Chapitre 6 : Virée
Chapitre 6 : Virée
(A écouter avec How Deep Is Your Love --> Voir médias).
Quoi ?
Je le fixe encore et encore. C'est la seule chose que je suis capable de faire à l'instant. Je n'arrive pas à comprendre le sens de sa phrase. Sa coéquipière ? Que diable entend-il par là ? Que cela veut-il dire ? Et surtout, pourquoi pensait-il qu'il était trop tôt pour m'en parler ? Pourquoi ai-je du insister pour qu'il me dise le fin fond de sa pensée ? Pour qu'il me parle de cette histoire incompréhensible ? Et pourquoi me regarde-t-il avec cet air désemparé ? Cet air qui signifie « j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ». Mais non, ce n'est pas le cas. Il fallait qu'il le dise, c'est ce que je voulais. C'est moi qui l'ai obligé à me dire cette chose qu'il ne voulait finalement pas me confier pour l'instant. Il a dit que c'était trop tôt, que je n'étais pas encore prête à entendre cela. Que j'allais m'enfuir s'il m'en parlait maintenant. Mais comme je suis totalement incapable de comprendre le sens de cette phrase comment aurais-je pu avoir envie de partir en courant ?
Je ne comprends pas. Je veux qu'il m'en dise plus, mais il reste aussi muet que moi. Les seules choses que nous nous transmettons passent par nos regards. Un regard appeuré pour lui, un regard perdu pour moi. Ses doigts serrent fermement mes poignets, comme s'il avait peur que je m'enfuis s'il baissé ne serait-ce qu'une seconde sa garde. Mais je ne veux pas partir. Je veux qu'il m'explique, je veux comprendre ce qu'il entend par « coéquipière » et qu'il m'explique tout ce qui va avec.
Ses iris vertes me scrutent intensément, et je peux dire qu'il est inquiet.
-Dis quelque chose, s'il te plait, souffle-t-il.
J'ai la gorge serrée, je ne suis pas sûre d'être capable de dégoiser un mot. Son inquiétude m'alarme encore plus. Qu'est-ce qu'il y a de si grave dans tout cela ? Pourquoi devient-il si dramatique ? Pourquoi a-t-il tout simplement peur ?
-Comment ça « coéquipière » ? Je demande après avoir pris une profonde inspiration.
-C'est compliqué...
-Pourquoi tout est toujours compliqué avec toi, Harry ? Je suis assez intelligente pour comprendre et je veux savoir.
-Non, crois-moi, tu ne préfères pas savoir. Pas tout de suite, du moins.
-Comment ça « pas tout de suite » ? Tu avais prévu de m'en parler plus tard ?
-En quelques sortes, oui.
-Mais quand ça ?
-Je ne sais pas encore, lorsque j'aurais trouvé le moment propice. Et ce n'est pas maintenant, pas ce soir. C'est trop tôt. On... On se connait à peine.
-J'ai besoin de savoir. Tu dois m'expliquer.
Il contracte sa mâchoire, son regard complètement bouleversant concentré sur moi. Je ne l'avais pas remarqué jusqu'à maintenant, mais nous sommes incroyablement prêt. Trop prêt pour deux personnes qui ne sont pas intimes entre elles. Nos expirations se mélangent, son nez frôle presque le mien.
-Je ne peux vraiment pas.
Son souffle s'abbat sur mes lèvres.
-Tu ne comprendrais pas, Alex.
-Pourquoi ?
Il soupire et secoue la tête vivement. Son nez touche le mien une fois et il arrête immédiatement de bouger. Je vois dans ses yeux qu'il vient de s'apercevoir de notre proximité. Il s'éloigne un tout petit peu, ses mains toujours enroulées autour des mes poignets.
-Il faut être dans le truc, pour comprendre, affirme-t-il.
-Alors fais-moi entrer dedans.
-Ce n'est pas si simple. C'est un vrai engagement.
Il lâche un de mes poignets et replace une de mes mèches derrière mon oreille. La puissance et l'intensité de son regard, notre proximité et ses légers touchés me mettent mal à l'aise. Mon cœur s'emballe tellement que j'ai l'impression qu'il va exploser en un million d'éclats dans ma poitrine. En un million de morceaux palpitants et rougeoyants qui ne pourront être soudés à nouveau.
-S'il te plait, explique-moi et je serai ta coéquipière.
Harry lâche un petit rire adorable qui creuse ses joues de deux fossettes improbables.
-Tu ne devrais pas t'engager si rapidement. Ne dis pas des choses que tu pourrais regretter la seconde d'après.
-Je ne regrette jamais ce que je fais.
-Mais il y a une première fois à tout, réplique-t-il.
-Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que ce que tu caches est mauvais ? Je demande.
-C'est parce que c'est le cas, Alex. Je dirais même dangereux.
-Mets-moi en danger, alors.
Il me regarde sérieusement, alors que son souffle continue de s'abattre sur mes lèvres entrouvertes. Je ne pense pas ma phrase. Je n'ai pas envie d'être mise en danger par qui que ce soit. Mais ma curiosité l'emporte sur mon bon sens et je serai prête à dire n'importe quoi pour savoir ce qu'il cache.
-Très bien, je vais te montrer, alors, déclare-t-il finalement. Monte.
Un frisson d'appréhension me traverse l'échine. Je sens mes jambes se figer et je suis incapable de bouger. Va-t-il réellement me mettre en danger ? Il s'écarte de moi et ouvre la porte passagère de son auto. Mais je ne bouge pas et continue de fixer Harry. Ce dernier s'aperçoit de ma paralysie et reprend d'une voix qui se veut douce :
-Monte, Alexie.
Je déglutis et finis par obéir. Je monte dans l'auto et ferme la porte derrière-moi. Je m'attache, les doigts tremblants. Que va-t-il me montrer ? Pourquoi lui ai-je demander de me mettre en danger ? Sûrement parce que je n'aurais jamais pensé qu'il le ferait. Harry entre à son tour dans la voiture, s'attache, enclenche le moteur et démarre au quart de tour.
-Où va-t-on ? Je questionne.
-Nul part et partout à la fois. On s'en fout de là où on va.
Il quitte le quartier et en moins d'une minute, nous nous retrouvons sur l'autoroute quasiment vide. Ce qui est étonnant, puisqu'il est à peine vingt-trois heures trente.
-Tu es sûre de toujours vouloir que je te montres ? Demande mon voisin d'une voix profonde.
J'opine faiblement, incapable de verbaliser mes pensées. J'ai déjà peur. Je ne sais pas ce qu'il appelle dangereux. Et je ne suis pas vraiment sûre de vouloir le savoir. Mais je ne peux pas me dégonfler, je perdrais toute crédibilité, toute fierté. Je ne veux pas que ça arrive. Oui, je suis très probablement dingue pour le laisser me mettre en danger pour des raisons si pitoyables.
-Je veux que tu le dises. Que tu en aies pleinement envie. Je ne veux pas que tu me le reproches plus tard, Alexie.
-Vas-y. Je veux que tu me montres.
Son regard émeraude rencontre le mien et un sourire se dessine sur ses lèvres.
-On y va, alors.
En moins d'une seconde, je me retrouve plaquée contre mon siège à cause de la vitesse qu'à pris le véhicule en un temps si restreint. Et elle ne fait qu'augmenter, cette vitesse. Encore et encore. Dépassant de loin le seuil autorisé sur les autoroutes. Harry appuie sur l'accélérateur comme si ça vie en dépendait. La voiture file dans l'air froid du soir et je sens la peur me submerger. La route n'est pas éclairée, j'ai l'impression de foncer dans les ténèbres. De me jeter dans un brouillard noir, épais, dangereux. Et ça m'angoisse. Je jette coup d'oeil à l'indicateur de vitesse : il affiche plus de cent-quatre-vingt kilomètres par heure. Si une voiture se trouve sur la route devant nous, nous risquons de la percuter. Avec cette vitesse et cette obscurité l'accident semble inévitable. Je me crispe à cette idée et m'agrippe fermement à ma ceinture comme si cela pouvait me protéger. Putain mais que fout Harry ? Veut-il nous tuer ?
Je lui jette un coup d'oeil et il semble aller parfaitement bien. Il sourit en plus, ce con. Il est à peine tendu alors que je suis tétanisée et incapable de bouger un doigt.
Il accélère encore et je sens mon cœur faire une embardée dans ma poitrine.
Je ne me sens pas bien, j'ai envie de descendre de cette voiture immédiatement. Les traits blancs du marquage au sol sont les seules choses auxquelles je peux me référer pour me rendre compte de la vitesse. Ils passent à une allure folle à côté de nous. Ils forment pratiquement une ligne continue, tant nous roulons vite.
Cent-quarte-vingt-dix kilomètres heures.
Le bruit du moteur de la petite voiture ne semble plus capable d'endurer une telle vitesse, il fait un bruit abominable. Un bruit sauf rassurant, si vous voulez mon avis. J'ai envie de lui crier de ralentir, mais pour une raison ou une autre, j'en suis incapable.
-Tu vois ça ? Crie Harry pour couvrir le bruit de la voiture. Ce que tu ressens dans ta poitrine ? Ton cœur qui bat vite, le sang qui pulse rapidement dans tes veines ? C'est l'adrénaline. C'est ça que je recherche.
-Tu penses que je peux comprendre maintenant ? Je suis assez dans le « truc » à ton goût ?
-Presque...
Harry baisse les vitres et le vent froid s'infiltre immédiatement dans la voiture, me fouettant furieusement le visage. Mon cœur bat encore plus fort. L'adrénaline, il dit ? Si c'est ça l'adrénaline, je n'en ai jamais eu avant. Jamais.
-Passe ta tête par la fenêtre, Alex ! S'exclame-t-il.
-Quoi ? Je m'écris.
-Fais ce que je te dis !
Je dessers progressivement mes doigts de la ceinture de sécurité et me penche légèrement vers la fenêtre. Mes cheveux s'envolent et m'arrivent sur le visage, me brouillant la vue. Je les dégage rapidement et respire un grand coup l'air frais. Ça me fait du bien. Beaucoup de bien. Un bien fou, même. Un frisson me traverse de la tête aux pieds et je fais passer complètement ma tête à l'extérieur de la voiture.
-Tu te sens comment ? Hurle Harry.
-Bien, en fait. Je me sens vivante !
-Exactement, Alex ! On se sent vivant ! C'est tout l'intérêt de faire ce genre de chose. Là, je pense que tu es assez dans le truc pour comprendre !
Je sens la voiture décélérer progressivement, jusqu'à ce qu'elle reprenne une vitesse de croisière normale. Les battements de mon cœur se régularisent doucement, eux aussi.
-Tu vas m'expliquer maintenant ? Lâché-je, impatiente.
-Non, pas ce soir. Je dois te raccompagner chez-toi, il est presque minuit.
Nous sortons de l'autoroute à la sortie suivante. Je ne sais à combien de temps nous sommes de chez nous. Les dernières minutes ont été si intenses, je n'ai pas fait attention à la distance que nous avons parcouru.
-Alors c'est tout ? Insisté-je. Ce sont les seules infos auxquelles j'aurais le droit ce soir ? Ça ne me dit en rien pourquoi tu veux que je sois ta coéquipière. Et ta coéquipière pour quoi d'ailleurs ?
-Je t'en parlerai un autre jour, Alexie. Aujourd'hui, ce n'est vraiment pas le moment.
-De quoi as-tu peur, au juste ? Que je ne veuille plus te parler une fois que tu m'auras tout expliquer ? Ne fais pas comme si tu te préoccupais de moi. Tu t'en fous qu'on se parle ou non. Et moi aussi, d'ailleurs. On s'en fout tous les deux parce que nous sommes rien de plus que des voisins. Au pire, que se passe-t-il ? Je n'accepte pas d'être ta coéquipière ? Je ne vois pas où est le problème.
-Non. Tu en parles à tes parents, qui en parleront aux miens, lance-t-il.
-Je n'arrive pas à le croire ! Jamais je n'irais raconter quoique ce soit à mes parents !
-Je blague, Alex. Je le sais très bien. Je ne peux pas juste balancer ça comme ça.
-Pourquoi pas ?
-Tu me fais chier, là. Ça ne sert à rien d'insister, tu ne sauras rien de plus ce soir. Je t'ai déjà donné beaucoup d'indices.
Je me renfrogne et croise mes bras sous ma poitrine. Ce qu'il est têtu... Presque autant que moi.
Les dernières minutes du trajet se font en silence. Mais ça ne me gêne pas plus que ça. J'admire la ville plongée dans l'obscurité et je trouve ça magnifique. Le ciel est étoilé, apportant une lègère lumière pâle à ce dernier.
Nous arrivons dans notre quartier et je me sens soulagée. Je ne suis pas morte sur cette putain d'autoroute ! Harry se gare devant chez moi et je ne perds pas une seconde pour me détacher et sortir de la voiture. Mais à peine debout, je suis obligée de m'appuyer contre le véhicule d'Harry. Mes jambes sont en coton, je n'arrive pratiquement pas à tenir debout.
-Merde, jure Harry derrière-moi.
Je l'entends sortir de la voiture et quelques secondes plus tard il est devant moi.
-Ça va ? S'inquiète-t-il.
-Ouais... Mais je n'ai plus aucune force dans les jambes.
-C'est l'adrénaline qui redescend. Ça m'arrive des fois, explique-t-il. Rien de grave, ne t'en fais pas.
-Ça dure combien de temps ?
-Plusieurs minutes. Quelques heures si tu es malchanceuse... Je t'aide à rentrer ? Offre-t-il.
-Je veux bien, oui, merci.
Il passe son bras autour de ma taille et me colle à lui pour m'aider à marcher. Je sais que vce geste n'a rien d'ambiguë, mais je ne peux m'empêcher de frémir. C'est la première fois qu'un garçon me tient si près de lui. Ça me fait bizarre, et j'espère sincèrement qu'il ne le sent pas. Je ne veux pas lui donner une raison de plus pour me traiter de gamine.
Il tourne la tête vers moi et j'ose relever le menton pour le regarder. On se regarde quelques instants et je lui souris amicalement.
-On y va ?
-Oui, bien sûr, répond-il.
Nous commençons à marcher jusqu'à la maison. Harry m'aide beaucoup, il supporte une grande partie de mon poids et je lui suis vraiment reconnaissante. Je me serais sûrement étalée comme une crêpe sur le gazon si je n'avais pas eu son soutient. Nous arrivons à la porte d'entrée qui est déverrouillée. Nous entrons dans la maison et Harry m'aide à monter les escaliers. Ça prend un temps interminable, c'est fou. Ces marches, j'ai l'habitude de les monter deux à deux en courant. Et là, je me sens complètement démunie. Ce tour en voiture en a foutu un sacré coup à mon état. Mon corps et mon esprit n'ont pas l'habitude d'être stimulés et poussés à bout comme ils l'ont été ce soir, et c'est sûrement pour cette raison que je réagis comme ça.
Après deux minutes d'efforts, nous arrivons à l'étage. Harry m'aide encore à traverser le couloir jusqu'à ma chambre et c'est à ce moment là que nous nous décollons. Je prends appuie sur le mur, pour être sûre de ne pas m'écrouler et pose mes yeux sur mon voisin. Il a les mains dans ses poches, il regarde ses pieds, l'air désintéressé.
-On se voit plus tard, alors, dit-il en relevant la tête vers moi.
-J'imagine que oui.
-Dans ce cas, à plus tard, Alexie.
-A plus tard, Harry.
Il m'adresse un petit sourire et fait demi tour, traversant le couloir et descendant par la suite les escaliers. Je prends encore une seconde pour reprendre mes esprits et pénètre dans ma chambre. Une chance que mon lit ne soit pas loin de la porte, je ne suis pas sûre que j'aurais été capable de traverser la pièce. Je me laisse tomber sur le matelas en soupirant. Je m'allonge sur le dos, les bras le long du corps, mes iris braquées vers le plafond. Je me remets en tête tous les évènements de la soirée. L'épisode de la bière, la rencontre des amis d'Harry, la confrontation, la virée nocturne, notre proximité... Ça fait beaucoup en une seule soirée.
Je pose mes mains sur mon front et me mets à sourire comme une idiote.
Putain de merde, je n'arrive pas à l'croire.
***
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