Chapitre 8

Cette simple affirmation suffit à me faire perdre pied. Pendant plusieurs secondes qui me paraissent des heures, je tourne et retourne cette phrase en boucle dans mon esprit. Que sous – entendait – il, que Damon connaissait ces hommes. Ceux qui avaient attaquaient Hanna. Était – il responsable de son agression, et si oui pourquoi, . . . ? tout un tas de questions toutes plus farfelues les unes que les autres se télécospaient dans mon esprit.

Je suis sortie de ma torpeur par un Asthon qui semble des plus inquiet.

_ Hailly, . . . tu vas bien ? . . . tu es toute blanche, s'inquiète – t – il en s'approchant de moi.

_ . . .

_ Hailly assied toi s'il te plaît, tu me fais vraiment peur là, poursuit – il.

Au moment où il allait poser sa main sur mon bras pour accompagner son geste, je recule de plusieurs pas.

_ Non, Ashton . . . c'est gentil mais ne me touche pas s'il te plaît, dis – je simplement en lui faisant signe de la main pour qu'il reste où il était.

_ Hailly, je . . ., faut vraiment que tu parles avec Damon, c'est . . . poursuit – il en baissant la tête mais je lui coupe la parole.

_ C'est pas ce que je crois, vous allez tout m'expliquer, terminais – je à sa place en le fixant avec un regard noir.

Sans un mot de plus, je sors de la cuisine, prend mon mon sac puis je me retourne vers lui. Voyant qu'il ne bouge plus, je m'avance vers lui. Il semble, on ne peut plus mal à l'aise. J'avoue que le sentiment de gêne est un sentiment que je ne voyais pas faire parti de la palette des émotions de la grande famille Jensen.

_ Hailly, commence – t – il mais une fois de plus je ne le laisse pas finir.

_ Tu restes avec elle et tu ne lui dis rien tant que je n'ai pas parlé à ton frère, dis – je d'une calme mais glaciale.

Puis sans un mot de plus ni un regard, je sors de ma maison et me dirige vers le métro. Je refuse de conduire dans un tel état d'énervement. J'espère aussi que la marche me permettra d'éclaircir mes idées et de recouvrir un minimum de calme et de sérénité pour l'affronter. J'essaie de mettre en ordre mes idées mais cela me semble peine perdue.

Plus j'avance et plus la colère monte en moi, mais aussi la peur et une infinie tristesse.

La colère, car j'ai l'impression que tout le monde se joue de moi, Harry, Damon, . . . dans cette histoire Ashton me semble presque le plus sincère. Je suis furieusement en colère contre moi – même, Harry m'a mise en garde contre Damon et les siens et je n'ai rien voulu écouter.

La peur de découvrir qu'Harry ait vraiment raison sur l'implication des Jensen dans la mort de notre père et . . . aussi dans l'agression d'Hailly.

Et la tristesse, à cet instant c'est ce sentiment qui me faisait le plus souffrir. Damon m'a probablement dupée, utilisée. Mais le pire dans toute cette histoire c'est que je . . . je . . . commençais à . . . Non, il faut que je me reprenne et que l'on discute de tout cela, tout de suite.

Une fois arrivée devant son immeuble, une bouffée d'angoisse me transperce. Et s'il refuse de me recevoir, de me répondre ou pire que tout, qu'il me toise se moquant ouvertement de ma naïveté. Mais rapidement l'instinct de protection, celui de protéger ma petite sœur refait surface et envoie voler toutes mes craintes. La colère et cette volonté de la protéger refont surface et m'aident à ne pas flancher.

Je pénètre dans l'immeuble d'un pas décidé et me dirige vers l'ascenseur.

_ Bonjour Mademoiselle, quel appartement je vous prie, me demande le liftier avec une déférence non feinte.

_ Bonjour, celui de Monsieur Jensen, s'il vous plaît, répondis – je avec un calme et une élégance qui me surprennent moi – même.

Je vois alors ce dernier quelque peu mal à l'aise face à la destination que je souhaite mais il se reprend rapidement.

_ Monsieur Jensen, vous attend ou dois – je vous annoncer ?

_ Oh Andrew, c'est bien cela, demandais – je avec ma tête de belle fille idéale, puis je me penche vers lui et prend un air mutin, je voudrais lui faire une petite surprise, terminais – je avec un clin d'œil. Je n'en reviens pas d'avoir osé faire ça.

Andrew reste imperturbable et ne semble pas s'offusquer de ce que vient de lui dire. Je ne suis probablement pas la première à faire quelque chose dans le genre, ce qui me blesse plus que cela ne devrait. Il hésite quelques secondes puis appuie sur le bouton de l'ascenseur qui nous amener vers l'appartement convoité.

Au fur et à mesure que la cabine gravit les étages vers lui, ma confiance en moi fait le chemin inverse. C'est toujours beaucoup plus compliqué quand je le vois car il a le don de me faire perdre pied.

La sonnerie de l'ascenseur et les portes qui s'ouvrent m'obligent à avancer droit devant moi. Je salue Andrew et pénètre dans son antre. Je vais jusqu'au salon, où j'espère le trouver mais au lieu de cela la vision qui s'impose à moi me détruit bien plus que je ne voudrais jamais l'accepter.

Sur le canapé, se trouve Jenny, la Jenny. Elle est là, sûre d'elle, en shorty en dentelle grise et avec un caraco assorti doté d'un décolleté vertigineux qu'il est en presque indécent. Ses cheveux sont parfaitement coiffés. Elle est là, assise sur le sofa comme si c'était la chose la plus naturelle et normale du monde. Quand elle voit la stupeur se peindre sur mon visage, elle arque un sourcil dessiné à la perfection et un sourire vainqueur se dessine sur ses lèvres.

Bien que Damon et moi ayons eu ce moment rien qu'à nous dans sa limousine, il avait passé la nuit avec elle . . . et non moi. Même si cela me brisait le cœur, elle avait raison, elle avait en quelque sorte gagnée car visiblement je ne lui avais pas suffi.

_ Bonjour Mademoiselle Weatherly, pouvons – nous faire quelque chose pour vous ? Me demande – t – elle sur le ton d'une vraie garce.

La façon dont elle prononce mon nom et ce nous quand elle parle de lui et elle me retourne l'estomac. Mais je refuse de lui montrer à quel point toute cette situation me blesse. Je concentre sur ma rage et me reprend. Je ne suis là que pour une seule raison en fait : l'agression de Hanna.

_ Je souhaiterais voir Monsieur Jensen au sujet d'un dossier urgent, lui répond le plus sereinement possible.

_ Oh ! Répond – t – elle en se levant, je vais voir s'il peut vous recevoir, poursuit – elle avec un sourire narquois en se dirigeant vers le fond de l'appartement.

Pendant qu'elle va le chercher, je me déplace jusqu'à la baie vitrée qui offre une vue imprenable sur Central Park. En d'autres moments, cette vue m'aurait apaisée, mais là impossible de calmer ma respiration. C'est peine perdue, quand je l'entends plaisanter avec elle alors qu'il s'approche du salon. Pourtant quand il me voit, il se fige comme s'il était surpris de me voir, quand à moi je déglutis péniblement.

Il se tient là devant moi, toujours aussi magnifique. Son jogging tombe sur ses hanches et il essuie sa tignasse brune. Son torse est encore parsemé de quelques gouttes d'eau signe qu'il vient de sortir de la douche, il y a peu de temps. Je devrais le détester mais tous les sentiments que j'avais ressenti la veille dans la voiture me reviennent en plein visage et je le regarde avidement. Je reprends contenance quand il fait volte face vers Jenny, le regard noir.

_ Tu m'as dit que j'avais de la visite . . . pas qu'il s'agissait de Mademoiselle Weatherly, lui dit – il d'un ton sec.

_ C'est de la visite, non ? Lui répond – t – elle en minaudant sans s'offusquer du regard assassin de Damon. Puis elle reprend le plus naturellement du monde. Je file sous la douche, si ce n'est pas trop long tu peux venir m'y rejoindre, je ne suis pas complètement épuisée de notre nuit, termine – t – elle avec un clin d'œil.

À ces paroles, j'ai juste envie de vomir, de fuir, de hurler, de le frapper, . . . Comment avait – il osé après ce qui c'était passé dans la voiture. Quelle idiote j'avais pu être. Au moins les choses sont clairs sur ce point. Je suis si mal que j'ai l'impression d'être hors de mon corps et de regarder une pièce de théâtre qui se joue devant moi et dont je suis l'une des héroïnes à mes dépens. Damon, lui est sur le point d'exploser face au comportement de Jenny. Il serre les mâchoires au point de se briser les os.

Quand il se retourne enfin vers moi, j'ai la sensation de saisir une multitude d'émotions traverser son visage. Mais je me refuse à les analyser. Mon cœur étant en miettes, il ne me reste plus que la raison pour avancer.

_ Hailly, commence – t – il en s'avançant vers moi d'une voix brisée en se passant la main dans les cheveux.

Je ne le laisse pas finir. Il ne faut pas que je le laisse finir au risque de perdre pied. Je reprends alors d'une voix calme, posée mais délibérément distante.

_ J'aimerais que l'on s'en tienne à Monsieur Jensen et Mademoiselle Weatherly. Il y a quelque chose d'important dont je voudrais discuter avec vous. Et il est clair que la voiture n'était qu'un simple moment d'égarement qui n'aurait jamais, . . . et bien jamais du exister, dis – je.

Je vois Damon accuser le choc de ce que je viens de lui dire. Mais un Jensen ne se laisse pas si facilement déstabiliser.

_ Suivez moi dans mon bureau, nous pourrons discuter plus tranquillement, reprend – t – il d'un ton plus froid.

Je le suis vers son bureau et à plus grande joie, il enfile un tee – shirt ce qui me permettra de me concentrer plus facilement. Il s'assoit derrière et m'invite à m'installer devant lui. Son visage s'est fermé, cela va être plus difficile que je ne le pensais. C'est lui qui débute notre conversation.

_ Bien, vous vouliez me parler, je vous écoute.

_ Je ne vais y aller par quatre chemins Monsieur Jensen, avez – vous quelque chose à voir dans l'agression de ma sœur, dis – je sans jamais le quitter des yeux souhaitant pouvoir y lire un indice.

_ Et qui vous a mis cette idée dans la tête Mademoiselle Weartherly ?

_ Pourquoi répondez – vous à ma question par une autre question. Est – ce que les mots oui ou non sont si difficile à prononcer pour vous Monsieur Jensen, lui rétorquais – je plutôt fière de ma répartie.

Je continue de le scruter et j'ai comme la sensation de voir le masque se briser.

_ Hailly, . . . c'est . . . c'est, prononce – t – il entre l'énervement et la détresse. Je termine sa phrase à sa place alors qu'il se passe la main dans les cheveux signe de contrariété évidente chez lui.

_ Laissez moi deviner, c'est compliqué, répondis – je de façon ironique. Vous me le direz quand vous pourrez, . . . quand tout sera plus simple.

Damon contourne son bureau pour se positionner juste en face de moi. Il plonge ses beaux yeux bleus glaciers dans les miens. Pendant un instant, j'ai la sensation de retrouver l'homme doux et tendre de la limousine. Celui qui m'avait fait perdre pied. Je secoue légèrement la tête pour me rappeler le pourquoi de ma visite.

_ Hailly, je ne veux pas te mentir, . . . laisse un peu de temps, . . . s'il te plaît.

De la part d'un autre homme, je pourrais croire qu'il est suppliant mais pas un Jensen. C'est une façon d'arriver à ses fins. Et comment ose – t – il de parler de mensonge, encore plus quand on sait qu'il a passé la nuit avec Mademoiselle n'est avec moi que pour le professionnel. Tu parles.

_ Ne pas me mentir, dis – je cette fois hors de moi, ne pas me mentir, cette fois je ricane. Dois – je vous rappelez vos propos au sujet de Jenny. À mes paroles, je le vois clairement grimacé. Alors stop, as – tu oui ou non quelque chose à voir de près ou de loin dans l'agression de Hanna. Cette fois, c'est moi qui suis sur le point de craquer. Si je . . . si tu as une once de sentiment envers moi, envers ce qui s'est passé dans cette limousine, ne me ment pas, terminais – je en essuyant rageusement une larme qui perle au coin de mon œil.

Je le regarde devant moi, je vois bien qu'il est pris dans une tempête de sentiments, mais j'ai besoin de savoir. Le coup de grâce arrive quand pour tout début de réponse, il baisse les yeux et murmure faiblement.

_ Je suis désolé, Hailly, cela n'aurait pas du se passer comme cela.

À cet instant, chaque parcelle de mon corps vole en éclat. Je ne sais même pas comment j'arrive à me lever de son fauteuil. Me voyant bouger, il se redresse de toute sa hauteur et pose sur moi un regard que je suis incapable d'analyser tant la douleur qui me parcourt est violente, . . . brûlante, . . . acide, . . . J'ai l'horrible sensation de n'être que douleur.

_ Hailly, . . . dit quelque chose, . . . je t'en supplie, continue – t – il calmement mais avec douceur.

_ OK, . . . je vais te répondre. Je vous interdis à toi et à ton frère de vous approcher de Hanna ou moi. Vous nous oubliez, ah et je veux que ton frère ait quitté la maison avant que je ne rentre, suis – je assez claire ? Je . . . ne . . . veux . . . plus . . . jamais . . . te . . . revoir, terminais – je d'une voix blanche.

Sur ces dernières paroles, je me dirige vers les portes du bureau, puis de l'ascenseur. Une fois à l'intérieur, je m'effondre sans aucune dignité devant un Andrew des plus professionnels.

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