Chapitre 10 : Désordre 

(A écouter avec Shameless de The Weeknd --> Voir médias).

Dix jours se sont écoulés depuis le soir où Harry m'a tout expliqué. Depuis le soir où il m'a expliqué comment, ses amis et lui, prennent un plaisir malsain à se mettre en danger pour avoir de l'adrénaline. Et surtout, une semaine s'est écoulée sans que je ne vois mon voisin de gauche aussi séduisant que terrifiant.

Après tout le temps que j'ai eu pour réfléchir à ça, je reste toujours aussi perdue. Je ne comprends pas pourquoi ils ressentent le besoin de faire ce genre de choses. Ce comportement est tout simplement irrationnel, les raisons de leurs actes m'échappent complètement. Je ne comprends pas comment Harry peut avoir envie de se mettre en danger volontairement dans le seul but de sentir son cœur battre plus vite. Il parle de drogue. Il dit que c'est sa drogue à lui, d'avoir de l'adrénaline. Ce qui sous entend qu'il est addict à ces défis, à ce jeu, à ce truc totalement délirant. Mais je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment on peut être accros à ce genre de chose. Comment on peut ressentir le besoin irrépressible d'avoir de l'adrénaline quitte à se mettre en danger. Ça m'échappe complètement. J'ai beau me tourner et me retourner le cerveau, je ne trouve aucune raison valable.

Mais le pire dans tout ça, c'est que Harry veut m'entraîner dans cette histoire avec lui. C'est qu'il veut m'impliquer là dedans et que je fasse des défis, moi aussi. Dire que ma mère a confiance en lui... Je ne suis pas sûre qu'elle tiendrait le même discours si je lui expliquais les centres d'intérêt de nôtre cher voisin.

Je ne sais pas en quoi consiste exactement les défis qu'Harry exécute, il n'a pas voulu me citer d'exemple. La seule chose que je sais, c'est que l'un d'eux lui à déglingué l'épaule. Son épaule, putain. Il a l'air de souffrir tellement à cause de ça et pourtant... Il veut continuer. Il veut poursuivre ces défis visiblement plus que dangereux. Oui, dangereux. Parce que si cette fois, ça a été l'épaule, ça pourrait très bien être quelque chose de plus important la prochaine fois. Son cou par exemple, ou sa colonne vertébrale. Et une colonne cassée, ce n'est pas le même problème.

Harry est inconscient. Totalement inconscient. Je pensais vraiment que c'était quelqu'un de réfléchis et d'intelligent, mais son comportement prouve l'inverse. Il n'est pas celui qu'il semble être. Il est cinglé.

Je ne pense pas que j'irais lui reparler. Je ne peux pas cautionner ce qu'il fait, c'est certain, mais d'un autre côté, il me manque terriblement. Je ne pourrais expliquer pourquoi je ressens ça, étant donné que nous nous connaissons réellement que depuis deux semaines, mais il me manque. Durant ces dix jours, je me suis sentie vide. Je me suis surprise à épier son balcon en espérant l'y voir fumer une cigarette. Aussi, je me suis proposée plus souvent pour sortir les poubelles ou aller chercher le courrier. En fait, tous les prétextes étaient bons pour passer du temps dehors. J'espérais le croiser ou simplement l'apercevoir sur le perron de sa maison. Mais rien. Pas une trace de lui.

J'hallucine presque lorsque, en ce samedi matin, ma mère vient me réveiller pour m'annoncer qu'Harry m'attend au rez-de-chaussée et qu'il veut me parler.

-Tu ne lui as pas dit que je dormais ? Je ne suis pas prête maman, je ne peux pas aller le voir comme ça ! Je m'exclame lorsque ma maternelle ouvre mes volets, m'aveuglant presque.

Je plonge ma tête dans mon oreiller en bougonnant.

-Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre vous, Alexie, mais s'il est venu, c'est sûrement pour que vous vous expliquiez, dit ma mère.

Je relève la tête, en fronçant les sourcils. Comment s'est elle qu'il s'est passé quelque chose entre Harry et moi ? Je ne lui ai rien dit concernant ce sujet et il ne me semble pas avoir fait d'allusion particulière non plus.

-Il ne s'est rien passé entre nous, je tranche.

-Tu peux berner qui tu veux, Alexie, mais pas moi. Je te connais par cœur. Je vois bien qu'il se passe quelque chose, tu n'es plus la même depuis la semaine dernière. Et ça correspond à la dernière fois où tu as vu Harry.

Ma mère est une sacré observatrice. Je ne sais pas comment elle a fait pour si bien analyser la situation en étant à la maison que quelques heures par jours. C'est peut-être parce qu'elle me connait par cœur, comme elle dit. C'est vrai que j'avais une mine renfrognée cette semaine, même un aveugle aurait pu le remarquer.

-Lève-toi maintenant, il va s'impatienter, insiste ma mère.

Je soupire et me lève finalement. Je ne sais pas ce que je vais lui dire, mais j'ai envie de le voir. Il m'a trop manqué. Et je m'en fous de ce que vous pouvez penser, je n'ai de compte à rendre à personne. Je ne prends pas la peine de m'habiller et sors de ma chambre en pyjama. Je ne passe même pas par la salle de bain pour vérifier l'état de mon visage après une longue nuit de sommeil. Je me contente de traverser le couloir et de descendre les escaliers pour rejoindre le plus rapidement possible Harry.

Je le retrouve assis dans le canapé du salon en train de boire un chocolat chaud que ma mère a dû lui mettre de force dans les mains lorsqu'il a passé le pas de la porte. Il regarde devant lui, dos à moi. Je m'autorise une seconde pour l'observer et pour reprendre mes esprits. Il ne faut pas que j'oublie que ce gars à un sacré problème psychologique. Mais peu importe toutes les mises en garde que j'essaye de me faire, je n'arrive pas à me raisonner. Le revoir me procure des frissons incontrôlés que j'aimerais pouvoir réprimer.

Lorsque Harry se tourne subitement vers moi, ayant probablement senti ma présence, mon cœur s'arrête de battre. Ses yeux d'une couleur béryl exceptionnelle me transpercent de tout part. La lumière matinale rend sa peau incroyablement pâle créant un contraste parfait avec le brun de sa chevelure rebelle. Il se lève précipitamment du canapé après avoir posé la tasse sur la table basse, déployant son grand corps harmonieux. Il s'approche à grand pas des escaliers, et murmure :

-Alexie.

J'ai presque envie de me jeter dans ses bras. Où sont passés tous mes questionnements et ma promesse de ne plus m'approcher de lui ? Envolés, très probablement. Quelle lâche ! Mais ce n'est pas de ma faute si sa simple présence suffit à mettre un bordel total dans ma tête.

Harry attrape fébrilement ma main et me fait descendre les quelques marches qui me séparent du rez-de-chaussée. Je me laisse faire, gardant les yeux rivés dans les siens. Je sens que mes membres se mettent à trembler et que la chaire de poule se dresse sur ma peau.

-Je sais que tu ne veux plus me voir, commence le beau brun, mais je ne peux pas te laisser partir comme ça.

Ma respiration se fait haletante. Il est trop proche de moi pour que mon bon sens reste intacte. Au moment où je vous parle, je serais prête à accepter n'importe quoi si cela me permet de rester à proximité de cet être aux yeux envoutants qui se trouve face à moi.

-J'avais envie de te revoir, je lâche sans vraiment m'en rendre compte.

Un fin sourire étire les lèvres d'Harry qui semble apaisé par ma confession. Il s'attendait sûrement à ce que je le rejette au vue de ma réaction virulente de la dernière fois.

-Je suis désolé, tu sais, commence mon voisin, je n'aurais pas dû te présenter les choses comme je l'ai fait. Je comprends tout à fait la réaction que tu as eu, Alex. Et je ne t'en veux absolument pas.

-Ce n'est pas de ta faute. Je n'ai même pas essayer de comprendre...

-Non, me coupe-t-il. C'est de ma faute, et non de la tienne. Tu es encore jeune, je devrais te préserver et non vouloir t'embarquer dans ce genre de truc dangereux, soupire-t-il. Tu es plus fragile que t'en as l'air, tu sais ?

Je ressens un espèce de pincement au niveau de mon cœur lorsqu'il dit ces mots. Mais je ne peux me vexer parce que je sais pertinemment qu'il a raison. J'ai eu beau jouer la carte de la provocation et de la fille pas franchement sage, je ne peux le contredire sur ce point. Je suis fragile. La preuve, il n'a eu qu'à me parler de quelque chose d'un peu extraordinaire pour que je me pousse dans mes retranchements.

Harry fait glisser sa main tendrement sur la longueur de mon bras, d'un geste réconfortant. Le regard qui nous lie est d'une puissance démesurée. Depuis que nos yeux se sont trouvés, ils ne se sont pas quittés une seule fois.

-Est-ce qu'on pourrait... Faire comme si rien ne s'était passé ? Demande Harry d'une voix douce et rassurante.

J'avale difficilement ma salive, lorsque sa main poursuit son chemin dans mon cou. C'est tout ce que je désire, qu'on fasse comme si rien ne s'était passé. Ces dix jours sans lui ont été bien trop éprouvants pour que je ne veuille réitérer cette expérience. Je veux le garder près de moi, aussi étrange que cela puisse paraître. Je ne veux plus être obligée de le fuir et de l'épier la seconde d'après.

Alors, je hoche doucement la tête, créant une friction entre sa main et mon cou. Le beau brun me sourit tendrement avant de soupirer un grand coup, me prouvant son incertitude quant à ma réponse. Sa main retombe lentement à ses côtés et je sens mon cou brûler comme s'il avait laissé sa trace au fer rouge sur ma peau.

-Peut-être... Que je pourrais comprendre plus tard pourquoi tu fais ce truc, j'annonce. Et peut-être que je reconsidérerais mon choix et que j'accepterais d'être ta coéquipière.

Je ne pense absolument pas mes mots. Je n'ai pas envie de mettre ma vie en danger pour une simple question d'adrénaline. Mais si mes mots peuvent le motiver à rester près de moi, alors je suis prête à bluffer.

Harry sourit un peu plus à ma fausse révélation avant de faire un pas en arrière. Il retourne près du canapé, y ramasse quelque chose avant de revenir vers moi.

-Tu as – encore – oublié ta veste chez moi, dit-il en me tendant le vêtement. Pas que je ne veuille pas la garder, mais elle ne me va pas. Si tu te poses la question, oui, j'ai essayé de la mettre.

Je ne peux m'empêcher de rire à sa révélation. Je l'imagine essayer de se glisser dans cette veste définitivement trop petite pour lui.

-J'aime quand tu ris, Alex, souffle Harry.

Mon sourire retombe doucement, et je fronce légèrement mes sourcils. Je ne suis pas habituée à ce genre de compliments, surtout venant d'Harry. Lui qui a l'habitude de m'envoyer des vannes et de me charrier, ça ne lui ressemble pas.

Il doit voir mon malaise parce qu'il détourne le regard. Il passe rapidement une main dans ses cheveux avant de me jeter un rapide coup d'oeil.

-Si tu veux bien, j'aimerais t'emmener quelque part, aujourd'hui, chuchote-t-il.

-D'accord.

-Va te préparer, alors. Nous n'avons pas de temps à perdre...

*

Hello ! Voilà le chapitre 10 ! Désolée pour le retard, j'ai beaucoup de problèmes familiaux et je n'ai pas toujours la tête à écrire... 

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