Chapitre 10

Je sors de l'immeuble comme un automate vide de toute émotion. Cet entretien que j'espérais rassurant s'est transformé en un véritable cauchemar. L'homme qui me fait tourner la tête est responsable de l'agression de ma petite sœur.

Je rentre en métro en me disant que l'éloigner de moi, de nous est la meilleure des solutions. Au fur et à mesure du trajet, la douleur sourde qui a empli mon être se transforme en une violente colère. Je laisse cette colère m'envahir pour ne pas m'effondrer . . . je ne peux pas me laisser aller au chagrin . . . je dois veiller sur Hanna, c'est mon rôle.

Pendant tout le trajet qui me ramène à la maison, une question, enfin pour être honnête plusieurs questions me taraudent. Pourquoi agresser Hanna ? Qu'a à gagner un homme comme Damon Jensen, un homme qui ne fait rien sans raison ? Alors pourquoi s'en prendre à nous ?

Je sais qu'il a quelque chose à voir dans la mort de notre père mais nous . . . quel rapport avec nous. J'avais dix – huit ans à sa mort et . . . Hanna n'était qu'une adolescente. Alors ?

Mais le plus dur reste à faire, me dis – je en voyant encore la moto d'Ashton au milieu de notre allée. Cependant, j'ai l'intime conviction que faire sortir Ashton de la maison sera une partie de plaisir par rapport à la discussion que je dois avoir avec Hanna.

À peine dans la maison, je ne suis pas plus surprise que ça de voir Hanna dans les bras d'Ashton. La colère monte en moi et j'ai envie de lui hurler dessus, de lui dire de la lâcher. Mais elle me coupe l'herbe sous le pied par ses propos et son attitude.

Elle embrasse Ashton qui la couve du regard comme si elle était la chose la plus précieuse au monde puis il lui dit.

_ Garde le téléphone, je t'appelle ce soir mon amour et au moindre problème, tu m'appelles, dit – il calmement mais très sérieusement.

_ OK, ne t'inquiètes pas, je vais lui expliquer, lui répond – t – elle en se lovant contre lui.

Ashton coule un regard vers moi et comprend rapidement qu'il vaut mieux abréger les adieux.

_ Je t'aime, lui dit – il en la regardant droit dans les yeux avant de déposer un baiser sur sa tempe.

_ Je t'aime, lui répond – t – elle en le regardant amoureusement.

Et merde, me dis – je intérieurement, si elle est amoureuse cela va être beaucoup plus compliqué. Je me raidis involontairement quand Ashton s'arrête devant moi. Il semble, désolé je dirai et il hésite à me parler, ce que je lui pardonne car ma tête doit être peu engageante.

_ Hailly, je suis sincèrement désolé de ce que tu crois savoir et surtout . . . de la façon dont tu l'as appris . . . Mais laisse nous une chance . . . laisse lui une chance de t'expliquer, termine – t - il en sortant sans me laisser le temps de lui répondre.

Je n'ai pas le temps de réagir ou d'assimiler ce qu'il vient de dire qu'Hanna se place devant moi, avec son air des grands jours . . . mais malgré mon air défait, je dois dire que je ne suis pas à prendre avec des pincettes non plus. Et si elle veut jouer, on va jouer. Et je lui signifie mon état d'esprit, en ouvrant directement les hostilités.

_ Il est hors de question que tu gardes ce téléphone et que tu l'appelles Hanna, déclarais – je d'un ton sans appel.

_ On se calme madame la grande sœur ultra protectrice, avant de juger attends d'avoir toute l'histoire, s'énerve – t – elle à son tour puis elle reprend, et tu n'as pas le droit de me dire qui je peux aimer ou non.

_ Aimer, dis – je en rigolant nerveusement, aimer, non mais Hanna, vous vous connaissez depuis quoi . . . trois jours, ironisais – je.

_ Contrairement à toi, je ne suis pas la reine des glaces, ni une handicapée des sentiments.

Cette affirmation me fait baisser les yeux. Voyant qu'elle est allée un peu trop loin, elle reprend avec un ton plus doux.

_ Hailly, Ashton m'a tout raconté . . . enfin les grandes lignes. Je sais pour mon agression et le rôle qu'il a joué dedans. Mais les gars ont déconné et . . . ils l'ont payé, . . . le prix fort, me répond – t – elle en se redressant.

_ Tu . . . tu es au courant . . . pour tout, lui répondis – je soufflée par sa réaction et sa façon de prendre les choses.

_ Oui je suis au courant, Damon a prévenu Ashton qu'il devait quitté la maison avant que tu rentres . . . sur ta demande . . . mais il n'a pas voulu me laisser sans tout m'expliquer, enfin ce que je peux comprendre pour l'instant, il me dira tout le moment venu. Il m'a donc dit ce qu'il s'est passé et . . . ce qu'il ressentait pour moi.

Je la dévisage, mon dieu, elle avait grandi et si vite. Et sous ces airs d'étudiante fofolle et fétarde, elle est devenue une jeune femme capable de faire ses choix et . . . c'est ce qu'elle faisait. Rien quand la regardant, je vois à quel point elle est folle d'Ashton.

_ Hanna, . . . ils sont dangereux, plaidais – je en baissant le ton et probablement les armes. Tu mérites mieux, terminais – je en lui prenant la main.

_ Mieux qu'un homme prêt à tout pour moi, . . . plein au as, . . . et diablement torride de surcroît, termine – t – elle en souriant.

_ Hanna, enfin, dis – je une main sur le cœur mi – horrifiée, mi – amusée.

Hanna reprend alors son air sérieux et me regarde droit dans les yeux avant de reprendre calmement.

_ Hailly, je sais qu'il y a une part de danger avec lui et sa famille, . . . mais . . . au fond c'est un homme bien . . . ce sont des hommes bien, Hailly.

À l'évocation de Damon comme étant un homme bien, mes yeux gris deviennent orageux et lancent des éclairs.

_ Peut – être pour Ashton, je veux bien lui laisser le bénéfice du doute pour toi . . . mais ne me parle plus jamais de Damon Jensen, suis – je claire, dis – je avant de monter dans ma chambre de nouveau folle de rage.

Je devais me concentrer sur l'agression de ma sœur, . . . sur le fait qu'il avait avoué avoir joué un rôle là dedans. Mais au delà de tout cela ce qui me faisait le plus mal, c'était qu'il ait passé la nuit avec cette Jenny.

À l'évocation de cette trahison. Enfin pouvait – on parler de trahison, nous n'étions pas un couple. À cette évidence, je m'effondre dans ma douche, pleurant recroquevillée sur moi – même. Mes larmes se mêlent à l'eau de la douche qui ruisselle sur mon visage. Je ne sais pas vraiment combien de temps je reste ainsi avec ma douleur.

La sonnerie de mon portable me sort de cet état cathartique. Je me précipite en m'enroulant dans une serviette pour le récupérer sur mon lit. Mais j'hésite quand je reconnais le nom de l'appelant . . . Harry.

Je réfléchis rapidement et souffle un bon coup avant de prendre l'appel. De toute façon, tôt ou tard, je devrai l'affronter. Donc quitte à passer une mauvaise journée, autant la vivre à fond me dis – je à moi – même.

_ Harry, que veux – tu ? Dis – je d'une voix calme et posée ne voulant relancer la bagarre.

_ Hailly, s'il te plaît, ne recommençons pas. Je suis désolé . . . je suis allé trop loin, me répond – t – il mal à l'aise.

_ Je ne te le fais pas dire, insistais – je. Je voulais qu'il comprenne que là, c'était trop même pour moi.

_ Hailly, je m'excuse là, reprend – t – il avec un rire nerveux signe qu'il n'est vraiment pas bien.

_ OK désolée Harry, je t'écoute, continuais – je plus douce.

_ Je n'aurais pas du montrer les photos à Hanna . . . je . . . je suis allé trop loin, beaucoup trop loin . . . Mais je veux vous protéger de cette famille. Il marque une pause et reprend sur un ton plus sérieux. Tu sais à quel point, ils peuvent être dangereux . . . Hailly, termine – t – il.

_ Je . . . je comprends Harry, . . . mais j'ai besoin de temps, . . . loin de tout, pour digérer ça. Tu me comprends, hasardais – je.

Je l'entends souffler et marcher dans son bureau. Quand c'est un coup de fil important, il est incapable de rester en place. J'inspire un bon coup et poursuis.

_ Harry, j'ai simplement besoin de temps. Tu comprends et Hanna a besoin de moi avec ce qui est arrivé et les partiels qui approchent donc, . . . je vais poser les jours de congés qu'il me reste . . . à . . . à partir d'aujourd'hui.

_ Combien de temps veux – tu prendre ? Me demande – t – il sérieusement.

_ L'intégralité, si possible, hasardais – je me doutant qu'il ne serait pas enchanté de ma demande.

_ C'est – à – dire ?

_ Trois semaines, . . . s'il te plaît Harry . . . j'en ai vraiment besoin, plaidais – je comme une enfant. Chose que je détestais faire mais à laquelle Harry ne pouvait pas céder.

Je l'entends grogner à l'autre bout du fil puis il reprend en se contenant.

_ Trois semaines et tu reviens, plus en forme que jamais c'est bien ça ?

_ Oui, merci soufflais – je.

_ D'accord ma belle, mais au moindre souci, aussi minime soit – il tu m'appelles.

_ Promis, merci encore Harry, dis – je soulagée.

_ Repose toi bien ma belle.

_ Bonne nuit Harry.

Je m'assois sur le lit et me remets à sangloter enveloppée dans ma serviette de bain. Comment avais – je pu être aussi idiote vis à vis de Damon. Je suis si absorbée par ma bêtise que je n'entends pas Hanna monter les escaliers.

_ Hailly, ça va ? Me demande – t- elle inquiète sur la pas de la porte.

J'essuie rapidement mes yeux et me retourne mais je n'ai pas le temps de parler que ma sœur se jette dans mes bras.

_ Oh mon dieu Hailly, . . . qu'est – ce qui ne va pas. Parle – moi, . . . s'il te plaît ne reste comme ça . . . dis – moi ce qui c'est passé avec Damon, termine – t – elle.

À son prénom, mes larmes redoublent encore une fois. Je lui raconte tout, absolument tout ce qui s'est passé entre lui et moi. Elle garde ses commentaires, mais au fur et à mesure de mon récit, son visage passe par toutes les couleurs. Puis à la fin, son sourire et ses yeux en disent longs.

_ Bon traitement de choc Weatherly, me dit – elle en fouillant mon armoire à la recherche de mon jogging qu'elle finit par me tendre en poursuivant.

_ Enfile ça, je descends préparer le pop corn, la glace, et je commande la pizza, et toi, tu sors le coffret Bridget Jones.

_ Oh ! on en est à ce point là, dis – je en reniflant de façon peu élégante.

_ Oh oui, mais crois moi après deux DVD, on se dira que tout peut s'arranger dans la vie . . . elle se dirige vers la porte et se retourne vers moi et me dit le plus sérieusement du monde, . . .Hailly tout s'arrange toujours, . . . tu sais.

_ Merci Hanna.

_ Pas de quoi, me dit – elle avec un clin d'œil avant de descendre.

Je me prépare rapidement en enfilant mon jogging, en attachant mes cheveux en chignon flou sur le haut de mon crâne et en mettant mes lunettes avant de descendre.

Hanna a raison cette soirée me fait un bien fou. On est assise pelotonnée l'une contre l'autre, une couverture posée sur nous avec sur nos genoux pizza et pop corn. Nous sommes à fond dans les aventures rocambolesques de cette pauvre Bridget Jones.

Nous entamons le deuxième film quand le portable d'Hanna vibre. Au sourire qui s'affiche sur son visage, je devine aisément qu'il s'agit d'Ashton. Je la vois pianoter un texto quand son portable se remet à vibrer de façon continue. Elle me regarde, me demandant silencieusement l'autorisation de décrocher.

_ Vas – y, dis – je en engouffrant une pleine poignée de pop corn dans ma bouche.

Elle me répond d'un signe de tête, portable collé à l'oreille, en se dirigeant vers la cuisine. Je l'entends rire et parler tout bas. N'ayant plus de pepsi, je me dirige vers le frigo, . . . un peu curieuse.

_ Non, c'est pas une bonne idée, . . . oui je sais, . . . pas ce soir, . . .

_ Quel est le problème ? Demandais – je trop curieuse.

_ Ashton voulais venir me souhaiter bonne nuit, me répond – t – elle avec un air triste.

Je souffle en me redressant et n'en reviens pas de ce que je vais dire.

_ C'est bon ça va . . . dis – lui que c'est OK.

_ T'es sûre Hailly, . . . vraiment ? S'inquiète – t – elle.

_ Oui, certaine, dis – je en haussant les épaules, et puis quelque chose me dit que je n'ai pas fini de le voir dans les parages, . . . alors autant m'y habituer tout de suite, terminais – je en retournant à mon film.

Je l'entends sauter de joie au téléphone et courir dans sa chambre pour se refaire une beauté avant que son prince charmant arrive. Je suis heureuse pour elle, même si j'ai peur qu'elle souffre. En tout cas, je ne l'ai jamais vu comme cela pour un garçon. Je me replonge dans mon film quand on frappe à la porte. Je n'ai pas le temps de me lever pour ouvrir, que j'entends Hanna survoltée crier en dévalant les escaliers.

_ C'est pour moi, . . . j'arrive, . . .j'arrive.

Je souris devant son enthousiasme en continuant mon film.

_ On monte dans ma chambre, me dit – elle

_ OK, dis – je la bouche pleine de pizza sans quitter des yeux mon écran de télévision.

À peine quelques instants plus tard, le canapé à côté de moi s'affaisse.

_ T'as oublié quelque chose . . . dis – je en me tournant vers la personne que je pense être Hanna. Je me lève du canapé comme un diable sortant de sa boîte, la main sur le cœur. Il me faut quelques secondes pour me reprendre et reprendre une certaine constance.

_ Mais que faites – vous ici ? Quelle partie de, je ne veux plus jamais vous revoir, n'a pas été intégrée ? Et que faites – vous ici ?

Alors que je pose mes questions comme une hystérique. Damon se lève de mon canapé avec grâce et plonge son regard bleu glacier dans le mien me rendant brûlante.

Je recule quand il fait plusieurs pas dans ma direction. Je n'ai plus rien à dire et même si je le déteste d'avoir couché avec Jenny. Le regard qu'il pose sur moi, à cet instant, me fait . . . merde, comment mon corps peut – il encore être attiré par lui. Je me ressaisis en pensant à Jenny, et ma colère finit par refaire surface.

_ Comment va Jenny ? Demandais – je hargneuse.

_ Bien, répond – t – il d'une voix sombre et rauque.

_ Ne vous attend – t – elle pas quelque par ? Chez vous peut – être ? Oh mieux, sait – elle que vous êtes ici en ce moment ? Poursuivais – je les bras croisés espérant avoir marqué des points.

_ Jalouse . . . hum intéressant, poursuit – il en arquant un sourcil moqueur.

_ Non, . . ., pas . . ., pas du tout, . . ., balbutiais – je en sentant le feu gagner mes joues, et en remontant mes lunettes sur mon nez. Il s'avance encore me bloquant contre le mur. Et pour arranger le tout, ma respiration devient haletante.

Quand Ashton m'annonce qu'il va rejoindre Hanna, je saute sur l'occasion pour la rejoindre. J'avais été incapable de me concentrer sur mon travail.

Son visage, ses yeux emplis de larmes m'obsédaient. Je ne supporte pas l'idée de l'avoir loin de moi, ou fâcher contre moi. J'ai demandé à Mike de préparer un dossier succinct pour Hailly. Je veux qu'elle sache tout . . . enfin le plus important.

Quand j'entre dans sa petite maison, je la vois dans le canapé, les cheveux relevés à la va – vite dévoilant son cou fin et délicat.

J'arrive à m'asseoir à côté d'elle sans qu'elle ne me remarque. J'ai alors tout le loisir d'observer son profil délicat. Elle est magnifique au naturel alors que les femmes comme Jenny sont toujours trop maquillées ou apprêtées.

Bon dieu, là, dans un canapé, vêtu d'un jogging, ma seule pensée est de lui enlever et de la revoir s'abandonner totalement sans la moindre retenue comme dans la limousine. Cette simple idée me rend dingue.

Quand elle me remarque enfin, je m'amuse de sa déconvenue, de sa timidité, de sa candeur, de sa jalousie, . . . ne tenant pas une seconde plus, je me lève et m'avance vers elle, comme un chasseur vers une biche.

Elle recule contre le mur et fait ce geste qui me rend dingue, quand elle remonte ses lunettes sur son nez. Elle n'a pas la moindre idée de ce que ce geste déclenche en moi.

Je l'accule contre le mur sentant sa poitrine se soulever de façon irrégulière contre mon torse. Je plaque mes mains sur le mur de chaque côté de sa tête. Puis je me penche lentement sans la quitter des yeux jusqu'à ce que je pose mes lèvres sur les siennes. Je ne lui laisse pas le temps de réagir et approfondis le baiser. Elle essaie de résister mais mon grognement contre ses lèvres anéantit ses dernières barrières et elle se laisse enfin aller.

J'appuie mon corps contre le sien, et saisit son visage entre mes mains quand les siennes s'égarent dans mes cheveux en tirant les pointes. . .

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