Mes yeux papillonnent, la lumière du jour m'aveugle pendant quelques secondes, mais je m'y adapte. La soirée de la veille me revient en mémoire. Nos baisers langoureux avec Clarke me frappent, cette tension qui a enfin eu raison de nous. Je me sens bien, je sens que nous avons passé une étape importante, j'espère juste que nous allons parvenir à y garder secret. Si Ben l'apprend, il en voudra à Clarke de batifoler avec moi et m'en voudra d'apprécier son meilleur ami. Néanmoins, j'essaye de ne pas penser aux mauvaises choses qui pourraient arriver. Je ressens encore ses lèvres sur les miennes, la chaleur de son corps, sa hargne et toutes les émotions qui nous ont traversés durant ces baisers : de la culpabilité, de l'envie, de la passion, de la colère et peut-être même une once d'amour. Cependant, je ne m'emballe pas. Clarke est assez compliqué comme garçon, je ne me fais pas d'idée, peut-être que je ne suis qu'une passe pour lui, un objectif ou tout simplement, j'attise son attirance pour le danger et les problèmes.

Je décide de rejoindre mon frère dans sa chambre après cette longue réflexion pour m'assurer qu'il va bien. Ce n'est pas parce que Clarke et moi avons décidé de tenter de faire quelque chose que je l'oublie. Ben est une priorité, il doit aller mieux et je dois m'en assurer si je ne veux pas que tout dérape. Quand j'y repense, si mes parents nous voyaient, ils décèderaient sur place. Je frappe contre le bois de la porte et ouvre délicatement, il dort encore. Je m'approche de lui et lui caresse les cheveux pour le réveiller. Mon frère sursaute et quand il réalise que ce n'est que moi, il se calme.

- On t'a déjà dit que tu ressemblais à maman ? râle-t-il dans l'oreiller.

Je ne peux m'empêcher un rire. Il grogne avant de s'allonger sur le dos en soufflant.

- Je fais si peur que ça ?

Ben m'envoie un oreiller dans le visage que je récupère de justesse. Nous échangeons en grand sourire avant qu'il ne me prenne dans ses bras. Nous nous serrons si fort que pour ma part, j'ai du mal à respirer. C'est comme s'il ne voulait plus me lâcher, par peur de me perdre.

- Je suis si fière de toi, Ben, tu as tenu, affirme-je en caressant le haut de son dos.

- Moi aussi, je n'y serais jamais arrivé sans vous.

- Tu n'as pas eu besoin de nous, Ben, nous étions juste là au cas où nous n'avons servi à rien, rétorque-je.

Il me serre un peu plus fort, je l'imite avant qu'il ne se recouche sur le dos. La porte s'ouvre soudainement, sur une tête aux cheveux bouclés, Louis a déjà l'air en pleine forme.

- Ça vous dit soirée chez les Harrington ?

Je lance un regard interrogateur à Ben qui déglutit. Je lui prends la main pour lui montrer ma présence, il me sourit en échange.

- À condition que tu restes avec moi, me dit Ben d'un ton solennel.

Je hoche la tête avec un immense sourire et Louis saute de joie. Il court sur nous et bondit dans le lit, il nous encercle de ses bras et nous serre fort en nous remerciant et en répétant ô combien nous sommes géniaux. Le blond s'éclipse ainsi de la chambre, je décide de l'imiter après avoir fait un doux baiser sur le front de Ben. Il m'offre un ultime sourire et je quitte la pièce. Curieuse, je m'approche de la porte de la chambre de Clarke, j'hésite à entrer. Mes pensées négatives refont surface : et si ce n'était qu'un jeu pour lui ? Et si je n'étais qu'une fille comme les autres à ses yeux ? Et si ses paroles étaient des mensonges ? Cependant, je balaie ces idées de mon esprit en entrant dans la chambre. Clarke dort encore, sur le ventre, me laissant voir les quelques tatouages qui parsèment son dos.

Je verrouille la porte dans mon dos et me dirige à pas feutrés vers lui. Je m'assois à côté de lui et hésite avant d'embrasser sa joue. Ses yeux papillonnent, il sourit en me voyant. Un sourire, à moitié endormi et provocateur, qui en ferait fondre plus d'une. Il lèche sa lèvre inférieure avant de saisir ma taille pour me ramener à lui. Clarke se retrouve sur le dos et moi, sur son torse nu. Aussi proche, la tension est encore plus forte. Je frémis lorsque ses doigts se glissent sur la peau de ma taille.

- Bonjour la nouvelle, fait-il d'une voix rauque très attirante.

Je lui souris en guise de réponse, complètement hypnotisée par sa beauté naturelle. À l'aide d'une de ses mains, il replace une mèche de mes cheveux et caresse ma joue. Il est tellement beau. Clarke laisse trainer son regard sur ma bouche, il humecte une nouvelle fois ses lèvres et, sans le laisser attendre, je fonds sur lui. Je saisis son visage et l'embrasse fougueusement. Il répond à mon baiser en passant sa langue dans ma bouche, je l'imite. Sa main agrippe mes fesses pour m'appuyer davantage contre lui ; surprise par son geste et son corps qui réagit aussi rapidement, je m'éloigne en me redressant. Il me regarde étrangement.

- Qu'est-ce que tu as ?

- Je...

Les mots ont du mal à sortir, j'ai du mal à l'admettre.

- Je n'ai jamais rien fait, et je ne me sens pas encore prête.

Clarke se redresse et saisit mon visage en coupe. Il m'oblige à le regarder malgré la once de culpabilité et de honte qui anime mon regard.

- Je m'en fous, j'attendrai le temps qu'il faut, m'intime-t-il d'un air sincère.

J'acquiesce et à présent, moins détendue, je me lève pour quitter la chambre.

- Ce soir, on va chez les Harrington, je crois. Je vais rejoindre Louis.