Chapitre 11 : Hanté

A lire en écoutant Haunted de Beyoncé

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De tous les endroits que j'aurais pu imaginer, celui dans lequel m'a amené Harry m'a laissé sans voix. Pas dans le sens où le lieu en lui même est extraordinaire, où quelque chose dans le genre. Non, loin de là. L'endroit où il m'a amené est même plutôt banal en soi. Mais je ne m'y attendais pas. Non, vraiment pas. Enfin, pour être tout à fait honnête avec vous, je ne m'attendais à rien du tout. Je n'avais aucune idée, en entrant de cette voiture, d'où j'allais être conduite.

C'est pourquoi, lorsque nous arrivons à proximité de structures métalliques s'élevant sur des dizaines de mètres, je reste bouche bée. Des petits wagons filent à tout allure sur ces géants d'acier rouges et jaunes, transportant des personnes réduites à la taille de fourmis hurlant à se perforer les poumons.

Je jette un coup d'oeil à Harry qui, avec son sourire, me prouve que ma réaction lui plait.

-J'espère que tu aimes les parcs d'attraction, sourit ce dernier.

Un frisson se glisse le long de mon échine. Si j'aime les parcs d'attraction ? Bien évidemment. C'est l'une des choses que je préfère sur cette Terre. Dès mon plus jeune âge, le terme "parc d'attraction" rime avec rêves à mes yeux.

Harry se gare dans un immense parking plein de voitures, après avoir suivi les indications d'un homme travaillant ici. Nous sortons de l'habitacle et je reste émerveillée par tous les manèges que je suis capable d'apercevoir de là où je suis. Harry passe un de ses bras sur mes épaules et me traine jusqu'à l'entrée du parc.

-J'ai toujours aimé les parcs d'attraction, commence Harry. Et comme toi et moi... On se ressemble, j'étais persuadé que je ne me tromperais pas en t'amenant ici.

-J'adore les parcs d'attraction. Tu n'aurais pas pu trouver meilleure destination.

Harry me remet un ticket et nous faisons la queue pour entrer dans le parc. En attendant que la file avance, il me montre un plan de l'ensemble des attractions. Je lui arrache littéralement le dépliant des mains et je commence à lister tout ce que j'aimerais faire. Mon voisin ne peut s'empêcher de rire face à mon enthousiasme soudain :

-On fera tout ce que tu veux, Alex. De toute façon, j'avais prévu de rester jusqu'à la fermeture.

Je lui souris, toute excitée. Je ne peux m'empêcher de penser que s'il m'a emmené là, c'est pour se faire pardonner. Et j'apprécie beaucoup son geste. Cela veut dire qu'il m'apprécie et qu'il ne veut pas me perdre. Que demander de plus sincèrement ?

-Tu es déjà venu ici ? Demandé-je en refermant le plan du parc.

-Oui, plusieurs fois. A vrai dire, je connais toutes les attractions par cœur. Quand je te dis que j'adore cet endroit, c'est un euphémisme.

Je me mords la lèvre en voyant ses yeux pétiller comme ceux d'un enfant épanouis. Il est vraiment beau, surtout lorsque ce magnifique sourire étire ses lèvres. Il n'a pas besoin de me dire qu'il adore cet endroit, ça se voit comme un nez sur le visage. Il a l'air si heureux d'être ici, que ça me rend instantanément heureuse à mon tour. Je m'autorise à penser que, si il est si joviale, c'est parce que je suis là, avec lui.

Après une dizaine de minutes de queue, nous pénétrons finalement dans le parc. Une atmosphère festive flotte dans l'air, comme dans mes souvenirs. Dans ce genre d'endroit, tout le monde, quelque soit son histoire, laisse ses ondes négatives et ses problèmes à l'entrée pour profiter à fond de sa journée. De mon côté, les dix jours passés sans Harry ainsi que le soir où il m'a raconté son penchant pour les jeux dangereux me semblent bien loin. Je veux profiter un maximum de cette journée, et ne pas me prendre la tête avec cette histoire qui nous a séparé pendant bien trop longtemps à mon goût.

-Alors, par quoi veux-tu commencer ? Demande Harry.

-Je ne sais pas... Surprends-moi !

-Je peux faire ça...

Harry me tire au milieu de la foule vers un endroit bien précis. Il est évidant qu'il connait l'endroit comme sa poche, parce qu'il ne jette pas une fois un œil au plan. Le parc est déjà plein, des tas d'ados courent partout, en criant et souriant. Je ne peux que me sentir bien au milieu de tout ça. Surtout lorsque la main d'Harry sert la mienne comme elle est en train de le faire.

Nous arrivons devant une attraction renfermée dans un bâtiment noir. De la musique s'en dégage faisant vibrer ma cage thoracique. Il y a beaucoup de queue et je comprends rapidement qu'il s'agit d'une attraction phare du parc. D'après les dessins bombés sur les murs du petit bâtiment, je comprends que c'est une sorte de Roller Coaster. Mon cœur se met à battre vite alors qu'Harry m'entraine dans la foule...

***

Il est dix vingt-heures trente, le parc ferme dans seulement trente minutes. Nous avons fait toutes les attractions que je souhaitais faire et j'en suis ravie. J'ai passé une journée formidable avec Harry. Il est tellement intéressant et drôle, aussi. Il est l'ami idéal, en fait. Nous en avons bouffés, des grands huit. En fait, nous les avons tous faits. Les sept qu'il y a dans le parc, on y est passé. Heureusement que Harry avait pris des billets coupe fil, le parc était totalement bomdé. Nous n'aurions pas pu faire le quart de ce que nous avons fait, sinon. A midi, nous avons mangé des burgers et puis nous sommes allés prendre des photos Polaroid pendant la digestion. J'ai maintenant pleins de clichés d'Harry et moi faisant des grimaces et têtes abominables. J'aime ça. L'idée d'avoir l'image de ce beau brun tout sourire dans mon porte feuille.

-On va manger ? Demandé-je.

-Il y a juste une dernière chose que j'aimerais faire avant.

-Quoi ?

En guise de réponse, le brun m'emmène vers une nouvelle attraction. Un espèce de grand manoir, aux volets qui claquent, aux bruits flippants, aux arbres penchés et à la porte d'entrée colossale. Je m'arrête de marcher en voyant cela, une boule se formant dans ma gorge. Je ne peux manquer le fait qu'il n'y a presque pas de queue à cette attraction et qu'il y a marqué en grand : « Interdits aux personnes cardiaques et aux personnes souffrant d'un quelconque autre problème physique. » Je sais exactement ce que renferme ce genre d'attractions. Ce ne sont pas de simples maisons hantées ou nous traversons des décors risibles dans un train-train. Non, dans ce genre d'attractions on marche au milieu de la maison la plus sordide qui existe avec des personnes - incroyablement bien déguisées - qui te poursuivent armés d'une hache. En plastique, certes, mais une hache quand même. Harry se retourne vers moi et me regarde en haussant les sourcils :

-Qu'est-ce que tu attends ? Viens.

-Je ne ferais pas ça, Harry.

-Quoi ? Tu te dégonfles, Gamine ?

Je lui donne un coup dans l'épaule. Il pourra dire ce qu'il voudra, je ne rentrerai pas là dedans. Ce n'est vraiment pas mon truc.

-Allez, Alex, ce n'est pas aussi horrible que ça en à l'air.

A la tête que tire les gens en sortant de la maison, je ne le crois pas le moins du monde. Les femmes sont au bord de la crise de larmes et les hommes sont aussi pales que des linges. Hors de questions que j'aille là dedans, je n'en ressortirais pas vivante. J'exagère à peine.

-Non, Harry. Je n'irais pas.

-Pourquoi pas ?

-Je vais avoir un arrêt cardiaque si j'entre là dedans. Non, franchement, je ne supporte pas être poursuivi par des monstres armés.

-Je serai là pour te protéger, ricane-t-il.

-Ne te moque pas de moi, imbécile.

Il s'approche de moi et m'attire vers lui. J'essaye de garder mes distances et de ne pas me laisser attendrir. Ma vie est en jeu, quand même !

-Allez... susurre Harry. Je suis sûr que tu ne regretteras pas d'avoir eu autant... D'adrénaline.

Mon souffle se coupe dans ma gorge. Voilà qu'il me reparle d'adrénaline. Je comprends immédiatement où il veut en venir et mon corps se tend comme un arc.

-Je te mets au défi d'entrer avec moi.

Cette phrase qu'il vient de me murmurer au creux de mon oreille me paralyse.

-Tu ne peux pas refuser un défi, Alex. C'est la règle.

Il me regarde droit dans les yeux et il sait que ça va me faire craquer. Tout le monde sur cette Terre sait qu'il va me faire craquer s'il continue de me regarder comme ça.

-Je n'ai pas dit oui, Harry. Je... Je ne veux pas y aller.

-Essaye juste une fois, Alex. Une seule fois.

Sa main caresse ma joue et... Pourquoi est-ce que je frissonne ? Pourquoi, petit à petit, je sens ma garde se lever ? Je vais céder s'il continue de passer ses doigts incandescents sur mes pommettes gelées. J'en suis sûre, je le sens.

-Je te tiendrais contre moi, c'est promis, sourit-il en haussant un sourcil.

Malgré tout ce que je pourrais dire, j'ai envie qu'il me tienne contre lui. J'ai envie de me sentir protégée par ses bras musclés. Et c'est pour cette raison toute bête que...

-D'accord. Finissons en, annoncé-je en me dirigeant d'un pas déterminé vers cette satané maison.

Nous entrons immédiatement dans la maison, du fait que personne ne veuille faire cette attraction. Comme promis, Harry garde un bras protecteur autour de mes épaules. Je ne peux m'empêcher d'agripper son pull de peur qu'il s'évapore et me laisse seule au milieu de mon pire cauchemar.

Un type déguisé en serviteur nous fait entrer en nous souhaitant un « bonne chance » que je qualifierais d'épouvantable. A peine les portes se referment derrière nous, que je regrette mon choix. Qu'est-ce qui m'a poussé à accepter déjà ? Ah oui, les doux bras d'Harry...

Ce dernier peine à me faire avancer dans la première pièce plongée dans le noir où de simples faux coup de tonnerre apportent une touche de lumière. Je jure que si un foutu monstre se jette sur moi maintenant, je finis en position foetale accrochée à une des jambes d'Harry. Ridicule, n'est-ce pas ? Oui, j'en ai conscience. Mais que voulez-vous ?

La deuxième pièce est pire. Certes elle est éclairée, mais une femme, habillée d'une robe de mariée ensanglantée surgit d'un coin de la pièce m'arrachant un cris strident. Son cou semble desarticulé et ses yeux translucides me donne la chair de poule. Harry se dépêche de nous faire passer à la pièce suivante.

Plus nous avançons dans les pièces, plus les hommes-monstres - si on peut les appeler comme ça - sont terrifiants. J'ai beau me répéter que ce sont des acteurs, rien y fait, je suis tétanisée. Ça fait bien longtemps que mes deux bras sont enroulés autour des hanches d'Harry et que mon visage est caché dans son pull. Même lui sursaute par moment, c'est pour dire.

Lorsque nous entrons dans la dernière pièce, je crois que je vais m'évanouir. Un homme au visage caché par un masque de hockey, tenant une tronçonneuse à bout de bras se dirige vers nous. C'est un enfer. J'ai l'impression que mon cœur va s'arrêter de battre d'une seconde à l'autre. L'homme à la tronçonneuse à la bonne idée de s'approcher tout près de moi et de poser une de ses mains sur mon épaule. Je hurle comme jamais et cours vers la sortie, me décrochant des bras d'Harry. Quand je sors enfin de ce cauchemar, j'ai besoin de m'asseoir pour reprendre mes esprits et ma respiration. Harry émerge du manoir quelques secondes après moi avec un grand sourire ornant son beau visage. Il s'avance près de moi et s'accroupis pour être à peu près à ma hauteur.

-Premier défi réussi. Félicitation, Alex.

**

Hello tout le monde ! Voilà enfin le chapitre 11, que j'ai eu beaucoup de mak à écrire.

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Question : Que pensez-vous de la façon qu'a eu Harry pour intégrer Alex dans son jeu ?

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