- 08 -
Quelqu'un avait frappé à la porte d'entrée, et mon père était allé ouvrir. Du bas de ma maison, il cria :
- Adélie ! C'est pour toi ! Il y a un jeune homme pour toi !
Je me demandais vraiment qui cela pouvait être. Theo ? C'était étrange, on s'était quitté il y avait environ une heure. En plus, mon père l'avait vu donc il aurait dû l'appeler Theo et non pas "un jeune homme". Je descendis donc de ma chambre, intriguée. J'ouvris la porte que mon père avait laissé entre-ouverte et je vis un jeune homme de dos, grand. Il se retourna : Brett. Je ne sais pas pourquoi, mais j'étais incroyablement heureuse de le voir. Je ne connaissais pas grand monde à Beacon Hills, et il faisait peut-être partie des personnes à qui j'avais le plus parlé.
- Brett ! m'écriai-je gaiement. Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je m'inquiétais, me répondit-il avec un sourire, visiblement content de me voir.
- Euh, c'est gentil, mais à quel sujet ? demandai-je un peu gênée.
- Lundi soir, quand je t'ai ramené chez toi, il y avait des voitures de police garées devant ta maison.
Mais oui ! Comme mes parents avaient remarqué la disparition de ma soeur, ma mère était partie sans moi du lycée, et c'était Brett qui m'avait gentiment conduit chez moi.
- Et le lendemain, reprit-il, j'ai appris par Stiles que tu n'étais pas venue en cours, alors que vous vous étiez parlé à 8h. À propos de ta soeur qui avait disparu...
- Oh mais tout va bien ! m'exclamai-je, voyant que Brett pensait encore qu'elle était détenue par Tamara. Enfin maintenant. Effectivement ma soeur s'était faite enlevée, et moi par la suite. C'est pour ça que j'ai manqué la journée d'hier. Super comme deuxième jours de cours, non ?
J'appréciais vraiment qu'il s'inquiète autant pour moi. Non pas que j'aimais le fait qu'il soit inquiet, bien sûr que non, mais savoir que mon existence lui importait me faisait chaud au cœur.
- Attends, mais par qui est-ce que tu t'es faite enlevée ? voulut savoir Brett, les sourcils froncés.
- Tamara Monroe, dis-je. La conseillère d'éducation du lycée.
- Ce n'est pas vrai ! s'écria-t-il, visiblement en colère. Toi aussi tu es un loup-garou ?
- Comment ça, "toi aussi" ? Ne me dis pas que tu en es un ! Est-ce qu'il existe une personne non surnaturelle dans cette ville ? rigolai-je, un peu surprise en même temps.
En fait, j'avais l'impression que ce qui était bizarre à Beacon Hills, c'était d'être normal. Il y avait tellement de créatures surnaturelles !
- Ça commence à devenir rare, c'est vrai, rigola Brett. Mais alors, tu n'as pas encore de meute si tu viens d'arriver ?
- Oh, mais je ne suis pas un loup, dis-je un peu mystérieusement.
- Tu es quoi alors ? me demanda Brett.
- Oula, c'est compliqué. Tu ne me croirais pas si je ne te donnais pas d'explications. Tu veux entrer ?
Il fallait avouer que l'on avait plutôt l'air idiot à discuter sous le porche, droits comme des piquets. Mais Brett déclina mon offre :
- C'est gentil, mais non. Bien que le suspense soit intenable, je dois aller en cours. Sinon, tu veux que je t'emmène ? Tu pourrais me raconter ton histoire dans la voiture.
- Je ne sais pas, je n'ai pratiquement pas dormi cette nuit, répondis-je. Je ne comptais pas venir aujourd'hui.
Mais finalement, tout bien réfléchi, je ne me sentais pas plus fatiguée que cela. C'était peut-être à cause de toutes les révélations que j'avais entendues, ou bien étaient-ce mes nerfs qui tenaient le coup. Comme j'avais déjà raté un jour de cours, j'avais peut-être intérêt à ne pas louper aujourd'hui.
- En fait, tu as cinq minutes ? demandai-je à Brett. C'est OK pour le lycée, mais il faut juste que je me change et que je me coiffe.
- Sans soucis, me répondit Brett avec un sourire. On a bien même 10 minutes.
Il entra donc dans ma maison : étant donné notre timming assez court, je ne pris pas le temps de lui faire une visite. Nous montâmes directement dans ma chambre, où je me trouvai nez-à-nez avec ma mère qui sursaute.
- Oh, s'exclama cette dernière, une main sur la poitrine. Je ne t'avais pas entendu monter. Bonjour, ajouta-t-elle à l'intention de Brett.
Ce dernier la salua également et lui tendis la main :
- Brett Talbot, enchanté.
Ma mère lui rendit son sourire et m'annonça :
- Je t'ai posé un livre sur ton bureau. Sur... les différentes propriétés des eaux. Je t'en parlerai plus tard. Tu vas en cours ? Tu n'es pas fatiguée ?
- Pour l'instant, ça va. Si je suis vraiment crevée dans la journée, j'appellerai papa pour qu'il vienne me chercher.
Ma mère acquiesça et disparut.
- Désolée, ne fais pas attention au bordel, ajoutai-je à l'intention de Brett en entrant dans ma chambre
- Pas de soucis, je suis censé pouvoir vivre dans la forêt alors deux t-shirts mal rangés ne me font pas peur, rigola Brett.
Je pris quelques vêtements et partis me changer dans la salle de bain. J'entrepris donc de me coiffer, mais bien évidemment, j'avais oublié ma brosse à cheveux dans ma chambre.
- Mince ! m'exclamai-je à l'intention de Brett. Tu pourrais m'emmener ma brosse à cheveux s'il te plait ? Elle doit être sur ma commode.
Brett s'exécuta et rappliqua en deux secondes. Je le remerciai et il s'adossa contre le mur du couloir, juste devant la salle de bain.
- En fait, je suis un nymphe des eaux, plus communément appelée une océanide, expliquai-je à Brett tout en me coiffant. Tu as déjà entendu parler de ça ?
Ce dernier fit non de la tête. J'entrepris donc mes explications, et il fut l'heure de partir. Je retournai dans ma chambre pour enfiler une paire de baskets et remarquai que le livre dont m'avait parlé ma mère était sur mon lit, alors qu'elle m'avait dit l'avoir posé sur le bureau.
- C'est toi qui l'a mis là ? demandai-je sans méchanceté à Brett.
- Pas du tout, je n'ai touché à rien, murmura-t-il, les sourcils froncés. Il était sur ton bureau quand je t'ai amené ta brosse.
- Bizarre, dis-je. Tant pis, on va être en retard !
Brett me conduisit donc jusqu'à mon lycée, et je profitais du trajet pour tout lui expliquer concernant les océanides, ou du moins ce que j'avais appris le matin même. Il semblait assez fasciné.
Une fois arrivés, je n'avais même pas posé le pied au sol que quelqu'un me sauta dessus, verbalement parlant.
- Alors, que s'est-il passé ? Mon père m'a raconté que c'était Tamara qui détenait ta soeur, et ensuite toi ! Qu'est-ce qu'elle te voulait ? Et comment tu t'es échappée ?
- Stiles ! cria un garçon derrière lui. Laisse-la respirer.
Ce dernier avait les cheveux noirs, la peau un peu matte et des yeux sombres. Il avait également un tatouage sur le bras gauche, représentant deux bandes parallèles.
- Désolé, s'excusa Stiles. Mais quand mon père m'a appris ce qui s'était passé après être venu chez toi ce matin, j'étais horrifié ! Tu aurais dû me dire que Nolan et Gabe t'avaient vu guérir ! On aurait pu...
- Mais je n'ai pas guéri, le coupai-je, enfin pas tout de suite.
- Comment ça ? demanda le garçon au teint mat.
- C'est compliqué, dis-je simplement.
- Tu peux tout leur dire, m'affirma Brett. Scott est un Alpha.
C'était donc lui l'Alpha dont j'avais tant entendu parler, le vrai Alpha. Je regardai Scott et annonçai :
- J'ai plein de choses à vous dire alors.
- Mais tu n'as pas l'air d'être un loup-garou, murmura Scott en plissant les yeux. En fait, tu as l'air totalement humaine.
- Je le suis, affirmai-je, enfin partiellement. Disons, pour le moment. Je suis en train de changer, d'évoluer.
- Une nouvelle espèce surnaturelle, murmura Stiles.
- Pas nouvelle, non, mais sans doute inconnue pour vous. Mais je suis prête à tout vous dire.
Toutefois, la sonnerie retentit. Après mon absence de la veille, je ne pouvais pas me permettre d'arriver en retard.
- On se retrouve à la récrée, OK ? me demanda Scott.
J'acquiesçai et demandai à Brett :
- Mais tu ne vas pas être en retard ? Il faut encore que tu te rendes à ton lycée !
- On prend à 8h30, sourit Brett.
- Quelle chance ! m'exclamai-je. À bientôt alors et merci de m'avoir emmenée.
Je lui souris et il monta dans sa voiture. Je courus pour ne pas être en retard à mon cours de maths. Comme lundi, je me retrouvai à côté de Theo. Celui-ci me fit une remarque lorsque je m'assis :
- Je ne savais pas que Brett était ton chauffeur privé.
- Je ne savais pas que tu m'épiais, répondis-je avec un sourire.
- Loin de là, dit-il calmement. J'étais juste étonné de te voir : je pensais que tu aurais préféré dormir.
- Toi tu es bien venu, remarquai-je.
- Oui, mais je suis plus résistant, ajouta-t-il avec un sourire.
- Excuse-moi, on n'a pas tous la chance d'être un loup-garou, dis-je à voix basse.
- C'est certain, sourit-il.
Le cours de math passa lentement, très lentement. Finalement, ma "super forme" n'avait pas duré longtemps. Ou bien était-ce tout simplement parce que les maths étaient par nature une matière soporifique ? Je dû lutter contre le sommeil pendant la deuxième heure de maths, heureusement que Theo était là pour me faire la conversation quand la prof avait le dos tourné.
Quand la sonnerie retentit, tout le monde rangea ses affaires précipitamment mais je retins Theo par le poignet :
- Je voulais juste te remercier pour cette nuit, annonçai-je. Enfin si tu n'avais pas étais là, je doute que j'aurais pu assommer Tamara toute seule. Et les deux autres loups n'avaient clairement pas envie de m'aider à sauver ma soeur, alors franchement merci.
- Pas de soucis. On remet ça quand tu veux.
Il dit cela avec un petit sourire et s'éloigna. Vous savez, son sourire, celui qui le rend incroyablement beau et charmant. Celui qui fait ressortir ses pommettes et son grain de beauté, ce qui lui donne un air angélique.
- Ah, tu es là ! s'exclama Stiles en courant avec son gros sac sur les épaules. Vas-y, on t'écoute.
Stiles fut suivi par deux filles : une aux traits asiatiques, peut-être même japonais, et une autre avec un carré châtain. Cette dernière était dans mon cours de maths, je l'avais remarqué le premier jour parce que Theo avait voulu s'asseoir à côté d'elle, et qu'elle l'avait renvoyé balader. Elle attendait Stiles. C'était peut-être sa petite-amie ?
- Attends, murmura Scott qui venait à peine de nous rejoindre. Kira et Malia sont là, mais on devrait peut-être attendre...
Et là, un hurlement se fit entendre. C'était une femme qui criait. Cependant, ce n'était pas un hurlement ordinaire, pas même humain je dirais. Je n'avais jamais entendu quelque chose d'aussi fort et d'aussi strident. Le son aigüe me fit tellement mal aux oreilles que je ne pus m'empêcher de les boucher, tout comme Scott. Encore quelques secondes de plus et j'étais sûre que les vitres allaient se briser.
Le cri se stoppa, et je me retournai : c'était une lycéenne rousse qui avait crié.
- Lydia ! s'exclama Stiles en se précipitant vers elle tout en posant les mains sur ses épaules. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as eu une vision ?
Celle-ci se contenta de hocher la tête dans le vide, la bouche légèrement entre-ouverte et les yeux dépourvus d'émotion, comme si elle était droguée ou dans les vapes.
- Quelqu'un va mourir ? interrogea Scott, une pointe d'inquiétude dans la voix.
Cette question me surprit. Est-ce que c'était commun à Beacon Hills de demander à ses amis : "et au fait, qui est la prochaine personne à mourir ?". Mais bon, je suppose que j'allais devoir m'y habituer.
- Non, pas quelqu'un, murmura lentement Lydia.
- Alors quoi ? s'impatienta Stiles.
- Nous, répondit simplement Lydia.
- Nous, genre nous ? demanda Stiles en mimant un cercle de sa main pour désigner son groupe d'amis.
- Oui, dit doucement Lydia. On va tous se faire tuer. Par elle.
Elle ajouta ce dernier mot en me pointant du doigt.
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