Chapitre 14

Alors que je me retourne dans mon sommeil, je me rends compte que je ne sens plus les bras protecteurs de Damon. J'ai soudain froid à l'idée d'être seul dans son grand lit.

Je me retourne sur le dos et contemple son plafond. J'expire bruyamment à l'idée d'avoir « la » conversation avec Damon au sujet de l'agression. Il m'a donné un début d'information avec le dossier mais il reste encore des zones d'ombres que j'ai besoin de comprendre. Je sais très bien qu'il a fait de gros efforts en me donnant ce dossier avec les informations qu'il contient. Cependant, j'ai besoin de tout savoir pour moi, . . . mais aussi pour me prouver que je suis importante pour lui, . . . qu'il me fait confiance. Mon dieu ce que ma vie avait pu se compliquer. Surtout que je n'ai pas la moindre idée de comment amener le sujet.

En effet, je me vois difficilement arriver devant lui et dire : « coucou Damon, bien dormi ? Bon tu m'expliques ce que tu as vraiment fait dans l'agression de ma sœur et . . . ah oui la douche hier c'était génial. » Je me cache sous les couvertures et maugrée contre moi – même. Mais surtout sur ma façon de gérer les choses depuis Damon. Cette homme me rend complètement folle . . . dans tous, mais absolument tous les sens du terme.

Je m'accorde encore deux minutes avant de me mettre en route pour de bon. Juste deux minutes de calme, de sérénité, . . . avant que tout mon être et mes hormones se mettent en ébullition face à lui.

Allez, debout Hailly. Tes deux minutes sont largement dépassées. Mais c'est si difficile de sortir de ce lit si moelleux. C'est un véritable crime contre ce matelas que de le laisser seul. Mais quand il faut y aller, . . . il faut y aller.

Je me lève, enfin en resserrant la ceinture de mon peignoir. Je m'avance vers la baie et ouvre les rideaux pour laisser la lumière entrée dans la pièce. Encore une fois la vue est à couper le souffle. D'ici la ville semble si près et si loin à la fois. Je vois les personnes, telles des fourmis se déplacer, se rendre à leur travail, mais . . . en même temps la distance, et l'absence de bruit mettent une sorte de voile comme si tout cela était loin, voir irréel.

Je me retourne et me dirige vers la salle de bain, pour retourner à ma réalité. Ma réalité se rappelle à moi très vite, car j'ai beau cherché mais je ne trouve pas mes vêtements de la veille. Je ressors et jette des coups d'œil un peu partout. Mais pas moyen de mettre la main dessus, ni sur les paquets d'hier qui étaient pourtant au bout du lit. Me sentant ridicule d'aller voir Damon pour lui demander où sont mes vêtements, . . . une idée saugrenue me vient à l'esprit.

Je me dirige vers son dressing et entre à l'intérieur. C'est incroyable, cette pièce est plus grande que ma chambre. Et tout, . . . mais absolument tout est rangé avec goût. Un vrai catalogue de décoration. Le nombre de costumes, chemises, et autres est . . . tout bonnement incroyable. Je me souris malgré moi quand je me retrouve devant ses chaussures. Damon a plus de paires qu'Hanna et moi réunies, c'est dire. Surtout qu'Hanna est une accro du shopping.

Mais je ne suis pas au bout de mes surprises, quand je me retrouve face un pan complet du dressing qui regroupe l'ensemble de mes vêtements. Tous mes vêtements sont pendus sur des cintres, tenue par tenue, et . . . il y en a plus, beaucoup plus. C'est croire qu'il s'est fait livrer l'intégralité des boutiques de luxe de Manhattan. Un sourire se plaque sur mon visage, devant ce qu'il a fait. C'est à la fois touchant . . . et terrifiant qu'il prenne autant le contrôle sur ma vie. Je veux être avec lui . . . mais cela me terrifie quand je pense à ce que je ressens pour lui. Tout est si violent, si enivrant, j'ai l'impression de me perdre en lui . . . Et quelque part la chute me fait peur.

Je caresse les différentes étoffes des vêtements qui me sont dédiés. J'arrête mon choix sur un jean avec une coupe ajustée et un haut blanc avec de la dentelle. Puis je récupère un ensemble de lingerie en dentelle blanche.

Une fois dans la salle de bain, je ne suis pas surprise de trouver sur l'étagère les quelques produits de beauté que j'utilise quotidiennement. De la part d'un autre que Damon cela pourrait être inquiétant voir même terrifiant, . . . mais de sa part, je trouve cela touchant et attentionnée.

Alors que je me savonne sous la douche, j'ai soudain le feu aux joues, quand je repense à ce que nous avons fait ici même il y a quelques heures à peine . . .

Je me sèche et m'habille rapidement. Pour une fois, je décide de laisser mes cheveux bouclés détachés et me maquille très légèrement, juste de quoi mettre en valeur mes yeux gris. Je ne mets rien sur mes lèvres, de toute façon, je suis incapable de garder du rouge à lèvres plus de dix minutes. Alors autant ne rien mettre.

Mon ventre se rappelle à moi en gargouillant. Je range la salle de bain de la même façon que je l'ai trouvée en entrant. Si j'ai appris une chose sur Damon en regardant son loft, c'est qu'il est ordonné pour ne pas dire maniaque.

Après avoir fini dans la salle de bain et tiré les draps du lit, je sors de la chambre et me dirige vers la cuisine. Quand j'arrive au niveau de son bureau, j'entends que Damon a une conversation animée mais aussi que l'on parle de moi. Je devrai passer mon chemin et ne pas écouter. Je devrai lui laisser la possibilité de m'en parler . . . mais ma curiosité l'emporte. Je me fige de l'autre côté de la porte et finis par écouter les bribes de conversation que je peux saisir.

Une fois Hailly profondément endormie, je la regarde respirer calmement, les traits de son visage sont détendues. Elle est si belle. Je finis par m'arracher à ma contemplation et me lève puis enfile un jean et un polo.

Même si j'ai prévenu que je prenais quelques jours, chose qui n'était encore jamais arrivé depuis que j'avais commencé à travailler. Je garde un œil de loin sur mes affaires. Je profite qu'Hailly dort pour vérifier mes mails et les plans de construction pour la rénovation d'un vieille immeuble dans le Bronx. J'aimerais changer, diversifier les activités familiales de façon à les rendre toutes légales. Me poser en quelque sorte, chose à laquelle je pense depuis très peu de temps en fait . . . mais surtout à cause d'elle pour être totalement honnête.

Au lieu de faire une boite de nuit en plus dans laquelle je devrais m'associer à un chef de gang pour que tout se passe bien. J'aimerais faire une série de logements à loyer modéré avec une garderie, une salle de sport et un espace de rencontre pour aider les jeunes dans leurs démarches mais aussi la possibilité d'avoir des cours de rattrapage. Le but étant d'aider les jeunes, de leur donner une chance de ne pas devenir ce que l'on attend d'eux mais ce qu'eux veulent devenir.

Je suis tiré de l'étude de mes plans par les vibrations de mon portable m'annonçant un appel. Je grogne et me pince l'arrête du nez quand je vois le nom de l'appelant. Je décroche en me préparant à une conversation des plus désagréables.

_ Oui, qu'est – ce que vous voulez ? Demandais – je déjà agacé alors que je venais à peine de décrocher.

_ Je peux savoir ce que vous faites exactement Jensen ? S'énerve mon interlocuteur.

_ Ce qui est prévu, répondis – je sèchement.

_ Non, vous jouez avec le feu. Normalement, Hanna devrait être à l'hopital et Hailly prête à signer chez l'avocat et vous a récupéré ces foutus papiers.

À l'idée de penser à la tristesse d'Hailly, s'il arrivait à quelque chose à sa sœur, je ferme les yeux pour chasser cette image de mes pensées.

_ Je sais tout ça, pas la peine de me le rappeler, répondis – je cette fois excédé. Je déteste que l'on me dise ce que je dois faire et encore plus comment le faire.

_ Je ne sais pas à quoi vous jouez Jensen, . . . mais si je n'ai pas ces documents dans les mains à la date convenue, votre frère finira sa vie en prison . . . et qui sait ce qui lui arrivera derrière ces murs, termine – t – il en me raccrochant au nez.

Comment ça, il fait ce qui est prévu. Il fait ce qui est prévu avec moi. Tout ce que nous vivons est prévu, c'est un jeu pour lui. Alors . . . tout est du vent. Avant que mon cerveau essaie d'analyser la situation la rage et la déception irradient subitement mes veines à l'idée que Damon ne soit pas sincère avec moi. Même si une part de moi refuse de le croire capable d'une telle chose.

Excédée, déçue, triste, bouleversée de ne pas avoir encore une fois le fin mot de l'histoire, je retourne dans la chambre d'un pas décidé pour récupérer mes affaires et rentrer chez moi faire le point. Mon pas est tellement décidé que je bute dans une console et fais tomber un magnifique vase sur le sol.

À la vue de ce vase brisé sur le sol, je pense à mon cœur qui a cet instant est dans le même état. Je mords ma lèvre jusqu'à sentir le goût métallique du sang pour ne pas verser une larme. Je m'agenouille et commence à ramasser les morceaux quand j'entends la porte de son bureau s'ouvrir derrière moi. Mes épaules s'affaissent et des frissons caractéristiques courent le long de ma nuque.

_ Hailly, ça va ? Tu ne t'es pas coupée ? Me demande Damon en se mettant à ma hauteur.

Je lui réponds que je vais bien d'un simple hochement de tête incapable de prononcer le moindre mot. Mais cela ne lui suffit pas. Il pose une main sur mon épaule et m'oblige à le regarder. Quand ses yeux croisent les miens, il passe par plusieurs émotions. Il se redresse en m'emmenant avec lui et finit par me serrer contre lui. Je voudrais, . . . je devrais le repousser, . . . mais si ce sont mes derniers moments dans ses bras, je veux en profiter. C'est pathétique.

_ Hailly, qu'est – ce que je vais faire de toi, dit – il en souriant.

Je voudrais le frapper mais il ne me laisse pas le temps et reprend.

_ Tu as entendu ma conversation, me dit – il en caressant mes cheveux pour me rassurer.

J'acquiesce contre son torse en reniflant me présentant au comble de ma féminité. Il soupire bruyamment et pose sa tête sur le sommet de la mienne sans cesser ses douces caresses qui commencent à m'apaiser.

_ Bien, on va aller dans le salon et je vais tout te raconter, me dit – il en m'entraînant en me tenant la main.

Une fois que je suis installée dans le canapé, Damon se place en face de moi de façon à ce que je puisse voir son regard et chacune de ses expressions. Mais ce qui m'inquiète c'est la distance physique qu'il met entre nous . . . et cela me fait peur, . . . terriblement peur à vrai dire.

_ Bien allons – y, commence – t – il.

_ Très bien je t'écoute, dis – je simplement en le regardant dans les yeux.

_ Tu sais qu'un homme a un dossier frauduleux sur Ashton. C'est cet homme sur lequel ton père enquêtait au moment où il est mort. Ton père a récupéré des preuves contre lui et les a déposée chez un avocat qui devra vous les donner à la majorité d'Hanna. Cet homme m'a proposé un marché simple, mes hommes agressent Hanna et l'envoie à l'hôpital. Je te console, te manipule et je viens avec toi chez le notaire en détournant ton attention de ces documents. Je les récupère, lui donne et il me rend le dossier d'Ashton . . .C'est simple facile . . . efficace . . . seulement . . .

_ Seulement . . . dis – je pour qu'il continue.

_ Je suis contre le fait d'agresser une jeune femme, alors j'ai dit non et il m'a répondu qu'il n'aurait qu'à vous tuer toutes les deux, qu'il serait tranquille et Ashton irait en prison de toute façon . . . alors j'ai dit oui. Mais au dernier moment, j'ai appris qu'il avait donner des consignes autres que les miennes aux gars qui devaient simplement faire peur à Hanna. Alors j'ai envoyé Ashton et joué le jeu, pour le reste tu connais la suite, . . . poursuit – il en me regardant droit dans les yeux sans réel émotion.

C'en ai trop, je ne veux plus rien entendre ni soutenir ce regard sans émotion. Je me lève d'un bond et me dirige vers la baie vitrée pour me perdre dans la contemplation du parc. Tout avait été orchestré, . . . rien n'était réel. Cette fois, je n'ai plus le courage de retenir mes larmes. Elles roulent le long de mes joues, je ne cherchent même pas à cacher ma douleur. Qu'est – ce que j'avais pu être stupide. Tous nos moments intimes n'étaient que factices. Ce premier baiser surprenant, tout . . . tout était faux. Et le fait que Damon ne fasse aucun geste vers moi en cet instant me montre à quel point j'ai raison. Il aura fallu qu'il me révèle que tout ce que nous avions vécu n'était qu'un leurre, une illusion pour que je me rende compte que pour la première fois de ma vie, je l'aimais. Car au milieu de tout ce méli – mélo, la seule chose dont je sois sûre c'est que je suis amoureuse de Damon Jensen . . . pour qui je ne suis qu'un moyen d'empêcher son frère d'aller en prison. Je me retourne vers lui, je ne cherche pas à le regarder. Je ne peux pas. Il se lève mais je lui fais signe de rester à distance.

_ J'ai compris Damon, je suis le seule moyen d'éviter la prison à ton frère. Alors on va faire simple, je vais récupérer les documents et te les donner . . . et après je ne veux plus te voir. Jamais. Tu n'étais pas obliger de me faire souffrir, terminais – je en larmes.

Je recule alors qu'il fait un pas vers moi en prononçant mon prénom.

_ STOP ! N'avance pas, je vais rentrer et tu m'enverras Mike pour les papiers, dis – je en courant vers la chambre pour récupérer mes affaires.

J'ai si mal que je ne sens pas les éclats de verres me couper la plante des pieds. Une fois dans la chambre, je ferme la porte et m'effondre dos à elle en pleurant sans pouvoir m'arrêter.

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