Spencer, qui en était complètement inconscient alors qu'il passait notre commande.
— Deux pancakes, un café et un milk-shake à la vanille s'il vous plaît, sourit-il en donnant la commande parfaite.
C'était notre commande tout le temps.
— C'est tout ? demanda-t-elle en battant ses cils sombres vers Spencer, qui commençait maintenant à avoir l'air légèrement confus.
— Oui, dis-je, la faisant se tourner rapidement vers moi, avant que son visage ne devienne rouge d'embarras, et qu'elle se précipite avec l'ordre.
Je soupirai doucement, secouant la tête devant l'expression confuse de Spencer. Je ne pouvais pas reprocher à la fille de l'admirer. Il était grand et beau, avec ses cheveux blonds sales et ses yeux bleu-vert, comparés à mes cheveux châtain souris et mes yeux bleu-gris. Je n'avais jamais compris mon apparence unique. Je n'avais aucun des traits de mes parents, alors que Spencer avait les deux à la fois. Apparemment, je ressemblais à ma grand-mère quand elle était jeune. Mais je n'avais jamais vue de photos d'elle à mon âge, donc je ne l'ai jamais vraiment su.
— Gina, ça va ?
Je sortis de ma stupeur et regardai Spencer, et forçai un petit sourire.
— Ouais, bien sûr.
Il hocha la tête et sourit joyeusement, s'agitant sur son siège.
— Je suis tellement content de te voir, Ça fait tellement longtemps ! s'exclama-t-il, ses yeux scintillant de bonheur. Tu m'as manqué.
J'ai souri en retour.
— Tu m'as manquée aussi.
Mes yeux revinrent soudainement à la serveuse et un petit sourire apparut sur mon visage.
— As-tu rencontré des filles ? ai-je demandé, alors que son visage semblait se figer.
— Quoi ? lâcha-t-il rapidement.
Riant bruyamment, j'ai secoué la tête à son comportement bizarre.
— Spencer, as-tu une petite amie ?
Spencer a toujours eu le béguin pour une fille de son année quand il était dans mon école, mais il n'a jamais agi en conséquence et est allé directement à l'université. Pour être parfaitement honnête, je n'étais pas sûre qu'il l'ait complètement oubliée. Il regarda la table d'un air penaud.
— Eh bien, euh. Tu te souviens de Kate ? demanda-t-il en se mordant la lèvre en me regardant.
J'ai hoché la tête.
— De toute évidence, je me suis moquée, tu étais pratiquement obsédé par elle.
— Je n'étais pas obsédé ! il intervint rapidement, me faisant rire. Je l'aime juste... beaucoup.
En pinçant les lèvres, j'ai fait une grimace de confusion, je l'aime ? Au présent ! L'excitation envahit ses traits alors qu'il se penchait en avant.
— Gina ! Elle est la même école que moi ! il s'est excalmé.
Mon expression moqueuse est devenue choquante, avant que je ne pousse un cri de joie, sautant de haut en bas sur mon siège. Ses yeux s'écarquillèrent momentanément, mais il se mit bientôt à rire avec moi alors qu'il cessait de se soucier de ce que les autres pensaient.
— C'est incroyable ! hurlai-je en prenant ses mains dans les miennes.
— Gina, rit-il, calme-toi.
Je me mordis rapidement la lèvre, essayant de me calmer alors que je me tortillais sur mon siège.
— D'accord, d'accord, désolée, je souris, c'est juste que tu peux enfin lui demander de sortir avec toi ! criai-je à nouveau.
Il serra mes mains en arrière, hochant la tête sauvagement.
— J'ai décidé de me lancer et de lui demander. Elle revient rendre visite à sa famille la semaine prochaine, dit-il en souriant.
— Eh bien, si ce n'est pas Gina Evans.
Nous nous tournâmes tous les deux pour lever les yeux, alors qu'une voix familière coupa Spencer, et mes yeux s'écarquillèrent lorsque je vis Scott, déambulant vers notre table.
— On dirait que tu es un plus grande joueuse que moi, sourit-il en venant se tenir à côté de moi.
Je le regardai avec confusion et choc tandis que Spencer regardait entre nous avec surprise. Scott sourit encore plus.
— Tu ne lui as pas dit ? il a demandé.
— Euh, c'est Scott, marmonnai-je, c'est un... eh bien, je ne sais pas ce qu'il est.
Il se moqua légèrement, et se tourna vers Spencer.
— Je suis un ami de Gina, il sourit, en insistant sur le mot ami.
Spencer haussa un sourcil en se tournant vers moi.
— Je pensais que tu n'avais pas d'amis.
J'ai grimacé et j'ai ouvert la bouche pour répondre, mais j'ai été interrompu par la serveuse qui nous apportait notre nourriture. J'ai ravalé mon soupir de soulagement en la remerciant mentalement pour son timing impeccable. Elle posa notre nourriture sur la table avant de regarder Scott.
— Oh, salut, elle sourit confusément, as-tu besoin de quelque chose ?
— Oui.
Je lui ai lancé un regard noir pendant qu'il souriait simplement.
— Un autre café, ordonna-t-il, faisant lentement hocher la tête à la serveuse avant qu'elle ne s'enfuie, s'éloignant de la tension.
Je me tournai vers les pancakes, les trouvant bien plus intéressants alors que j'en fourrais une fourchette dans ma bouche.
— Alors ? Tu ne vas pas me présenter ? demanda-t-il en se glissant dans la cabine à côté de moi et enroulant son bras autour de mes épaules.
Je levai les yeux nerveusement, voyant Spencer lancer un regard protecteur à Scott, ce qui, pour une raison quelconque, ne fit qu'aider Scott encore plus suffisant.
—Umph, ai-je fredonné à travers la bouchée de nourriture.
Déglutissant rapidement, j'ai hésité.
— C'est Scott, marmonnai-je de manière incohérente.
Spencer fit un signe de tête à Scott, avant de se tourner vers moi.
— Pourquoi m'as-tu menti Gina. Tu as dit que tu ne parlais à personne à l'école.
— Eh bien, ce n'est pas vraiment un ami... murmurai-je.
Les yeux de Spencer s'écarquillèrent.
— Alors il est plus que ça ? a-t-il demandé, complètement choqué. Pourquoi ne te-
Il fut de nouveau interrompu par la serveuse qui arrivait avec le café.
— Voilà votre café. Bonne journée, sourit-elle.
Mais alors qu'elle nous regardait, ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle sentit la tension et elle se dépêcha de partir. Spencer soupira et me regarda à nouveau.
— Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
— Ce n'est rien de plus qu'un ami ! j'ai protesté. Ce n'est même pas un ami ! Je ne fais que lui donner des cours particuliers.
Les yeux de Spencer s'écarquillèrent de surprise, avant qu'il ne se détende, hochant lentement la tête.
— Oh, c'est... je suis vraiment désolé... murmura-t-il.
— Ouais tu devrais l'être, répliqua Scott.
Nous nous tournâmes tous les deux pour le regarder.
— Scott ! ai-je sifflé. Qu'est-ce que tu-
— Tu ne devrais pas être si protecteur envers elle, continua-t-il, m'interrompant alors que Spencer le regardait.
Je restai bouche bée alors que le regard noir de Spencer s'intensifiait. Que faisait ce type ? Pour qui se prenait-il, parler à ma famille comme ça ?
— Sais-tu qu'elle parle aussi à un autre mec ? demanda-t-il, me souriant légèrement, faisant pivoter la tête de Spencer pour me faire face.
— Quoi ? bredouillai-je en regardant Scott avec incrédulité.
— Ouais, acquiesça-t-il, s'amusant clairement. Elle se joue de nous tous.
Les yeux de Spencer et les miens se plissèrent de confusion, avant que je réalise soudainement ce qu'il voulait dire. J'éclatai de rire alors qu'ils me regardaient tous les deux bizarrement.
— Je suis tellement désolée, ai-je ri, alors que je prenais leurs deux mains, une dans chacune des miennes, et les liais, les faisant se serrer la main alors que je riais plus fort. Je ne vous ai pas bien présenté les gars.
Scott et Spencer me regardèrent tous les deux avec une totale confusion, se serrant toujours la main maladroitement alors que j'essayais de contrôler mon rire. Je pouvais à peine croire les suppositions que Scott avait faites.
— Spencer, je me tournai vers lui, riant et faisant signe à Scott, c'est Scott le mec à qui je donne des cours particuliers.
— Je me tournai vers Scott, un sourire narquois sur le visage alors que je pointais du doigt Spencer, Scott, voici Spencer. Mon frère.
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