Chapitre 20


Je reste interdite face à ce message. Mes yeux sont comme hypnotisés par ces quelques mots sur mon écran de portable. Ces quelques mots qui bouleversent à eux seuls toutes mes fragiles certitudes. Il a beau être quatre heures du matin et j'ai beau être exténuée par la journée d'hier, je suis parfaitement réveillée.

Je relis plusieurs fois ce message, espérant ou plutôt essayant de me convaincre que j'ai lu un mot trop vite, ou encore que j'ai mal compris. Mais le contenu est limpide. Et bien évidement l'auteur de ce message est anonyme.

La main de Damon se pose sur ma cuisse pendant son sommeil. Mon regard quitte alors mon écran pour se poser sur l'adonis qui dort à mes côtés. À cet instant, je ne sais pas si c'est encore possible mais il est plus beau que jamais avec ses cheveux en bataille et sa barbe naissante. Face à cette vision de l'homme parfait, mon cœur rate un battement. Et je lui souris béatement car il est vrai que ces derniers temps, il m'a prouvé que je compte pour lui . . . que j'ai une place dans sa vie. Il veut que je sois à ses côtés. Il a le choix entre un nombre incalculable de femmes et c'est moi . . . moi qu'il a choisi.

Et en retour, Damon m'a demandé une seule chose . . . lui faire confiance. Au bout de quelques minutes, j'arrive à me convaincre qu'il y a de fortes chances que se soit Jenny qui veut se venger. Quand mon portable vibre une nouvelle fois en s'allumant comme un sapin de Noël. Damon ouvre un œil et me parle d'une voix endormie en passant la main dans ses cheveux en bataille.

_ Y a un problème, ma puce, . . . tu as les yeux rivés sur ton portable.

_ Non, rien de grave, éludais – je, c'est Erin, elle a une peine de cœur, me surpris – je moi – même à lui mentir avec une telle facilité.

En tout cas, une chose est sûre, je ne veux pas qu'il soit au courant avant que j'ai tiré cette affaire au clair.

_ OK, me répond – t – il en baillant avant de poursuivre la voix ensommeillée, tu peux lui répondre d'ici si tu veux, poursuit – il en caressant ma cuisse avec la paume de sa main, couvrant ainsi ma peau de délicieux frissons.

_ Non, c'est gentil, . . . mais les discussions entre filles peuvent durer des heures. Et à ta tête, tu as besoin de sommeil, dis – je en repoussant doucement sa main de ma cuisse à regret.

_ Comme tu veux ma puce, me répond – t – il en enfouissant sa tête dans l'oreiller avant de se rendormir.

Une fois debout, j'enfile rapidement mon pantalon de yoga et un tee – shirt. Sans réfléchir, je me dirige vers la baie vitrée car c'est sans nul doute l'endroit de l'appartement que je préfère. Debout devant la baie, mon portable en main, j'hésite encore à lire ce deuxième sms sachant qu'il sera certainement dans le même style que le premier.

Au bout de quelques minutes, je finis par me pelotonner dans le fauteuil que Damon a installé devant la baie pour moi quand je lis. Une fois assise confortablement, je fixe mon écran où s'affiche cette petite enveloppe blanche signe que j'ai reçu un nouveau message.

Je ne sais pas combien de temps, je reste à fixer ce symbole ne sachant pas si je dois le lire ou l'effacer sans le regarder. La deuxième option serait sans doute la meilleure car je n'aurais pas mal. Mais je suis persuadée que le doute me rongerait à petit feu et mettrai rapidement fin à l'histoire naissante entre Damon et moi. Surtout si on repense aux conditions dans laquelle notre relation a commencé. La première option serait elle aussi une bonne idée, . . . mais étais – je préparé à cela. Est – ce que je supporterais qu'il m'ait encore menti ? . . . là encore rien n'est bien sûr.

Dans un cas comme dans l'autre, cela fragiliserait notre relation. Enfin, cela la fragilisera que si je décide d'accorder de l'importance à ces dires . . .

J'ai toujours fait face, . . . face à la mort de maman puis à celle de papa, . . . face à l'éducation d'Hanna. Je pense être une femme forte, . . . non je suis une femme forte, alors je me dois de faire face et ouvrir ce texto. Je reprends mon portable, déverrouille l'écran et appuie sur l'enveloppe, le cœur battant à tout rompre. Mais ma respiration reste en suspens jusqu'à ce que le contenu s'affiche. J'avoue que je reste perplexe face . . . à une simple adresse mail. Je pensais à beaucoup de chose mais pas à ça.

Je ne suis pas plus avancée malheureusement, car je ne sais toujours pas si je veux aller voir ce qu'elle cache. Mon dieu que je suis compliquée. Au bout d'un moment à observer la ville, je finis par m'endormir mon portable serré contre moi.

Ce sont des caresses sur mes bras et de petites gouttes qui coulent dans mon cou qui me réveillent. Un sourire étire mes lèvres avant même que j'ouvre les yeux sur Damon sortant de la douche, ruisselant et uniquement vêtu d'une serviette autour des hanches. Je souris béatement face à cette vision de rêve et décide de garder cette histoire de sms pour moi . . . enfin pour l'instant.

_ Tu as dormi là, pourquoi ? Me questionne – t – il avec un sourire en coin.

_ Oh, . . . euh oui . . . en fait cela a duré plus longtemps que prévu, tu sais, . . . des trucs de filles, dis – je en haussant les épaules. Je suis encore une fois surprise de l'aisance avec laquelle je lui mens . . .

Je vois bien que quelque chose la tracasse mais apparemment elle ne semble pas prête à m'en parler. D'habitude, je dirais à Mike de chercher tout ce qui peut la contrarier, de fouiller parmi ces contacts ce qui peut la mettre dans cet état. Mais pas cette fois, . . . non, . . . je veux construire quelque chose de vrai avec Hailly . . . de normal.

Alors, je vais lutter contre mon envie de tout contrôler et attendre qu'elle se livre d'elle – même. Cet effort est important pour elle surtout si on repense au début de notre histoire qui est basée sur un mensonge . . . en fait pour elle, je suis prêt à tout.

Je déteste lui mentir car c'est exactement ce que je lui reprochais au début de notre relation. Damon me tire de mes sombres réflexions en m'attirant contre lui avant de capturer mes lèvres sauvagement, pressant mes fesses pour me coller un peu plus contre lui.

Nos baiser s'intensifient rapidement et nos vêtements, . . . enfin mes vêtements volent à travers le salon. En moins de deux minutes, je me retrouve plaquée contre la baie vitrée, mes jambes enroulées autour de ses hanches, exactement là où il y avait sa serviette il y a encore quelques secondes. Ma tête bascule contre la baie pendant qu'il mordille chaque parcelle de mes seins me rendant complètement folle. Le contraste entre le froid de la fenêtre dans mon dos, et la chaleur du torse brûlant de Damon exacerbent tous mes sens. Il m'arrache un gémissement de pur plaisir quand il me pénètre d'un violent coup de rein avant de nous imposer un rythme rapide qui nous amène tous les deux à l'orgasme rapidement.

La suite de la journée est idyllique. Nous nous sommes promenés dans le parc, y avons mangé. Bref une journée parfaite dans un monde parfait, de celle que l'on voit dans les films romantiques.

La semaine qui suit passe ainsi. Damon et moi vivant comme un couple lambda, même si son portable n'est jamais bien loin pour résoudre quelques impondérables dans son travail. Et en parlant de portable, le mien n'est malheureusement pas resté silencieux. J'ai reçu à intervalle régulier le même message de mise en garde suivi de cette même adresse mail.

Je n'en ai pas parlé à Damon car j'avoue que j'ai adoré ces moments passés ensemble. Mais chaque moment passé ensemble me rapproche de l'anniversaire d'Hanna et de ce fameux rendez – vous chez l'avocat. Et inconsciemment cela me rappel toutes les péripéties que lui et moi avons vécu pour ce dossier que je dois récupérer . . . le dossier de notre père. Et j'ai peur, . . . peur de ce qui se passera après. Car même si en cet instant, nous donnons l'image d'un jeune couple amoureux et insouciant . . . cette menace plane toujours autour de nous . . .

Quand nous rentrons de notre promenade, Damon s'éclipse dans la cuisine et se met aux fourneaux. Je m'assois sur un des tabourets de la cuisine et l'observe préparer notre repas. Je ne me lasse pas de cette vision de lui, les manches de chemise relevées, son air concentré sur ce qu'il fait mais aussi dans un sens détendu de pratiquer quelque chose qu'il aime. Il est magnifique, et je mets au défi n'importe quelle femme de ne pas tomber sous son charme à cet instant.

Alors qu'il s'affaire à la préparation de notre repas de ce soir, un sourire béat se plaque sur mes lèvres quand je reconnais le plat aux ingrédients qu'il prépare sur le plan de travail.

_ Tes tagliatelles aux crevettes ! Dis – je en souriant.

Damon se retourne vers moi avec un sourire timide et des yeux rieurs.

_ Je me suis dit que la fois dernière tu avais aimé . . . et puis cela fait dix jours ce soir que . . . que tu m'as accordé une seconde chance, termine – t – il un peu ému.

Mon sourire se fige devant cet aveu quand je comprends qu'il a vraiment eu peur de me perdre. Je formule ce que je pense à voix haute, le rendant un peu plus mal à l'aise.

_ Serais – tu romantique ? Demandais – je en m'avançant vers lui à pas de loup.

_ Ne te moque pas ma puce, . . . c'est . . . tout ça, c'est nouveau pour moi, . . . c'est la première fois que j'ai une vrai relation, me répondit – il avant de baisser les yeux.

Voir cet homme si fort dans tous les sens du terme se mettre à nu devant moi me retourne complètement. Je continue d'avancer vers lui et me love contre son torse pour lui dire ce que je refoule au fond de moi depuis notre premier baiser dans le hall pour être honnête.

_ Je t'aime Damon, dis – je le nez enfoui contre son torse.

Il relève mon visage et ancre ses yeux dans les miens tout en caressant mes pommettes de ces pouces. Puis il pose son front contre le mien en expirant lentement.

_ Si tu savais à quel point je t'aime Hailly Grace Weatherly, prononce – t – il avant de m'embrasser avec une infinie tendresse.

Cette tendresse qui m'était encore inconnue chez lui me bouleverse à un tel point qu'une larme de bonheur coule au coin de mon œil. Damon l'essuie tendrement et dépose un doux baiser sur mon front avant de retourne à la préparation de notre repas. C'est le moment que choisit mon portable pour vibre une nouvelle fois et toute ma bonne humeur s'évanouit.

_ Tu veux en parler ? Me demande – t – il tout en continuant de remuer sa sauce.

_ Non, . . . je vais passer voir Erin demain, . . . si tu es d'accord ? Tentais – je pour dévier son attention, ce qui semble marcher mais je ne sais pas pour combien de temps encore . . .

_ Bien sûr, me répond – t – il avec un sourire un peu triste qui me fait culpabiliser.

La soirée est magique et la nuit qui suit tout autant. Au petit matin, j'ouvre les yeux sur Damon, endormi. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si je ne recevais pas ces fichus sms.

Je me lève et prends ma douche avant de filer chez Erin. J'opte pour une tenue simple et décontractée. Je quitte l'appartement avant son réveil, une chose rare et lui laisse un petit mot sur le plan de travail de la cuisine.

Arrivée chez ma meilleure amie, à peine a – t – elle ouvert la porte que son sixième sens se met en route.

_ Quel est le problème ma belle ? Attaque – t – elle avant même de me dire bonjour, rien qu'en voyant ma tête. Allez entre, on va démêler tout ça, termine – t – elle avant de s'effacer pour me laisser passer.

Comme à son habitude, Erin m'écoute patiemment en buvant son café, un coussin entre les bras.

_ Bon, si j'ai bien compris tu ne lui as rien dit, reprend – t – elle avec calme et gentillesse.

J'acquiesce d'un simple signe de tête attendant qu'elle continue son analyse.

_ Et tu n'as pas vu les photos ? Enfin je suppose que se sont des photos, sinon pourquoi mettre une adresse mail, quoique qu'ils auraient pu envoyer les photos par sms, et . . .

_ Pourquoi es – tu si sûre que se sont des photos ? La coupais – je.

_ Écoutes Hailly, il ne faut pas être devin pour le savoir. Tu vis avec l'un des plus beaux et plus sombres partis de New York. Tu as forcément rendu une ou deux femmes jalouses, dont probablement cette Jenny. Et comme par hasard, tu reçois des sms anonymes de mise en garde. Il ne faut pas sortir d'Harvard pour deviner qu'il s'agit de photos compromettantes, termine – t – elle le plus naturellement du monde.

Je reste abasourdie devant les évidences qu'elle m'énonce. C'est vrai que j'en était arrivée aux mêmes conclusions mais l'entendre de la part de quelqu'un d'autre me fait tomber de plusieurs étages.

_ Alors tu croix qu'il me trompe ? Demandais – je le cœur au bord des lèvres.

Voyant ma mine se décomposer au fur et à mesure des mes paroles, Erin se reprend rapidement.

_ Mais non voyons, je dis juste que quelqu'un de jaloux comme Jenny pourrait monter un truc dans le genre, . . . pour te déstabiliser . . . je ne sais pas. En tout cas une chose est sûre, il faut que vous ayez une discussion à ce sujet et sans tarder, termine – t – elle en me regardant droit dans les yeux.

Je sais qu'elle a raison mais cette éventualité ne me réjouis pas plus que ça, pourquoi faut – il que tout soit si compliqué entre nous.

_ OK, dis – je vaincue, tu as raison, je vais lui parler, de toute façon je n'ai pas le choix, dis – je en haussant les épaules.

_ Qui a dit que les histoires d'amour sont simples ma belle, me répond – t – elle en souriant. Elle souffle puis reprend, toi au moins, tu as un copain et une vie sentimentale . . .

Je ne peux m'empêcher de rire. On finit par rire et papoter pendant deux bonnes heures avant que je ne me décide à rentrer pour à l'appartement affronter mes problèmes. Plus j'approche de ma destination plus mon euphorie diminue à l'idée de devoir parler à Damon. Mais je n'ai plus le choix, nous devons avoir cette discussion.

Je commence à m'habituer à circuler dans ce quartier chic, cet immeuble et notre appartement. En fait, j'aime être à ses côtés. À peine arrivée, je surprends une discussion provenant de son bureau, sûrement un rendez – vous professionnel. Je m'apprête à passer mon chemin quand je reconnais une voix. À ce timbre, je me fige instantanément, mais que fait – elle ici ? Pourquoi est – elle là ? J'ai confiance en Damon mais pas en elle, cette femme est capable de tout. Voulant en avoir le cœur net, je m'approche du bureau à pas de loup. J'ai besoin de savoir ce qu'elle manigance, car ce genre de fille n'agit jamais sans raison.

J'arrive tout doucement à la porte et cette dernière est légèrement entrebâillée, me permettant de voir Damon appuyé contre son bureau, ses mains agrippées sur le bord signe qu'il est tendu. Puis elle entre dans mon champs de vision, vêtue d'une robe noire mettant en avant sans difficulté tous ses attributs. J'avale difficilement ma salive et tends l'oreille car bien qu'ils soient seuls, ils chuchotent comme si ce qui était dit relevé du secret.

_ Jenny cela ne sert à rien, . . . arrête, lui murmure – t – il.

_ Je ne suis pas sûre que tu veuilles que j'arrête, poursuit – elle en laissant ses longs doigts manucurés parcourir le torse de mon homme.

J'ai envie d'entrer dans ce bureau et de mettre fin à son manège, . . . mais en même temps, je suis curieuse de voir comment il va la repousser. Alors je serre les dents et reste tapis dans mon coin.

_ Jenny, grogne – t – il, ce qui ne me dit rien qui vaille, car elle continue de se rapprocher.

Mais cela ne s'arrête pas là, elle se colle à lui, . . . et elle l'embrasse, . . . longtemps . . . beaucoup trop longtemps . . . et Damon ne réagit pas.

_ Damon . . ., dis – je simplement, les autres mots refusent de sortir sans larmes et je me refuse à verser une larme pour un homme qui me trompe.

_ Hailly, . . . me répond – t – il désemparé.

_ Quoi ! Ce n'est pas ce que je crois. Vous n'étiez pas entrain de vous embrassez peut – être ! Elle t'embrasse et tu ne réagis pas, . . .

_ Hailly, laisse moi, . . . tente – t – il.

_ Non, le coupais – je encore une fois. C'est terminé, pour de bon, continuais – je sur un ton calme et froid.

Il me regarde l'air interdit comme s'il ne voulait pas comprendre et s'effondre sur son bureau. Jenny, elle reste stoïque, un petit sourire sur les lèvres, heureuse d'avoir réussi son coup.

_ Je vais chercher mes affaires et je m'en vais, dis – je en quittant le bureau la tête haute.

Mon ton semble convaincant car aucun des deux ne bouge. J'avance vers la chambre et commence à récupérer mes vêtements et mes affaires. Je me change dans la salle de bain, je ne veux plus rien sur moi qui puisse me le rappeler. Je me sens sereine comme si j'avais toujours su que cela se terminerait de cette façon, comme si notre histoire avait toujours été vouée à l'échec.

Je ne repasse pas par le bureau et me dirige directement vers l'ascenseur. Pas de larme, . . . pas de cri, . . . juste du vide, . . . un immense vide.

À la sortie de l'immeuble, Mike est devant la voiture.

_ Je vous emmène quelque part, Mademoiselle Hailly ? Me demande – t - il.

_ Non, . . . non merci, Mike, au revoir, lui répondis – je simplement d'une voix dénuée de toute émotion en me dirigeant vers la bouche de métro la plus proche.

Ce quartier qui me semblait être comme le mien, il y a moins d'une heure me semble maintenant froid et étranger. En fait, je n'y ai pas ma place. Je ne vois pas passer le trajet du retour, car cette image d'elle et lui s'embrassant reste en fond d'écran dans mon esprit.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top