Le Nouveau
Après une bonne demi-heure de dispute avec Amour, j'avais finalement réussi à lui faire avaler une tranche de saumon fumé.
Je ne supportais pas les fruits de mer, quel qu'il fût, mais la charmante créature qui vivait à moitié dans ma tête ne jurait que par ça. J'étais donc obligée de faire croire à mes parents que j'en raffolais.
Ils ne faisaient tellement pas attention à moi qu'ils n'avaient jamais remarqué. Je n'avais jamais réellement été proche d'eux. Je ne savais pas si cela venait d'eux ou de moi, mais je sentais une sorte de barrière entre nous. De la répulsion, ou de l'indifférence, je ne savais pas vraiment. Mais un sentiment négatif, ça, j'en étais sûre. Je le sentais.
Baillant, je remontais dans ma chambre, le cliquetis des griffes d'Amour me suivant. Pour une raison obscure, elle semblait anxieuse depuis quelques temps et refusait de rétracter ses griffes. Quelque part, c'était mieux; elle était aussi silencieuse qu'un fantôme, sinon.
Je me lavai et m'habillai en un temps record puis je re-descendis pour avaler deux tartines beurrées et un bol de lait chocolaté. Je me brossai les dents dans la salle de bains du rez-de-chaussée et, enfin, j'ouvris la porte pour m'en aller.
Mes parents se levaient toujours après mon départ, peu importe l'heure du-dit départ.
Le route qui me séparait du lycée de la charmante bourgade de Forghurst était magnifique en cette fin d'été. L'année scolaire n'avait commencé que depuis deux semaines, et les arbres étaient parés de feuilles vertes, certains avaient encore des fruits. L'été était ma saison préférée.
Enfin j'arrivai en vue du lycée.
Il n'y avait décidément rien à dire dessus; tout était banal, depuis le béton gris sale recouvert de vieux chewing-gum à-demi fossilisés jusqu'à la sonnerie stridente et désagréable, en passant par les chaises inconfortables, la nourriture infect de la cantine et les élèves.
Les groupes étaient les mêmes que partout ailleurs : les fans de manga, les geeks, les racailles, les comiques, les sans-amis et les autres.
Moi, je me considérais comme étant une "migrante". Je n'appartenais à aucune bande, et, pourtant, étais acceptée partout.
J'étais amie avec tout le monde, mais, pourtant, personne ne me connaissait vraiment. Très peu étaient capable de citer quelque chose que j'aimais ! Mais je préférais rester ainsi. J'avais du mal à m'ouvrir aux autres.
Je me dirigeai vers le rang, fis la bise à quelques personnes, saluai d'autres et me préparai à subir huit heures de cours longs et ennuyant.
Le midi, je déjeunai avec Stacy, Nathan et leur bande. Même si ils étaient superficiels, ils n'étaient pas vraiment méchants. Les yeux dans le vague, j'écoutais distraitement Toby babiller sur le cours de mathématiques qui venait de se terminer. Il adorait le lycée. Après avoir passé sa vie illettré, il consacrait sa mort à étudier.
– Amy ? Tu m'écoutes, au moins ?
La voix crissante de Stacy me coupa dans ma rêverie.
– Hum. Oui ?
– Je te demandais si...
Mais elle se tu brusquement. Elle fixait un point derrière mon dos. Je me retournai. Un type se tenait sur le seuil du self. Immense, il devait sans doute me dépasser de plus d'un tête. Sa peau noire était comme tendue sur ses muscles saillants et ses cheveux étaient coupés courts.
–... Tu avais vu le nouveau, finit-elle dans un souffle.
– Il paraît plus vieux que nous, fut tout ce que je trouvai à dire.
Elle cria tout à coup :
– Konan ! Viens t'asseoir avec nous !
Je remarquai rapidement que cela ne semblait pas réjouir Nathan. Le dénommé Konan posa ses yeux sur notre table et s'approcha. De plus près, il paraissait encore plus impressionnant. Rapidement, je vis ses yeux -d'un brun sombre-, dériver vers ma gauche et s'equarquiller de surprise. Suspicieuse, je tournai moi aussi ma tête vers l'endroit qu'il observait quelques instants plus tôt.
Et compris avec horreur que ce qu'il fixai auparavant n'était autre que Toby.
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