Chapitre 8 : Insomniaque

(A lire avec Bad Habit de The Kooks --> Voir médias).

Un flot de questions parasites embrument mon esprit constamment. Je suis obnubilée par Harry. Par tous les secrets qui le concernent. Par sa blessure à l'épaule qu'il a eu de je ne sais quelle manière. Par cette virée en voiture qui m'a laissé dans un drôle d'état.

Je me sens différente depuis Vendredi soir. Le rencontrer m'a totalement bouleversée. J'étais à des années lumières de me douter que mon voisin était quelqu'un de si peu ordinaire. Quelqu'un qui m'a fait connaître, en l'espace de trois jours, une palette d'émotions incroyables. Parmi toutes ces émotions, celle qui demeure ancrer à l'intérieur de mon être est la curiosité. Je ne peux m'empêcher d'être curieuse. Tout le temps. A chaque seconde. Ce gars m'attire. Ses secrets m'attirent. Tout ce qui se lie à lui m'intéresse.

J'aimerais pouvoir le percer à jour. Et je me donnerais tous les moyens nécessaires pour y parvenir.

Mais je n'ai aucune idée de par où commencer. Je ne sais même pas quand je pourrais le revoir. Je n'ai aucune raison d'aller toquer chez lui ou même de lui envoyer un message. Ça se trouve, il n'a pas l'intention de reprendre contact avec moi. Peut-être que je n'étais qu'une petite distraction pour le week-end. Ça ne m'étonnerait pas après tout, mais ça ne serait pas logique. Pas après la soirée de Samedi. Il m'a demandé d'être sa coéquipière, il m'a fait entrer dans une partie de sa vie qu'il garde visiblement dissimulée. Je ne vois pas pourquoi il aurait pris le risque de m'inclure là dedans pour m'en retirer aussi rapidement. C'est juste illogique. Et Harry ne semble pas être quelqu'un d'irréfléchit. Au contraire, je suis persuadée qu'il est avisé.

Encore une fois, je n'arrive pas à dormir. Ces putains d'insomnies persistent et elles ne semblent pas décidées à me laisser ne serait-ce une nuit de répit. Un coup d'oeil sur mon portable m'indique qu'il est minuit trente. Il n'est pas encore très tard, mais le temps que je passe à me tourner et me retourner dans mon lit semble passer cent fois moins vite.

Je balance une fois de plus la couverture qui me recouvrait sur le matelas et me lève. J'enfile rapidement un long gilet et me dirige à ma fenêtre. Je l'ouvre et m'accoude à cette dernière, regardant ce que s'offre à moi. Comme par hasard, la vue donne sur le balcon d'Harry. Tout, même l'orientation de ma fenêtre, semble vouloir me le ramener en mémoire. Et ça ne manque pas. Une fois de plus, mon voisin est la seule chose qui occupe mes pensées.

Il y a de la lumière dans sa chambre, je suis capable de la voir au travers des rideaux tirés. Et je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'il fait. S'il lit, s'il traine sur son ordinateur ou sur son téléphone, s'il textote avec quelqu'un, s'il rêvasse, s'il écoute de la musique, s'il se prépare à aller en soirée, s'il mange ou boit quelque chose, s'il à conscience de la curiosité qu'il suscite chez moi.

Je m'accoude au rebord de la fenêtre et soupire longuement. Mon regard se porte vers le ciel presque sans étoile. Ça me rappelle Samedi soir lorsque nous avons filés sur l'autoroute au milieu du noir de la nuit. C'était tellement... Stimulant. Je n'ai jamais rien ressentis de tel auparavant. C'était complètement dingue et je dois avouer que j'aimerais ressentir les sensations que j'ai eu dans cette voiture une seconde fois.

Un bruit de fenêtre qu'on ouvre me sort de mes pensées. Je baisse les yeux et découvre Harry sur son balcon, une cigarette suspendue aux lèvres. Il passe une main dans ses cheveux, l'air nonchalant avant de poser ses yeux sur moi. Il a l'air étonné de me voir là, face à lui.

Il lève la main dans les airs, me saluant d'un geste simple. Je reproduis son geste tel un robot. Harry me sourit et recrache la fumée de sa cigarette dans les airs. Je vois un léger sourire apparaître sur ses lèvres alors qu'il sort quelque chose d'une des poches du jogging qui tombe sur ses hanches. Il semble y rédiger un message avant de ranger l'objet à sa place initiale. Le regard ténébreux du brun se reporte sur moi et il écrase sa cigarette sur les dalles de son balcon.

Quelques secondes plus tard, j'entends mon portable sonner dans ma chambre. Je quitte Harry des yeux et vais chercher mon téléphone caché dans le dédale des plis de ma couette. Je le retrouve rapidement et lis le message qu'on vient de m'envoyer.

Harry : Rejoins-moi dehors.

Mon sang ne fait qu'un tour et je n'attends pas une seconde de plus pour exécuter sa demande. Un bref coup d'oeil en direction de ma fenêtre m'apprend qu'Harry a quitté son balcon. Je sors de ma chambre et je descends rapidement en veillant tout de même à ne pas faire de bruit. Au rez-de-chaussée, je chausse une paire de basket et je sors finalement de chez-moi.

Il n'y a aucun bruit dehors et je ne vois pas Harry. Je m'approche de chez lui en regardant tout autour de moi, toujours mon portable en main. Le silence de la nuit et le peu d'éclairage ne me rassurent pas. L'obscurité m'oppresse et mon cœur bat à m'en décrocher les côtes. Une main se pose sur mon épaule et je sursaute de surprise. Je me retourne et me retrouve évidemment face à Harry qui, vu son sourire en coin, semble content de m'avoir fait peur.

-Salut, Gamine.

-Salut, Idiot.

Il ricane en laissant retomber sa main le long de mon bras. Je sens ma peau picoter à l'endroit où ses doigts glissent, comme si une réaction chimique se produisait au contact de nos deux peaux.

-Ça va ? Demande-t-il.

-Je vais bien. Et toi ?

-Tranquille. On ne dormait pas, à ce que je vois.

-Effectivement, je ne dormais pas.

-Tu as cours demain, pourtant.

-Je suis insomniaque, si tu veux tout savoir.

-Ah oui ? On va bien s'entendre alors.

Il m'offre un énième sourire. Ses doigts arrivent au niveau de mon poignet et s'enroule autour.

-Suis-moi, murmure-t-il.

Il m'emmène à l'arrière de mon jardin. Les lampions illuminent la pelouse et la petite terrasse. Le claquement de nos pas sur les lattes en bois me rappelle que mes parents dorment à l'étage et que le moindre bruit trop élevé pourrait les réveiller. Et je crois qu'il est inutile de mentionner le fait que je ne veux pas que ça arrive.

Harry s'approche de la piscine creusée et s'agenouille au bord. Il trempe sa main dans l'eau, testant sa température. Mon voisin se retourne vers moi, un sourire en coin. Il me fait un signe de tête, m'intimant de m'approcher.

-Tu viens piquer une tête ? Demande-t-il.

-Quoi ?

-L'eau est super bonne. Ça serait bête de ne pas en profiter !

Harry se relève promptement et retire son tee-shirt.

-Attends, tu vas vraiment y aller ? Je m'étonne.

-Bien sûr que oui ! Et toi, tu viens ?

-Je ne sais pas. Il est tard.

-Justement, les bains de minuit, c'est top !

Il retire son pantalon et je détourne mon regard. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, je ferais mieux de retourner dans ma chambre et d'essayer de dormir. Ouais... C'est stupide. Il est clair que je n'arriverais pas à m'endormir, alors autant passer le temps.

Quelques secondes plus tard, j'entends Harry sauter dans l'eau. Une multitude de gouttelettes atterrissent sur moi.

-Hey ! M'exclamé-je. Tu m'as toute mouillée !

-C'est le but. Tu n'as plus qu'à venir te venger, Alex.

-Compte sur moi !

Je me déshabille le plus rapidement possible, ne gardant que mon haut de pyjama en plus de mes sous-vêtements et je saute dans la piscine. L'eau est bien plus chaude que je n'aurais pu l'imaginer. La douceur de cette dernière m'enveloppe et je suis amenée à me demander pourquoi je ne viens pas me baigner plus souvent. Je veux dire, c'est tellement relaxant. Je remonte finalement à la surface et plaque mes cheveux en arrière. Harry me regarde, en souriant de toutes ses dents. Ce gars à toujours le sourire, c'est incroyable. Je m'approche de lui et l'asperge d'eau jusqu'à ce qu'il soit aveuglé. Je rigole comme une idiote lorsqu'il place ses mains devant lui pour se protéger .

-Tu ne paies rien pour attendre ! S'écrit-il.

Il s'approche de moi et m'attrape au niveau des hanches. Il me soulève et me balance dans l'eau un peu plus loin en lâchant un râle guttural, sûrement à cause de son épaule. Je ne m'y attendais pas, et avec le peu de chance que j'ai, j'avale la tasse. J'émerge en toussant à m'en cracher les poumons. Harry se tord de rire, malgré qu'une de ses mains soit posée sur son épaule blessée. Quel enfoiré ! Quand mes quintes de toux s'atténuent, je lui dis :

-Ne te moque pas de moi, imbécile ! J'aurais pu me noyer !

-Bien sûr que non. Et puis si ça avait été le cas, je serais venu te sauver.

Son éternel sourire s'évanouie, laissant place à une expression dure sur son visage.

-Je ne laisserais personne mourir par ma faute, ajoute-t-il.

Sa phrase me fait froid dans le dos. Pourquoi a-t-il trouvé utile d'ajouter ces mots ? Je reste paralysée à quelques mètres de lui, incapable de faire autre chose que respirer. Harry ferme les yeux et contracte sa mâchoire un instant. Je sens la chaire de poule s'élever sur ma peau et je ressens une étrange sensation d'insécurité.

Quand ses paupières s'ouvrent à nouveau, je découvre une paire d'iris noire. Je ressens immédiatement le besoin de m'éloigner de lui. D'une manière ou d'une autre, il m'a terrifiée. Ma respiration s'accélère, comme si j'étais en présence d'un prédateur.

Harry semble voir mon malaise puisqu'il tente un petit sourire pour me rassurer. Mais ça ne marche pas. Je vois dans ses pupilles un aspect qui m'était inconnu jusqu'à présent.

-Tu es sûre que ça va, Alex ? Tu es toute pâle.

-Ouais... Tout... Tout va bien.

Harry s'approche de moi et mon sentiment de mal être s'accentue. Je n'arrive pas à bouger et je me sens complètement impuissante. Le brun arrive à mon niveau, ne laissant que quelques centimètres entre nos corps. J'ai cette désagréable impression que je vais me mettre à suffoquer d'une minute à l'autre s'il ne s'écarte pas de moi. Il lève la main vers moi et replace une mèche qui me tombait sur le visage derrière mon oreille. Il effleure rapidement ma joue de ses doigts avant de laisser retomber sa main dans l'eau.

-Je blaguais, Alexie. Tu peux te détendre, je ne suis pas un tueur ou quelque chose dans le genre.

Il ricane doucement à sa remarque quelque peu étrange. Je le regarde, les yeux à moitié écarquillés, ne sachant quoi faire. J'ai certainement l'air d'une folle. Et c'est probablement ce que je suis. C'est vrai, pourquoi ai-je fait un amalgame d'idée autour de sa phrase ? Elle n'avait rien d'ambigüe. C'était une blague, comme il vient de le dire. Ou une volonté de me faire flipper. Et si c'est ça, alors c'est totalement réussi.

-Ouais, désolée. Je suis quelque peu sur le qui vive depuis... Samedi soir, avoué-je. Cette histoire de coéquipier m'intrigue tellement. Tout ça a dû me monter à la tête, je suis désolée.

-Ça va, Alex. Il n'y a pas de problème. J'adore te taquiner, je crois que tu l'as compris. J'y vais peut-être un peu fort de temps en temps, excuse-moi.

-Tu vas m'en dire plus quand ? Je ne peux empêcher ma question.

J'ai sorti ça comme ça, sans vraiment prendre le temps de réfléchir à ma demande.

-Impatiente, à ce que je vois, susurre-t-il. Pas tout de suite en tout cas. Je crois que je t'ai déjà assez fait peur pour la nuit. Tu ne penses pas ?

Il a sûrement raison.

-Je le saurais quand, alors ? Je demande.

Harry s'apprête à me répondre, lorsqu'au dessus de nous, nous entendons le bruit d'un store électrique. Nous relevons instinctivement la tête pour voir la fenêtre du bureau s'ouvrir. Les têtes de mes parents en sortent, l'air fatigués et quelque peu énervés. Putain de merde. Je m'enfonce dans l'eau jusqu'au menton, et jette un coup d'oeil à Harry. Il a l'air tout autant démuni que moi.

Chopés.

Aucun de nous n'ose dire un mot, et mes parents se contentent de nous observer. J'ai le cœur gros et une boule s'est formée dans ma gorge. Ils vont m'engueulée, c'est certain. Et pas qu'un peu.

Mon regard croise celui de mon père et ce dernier se contente de soupirer. Quelques secondes après, mes parents ferment la fenêtre puis le volet. La tension retombe finalement, mais mes pulsations cardiaques sont toujours rapides.

Je jette un œil à Harry qui se met à rire comme un imbécile. Je l'éclabousse, énervée que nous nous soyons faits surprendre.

-Arrête de rire, Idiot ! Je vais me faire engueuler.

-Oh ça va, Alex. C'était énorme ! Tu as vu leur tête ?

-Oui, je les ai vu. Et c'est bien pour ça que je m'inquiète, figure-toi.

Je secoue la tête et me dirige vers le bord de la piscine. Je sors de cette dernière rapidement et récupère mes affaires. Harry me rejoint, et se place face à moi. Son grand corps presque complètement dénudé et dégoulinant d'eau me met mal à l'aise. J'ai horriblement envie de le mater, pour être honnête. Mais ses yeux braqués sur moi me détournent de cette idée.

-Je vais rentrée, dis-je.

-Oui, il vaudrait mieux, ricane-t-il.

-Bonne nuit.

Je me retourne et m'éloigne de lui. Mais à peine ai-je fais deux pas que je sens la poigne d'Harry se resserrer autour de mon biceps.

-Attends, souffle-t-il.

Il s'approche de moi, collant pratiquement son torse contre mon dos. Je sens sa respiration s'abattre sur la peau humide de mon cou.

-J'aimerais qu'on se voit, ce soir, quand tu rentreras des cours. On doit parler d'un certain nombres de choses, tous les deux.

Sa voix grave et incroyablement profonde m'électrise totalement. Ma respiration se coupe un instant et j'avale ma salive.

-D'accord ? Insiste-t-il.

J'acquiesce rapidement avant de m'arracher à son étreinte et de m'éloigner définitivement de lui...

***

Heyy mes Amours ! 

Voilà le chapitre 8 ! Je tenais juste à vous dire que je posterais bientôt quelque chose concernant PP. 

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