Après la crise de Ben, je n'ai pas eu la force de rejoindre les garçons, je suis allée m'emmitoufler sous ma couette et j'ai réfléchi à toutes les options les moins catastrophiques possibles. En parler à mes parents directement ? Impossible, ils me haïraient pour avoir tenté de gérer un si gros problème sans leur en avoir parlé. Et puis, je ne parle pas du cas de Ben, mes parents lui couperont les vivres jusqu'à leur mort. Aller voir un spécialiste ? Non, je ne peux pas le faire dans le dos de Ben, je n'aimerais pas qu'il le fasse dans le cas inverse. Négocier avec lui pour qu'il aille dans un centre de désintoxication ? Ça pourrait être une bonne idée, mais je doute que Ben accepte aussi facilement. Il n'est pas du genre à aimer passer pour un fou. Continuer à le surveiller ? C'est la meilleure option, il faut toujours être vigilant avec lui. Si nous arrivons à nous serrer les coudes, alors Ben y arrivera, j'en suis persuadée. Je ferais tout ce qui est bon pour sauver mon frère.

Soudain, la porte de ma chambre s'ouvre doucement, je sursaute et vois le brun me faire un grand sourire. Il referme la porte derrière lui et m'offre un sourire provocateur. Je soupire tout en souriant et le rejoins. J'entoure sous cou avec mes bras et l'embrasse.

- Habille-toi, je vais t'emmener quelque part.

- Je n'ai pas envie, Clarke, la journée a...

- Ne t'en fais pas, on va juste quelque part où on n'aura pas à se cacher. Aller, habille-toi !

Je finis par céder. Lorsque je m'apprête à me changer, je jette un œil à Clarke qui me fixe la bouche ouverte.

- Un peu d'intimité ne serait pas de refus, affirme-je.

En guise de réponse, il lève les mains au ciel et se tourne face à la porte. Je souris et me change en vitesse, par peur qu'il ne se retourne. Je récupère mes téléphones et m'approche de Clarke qui fait mine d'être triste quand il me voit changée. Je lui tapote l'épaule et nous sortons pour rejoindre cette mystérieuse destination.

Après quelques longues minutes de voitures, nous arrivons face à un immeuble gigantesque dans le centre de Los Angeles. Le brun se gare dans le parking souterrain et nous rejoignons l'ascenseur. Quelques secondes plus tard, nous marchons dans un couloir éclairé jusqu'à la porte 316. Il déverrouille la porte à l'aide d'une clé et je le suis dans l'appartement. La décoration est très moderne et épurée, il n'y a rien qui dépasse, rien de trop extravagant non plus, mais ça en reste très chic.

- Bienvenue chez moi !, fait-il en faisant un tour sur lui-même, mets-toi à l'aise.

Sur ces mots, le brun disparaît, je m'avance ainsi dans le salon et le retrouve derrière un ilot en train de se servir un verre d'eau à l'évier. Il m'en propose un que j'accepte. La cuisine ouverte sur le salon est sublime avec ses nuances de bleus nuits. Le brun m'intime de le suivre, je m'exécute. Il saute par-dessus le dossier du canapé et m'invite à le rejoindre. Je suis gênée, je ne comprends pas bien ce que nous faisons ici.

- Ça te dit un film ?

J'acquiesce, il allume la télévision et cherche parmi les plateformes de streaming un film qui pourrait nous intéresser. Il met un film que je ne connais pas, mais selon lui, ça va me plaire. Dès les premières secondes, je comprends que c'est une comédie romantique. Clarke tend son bras vers moi pour que je me rapproche de lui. Il caresse mon épaule alors que le film tourne.

Nous découvrons la relation cachée d'une adolescente aisée avec un garçon de la même classe sociale, cependant, il est du genre mauvais garçons. C'est une source à problèmes et à dangers, mais la protagoniste ne semble pas être contre. Elle découvre grâce à lui des sensations qu'elle ne connaissait pas, des lieux magnifiques, et lui est prêt à tout pour la garder près de lui : il aime lui faire découvrir des choses, il aime se sentir important pour elle. Il mettrait le monde à feu et à sang si c'était pour la sauver. Cependant, lorsque les parents de la protagoniste l'apprennent, elle a interdiction de le voir. Un vigile la suit à chaque instant pour s'assurer qu'il ne s'approche pas d'elle. Les deux sont malheureux et vivent très mal cette séparation forcée, mais le protagoniste décide de briser les codes. Un soir, à la fin des cours, il l'attend et la traine avec lui dans sa voiture. Ils se retrouvent enfin heureux, mais ce n'est pas encore fini, ils doivent fuir et c'est ce qu'ils font, ils fuient pour vivre leur amour librement.

- Tu voulais me faire passer un message ?, ris-je alors que le générique de fin s'enclenche.

- J'aurais pu, mais non parce que je ne prendrais pas autant de temps pour avoir l'idée de me barrer avec toi, réplique-t-il en souriant.

- Tu penses que Ben pourrait l'accepter un jour ? Si ça dure, je veux dire !

Clarke rit et se tourne vers moi, il saisit mes joues et m'embrasse.

- Il faudra du temps, mais si comme tu dis « ça dure », il l'acceptera.

- Tu as pu parler avec Ezra ?

- Il m'a évité toute la journée, mais le connaissant, il ne dira rien à Ben.

- Tu sais Clarke, tu m'aides beaucoup à supporter tout ce qui se passe en ce moment. Je te remercie pour tout ce que tu fais, admets-je en plongeant mon regard dans le sien.

- C'est moi qui devrais te remercier. Grâce à toi, je refais confiance et pour une fois, j'ai l'impression d'en valoir la peine.

- Tu en vaux la peine, affirme-je en saisissant son visage.

Le regard de Clarke s'abaisse vers ma bouche un peu plus bas, il louche dessus et remonte vers mes yeux. Ses mains saisissent mes hanches et, sans prévenir, il m'embrasse fougueusement. Je tombe à la renverse sur le canapé tandis qu'il ne cesse ses baisers. Ses mains bougent sur mon corps, le caressant et le titillant, je frémis à son contact. Et là, j'ai compris que mon corps ne peut plus faire machine arrière, il en a besoin à présent, il est avide de Clarke et veut découvrir ce qu'il a à m'offrir.